
couche ferrifère qu’elle renferme. Entièrement
compofée de roches calcaires qui font partie des
terrains primitif & intermédiaires qui repofent
fur le granité, fes couches font prefque verticales.
M. d’ Aubuiffon de Voifîns, qui a étudié
cette localité , dit dans fon Traité de géognofïe, que
l'une de ces couches, entièrement métallique, eft
principalement compofée de fer hidraté compadte,
accompagné ou mélangé de fer carbonate , 5c imprégné
fur quelques points d'oxide de mar.ganèfe.
Cette coucne s’étend depuis la cime de la montagne
jufqu’ à fa bafe, fur une hauteur verticale
de 600 mètres, & l’ on foupçonne même qu’elle
defeend encore plus bas. Les galeries d'exploitation
l'ont déjà fait reconnoîcre fur une longueur
de )'oo mètres ; fa puiffance eft d’environ 20 mètres
, terme moyen ; quelquefois elle s’ élève à 30
ou 40, 5c d'autres fois aufli elle fe réduit à 3 ou 4.
Dans cette couche remarquable, le carbonate de
chaux eft néceffairement mêlé avec le fe r , mais
aufli celui-ci forme au milieu d'elle de grandes
veines de minerai abfoîument pur. Le favant ob-
ftrvateur que nous venons de citer, aflîmile cette
couche ferrugineufe aux filons métalliques. Les
caractères de reffemblance qu’il lui trouve avec
les filons, font: fa iïtuation prefque verticale &
les nombreufes cavités de plufieurs pouces de
diamètre, dont les parois font recouvertes de
mamelons de fer oligifte & hématite. Ces maffes
mamelonnées préfentent fouvent des zones d'hématite
brune, avec des zones d’hématite rouge.
«c Cette couche exploitée depuis plus de fix
« cents ans, dit M. d’ Aubuiflon de Voifîns, ali-
» mente feule cinquante forges dites à la Catalane,
»• qui fourniflènt annud’ement yc millions de ki-
» logrammes. C ’elt près de la moitié du fer
» qui fe fabrique, 5c.même qui fe confomme en
» France. »
Cette montagne fi importante par les exploitations
auxquelles elle donne lieu, a été mefurée :
fa cime s’élève à 1640 mètres au-defïus du niveau
de la mer. ( J. H. )
RAPIDES. Voyes' Pen tes des e a u x .
RAVINS. On donne ce nom à des excavations
formées par les torrens qui defeendenr des montagnes
; plus celles ci font importantes par leur
hauteur, plus les eaux qui en descendent font
abondantes rapides, plus aufli les ravins qu’elles
forment font profonds.
Les ravins font fouvent d’ un grand intérêt pour
le minérdogifte & le géologifte ; les eaux qui les
produiient y forment des coupes naturelles de
terrains qui mettent à découvert les différentes
roches qui compofent une montagne , 5c rendent
vifible leur ordre de fuperpofition -, ils fervent
ainfï à éclairer la géologie fur quelques faits impor-
tans , à décider des queftions difficiles , à indiquer
la nature des dépôts de certains points élevés que
les eaux ont parcourus, puifque les débris roulés-
que l’on retrouve dans les ravins, ont quelquefois
fervi à indiquer, dans plufieurs montagnes , des
fubflnnces que l'on n'y foupçonnoit point; d’autres
fois enfin, l’étude de quelques ravins indique
à l’ ingénieur des mines certains filons métalliques
, objet de fes principales recherches.
Les Pyrénées^ les Alp es , & en général toutes
les grandes chaînes de montagnes, font coupées
par des ravins d’une grande profondeur ; mais
c ’eft principalement dans les Cordillères que l'on
trouve les plus imporcans par leur largeur 5c par
leur profondeur : ce qui eft parfaitement en rapport
avec ce que nous venons de dire "'que plus
les montagnes font éle vées , plus les érofions qui
les fillonnent font confidérables.
L es Américains-Efpagnols donnent aux grands
ravins des Cordillères le nom de Quebradas. Si les
ravins des terrains fecondaires offrent quelques
notions fur la formation des dépôts qu’ils fillonnent,
ceux que l’on remarque dans les grandes
montagnes offrent aufli le mime avantage relativement
à certains phénomènes géologiques. Dans
un article du nouveau DiHionnaire d'hijloire naturelle,
imprimé en 18 :o , le naturalifte Patrin a ju-
dicieufement fait remarquer que les obfervations
faites par le favant Ulioa fur les Quebradas , donnent
la folution d’ un problème fore intéreffant en
géologie, puifqu'il touche la quefti on relative à'la
caufe qui a porté fur certains points élevé s, des
blocs confidérables de roches primitives. La pré-
fence de certains fragmens de ces roches fur des
points efearpés, avoit fait imaginer des catafiro-
phes épouvantables qui avoient dû les tranfpor-
rer j on avoit même été jufqu’ à fuppofer que des
marées de 800 toiles Esavoient chariés jufque fur
la place qu’ils occupent : comme fi ce qui fe pane
maintenant à la fur fa ce de la terre ne fuffifoit pas
pour prouver l’impoflibilité d’une pareille caufe ,
puifque l’Océan, dans fes plus grandes marées ,
ne tranfporte que des galets 5c des cailloux d un
volume peu confidérable ! Ulioa a donc remarqué
dans les Quebradas des blocs de rochers d’environ
30 pieds cubes à une élévation d’environ 160©
toifes 5 les eaux du torrent entraînant de pi us haut
des fables & des galets dont le frottement conri-
nuel arrondit les angles de ces b lo c s , & cha i:ir,t
continuellement les fables lur lefquels ils repofent
, en même temps qu’ils accumulent derrière
ces blocs les débris qu’ils ont entraînés de plus
hau t, il arrive un moment où ces maffes longtemps
ftationnaires , pouflées pir le poids des débris
amoncelés derrière eu x , & dégarnis des fables
au milieu deiquels ils étoient enfoncés, roulent
en fuivant h pente du ravin jufqu’à ce qu’ils
trouvent un obftacle qui les arrête. Ils reftent à
cette place jufqu’à ce que la mê ne caufe qui les a
d’abord déplacés, les déplace encore, en forte
que leurs angles, fucceflivement frottés 5c émouf-
fés par les débris dont nous venons de parler,
s’arrondifferçt
s’ârrondiffent de manière, que la maffe, d’ abord i
de forme cubique, prend tout-à-faic la fortne d’un
bloc roulé par les eaux. Si cette maffe, après avoir
ainfi voyagé, arrive fur quelque partie de la montagne
dont la pente foit moins inclinée & préfente
une efpèce de plate-forme , elle s’y arrête & s y
trouve fixée à jamais.
Les eaux du ravin continuant à couler, tournent
autour du rocher dont nous venons de parler ; &
comme il fe trouve placé dans l’endroit même ou
le ravin, qui s’élargit graduellement depuis fa
naiffance jufqu’ à la plaine, a acquis une affez
grande largeur, les eaux fe divifent a fa droite ôc
à fa gauche en deux branches , 5c font de la
plate-forme fur laquelle il^eft pla cé, une efpèce
de tertre ifo lé , qui paroît d’autant plus élevé ,
ue les eaux ont creufé plus profondément autour
e lui. Telle eft l’explication qu’ il faut donner de
la préfence de ces b locs, que fouvent on a cru
avoir été tranfportés de bas en haut fur les plates-
formes qu’ils occupent
Sans aller chercher jufque dans les Cordillères,
ou dans les autres grandes chaînes de la terre, des
exemples de maffes ifolées fur des lieux efearp
é s , on en pourroit trouver une foule d’autres,
femblables à ceux qui font relatifs aux Quebradas,
dans les dernières formations géologiques, tels
que les dépôts tertiaires- des environs de Paris ;
combien de collines ifolées, qui fupportent des
-maffes de grès, dont la pofition étonne au premier
afpeét 1 La cime conique de Montmartre n’eft-elle
pas couronnée par des blocs confidérables de la
même roche ? Il eft vrai que ces blocs n’ont pu venir
, comme dans les Quebradas, d’une haute chaîne
de montagnes, puifqu’ il n’ y en a aucune aux environs
de Paris, & qu’iLfaut en attribuer la formation
à une caufe que nous examinerons à l’ article
G rès ; mais ce qui étonne, lorsqu’ on les remarque
fur le haut de Montmartre, c’eft que cette colline
•femble , au premier afp’e é t , avoir été élevée à
l’extrémité de la p’ aine, tandis qu’elle n’a été
'féparée de celle de Belleville que par des courans
qui ont agi avec la même force que ceux qui ont
formé les ravins. (J . H .)
R AZ DE MARÉE. Les marins défignent fous
•ce nem le lit d’un courant dés eaux de la mer, 5c
1 efpace où l’ agitation des vagues fe fait le plus
fentir. On donne aufli ce nom à des lames ou vagues
q u i, fans l’a&ion d’ aucun v en t, s’élèvent
tout-à-coup à la furface de la mer, acquièrent
fubitement une élévation confidérable 5c. préfentent
l’image d’une tempête. C ’eft principalement^
dans les fyzygies que ce phénomène fe fait remarquer.
• ,
Il ne faut pas confondre les ra% de maree avec
les ra% de courans , qai font des mafles d eaux qui
s’avancent avec rapidité entre certains paffages
refferrés,comme encre des îles, des bancs 5c des
rochers. (J . H .) _
Gépgraphie-Phyfique. Tome V .
RÉ ( île d e ) . Cette île eft fituée vis-à-vis la
pointe de la Rochelle, dont elle n’eft féparée
ue par un canal d’une demi-lieue de large ; fon
tendue du fud-eft au nord-oueft eft d’environ fix
lieues, fur une de large; fa c ô te , à partir de
Sainte-Marie jufqu’ à la tour des Baleines, c ’eft-à-
dire toute la partie feptentrionale 5c occidentale
de l’î l e , eft entourée de rochers, ce qui lui a
probablement fait donner le nom de côte fauvage.
A fon extrémité, où fe trouve la tour des Baleines
, on remarque furtout un amas de rochers qui
occupe une étendue de plus d’ une lieue du fud-eft
au nord-oueft, fur une largeur d’environ une demi-
lieue. En longeant la cote pour gagner la partie
feptentrionale de l’île , on trouve encore quelques
mafles de rochers, dont la plus confidérable eft à
l’entrée d’ un canal qui fait communiquer l’Océan
avec un pènélac fort découpé, qui occupe la plus
grande partie de l ’extrémité feptentrionale de File.
Vers la partie de la côte qui regarde je continent,
on ne trouve plus de rochers, ce qui indique que
fans une dépreflïon qui exifte vifiblement entre
I*îlè 5c la pointe de la Rochelle, elle n'en feroit
point féparée par les eaux de l’Océan, qui, dans
le canal, ont en effet peu de profondeur.
L ’île de Ré appartient à la formation fecondaire
qui renferme les terrains oolithiques, le lias 5c le
mufchelkalk. Elle ne renferme point d’eau douce.
On y recueille du fel en abondance ; fon fol affez
fertile ne produit ni b lé , ni foin , ni bois ; mais
en revanche, on y recueille du vin, qui forme une
partie de fon commerce ; elle produit aufli des
figues 5c des amandes : les feuls graminés qu’on y
cultive font l’ orge 5c l ’avoine.
La population de l ’île de Ré s’élève a 3000
habitans répartis dans fept villages. (J. H. )
RECHERCHE ( Archipel de la). Sur les côtes
méridionales de la Nouvelle-Hollande, depuis la
baie de l’Elpérance jufqu’ à l’eft du cap Aride,
s’étend cet archipel. Il eft compofé d’ un grand
nombre de petites îles qui occupent de l’eft à
l’oueft un efpace de plus de yo lieues. C e t archipel
eft fitué par le 34e. degré de latitude méridionale,
& entre le 120*. & le 121e. degré de
longitude orientale du méridien de Paris.
( J . H . )
RÉCIF. On donne ce nom. à des rochers qui
bordent cerraines terres, ou qui s’élèvent du fond
des mers dans les parages ou les eaux font peu
profondes, & principalement autour de la plupart
des îles peu importantes, 5c au milieu des archipels.
Les récifs font formés des parties les plus dures
des roches qui bordent une plage ; les eaux, par
leur mouvement continuel fur les côtes , finiffent
par les dijféquer en quelque lo rte, en ne laiffanc
que les portions les plus dures, dont elles continuent,
mais lentement, à diminuer les faillies, &