rejette au loin. Si l'une de ces trombes pafle au-
deffus d’une vil}e, elle enlève les toitures des
maifons , force ou arrache les barres de fer- qui
portent des girouettes,, renverfe les cheminées
& quelquefois les murs. Aufli ce phénomène eft-
il également redouté fur terre & fur mer.
E v a p o r a t io n à la f u r fa c e d e la te r r é . Les liquides
qui couvrent la plus grande partie de notre planète
} les gaz, formés par la refpiration des animaux
&r la tranfpiration des végétaux, les vapeurs
produites par le féjour des eaux fur les dépôts
marécageux, furie fol argileux &fchifteux, les
molécules terreflres réduites au dernier degré de
ténuité, la décompofition continuelle des fubftan-
ces animales , végétales & même minérales, alimentent
fans cefle le fluide atmoiphérique. Aufli
quoique nos fens & nos inftrumens foient trop
imparfaits pour fervir à apprécier les différentes
modifications que l'amofphère doit éprouver par
l’effet de l’évaporation, on conçoit que comme
elle doit varier félon les localités, l’air atmo-
fphérique doit différer un peu félon les points
d’où il s’élève. II eft vrai aufli que l’aétion
du foleil ayant une grande influence fur l'évaporation
, foit pour l’accélérer, foit. pour y
établir des courans, le mélange de toutes les couches
atmofphériques en eft la fuite néceffaire, &
laide peu de prife à l’aêtion de l’analyfe chimique
pour.en reconnoître les divérfes fubftances & leurs
proportions. Le réfultat naturel de l'évaporation
eft la formation des météores aqueux, c’eft-à-
dire des b r o u i l la r d s , de la >ofée , des nu a g es 3 des
p l u i e s , de la n e ig e , de la g r ê le & de la g e lé e
b la n c h e .
B r o u i l la r d s . Ils font produits par les parties
aqueufes qui s’élèvent de la furface de la terre ou
de celle des eaux ; ils font plus confidérables dans
les vallées que fur les hauteurs, pendant l'automne
que pendant l'été, près des pôles que
près de la zone torride. On donne pour râifon de
cette différence, que la denfité dé l'armofphère
étant plus grande vers les pôles que près de la
zone, pendant l’automne que pendant l’été, dans
les vallées que fur les hauteurs, les vapeurs éprouvent
plus d'obftacles pour s’élever dans les hautes
régions de l’atmpfphère; qu’alors elles fëjour-
nent plus long-temps à peu de diftance de la
terre & y reftent plus long-temps accumulées.
Les brouillards font formés de petits fphéroïdes
aqueux prefque microfcopiques & creux 5 aufli a-
t-pn remarqué qu’une Ample gaze peut préferver
de leur aèlion délétère. On a encore obfervé que
leur influence eft plus malfaine le foir, la nuit &
le matin que dans la journée, parce que la chaleur
du foleil les vaporife en les diflipant.
Quelques phyficiens ont appelé, par oppofi-
tion avec les précédens, b r o u illa r d s fecs, une réunion
confîdérable de molécules terreftres de la
plus grande ténuité , qui fe font montrées dans
l’atmofphère à une grande hauteur, ou ils occu- .
poient une furface immenfe pendant certains
tremblemens de terre importans. Ils femblent
avoir une forte de liaifon avec les fecouffes
produites par les feux fouterrains, & peut-être
même ne font-ils que des nuées de cendres volcaniques
impalpables, qui s’élèvent de certains cratères
pendant ces fecouffes violentes. Tel étoitle
vafte brouillard poudreux que décrivit Beroldin-
gen, & qui fut aperçu de toute l’Europe, lorf-
qu’en 178$, l’iflande fut ébranlée par les feux
fouterrains j tel fut encore, en 1755 , celui qui
s’éleva dans les airs avant le tremblement de terre
de Lisbonne, & qui, fuivant Lambert, fut aperçu
dans laSuiffe & dans le Tyrol.
Il y a lieu de croire que ces brouillards de cendres
dévoient être bien plus confidérables & plus
fréquens lorfque'tous les archipels volcaniques &
tous les volcans éteints aujourd’hui étoient au
fort de leur incendie.
R o f é e . On fait que la rofée diffère du brouillard,
en ce qu’au lieu de s’éleve.r de la lurface des
eaux & du fol, elledefcend de l’atmolphère. Si,
pendant un jour de grande chaleur, les vapeurs
de la terre fe font élevées à une hauteur peu con-
fidérable, elles fe -condenfent vers le foir ou
pendant la nuit, & retombent enfuite fur le fol
même où elles fe font formées.
Ce qui prouve que la formation de la rofée eft
due à l’aétion des rayons folaires, c’eft qu’elle a
lieu pendant l’été ou pendant les beaux jours de
l’automne , & qu’elle eft tellement abondante
fou s les climats chauds, qu’elle y remplace fou-
vent la pluie. Faifons remarquer encore, qu’elle eft
prefque nulle dans les régions polaires, ainfi que
dans les déferts fablonneux , parce que ces derniers
ne peuvent, à raifon de leur aridité, fournir
aucune vapeur pendant l’ardeur du jour.
On a obierve aufli c[ue la rofée paroît être une
conféquence de l’éleétricité répandue dans les différentes
régions de l’atmofphère. Dans les A)é-
m o i r e s d e /’ A c a d ém i e des S c ie n c e s , Dufay (en I736)
a inféré fur la rofée une Diflèrtation par laquelle
il prouve que ce météore aqueux n’eft jamais plus
abondant qu’après une journée dans laquelle l’at-
mofphère s’eit montrée abondamment changée
d’éleéïricité, & qu’elle s’attache principalement
fur le verre & fur les autres corps qui ne font pas
condudfeurs du fluide électrique > fe^ métaux au
contraire femblent l’abforber entièrement. Mais
des expériences plus récentes fembleroient faire
croire que l’effet que l’on attribue ici à l’influence
de l’éledtricité, eft dû à I aCtion du rayonnement
du calorique. En effet: il paroît démontré que plus
les corps changent lentementde température, plus
ils fe couvrent facilement de rofée. Des expérience^
ont prouvé encore qu’une partie de là rofée
eft le réfult.^de la tranfpiration des plantes. Quoi
qu’il en loit, elle paroît être nuifîble à leuraccroif-
fement,'ainfi qu’à la fanté de l’homme, furtout
dans les pays fujets aux exhalaifons méphitiques,
parce qu’en fe précipitant fur le fol, elle ne perd
pas les qualités malfaifantes attachées à fon origine.
Ce que nous venons de dire de la r o fé e s s’applique
aufli à ce qu’on appelle le f e r e in : ils ne
different l’un de l’autre que parce que le f e r e in fe
forme le foir, tandis que la rofée tombe ordinairement
avant le lever du foleil.
C’eft furtout lorfqué le ciel eft ferein que, dans
nos régions, la rofée eft le plus abondante. Aufli,
fous les climats où elle remplace la pluie, le ciel
eft-il toujours remarquable par fa pureté. « Il faut
»» encore, dit Lamouroux (R é J 'u m é a u n C o u r s é lé -
» m e n ta ir e d e G é o g r a p h ie p h y jiq u e ') , que l’atmo-
* fphère foit calme ou foiblement agitée, pour
» que la rofée ou le ferein fé dépofe. Le vent &
» tout ce qui tend à augmenter le reflort de l’air,
» s’oppofent à la condenfation des vapeurs ataao-
» fphétiques. *>
G e lé e b la n c h e . Si la rofée qui tombe dans l’automne
ou dans l’hiver de nos régions tempérées fe
gèle à la furface de la terre ou fur les végétaux,
elle affedte aufli une forme criftalline, & forme ce
qu’on appelle la g e lé e b la n c h e .
R é f r a & io n . La lumière qui traverfe deux corps-
ou deux milieux dont la denfité augmente .. produit
le phénomène appelé r é f r a f t io n , c’eft-à-dire
qu’elle éprouve un déplacement qui ne permet
peint de voir à leur véritable place les corps
placés dans le milieu le plus denfe.'Chacun- fait,
par exemple, que fi l’on plonge dans i’eau un
bâton, fa partie plongée ne formera point avec
celle qui fera hors de l’eau une ligne droite , le
bâton paroîtra rompu à la furface du liquide. On
fait encore que fi l’on vife un corps quelconque
placé au fond de l’eau , la ligne droite qui iroit
de î’oeiWrjufqu’à ce corps ne l’atteindroit pas.
Enfin » chacun peut s’aflurer que fi, en plaçant au
fond d’un vafe peu profond & vide une pièce de
monnaie , & que l’on s’éloigne du vafe jufqii’à ce
que fes bords Unifient par cacher la pièce , celle?-
ci reparoîtra à l’oeil de l’obfervateur fi l’on emplit
d’eau le vafe.
„ C’eft la même caûfe qui fait que les aftres ne
font jamais à la place qu’ils paroiftent occuper fur
la voûte célefte ; que le foleil, au lever de l’aurore
, fe voit au-deffus du cercle de l’horizon,
lorfqu’il eft encore au-deflous, ou que le foir fon
difque.doré nous éclaire, lorfque déjà plus bas
•que l’horizon, il ne devroitplus être vifible pour
nous.
On a remarqué que la r é f r a à io n eft d’autant
plus grande que l’aftre eft plus près de l’horizon.
Cela tient probablement à ce que c’eft aux points
de la terre les premiers & les derniers éclairés par
rapport à l'oblèrvateur, & qui forment fon 'Horizon
, que 1e développe le matin & le foir une
grande malle de vapeurs «,qui produit le phénomène
avec tant d’intenfîté & qui le continue juf-
oue dans la nuit, puifque le lever des étoiles préfenter
les mêmes effets que le lever de l’aftre du
jour. Le phénomène diminue à mefure que l’aftr®
s’approche du zénith, parce qu’arrivé a la ligne
perpendiculaire , il ne peut plus être fenfibie.
Puifque la chaleur & l’humidité changent la
denfité de l’air, on conçoit que la réfraction ne
doit pas être la même fous les zones tempérées
que fous les zones intertropicales. En effet, le
phénomène de la réfraction eft bien moins fên-
fible fous l’équateur que dans les régions tempérées.
Mais les obfervations de MM. de Humboldt,
Arago & Biot, ainfi que les calculs de M. de La-
place & les recherches de M. Davv, ontprouvé
un fait bien important, ç’eft que la diminution de
réfraCtion ne peut être attribuée ni à la conftitu-
tion chimique-de l’atmofphère ni à fon état hv-
gromatique, car la compofition de l’air atmo-
fphérique paroît être partout la même, &: fon
humidité, fi variable, n’a qu’une foible aCtion fur
le phénomène dont nous nous occupons ; ce .qui
s’explique par ce fait que M. de Làplace a prouvé,
favoir, que la force réfringente de la vapeur
aqneufe eft en grande partie compenfée par là
diminution de denfité.
Il réfnlte donc de toutes les observations qui
ont été faites jufqu’à ceJour à ce fujet, que c’eft
principalement à la différence de denfité de l’air
qu’il faut attribuer le phénomène de la réfraction.
Popjflère atmofpkérique. On ignore encore fi cette
ponflière-que l’on voit flotter dans l’air , & qui
eft furtout vifible dans une chambre où l’on ne
laifle entrer la lumière que par une iflue étroite
pratiquée dans un volet, fe forme dans latmo-
fphère, ou fi elle eft due, comme quelques per-
fonnes l’ont penfé, à la réunion d’une immenfe
quantité de corps microfcopiques, ou bien de
ces germes appartenant aux matières végétales .ou
animales qui prod’uifent cette foule d’êtres imperceptibles
à l’oeil nu , & dont la naiflànce paroît
quelquefois être fpontanée.
On a analyfé cettepouftîère, &r l’on s’eft afliir®
que l’alumine eft la fubftance qui y domine. Du
refte, elle a été obfervée-dans prefque toutes
les latitudes , dans les villes comme dans les campagnes
, & partout elle a paru identique.
PHILIPPE (Saint), OU Ile de F ;;ego. Foye^
I les du C ap-V e r t .
PHILIPPINES. Ces îles, fituées entre la mer
de la Chine & lé grand Océan , forment un ;.r-
chipel corapofe de fix lies principales, dont Luçon
& Mindanao, font les plus confidérables , & de
plus de quinze autres d’une dinieulion peu importance;
elles font fituées fous le 12.0e. degré de
longitude orientale du méridien de Paris, & parle
i'5e. de latitude feptentûonale.
Çet archipel rut-découvert en i j i t par le fa