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pas affez indiqué l’abaiffement mitoyen du fo’ ,
qu'on dirait êtie , d'après cette carte moderne,
au même niveau que le foyer méridional> quant
aux cotes coupées net comme avec des ci-
feaux, elles ne nous femhlent pas devoir être
exaétes. Partout où nous avons vu des ruines volcaniques
, nous avons obfetvé des crénelures &
des déchiremens que nous ne reconnoiflfons point
dans le chef d’oeuvre de gravure, que les amis
du géologue allemand ont préfenté à l’admiration
de l'Europe. Nous croyons, dans l'intérêt
a de la topographie , devoir faire des ohlervations
du même genre fur la carte de Lancerote, publiée
par le même auteur. Toute bien exécutée qu'elle
puiffe être, nous n’y voyons rien qui cadre avec ce
que nous avons obfervé dans toutes les parties delà
terre ou nous avons voyagé. Habitué, à force de
defliner des croquis de terrain, à difcerner les
formes poflîbles, nous ne voyons rien d'analogue
dans de telles formes avec cette multitude de taupinières
rayonnantes, à peu, près du même ton ,
îofcrites à côté les unes des autres dans un cadre
irrégulier formé de petites lignes droites , dont
aucun accident n'interrompt la régularité. Si Lan-
cerote eft air-fi faite, il faut avouer qu'elle offre un
modèle topographique tel qu'il n’en exifte probablement
pas d’autre fur le globe. Quoi qu’il en foit,
Lancerote elt également fujette à des éruptions
plus ou moins violentes. On fe rappelle celle de
1730, qui eut lieu dans fes parties occidentales.
Une des plus confidérables dont les Canaries aient
été le théâtre, y vient d’avoir lieu depuis le commencement
de ce fiècle. En 1692, Fer eut aulii
fes tremblemens de terre, qui furent fuivis de
vomiflemens de laves.
La multitude d’éruptions nouvelles, les boule-
verfemens que des éruptions précédentes ont
produit dans tout l’archipel qui nous occupe , la
phyfionomie générale des lieux, font naître, chez
quiconque y réfléchit un inftant, la penfee que les
lept îles & les îlots environnans ne font que des
débris d’ une plus grande te r re , & de là cette
opinion adoptée prefque généralement, que les
Canaries ont été détachées de l'Afrique. Buffon
ne failoit nul doute qu'elles n'euffent appartenu
à ce continent. Pour nous, étendant cette idée
à tomes les autres îles qui fe trouvent difperfées
à la furface du même Océan, nous y avons cherché
comme l ’oflature éparfe d'un continent perdu,
dont les plus vieilles traditions attellent 1 antique
exiftence. Pour étayer cette façon de voir, jetons
un regard furies îles Atlantiques. Nous trouvons au
nord l'archipel des A çores , non moins volcanifé
que les Canaries. Le pic Saint Michel, Tercère, y
ont été encore de nos jours le théâtre d’éruptions
furieufes, dont une , entr’autres, produifit
au milieu de l’archipel une île nouvelle , qu'une
éruption fuiyante fit difparoîrre. Viennent enluite
Madère & Porto-Santo, avec les Déferres formées
de bafaltes & autres laves héri/fées de monts,
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où d’antiques cratères demeurent reconnoiflabUs,
quoique die mémoire d’homme on. n'en ait vu aucun
entravai!. Les Salyages, encre Madère & les
Canaries, font encore formées de balafre > & fi,
fans aller jufqu’ à l'Afcenfion & à Sainte-Hélène,
qui font auftî volcaniques, fituées de l'autre côté
de la ligHe, nous nous arrêtons aux îles du Cap-
Vert, les Gorgades de l ’antiquité, nous trouvons,
j non feulement des volcans éteints, mais des v olcans
encore brûtans dans certains archipels. Celui
qui porte le nom de Fuega (feu) fe repaie à peine»
& partout dans les autres Gorgades, on reiv
contre des roches femblables à celles que rejette
Fuego.
En rapprochant les traditions de l'antiquité, en
les comparant avec l'idée q ie fait naître de l’examen
des lieux une fi grande puiffance definie-
tr ice , on eft pour ainfi dire obligé de cédçr à la
conviction que l'Atlantide de Platon ri’eft point
une chimère, & qu’elle dut exifter où fè voient
aujourd'hui les Açorés , Madère, les Canaries &
les îles du Cap Vert. Nous avons autrefois tracé h
carte conje&urale de cette contrée perdue, nous
avons cru devoir la reproduire dans le volume de
Géographiephyfique que nous composâmes dernièrement
pour la préfente Encyclopédie, on pourra
l'y coufuîter.
Au refte, la forme que nous donnions alors à
cette contrée perdue, n'a rien de contradictoire
avec celle que nous avons cru reconnoîrre depuis
en cherchant à fixer où durent être fitués les berceaux
diftinÇts de chacune des efpèces d ’hommes
dout nous avons fait l’iüftoire. {Foye\ Races Hum
a i n e s . ) Avant la cataftrophe qui mit qn pièces
l’Atlantide , dont les prêtres de Sais ayoiebt
entretenu Solon, cette contrée avoit pu faire
partie d’u e île plus, grande, en le liant a l'Atla s,
auquel appartenoit encore l ’Ibéxie. Le grand de-
fer t de Sahara, qui était une mer, feparoit ce
continent primitif de la Guinée d'un c ô té , 6s
des monts d'Aby finie de l’autre. La mer de Sahara
s’unifiait à une ancre mer, dont la Méditerranée
aCHielle eft. un débris , 6c l'Egypte n'exif-
toit point. Le détroit de Gades n'avait pas
été ouvert par l ’un des efforts de l’allégorique
Hercule •> c’ eft par l'efpaceabaifié qui fe voit entre
les Pyrénées & les Cévennes, devenu aujourd’hui
le canal de Languedoc 6c le baifin de la Garonne,
que le continent atlantique étoit iéparé de l ’Eu~
rope. C e continent, dont l ’Atlas étoit comme le
noyau, fur lequel un puiffant monarque au.il»
nommé Atüu dut régner avec juftice, fut l'empire
de Neptune, parce que jeté au milieu d’ un
Océan bien plus grand que l'Océan aétuel, &
tout environné de ports, le commerce y fut en
honneur. Une partie des traditions mythologiques
y prit fa foute e y mais ce n’eft point ici le üe,u de
demêler celle qu’on pourroit rattacher à l'hiftaire
d une partie du Monde dont il n’exifte plus que
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des fragmens , & dont l’hiftoire devient étrangère
à celle des îles qui viennent de nous occuper.
Si les îles de l’Océan atlantique fe reflemblent
fous les rapports géologiques, elles ne pré-
fentent pas moins de reffemblance quant à leurs
productions botaniques. Leur végétation , aux
modifications près qu’ y porte la diftance de 1 é-
quateur., eft empreinte d’une phyfionomie toute
particulière, qui tient de celle des pays dont le
climat eft le plus ardent , mais qui tient auffi de
celle des régions tempérées. De la Situation géographique
vient cet air africain qui s y mêle aux
praitb lufitaniens produits par l ’influence rafraicliif-
fante de l’Océan. Il exifte plus de rapports entre
la flore des Açores & celle des Canaries, qu entre
la flore des Canaries & celle de l’Atlas j tandis que
d'un autre côté l ’Atlas 6c les wvnts de^ 1 Andalousie
offrent, par rapport à leur végétation , une
parfaite conformité Dans la végétation des îles
atlantiques entrent des familles de plantes du
bafiin méditerranéen , mais il s'y trouve au f i des
végétaux tout particuliers. L'élévation du terrain
produit a u fi des variations considérables ; mais
dans ces modifications , il fer oit puéril de vouloir
décider à une ou deux toifes près d élévation au-
deffus du niveau delà mer, où commence & ou
finit ia croiffance des fougères, des lauriers, des
pins, &c. Les zones qu’ on a prétendu afigner
rigoureufement pour l 'habitai de ces plantes, ainfi
que de toute autre , n'ont nulle part une fi
grande régularité qu’on l’a voulu faire accroire.
Une exposition boréale ou méridionale des
pentes d’une même montagne fait haufter ou
abaiffer ces lignes de végétation, qui ont bien
quelque chofe de réel en général, mais qui deviennent
l’expreflion d un forte de charlatanisme
quand on veut les préçifer à quelques mètres
près.
Quel que foit leur voifinage des tropiques, les
îles atlantiques, dans leurs parties ombragées ou
humides, préfentent une très-grande quantité de
cryptogames. On fait que par un ftngulier préjugé,
les plantes de cette vafte clafte, où la fructification
fe dérobe à nos regards , paffoient pour être
celles des régions froides, & qu’on regardoit les
pays chauds comme n'en produifant que peu ou
point. Nous fumes le premier a nous in fer ire en
faux contre cette bizarre affertion. Le catalogue
comparatif des cryptogames décrites dans les ouvrages
d’alors, comme venant des-régions inter-
tropicales & de celles du nord, eût dû faire ouvrir
les yeux à ceux qui adoptoient l ’erreur parce
qu’ils l'avaient trouvée imprimée. Us y euffent
vu une vingtaine, de fougères, par -exemple,
pour l'Europe froid e, contre quatre a cinq cents
que Plumier, Flukenet ou autres botaniftes;avoient
déjà décrites. Aujoutd hui, le nombre connu de
çes végétaux eft bien augmenté i l ’Europe en produit
peut-être cinquante, lotfqu'entre les tropiq
u e s ,^ même efpace en longitude, pris dans les
régions boifées & bien arrofées, on en trouverait
près de douze cents. C e luxe de fougères, de
moufles, de lycopodes & de lichens» commence
à fe manifefter dès les Açores , qui en ont bien
plus <f’efpèces, par exemple, que la péninfule ibérique
, contrée européenne corre fpon d ante. Les
monocoty lié do nés en fuite viennent orner de leurs
formes bizarres un fol que prépara l’humus de la
cryptogamie . Déjà le dragonnier, dont le port n a
rien d’analogue dans nos climats , imprime à la
végétation fon caractère équatoréal ; des plantes,
dont les analogues génériques font herbacés dans
nos climats, y deviennent ligneufes & s y élèvent
en arbuftes. Les plantes greffes fe montrent en
plus grand nombre, & les euphorbes y perdent
les feuilles dont ils fe revêtent autour de nous ,
| pour •s’épaifir en tiges anguleuses , epiraeufes &
• beaucoup plus laclefcentes. Des compofés , tels
que les cacaili.es., y prennent des formes pareilles >
enfin, fe compofant de plantes odoriférantes labiées
, de papilfonnacées frutescentes, de graminées
ftriéfes, en un mot, de végétaux rigides
confondus avec des plantes fucculentes, la flore
des îles atlantiques préfente tous les conttaftes
& une fort grande richelfe.
(•Boay d«e S*.-Vin cent, j
TÉNESSÉE ou CHEROKÉE. Cette rivière
des Etats-Unis eft la branche la plus large de
l’Ohio, dans lequel elle va se jeter. Elle fort des
montagnes de F er, fur les confins de la Caroline
du fud & de la Géorgie ; elle paffe au travers des
montagnes du Cumberland, où fon lit fe trouva
refferré & n’a que 191 pieds de largeur. Au-delà
de ces montagnes , cette largeur devient de 5.,oco
pieds, & n’eft plus qtre de i,fQO à l'embouchure
de la rivière.. Elle eft difficilement navigable pour
les bâtimens chargés. (J. H .)
TERCÈRE. Voyei Açores.
TEREK. Fleuve d* Afie, dont la fource eft dans
Jt§ Caucaife, & l'embouchure dans la mer Caf-
1 pienne. Quoique fon cours ne foit pas très-étendu,
le volume de ieseaux eft affez confidérable, parce
qu'il reçoit fur les deux rives le tribut de nombreux
ruiffeaux.&<de plufieurs rivières.Ses fources,
ainfi que celles de fes principaux affluer.s, font
près de la limite des neiges éternelles, dans le
Caucafe, ce qui entretient leur écoulement pendant
les chaleurs de l'é té , & came même quelques
débordetnens lorfque les chaleurs font
fortes & cominues. Le cours développé du fleuve
eft de près de 1 yo lieues, d’après ’les cartes les plus
détaillées, & que l'on eftime comme crès-exaétes.
La pente moyenne, fur cette étendue, ferait
au moins d’un mètre pour 600 mètres j mais elle
eft répartie très inégalement,.en forte que le Terek
poule d’abord fes eaux bruyantes & troubles fur
des rochers qu’il mine fans c e ffe , & forme une
Qqq