l ’arg:Ie, &r que la première de ces fubftances a
criftallifé. C e phénomène fingulier ne fe préfente
que fur une épaiffeur de quelques pouces, des
deux côtés de la mafle bafaltique, & on peut
dire qu’ il eft plus complet au conta# même du
bafalte qu’ à l’extrémite de la couche criftalline.
Sur un des bords du ravin, une petite languette
de calcaire, qui entre dans le bafalte, eft pref-
que complètement à l’état criftallin. C e changement
exifte également au conta# de la partie
inférieure de la mafle de wake; nous ne l’avons
pas obfervé à fa partie fupérieure. Nous avons
en outre trouvé quelques fragmens de bafalte
préfentant des fiffures trè s -m in ce s , lefquelles
étoient complètement remplies de lames de calcaire
criftallin.
»» Le calcaire grenu et les petits criftaux rhom-
boédriques, difléminés dans l’argile, ne m’ ont
donné à l’analyfe que du carbonate de chaux
dur : de forte que le changement qui paroït s’être,
opéré au conta# du bafalte n’auroit influé que
fur la texture du calcaire & non fur fa nature,
comme il paroït que cela a eu lieu par l'a#ion
de certains porphyres. Cette manière d’agir du
bafalte eft allez confiante. En effet, la craie du
comté d’Antrim, en Irlande, transformée en calcaire
lamellaire par fon conta# avec des coulées
bafaltiques, n’a fubi aucun changement. Il en
eft de même du calcaire juraflique de Villeneuve
de Berg, dans lequel le bafalte forme un filon
prononcé. C e calcaire, devenu très - lamellaire
dans quelques parties, n’ a point changé de com-
pofition. »
Ajoutons que pendant que tout annonce que
le bafalte étoit dans un état voifin de la liquidité
au moment de fa fortie de deflous le Calcaire
de Gergovia, la brecciole, au milieu de
laquelle il s’eft intercalé, formoit une forte de
mortier ou de pâte flexible, & même facile à
fe laifler pénétrer. La coupe que nous venons
de donner, prife du côté du fu d -e ft , montre
que le bafalte n’a pas traverfé toute la montagne,
& qu’il s’eft au contraire amalgamé avec
la brecciole. Ce fait, très-vifible au point où
nous l ’avons obfervé, eft confirmé par le côté
oueft de Gergovia, o ù , comme l ’a remarqué
auffi M. Dufrënoy, on ne voit pas de bafalte
entre les couches de brecciole & de calcaire.
Le puy de la Tour de Boulade, près Iffoire,
λréfente encore un exemple curieux du fou-
èvement du bafalte, de bas en haut. Au
bord de l’A ilie r , mais fur fa rive droite, on
remarque une montagne appelée la montagne
de Moulin - à -V en t, coulée volcanique defçen-
due du nord, & qui paroït avoir été formée
par les deux puys des Fumades. Cette montagne
fe termine, au fu d , à peu près à la
hauteur d'Iffoire, au confluent de la rivière
d‘Eau-Mère, 8c de l’Ailier, par une autre un peu
moins élevée , fur laquelle eft bâtie la vieille
tour de Boulade, qui lui donne fon nom.
La montagne, ou le puy de la Tour de Boulade,
eft compofé de quatre fortes de roches : de
macigno, de calcaire, de pépêrine & de bafalte.
Le macigno forme la bafe de la montagne ; il
appartient à la variété appelée mollajfe, cara#é-
rifée par une texture fablonneufe & grenue, avec
des paillettes de mica, des grains d’argile & du
calcaire; sur cette roche repofe unepépérine grifà-
trey qui fupporte un calcaire d’ eau douce; le fom-
met eft couronné par une mafle bafaltique ifolée,
c’eft-à-dire entourée à l ’e ft, au fud & au fud-
eft, de macigno & de pépérine; au nord-eft & au
nord, de pépérine & de calcaire. Cette mafle s’eft
évidemment frayé une route, de bas en haut, à
travers le macigno, la pépérine & probablement
auflï le calcaire. Arrivé au fommet, il s’eft
répandu fur les flancs de la montagne : au fud ,
il forme une c rête, qui ne defeend que jufqu’au
milieu de fa pente, où il a été retenu par la
pépérine ; au fud-eft, une traînée étroite, qui
defeend jufqu’au bord de la rivière de l’ Eau-
Mère ; à l'oueft, une fécondé traînée ; 8c au
nord - ou e ft, une troifième qui fe termine au
bord de l ’Ailier.
Les conglomérats du diftri# des Sept-Montagnes
prouvent encore que le bafalte eft forti des
entrailles de la terre depuis la formation des terrains
de fédiment fupérieur, puifqu’ il forme des
filons dans ces conglomérats qui recouvrent des
dépôts calcaires a lignites.
Au bord du lac Vener, en S uède, M. Bron-
gniart a obfervé une colline bafaltique qui montre
le bafalte couronné par des blocs erratiques
de granité, fuperpofés à des roches anciennes
: i° . fehifte marneux à empreintes végétales
& à graptolites ; 2°. calcaire compa#e
renfermant une grande quantité de trilobites ;
3°. ampélite alumineux à trilobites, paradoxites
8c agnoftes ; 40. grès à empreintes de végétaux ;
y°. gneifs.
Le terrain fur lequel repofe l’Etna offre une
formation bafaltique q u i, s’étendant jufqu’aux
écueils des Cyclopes , fe montre à découvert au
fud du volcan. Tantôt les bafaltes recouvrent,
fuivant le Dr. Carlo Gemmellaro, le terrain tertiaire,
8c tantôt ils font recouverts par celui ci. Ces
bafaltes varient dans leur compofition chimique ;
ils renferment du feld-fpath, du pyroxène, & de
l ’olivine en grain ; leur texture eft porphyrique ,
& leur ftru#ure prifmatique. Leur couleur eft tantôt
d’un gris-verdâtre & tantôt d’ un gris obfcur;
leurs prifmes font plus ordinairement à cinq pans
qu’à fix pans, 8c quelquefois en boules formées
par la réunion de prifmes pentagones, dont les
fommets font dirigés vers le centre de la fphère.
Ces bafaltes fphériques font couverts d’une croûte
vitrifiée, c’eft-à-dire d’obfidienne noire ou bleuâtre
: ils font ordinairement difperfés dans une
brecciole rougeâtre , compofée de débris bafaltiques
8c veinée de fpath calcaire.
Ce terrain bafaltique paroït être antérieur aux
grès 8c aux argiles , que le Dr. Carlo Gemmellaro
regarde comme tertiaires, & qui forment la bafe
de J'Etna.
Le D*. Naumum a obrervé en Bohême, dans les
environs d’Auflig, de Lobofitz & de Millefchau,
des malles de bafa’te recouvrant des plateaux de
grès & les traverlant de filons ; ce grès, antérieur
ï la craie, eft défigné en Allemagne fous le nom
de 4e. grès fecondaire. Le Lobofch , près de Lobofitz,
eft un cône bafaltique repofant fur une mafle
formée de craie 8c de grès v e r t , fuperpofé au
gneifs ; au - deflous de ce cône le bafalte paroït
être fupporté parle phonolite. Dans l ’île de Sky,
en Ecofle, M. A . Boué a remarqué, pour le bafalte
, une difpofition analogue.
Enfin, nous rappellerons que MM. de Buch
& Burkart ont reconnu que le bafalte fort du
granité dans la montagne de Schnéegrube (Riefen-
Gebirge)y aux environs de Georgenberg 8c de
Spitzberg en Siléfie, de Goerlitz en Luface, de
Buchberg en Bohême, de Stolpen près Drefde, &
dans un grand nombre de localités qu’il feroit
trop long de citer; on fait qu’il fe fait jour au
travers du gneifs près deStraden en Bohême, ainfi
qu’au Mühlberg 8c au Kiefcrberg en Siléfie ; qu’il
fort du fehifte argileux dans la chaîne de l’ Eifel
8c du micafchifte aux environs de Landeck en
Siléfie.
Tels font les principaux faits qui attellent que
les dépôts bafaltiques ont recouvert des terrains
de différentes époques.
Les trapps ou les trappites , que nous avons vu
appartenir a l’époque bafaltique, çe qui a déterminé
M. AI. Brongniact à les choifir pour carac-
tériftiques des terrains de cette époque dont il
fait fon groupe trappêen, les trappites, difons-nous,
offrent la même tendance que les bafaltes à tra-
verfer différentes formations.
M. Murchifon a fa it, dans l’île de Sky & dans
celle d’Arran, des obfervations qui peuvent indiquer
l’âge des dépôts trappéens. La localité de
Beal, la première de ces î:es, montre les couches
les plus élevées de la férié oolitique , correfpon-
dantes au cornbrash 8c au forejl marble, traverfées
par des dikes ou filons de trapp. On fait que les
Anglais donnent le nom de dykes à des filons
qui reftent en relief par la décompofition des
dépôts qu’ils traverfent. L’ un des dykes de l’île de
Sky, compofé de grunftein porphyrique (diorite
porphyroïde), qui a été pouffé de bas en haut,
fe bifurque en s’élevant lur le fommet de l’efcar-
pement. Ces dikes fe terminent par des bandes de
pechftein vert-noirâtres.
A Broadfort, dans l’ île de Sky , des filons
de trapp traverfent la formation du lias ; à Trishman
Point, dans la même î l e , cette formation
fupporte, au contraire, le trapp.
Nous avons v u , dans les diverfes localités de
l’Auvergne que nous avons citées , le bafalte fe
faire jour à travers les maffes calcaires : cette
difpofition a pour caufe le foulèvement que cette
roche volcanique a éprouvé par I’ a#ion des feux
fouterrains. On a remarqué dans le Vicentin , le
Tyrol 8c la S ic ile , jufqu’ à vingt bancs de laves
que l ’on regarde comme bafaltiques, alternant
avec des bancs calcaires ; mais ces alternances
pourroient n’être qu’ un autre effet du foulèvement
des bafaltes : Monte-Bolca & Caftel-Arcuato en
offrent, difons-nous, la preuve. Eft-il cependant
certain que les bafaltes aient apparu fur la terre à
différentes époques ? Il eft difficile d’en douter,
après les témoignages qui attellent ce fait.
MM. Jamefon & Neill ont obfervé en Ecofle ,
entre Kircaldy & Kinghorn , une alternance bien
remarquable de 6 y couches de bafalte, de grunftein
(d io r ite ) , de calcaire coquiller, de fehiftes
argileux, filiçeux & bitumineux, de grès 8c d’autres
roches.
M. Duhamel, infpe#eur des mines, a reconnu
dans le terrain houiller de Noyant ( département
de l’Al ie r ) , une roche qu’il appelle trapp,
& que M. d’Aubüiffon de Voifins regarde comme
une aphanite : diftin#ion que l’on l’on peutcon-
fidérer ici comme indifférente en elle-même, puif-
que l’aphanite appartient aux dépôts trappéens.
Cette roche alterne avec les couches houillères.
M. Berthier a fignalé auffi, près de Figeac, une
roche analogue qui 1e trouva inférieure au terrain
houiller. Enfin, c’ eft encore une aphanite, ou probablement
un bafanite, puifqu’on y remarque des
criftaux d’olivines, que M. Jameion a trouvé en
Ecofle au milieu du terrain houiller de Dumfries.
M. Williams, cité par M. d’Aubuiflon de Voifins,
dit dans fon lliftoire du Règne animal : « Les cou-
>» ches de roches bafaltines font très-communes
» dans plufieurs houillères de l’Ecoffe : il y en a
n des lits puiffans entre les couches de houille à
»» Borrowliounnefs ; une d’ elles y fert de toit im-
» médiat à la houille. A Bathgate Hills, plufieurs
» ftrates de cette fubftance alternent avec celles de
»» bafalte. » L’obfervateur conclut de ces faits ,
que le bafalte n’eft pas volcanique , tandis que la
préfence de cette roche ignée fert juftement à
expliquer, par l’adtion de la chaleur qu’elle a
communiquée aux fubftances végétales, le changement
de celles-ci en houille.
MM. Conybeare, Buckland, Berger, & plu-
fîeurs autres géologues anglais qui ont étudié les
filons ou dikes de bafalte de l'Irlande, ont reconnu
qu’ ils fe dirigent tous à peu près parallèlement
vers le nord - oueft, & qu'ils traverfent
indiftin#ement toutes fortes die terrains. Us
ont obfervé que leur largeur s’étend depuis
quelques pouces jufqu’à plus de cent mètres;