
lation du Groenland. Ils diffèrent de tous les
aborigènes de l'Amérique parleur couleur, leurs
formes, leur langage & leurs moeurs. Quelques
auteurs les regardent comme indigènes du Groenland,
& d autres comme defcendans des Sain
oïè de s. Toutefois leurs ufages & même leur
phyfique les rapprochent beaucoup des Lapons.
Petits, trapus & foibles, ces hommes polaires
ont moins le teint cuivré que d’ un jaune rougeâtre
& fale. Leurs huttes, de forme circulaire,
font conftruites de manière que l'on ne peut y
entrer qu’en rampant} leufs canots, longs de 12
pieds, naviguent avec viteffe : ils font formés
de branches légères & recouverts de tous côtés
de peaux de phoqués. Ces barques n’ont qu’un
pied & demi de large. Au milieu de la furface
Supérieure eft un trou environné d’un cerceau de
bois auquel eft attachée une peau q ui, au moyen
d’une courroie, fe refferre comme une bourfe;
c’eft dans ce trou que fe place le rameur, muni
d’un feul aviron très-mince, long de trois à quatre
pieds ta s’ éiargiffant des deux côtés. Chaque canot
ne peut contenir qu’ un feul navigateur. Cette
invention, exactement la même chez toutes les
tribus des mers boréales de l’Amérique, femble
indiquer qu’elles defeendent toutes d’ une fouche
commune.
» M. Graah, qui s’eft alluré que l’ancienne
colonie dont il cherchoit la trace au Groenland
n’ a pu occuper que l'emplacement que comprend
aujourd’ hui celle de Julüneshaab, y a reconnu
des hommes qui n’ont aucune analogie avec les
Efquimaux, & qui reffemblent au contraire beaucoup
aux Européens : leur corps, plutôt maigre
que gras, eft nerveux & a des formes fines, fans
annoncer de foiblelfe j aulfi font-ils plus aétifs &
plus robuftes que les indigènes de la côte occidentale.
La couleur de leur peau eft claire &
pure, furtout chez les femmes & les enfans, &
fouvent ils ont les cheveux bruns, ce qu’on ne
trouve jamais chez les autres Groenlendais. Quelques
uns de ces hommes laiffent croître leurs
mouftaches, d’autres fe tatouent les bras} toutes
les femmes ont le menton, les mains & les bras tatoués
, opérarion qu’elles exécutent elles-mêmes.
Ils adorent, comme la plupart des indigènes, un
génie du bien & un génie au mal ; ils ont aufli des
.lorciers, mais qui perdent tous lefqours de leur
influence. Sous le rapport du moral, ce peuple ne
laiffe rien à defirer : la douceur des hommes, la
foumiflion des femmes & l’ obéiffanCe des enfans,
ainfi que l’amour & la confiance mutuelle qui régnent
entre eux tou s, font oublier qu’ils n’ont
point encore été convertis au chrittianifme. »
GUAM. Voye% M arianes.
GUERNESEY. Voyez I les normandes.
GUIANE FRANÇAISE. Nous ajouterons ,
à ce qui a été dit fur la, Guiane dans ce Dictionnaire,
quelques renfeignemens tirés d’un mémoire
de M. Noyer, aucien ingénieur-géographe.
Les forêts de’la Guiane françaife font peuplées
d’arbres qui, par leur taille gigantéfque, font
l’admiration de l’Européen. Elles préfentent ce
caractère de virginité qui les rend impénétrables
à l ’homme, tant elles font embarraffées par des
lianes, des arbuftes, des troncs déracinés; on
ne peut y pénétrer queja hache & la ferpe à la
main, & le lit des fleuves qui traverfent ces dé-
ferts.eft barré par des fauts qui s’oppofent pref-
que toujours à la navigation.
La plupart des arbres de la Guiane font garnis
à'arcabas, c’ eft-à-dire d’expanfions de racines qui
fe prolongent le long du tronc à plufieurs mètres
au-deflus du pied , & forment autant d’étais
qui le foutiennent contre la violence des vents.
Ôn compte dans ces forêts 259 efpèces d’aibres
utiles. Quelques-unes, comme le balata & le
ouapa, font incorruptibles. Le ouacapou, le cèdre
noir y le rofe mâle, l’angélique , le coeur dehors , & C .,
font enfuite les plus durables, dans quelque po-
fîtion qu’ils foi nt employés; Y angélique feroit
d’une grande utilité pour la marine, parce qu’ il
n’eft jamais attaqué par le taret. Le bois de lettre-
mouchetée , le jatinè-rubanè, le pana-coro & plu—
fleurs autres font propres à la charpente , à la
menuiferie, à l’ébénifterie & même aux conftractions
maritimes, quoiqu’ il foient d’ un petit diamètre.
Les terres de la Guiane fe diftinguent en hautes
& baffes. Les forêts qui couvrent les unes he
font pas de même nature que celles qui croiflent
dans les autres : les terres baffes ne produifenc
que des bois mous. Parmi ceux-ci ôn diftingue Le
carupa y dont on fait de bonnes mâtures & des
charpentes, & qu’ on emploie aufli pour l’ébénifterie;
il porre un fruit d’une immenle reft’ource
pour le pays; il fournit une excellente huile propre
à l'éclairage & à la fabrication du favon :
c’eft l’un des arbres les plus communs ta les plus
utiles de la Guiane. On cite encore dans ces forêts
plufieurs efpèces de palétuvier ou manglier.
Les forêts de la Guiane renferment une grande
quantité d’arbres à gomme, à réfine & à baume,
dont on n’utilife pas les produits : tels font la
gomme A*acajou s de mombin ; le baume de co-
pahu y de racoucini, le caoutchouc ou gomme élastique
> la réfine de courbari, auflftbelle que celle
de copal y ta le maniy qui donne une efpèce de
brai fec ; enfin , le vanillier, le mufcadiert le giroflier
ta le quinquina} indigène de Rio-Négro, y
croiflent naturellement.
Nature géognoflique des terrains de la Guiane. La
partie qui s’étend' depuis le littoral jufqu’aux
premières cataractes de l’Oyapok, diftantes de i ƒ à
20 lieues de la mef, fe nomme la balte Guiane.
Une zone de terres d’alluvions, dont la largeur
varie de 2 à 8 lieues, & couverte d’épaifles forets
de palétuviers, occupe toute l’étendue de
les côtes. -Ces a’.luvions font formées dts débris
des montagnes & des détritus des végétaux
entraînés par les pluies & charriés par les fleuves
jufqu’ à la-mer, où le mouvement des flots 1-s éla-
bore & les réunit en bancs de vafe molle, qui errent
jufqu’ à ce que des circonftances favorables
les fixent au continent. Ces alluvions repofentfur
des roches granitiques. M. Noyer prétend que
la Guiane eft une réunion d’îles qui s’élevoient
au fein de l’Océan & qui ont été liées au continent
américain par des atterriffemens. 11 rejette
route idée qui tendroit à prélenter cette contrée
comme une terre volcanifée, ainfi qu on a paru le
croire jufqu’ à préfent. ^
La haute Guiane offre un tout autre afpea. L a ,
dit M. N o yer, ce font des chaînes dont la direction
éft généralement de l’elt à l’ oueft, &
qui s’élèvent à mefure qu’elles approchent de la
chaîne des Andes.
% GUINÉE (Nouvelle); Cette importante l ’e
de l’Océanie porte aufli le nom de Terre des Papous.
Elle paroît avoir jc o lieues d : longueur fur
200 dans la plus grande largeur ; elle fe préfente
comme l'anneau qui unit d'un côté les îles Molu-
ques à la Nouvelle-Hollande, & de l'autre, aux
arch'pels de la Po'yntfie. Une prefqu'île remarquable
qui la termine vers le nord ouelt en eu la
partie la plus connue. Elle eft hahitée par deux
races de nègres & par des Malais. Les premiers
forment la plus belle vaiiété de l'efpèce noire
océanienne; leurs femmes, généralement laides,
font chargées des travaux les plus rudes. « Ces
peuples,difent MM. Lelîon & Garnot,emploient
fe tatouage, qu'ils nomment panqyti, à la Nouv
e lle -G u in é e , & , oppofés en cela aux.Océaniens,
iis fe bornent à tracer quelques lignes
éparfes fur les bras ou à 1 angle des lèvres de
leurs femmes, comme une marque particulière, Ils
aiment tous les ornemens, de, quoique ftture
qu’ ils foient j nulle part nous ns rencontrâmes* en
plus grande abondance des colifichets de plumes,
d*. caille ou de nacre, deftinés à être placés.fur
la tê te , à la ceinture ou fur les armes. Mais partout
nous obfervames 1 uiage, excluiif a .cette
race, de porter des bracelets d'une blancheur
éblouiffante, faits avec beaucoup d'art, très-polis
& qu'ils façonnent probablement avec la greffe
extrémité de la coquille des éüaunas.cô«r qui vi-
vent dans les mers environnantes- »
Aux Malais <& aux Papous ou Papouas, qui
habitent les régions balles de la Nouveile-Giiipee,
il faut ajouter les Alfourous-Andamènes, qui vu
vent dans l'intérieur des terres de la manière la
plus lauvage & la plus miférabie. Tou jours en
guerre avec leurs voifins, difent les deux natura-
hftes que nous venons de citer, ils ne foht occupés
que des moyens de fe préferver de leurs
embûches & d’echapper aux pièges qu on leur
tend fans ce (Te. Les Papouas leur attribuent un
caractère féroce , cruel (ombre. Selon c e u x -c i,
ils n’ont aucun art, & toutes leur vie s’écoule
dans la recherche de leur fubfîftançe au milieu
des forêts. Le témoignage des Papouas, leurs
ennemis, ne peut être fine ère '. ce tableau eft donc
probablement exagéré. Toutefois, les Alfourous
paroiflent être d’une profonde ftupidité. Ces nègres
, dont la peau eft d’ un noir-brun fale a fiez
foncé, vont nus; ils fe font des incifions fur
les bras &r fur la poitrine; ils portent dans la
cloifon du nez un bâtonnet long de près de fix
pouces. Leur caractère eft fîlencieux & leur phy-
fionomie farouche; leurs mou vt mens font irré-
lolus & s’exécutent avec lenteur. »
GULF-STREAM. Grand courant qui fuit dans
les deux hémifphères la même direction que les
vents alifés. M. de Humboldt le compare à un
immenfe fleuve, au moyen duquel la navigation
de l’Océan atlantique, depuis les côtes d’Eîpagne
jufqu’aux Canaries , & depuis ces îles jufqu’aux
côtes orientales de l’Amérique, offre moins de
dangers que certains voyages depuis l'embouchure
de quelques fleuves de France jufqu’à une
trentaine de lieues .en remontant leur cours. Il
s’ étend du 16e. au 50e. degré de latitude de chaque
côté de-la ligne j fuivant la fituation apparente
du foleil, à la marche duquel il femble être
fubordonné. Il commence à fe faire fentir au fud-
oueft des Açores. Il eft très-foible du i f f . au
iy c. degré de latitude. Près de la ligne, (a direction
eft moins, confiante que vers le 10e. ou
le iy e. degré. Après s’être dirigé vers la baie de
Honduras, il traverfe le golfe du Mexique & fe
jette avec impétuofité dans le canal de Bahama,
où il acquiert une viteffe d’environ deux mètres
par fécondé, malgré un vent très-violent qui règne
toujours dans ces parages. A fa (ortie de ce
canal, le Gulf Stream prend le nom de Courant de
la Floride. Il dirige alors, avec une rapidité de y
milles par heure, fa route vers le nord-eft. Au-
delà du Maranham , le capitaine Sabine lui reconnut
une viteffe de 4 milles par heure. Entre Cayo-
Bifcaino & le banc de Bahama, fa largeur eft
15 lieues, de 17 fous le 28e. degré de latitude,
& d e '40 à 50 Tous le parallèle de Charleftown.
Au delà dé ce point fa viteffe n’eft plus que d’un
mille par heure- Depuis le 41e. ju (qu’au 67e deg
ré , fa largeur eft de 80 lieues marines. De là il
le dirige tout-à*coup vers i’eft & l ’efTfud-eft juf-
que près des Açorés, d’où il fuit fa route fur
les Canaries & le détroit de Gibraltar, où il va
former le courant appelé Oriental. Sous le 53e.
parallèle, dit M. de Humboldt, un ^navire peut
palier dans même jour du courant oriental dans le
grand courant équinoxial. Sous la latitude du
Cap-Blanc, le courant » après avoir longé h cote
d’Afrique, fe recourbe, fe dirige d’ abord vers
le fud-oucft ta finit par réunir fes eaux à celles de