
» diriger fon v o l, & ces lieux privilégiés» où
» l'éternel hiver eit fufpendu, ont des papillons
» 8c des fleurs de même que les îles d’Hyères
*> & l'île d’Ormus peuvent» par des circonftances
»j de leur fituation, nourrir des plantes 8c des
» animaux qui ne fe plaifent ordinairement qu’à
» une latitude plus voifine de l'equateur.
» C e n’eft qu’ après ces efpèces hardies & in-
>» domptables que ce montrent les arbriffeaux. ,
»> Le rhododendron eft à la tête, placé à 300 ou j fO
»» roifes au-défi ou s de la région des neiges, c’eft--
»» à-dire, dans les Alpes, vers 800 toifes de hau-
» teur : dans les Pyrénées à 100 toifes de plus.
» I c i , les polies deviennent conftans ; le corps
» d’armée approche} il ne fe livre point aux
»» entreprifes hafardeufes.
»> Les arbres fuivent de près. L 'if, 8c furtout
»» le pin cembro, les devancent; ils craignent de
v s’élever. Noueux & courbés , ils fe roidiffent
« contre les ouragans de la haute région. L’un
33 oppofe à la fureur du vent la fermeté de fes
»» fibres; l’autre l’élude par la rareté de fon feuil-
ao lage. La race entière des arbres refineux fe
33 montre à leur fuite. Lé pin fauvage, aux formes
33 bizarres, & qui diffère de lui-même à chacun
33 de fes âges, s’affbcie au fapinrTous deux,
33 d’une hauteur prodigieufe & ferrant des rangs
33 qui s’aftermiffent mutuellement, l’un 8c l’autre
» prefque dépourvus de racines, & s’ accommodant
33 d'un fol fans profondeur, s’attachent aux ro-
»3 chers nus & vivent à leur furface. Au-de(fous
33 d’eux les difpofitions chmgent. Le peu; le des
33 végétaux montagnards finit5 celui des végé-
»3 taux de la plaine fe -préfente à fon tour. Sur
s» les hauteurs, la nature avoit placé ceux qui
33 n’ ont befoin, pour vivre, que de l’eau de de
33 la lumière , qui tirent de l'air même la meii-
33 leure partie de leur fubfiftance, & qui fixent
a» fur le fol, en forme de terre végétale, les élé-
»3 mens les plus fugitifs de la nature, devenus
33 folides dans leurs vailfeaux, & depofés avec
33 leurs dépouilles. Pins bas, elle a multiplié ces
33 végétaux dévorans qui le gorgent des lues de
« la terre, & qui rendent à l'air bien plus qu’ils
33 n'y puiient. Sage nature !.... elle n’ a pas dif-
*3 pofe autrement les êtres vivans, 8c i on re-
33 connoîtles claffes primitives de l’homme à cette
33 diftribution. Ainfi.» dans fon plan, dans ce plan
,3 auflï admirable par la fimplicité. que par fon
33 étendue, tout eft analogie, tout fe répète
33 fous toutes les formes poflibles. »
Pour donner un aperçu de la végétation ter-
reftre des autres parties du monde, nous emprunterons
quelques détails au Précis de lu Géographie
umverfille de Malte-Brun, que nous avons
revu & terminé.
Asie. Les rivages de la mer Çafpienne voient
croître le laurier mâle 6c femelle, l’ôlivier cuir
tivé 8c fauvage, 8c le platane oriental; au nord
de beaux pâturages couvrent les collines; les
cèdres, les hêtres, les chênes» les genévriers
rouges, les cyprès & les faviniers couvrent fes
pences de toutes les montagnes inclinées vers le
fud , l’eft ou l’ oueft. Au midi, les plaines &:
les vallées déploient la plus grande richefle de
végétation. Au bord des forêts , on voit l’abricotier
fauvage, le cognaflier, le poirier à feuille
de faule entrelacés avec la vigne, & Us vallées
abritées abondent en pêchers, en amandiers &
en figuiers. Le rhododendron ponticum 8c l‘aqalea
pomica ornent les marais, 8c les hautes vallées
vobnt fleurir.le jafmin, la rofe caucalienne, le
feringa & le lilas.
La Gourie eft la feule partie aux environs du
Caucafe où mûriffent les olives , les oranges & les
citrons.
Les cimes glacées du Caucafe font ^couvertes
de moufles, au mi'ieu defquelles croit l’airelle
myrtille. Ses flancs font garnis de pains 8c de bouleaux.
Les côtes de l’Afie mineure offrent le* mêmes
productions que la Grèce méridionnale; le chêne*
qui produit la noix galle , s’étend depuis
!e Bofphore jufqu’aux frontières de la Perfe
8c jufqu’en Syiie- le s hauteurs du Taurus fonc
couronnées de faviniers, de cyprès & de genévriers.
Les bords du Méandre 6c les rivages délicieux
de Rhodes & de Scio font embellis par les
orangers, les; myrtes, les oliviers , les térébinthes
, les lauriers, les lentifques, les tamariniers ;
le platane y déploie fon valle ombrage fur le
foi couvert de mille fleurs odoriférantes, 6c la
vigne fauvage s’entrelace aux arbres & retombe
en féftons. L’ intérieur eft occupé par de vaftes
plaines qui ne produifent que des plantes falines
ou .’ahfmthe & la fauge ; près des marais falans
deux efpèces de genêt, le fpanium junceum 8c le.
l'pinofum occupent des plaines plus fèches.
Les cotes de la Çarumanie ont la même végétation
que la Syrie maritime: elfes fonc couvertes
de forêts entières de myrt s Si de lauriers ; les
hauteurs du Taurus y font couronnées de cèdres ;
des gommes précieufes découlent des arbres ;
le fiyrax donne le ladanum y jadis les forêts four-
niffpiehî, des bois de conftruéfion.
Les côtes de la r e r Noire font le verger- de
Conftantinople 8ç djp^herfon; on y voit des bois
entiers de çerifiers, de noifetiers, de pruniers
& d’abricotiers; les chênes & les fapins domfe
nent dans les forêts ; de beaux pâturages occupent
leb plaines autour du Méandre 6c de l’Haleys.
A Météhne, les c ille s , les térébinthes, des
pins à pignon, les pins d’Alep, les lentilques
couvrent les montagnes de l’intérieur. Scio eft
un jardin délicieux : partout on voit les orangers,
jes limoniers, les cédrats, les figuiers, les grenadiers
6c les. rofiers. Chypre, célèbre par fes
vins, produit de la térébenthine; les fleurs que
l’on cultive aveç çanp de foin en Europe, telles
que le nafeiffe, l’hyacinthe, les renoncules & les
anémones, tapiflent fes montagnes.
Le mont Liban voit encore quelques cèdres
orner fes cimes; les neiges font bordées de xeran-
themum frigidum ; le prunier rampant mêle fa
verdure aux fleurs du lis orangé & du lis blanc,
à l’oeillet du Liban, à Xamaryllis des montagnes
& aux grappes pourprées de Xanihyllis tragacan-
thoides. Les pentes & les vallées font toujours
couvertes de verdure; des bofquets de cotoniers,
d’oliviers & de mûriers les embelliffent.
A l ’orient du Jourdain, le mont Edgeloun
nourrit des chênes à noix de galle._ Des bofquets
de myrte entourent l’ancienne Galilée, les indigotiers
& les orangers couvrent les collines qui
forment le baflln du lac de Tibérias. Le mont
Thabor, au fud de Nazareth, eft une pyramide
de verdure; fon Commet eft couronné de fyco-
mores & d’oliviers.
Le fol de Jaffa s’élève vers les montagnes de la
Judée, en préfentant quatre terraffes ou zones
différentes. Les bords de la mer (ont couverts de
napels, de lentifques & de palmiers; les oliviers,
les vignes & les fycomores viennent plus haut ,
ainfi que les bofquets naturels de chênes verts,
de térébinthes, d’andrachmes & de cyprès; les
romarins, les ciftes & les tubéreufes couvrent la
terre ; enfin, des voyageurs ont vu des fycomores
ombrageant trente chevaux & leurs cavaliers,
& un citronnier de la taille d’ uii de nos gros
chênes. \ " . 1 ,
Le défert de Sinaï eft d’une effrayante ftérilité ;
cependant l’apocin, la coloquinte 8c la rofe de
Jéricho, s’y pîaifent; le tamarinier, qui Iaiffe découler
pendant les mois de juin i.' de juillet un
fuc aromatique qui eft la manne de Mode , & qui
porte encore le nom d’ elmann, l’acacia d Egypte
qui fournit la gomme arabique, 8c le ben ou gui-
landina meringa, y croiffent aufli, tandis que les
rochers font garnis de loin en loin de quelques
touffes de cotoniers, de câpriers, 6c de lauriers-
rofes. Les végétaux les plus abondans en Syrie
font, (uivant le botanifte iuedois Berggren, \^pif-
tacia terebinthus, qui fe fait remarquer par les
excroiflances cornees, & les falvia panifera 6c
iriloba. Le chêne qui porte la noix de galle eft
furtout caradtériftique de la végétation fyrienne.
Les défeits (ablonneux de X Arabie produifent les
mêmes plantes que l’Afrique feptentrionale; prefque
toutes font laiines 6c grades, telles que l’aloès,
la foude, la ftapélie, l’euphorbe & le méfem-
bryanthème. Les plantes qui croiffent dans les
fables qui avoifinent la mer fe rapprochent de
celles du défert ; mais le mufcadier, la canne à
lucre, le bananier, le cotonier, les melons, le
bétel & une efpêce de courge, font abondans
dans les vallées & dans les plaines. L’Arabie
heureufe produit le caféier & le baumier; on
y récolté aufli l’encens, le cognaflier, le figuier,
l’oranger, l ’acacia du N i l, l ’amandier »
le fycomore, l’arbre à- chapelet, le bananier, la
fenfitive & d’autres mimofes; le grand palmier à
éventail, le cocotier & le dattier, le ricin & le
féné, employés en médecine; le féfaney remplace
l’olivier; le lis blanc , le grand pancratium, l’aloës,
le (lyrax & l’amaranthe globuleufe, font abondans.
Les côtes méridionales de la P e r f e font, près
du rivage, garnies de mangliers & de palétuviers.
Les montagnes du nord-eft de la Perfe font couvertes
de1 lauriers, d’arbres à gomme & à maftic,
de buis & de térébinthes Les vallées de S c h i r a s ,
ombragées de peupliers, d’ azéroliers, de platanes
, font embellies par les fleurs du jafmin ,
les anémones, l’h y p e r ic um h e t e r o p h y llu m , le c h i i -
f jn t h em u m p r& altum & la n ep e ta lo n g ij lo r a . Les
tulipes & les renoncules couvrent les prairies.
Les plaines élevées produifent des plantes falines,
cependant quelques-unes offrent encore de beaux
pâturag. s. Les côtes de la mer Çafpienne, favori
fées par un air chaud & humide, voient végéter
la canne à lucre ; les pentes des collines font
couvertes d’églantiers 6c de chèvrefeuilles, de
châtaigniers, d acacias, de chênes & de tilleuls,
tandis que les cimes plus élevées font ombragées
de cèdres, de cyprès 6c de diverfes efpèces de
pins : le frêne, qui produit la manne f r a x in u s
ornus, y eft commun, & le buis y abonde. L’ancienne
Hyrcanie produit le chêne & d’autres
arbres, mais aucune efpèce de pins.
La Turcomanie a peu de végétaux : on y remarque
la falfola orientalis, beaucoup de câpriers
& d’abfinthe, 6c le rhamnus alpina. Les fleppes de
.la Boukharie font interrompues par des vallons
couverts de diverfes plantes dont les principaux
genres font raflragale, la véronique, la renoncule,
la rhubarbe & la foude, ainfi que de
quelques arbuftes tels que l’amandier nain, le
chèvrefeuille & l’églantier. ( Voye\ S t e p p e s . )
Le climat de la Sibérie ne laifle fubfifter que
; les plantes les plus robuftes. Le chêne, le noife-
tier, l’aune, le plane 6c le pommier fauvage, dif-
paroiflent aux environs des monts O u r a lie n s 6c furies
bords du To b o l; les deux premiers reparoif-
fent à l’extrémité de la Daourie, mais foibles &
; languiflàn . Le tilleul & le frêne ceffent vers
l’Irtych ; le fapin ne dépaffe pas le 60e. parallèle,
le fapin argenté n’arrive qu’au 58e. degré ; le
grofeillier ne réuffit que jufqu’à Turukhansk fur
l'Jeniffei, la pomme de terre diminue de groffeur
& finit au 60e. degré par avoir celle d’ un pois;
enfin le chou n’y forme plus de tête. Les grands
fleuves font bordés d’épaiffes forêts de bouleaux,
de faules, d’otmes, d’erables de Tatarie, de trembles,
de peupliers noirs & blancs, 8c d’une grande
quantité d’ elpèces du genre fapin parmi lefquelles
le cèdre de Sibérie s’élève à 120 pieds 8c vit 1 fo à
ic o ans ; vers l’eft il diminue de grandeur & devient
nain au-delà de la Léna. Le peuplier baumier
laide tranfpiier une réfine odorante. Les aibres
fruitiers confident en une feule efpèce de poirier