
J a montagne calcaire de Porto-Conto à lliorai 3
5 un a 3 Matrona , 8cc.
L e Sarcidano 8c Tonara pofledent de l’albâtre}
mais le plus beau eft celui de Bonariat près de
Cagliari.
Les argiles font aufli variées que les roches,
dont elles ne fon t, pour ainfi d ire, que des déco
mpo fi dons. On remarque principalement l’argile
lithomarge de Saconi, celle de Nurri3 qui eft réfractaire,
& d'autres pures, ou mêlées de marne,
6 en général d’une bonne qualité.
l e nitre fe récolte dans les grottes calcaires qui
fervent quelquefois d’abri aux troupeaux. Enfin,
l’ alun, ou plutôt l'alumine lulfatée, fe trouve
à Ssnegho & à Segariu, en concrétions cônfîdé-
rables qui tapifient l'intérieur d’ un grand nombre
de grottes dont l’origine pyrogène paroît à peu
près certaine.
Végétation. D’immenfes forêts couvrent au moins
la cinquième partie de toute la Sardaigne} elles
font prefqu’ entière-ment compoféés de quatre
efpèces de chêne, favoir : le chêne commun,
(quercus robur) , le chêne vert ( quercus ilex ) & de
liège (quercus fuber). Les arbres, dont plufieurs
comptent des fiée les d'exiftence, font quelquefois
d une grofleur 8c d’ une hauteur furprenantes, mais j
en général ils font très-refterrés dans l’efpace !
qu’ils occupent, & les forêts elles-mêmes dimi- i
r.uent chaque jour 8c s’éloignent des villages,
tant par le manque abfolu d’ adminiftration foref-
tière que par fuite des frequens incendies, fuites
de l’ imprudence 8c de l’ infouciaifce des pâtres.
La végétation de 1 île peut fe diviler en trois
régions : celle de la partie centrale & montueufe,
tout-à-fait analogue à celle de la C o r fe j celle des
côtes & de la plupart des plaines feptentrio.nales,
qui reffemble à celle de la Provence 8c d’ une partie
de l’ Italie} enfin, celle des côtes 8c des plaines
méridionales, qui rappelle la nudité 8c l’afpeét de
l’Afrique feptentrionale.
Parmi les arbres à fruit, le châtaignier 8e le
noyer croilTent furtout dans les montagnes du centre}
le poirier couvre des parties confidénables de
collines, 8c s’ il étoit greffé , il donneroit fans doute
d’excellens fruits} le dattier & le palmier ne deviennent
fréquens que vers les côtes, 8c tous
les vergers & jardins offrent abondamment le
cerifier, le prunier, le pommier, ainfi que le
caroubier, le jujubier, e t c ., qui demandent un
plus fort degré de chaleur..
L’olivier fauvage eft tellement abondant, qu’il
cft hors de doute que la culture de cet arbre fi
utile ne donne conftamment des réfuitats: aufli
fatisfaifansque ceux qu’ont déjà produits quelques
efiais. L’amandier eft l’objet d’une fpéculation
allez confidérable. On le plante ordinairement
dans les vignes, 8c comme fa floraifon eft tardive,
il fouffre fouvent des journées froides du printemps.
Le citronnier & l’ oranger ne croiflent pas
naturellement erç Sardaigne, mais le terrain leur
convient fi bien, ainfi que la température, que
plufieurs de ces arbres s’élèvent à une hauteur de
fix mètres, qu’ ils forment des bofquets d’une
grande étendue, 8: produifent des fruits exquis.
Enfin, le figuier, le grenadier 8c la vigne s ’élèvent
pour ainfi dire fins culture, & donnent partout
d’abondans produits.
Indépendamment des arbres à fruits, le pin,
l’érable, le charme, le genevrier, le houx forment
des bois confidérables} l’i f s’élève à une hauteur
prodigieufe , 8c le myrte, lejtamarifc 8c le brillant
laurier rofe , couvrent les plaines de leurs ombrages.
Si la Sardaigne eft riche en arbres de toute
efpèce, elle ne l’eft pas moins en plantes
utiles ou d’agrément. Plufieurs variétés de froment
, l’orge , le farrafin, le maïs, les fèves , les
lentilles, l’ ail 8c un grand nombre d’autres lé gumes,
afiurent aux habitans leur fubfiftance, 8c
aux laboureurs^ une jufie récompenfe de leurs
travaux. Le tabac eft cultivé avec le plus grand
fuccès, furtout près de Sajfari y le coton , que l’an
a obtenu par divers effais, eft d ’une excellente
qualité } 8c le lin 8c le chanvre pourroient fuffire
à la confommation de 1 île , fi l’on donnoit plus
d’extenfion à leur culture. Le Caftan> la garance,
la gaude, le tournefol , l’ orcanette.. 8c un grand
nombre de lichens propres à la teinture, croiflent
fpontanément de toutes parts. Enfin, une multitude
d’autres végétaux peuvent fournir d’immenfes
quantités de foude 8c de potafle.
D’après le coup d’oeil rapide que nous venons
de jeter fur le fyfteme végétal de la Sardaigne, on
peut fans doute la confidérer comme un des pays
les plus.favorifés par la nature; mais fes bienfaits,
font fouvent neutraliiés, quelquefois même détruits,
par diverfes caufes dont je dirai quelques
mots en parlant de l’agriculture en général.
Zoologie. Il faut diftinguer les animaux en fau-
vages 8c domeftiques. Parmi les premiers^ on remarque
le mouflon (ovis Ammôri)y<\\i\ne lediftingue
de celui de Corfe que par la forme de les cornes ,
qui fe rapprochent de celle du bélier 3 les chèvres,
le ce r f, le daim, le fanglier, tous plus petits que
fur le continent} le renard, le lièvre, le lapin, la
belette , 8cc. On n’y trouve aucun animal féroce.
Les oiféaux les plus remarquables font les vautours,
les aigles, l’étourneau, la fauvette, le
merle, la grive, la canne 8c la perdrix de roçhe.
Les flamms arrivent d’Afrique vers le milieu du
mois d’août, 8c font fuivis, dans le moisd’ o&obre,
par les cygnes, les canards, les oies, qui quittent
alors les régions du nord, 8c font accompagnés
des hérons, des foulques 8c des cormorans.
Toutes les efpèces de poifions font communes
en Sardaigne, mais on n’ y trouve d’autres reptiles
que quelques lézards 8c une très-petice couleuvre.
Les feuls amphibies remarquables font
deux efpèces de phoques. Quant aux infectes, la
marche tardiye de la végétation 8c le defléçhemênt
fu bit'
fubit de la plus grande partie des plantes, les
rendent plus rares que dans beaucoup d autres
contrées. On y trouve cependant la tarentule,
une efpèce de feorpion. peu dangerèufe, la fau-
terelle, 8c une grande quantité de puces 8c de
coufins.
Animaux domeftiques. On rencontre en Sardaigne
prefque tous les animaux domeftiques qui forment
une des principales reflources des autres contrées
de l’Europe - .
L’abeille y fournit un miel excellent qui, dans
quelques cantons, prend une amertune qui n eft
point défagréable, 8c que l’ on attribue aux fleurs
& même aux fruits de l’arboufîer, que les abeilles
femblent fréqnenter en automne.
Le cheval eft petit, vigoureux, fobre , 8c peut
rendre des fervices juPqu’à vingt 8: trente ans.
L’âne, très-petit 8c couvert d’un poil très-long,
fert principalement au tranfport de l’eau.
Le boeuf a beaucoup d’analogie avec celui de
Hongrie ; il eft v if, agile, fougueux , 8c fes cornes
atteignent une grandeur extraordinaire. On laifle
les troupeaux en pleine campagne, expofés à
toutes les intempéries de l’air. C ’eft avec la mau-
vaife nourriture qu’ils trouvent ^ peine pendant
les fécherefles, les deux principales caufes qui
s’oppoient à l’amélioration des races de boeùrs,
de moutons 8c de vaches. Le lait de dix de celles-
ci , équivaut à peine à ce qu’en fournlroit une feule
de là Suifle. # '
Les-chèvres font les feuls animaux qui , dàns
l’île de Sardaigne, ne foient pas fournis à cette
dégradation de taille que l’on remarque chez tous
les autres quadrupèdes. Elles fonttrës-nombreufes
ainfi que les porcs, donc une partie, vivant continuellement
dans les forêts , eft indomptée 8c fe
rapproche fingulièrement du fangüer, tant pour
les formes que pour le goût de la viande. Une
variété que î ’on trouve à l’île d'Aftnara, fe diftin-
gue par la forme des pieds qui n’ ont pas d’ ongles,
majs un fabot dans le genre de celui des chevaux
8c des ânes.
Les dindons; les oies, lès canards, les pigeons
font rarement élevés dans l’état de domefticité, à
raifon de la facilité que l’ on a de s’en procurer de
fauvages.
Population. Il eft très-difficile de fixer d’une
manière exaéte la population dé la Sardaigne. Ce
qu’ il y a de certain, c’eft qu’il y a eu un mouvement
de décroilïement bien marqué de 1775 à
1816, 8c que depuis cette époque jufqu’à nos
jours, la progreflion a toujours été en augmentant.
Un relevé fait en 1824, porte la totalité des habitans
à 412,3 57} un autre dénombrement s’élève à
490,087} enfin, untroifième n’eft que de 480,188.
D’après l’opinion générale, on doit compter
de 460,000 d 470,000 âmes:
Caractère phyfique de Vhabitant. Lê Sarde eft en gô-
riéral d’une ftature médiocre, fvelte, bien proportionnée}
il a la taille fine', les jambes fortes 8c
Géographie phyfique. Tome V.
droites, le teint un peu bronzé, les cheveux noirs,
la phyfionomie fpirituelle, beaucoup de vivacité
8c de fouplefle dans les geftes 8c les mouvemens.
Nourriture. Les Sardes fe nourriflent de pain de
froment très-beau 8c peu cuit, fouvent de pam
d’orge , 8c quelquefois même de pain fait avec le
gland du quercus ilex. La viande eft un des principaux
alimens, furtout celle du boe u f, de: la
vache, du mouton, du chevreau 8c du porc. On
fait une immenfe confommation de ce dernier
animal. Le cochon de lait eft le mets de prédilection
, mais jamais on ne tue de veaux. Les
pauvres fe nourriflent fuivant lerfaifons, de tiges
de chardon fauvage, de fenouil, de la pulpe du
margallon 8c du fruit du cattus. Toutes les dalles
d’habitans trouvent également une grande partie de
leur nourriture dans le gibier 8c le poiflon, qui
font très-abo'ndans.
chafe & pêche. La conftitution phyfique des
Sardes les rend propres à tous les exercices du
corps; aufli ils excel.ent à la courfe, à la dan fe , a
. la lutte, 8c font très-habiles à la chafle 8c a la
pêche. Quant à la première, ils préfèrent celle
des bêtes fauves, 8c ne fe livrent à celle des
lièvres, lapina, 8cc., que lorfque le b e foin les y
contraint. La pêche eft une grande reflource pour
l’île , non-feu‘ement fous le rapport de la nourriture
, mais encore fous celui des exportations.
L’anchois 8c la fardine font très-abondans, mais
le thon a diminué d ’une manière extraordinaire, 8c
la pêche qui avoit produit en 1820,10,460 de ces
poiflens, n’en a plus rapporté que 3,619 en 1825.
On ne peut guère attribuer ce réfultat qu au reta-
bliflement de la pêche du thon en Efpagne, en
Portugal & fur les côtes de Barbarie.
On pêche aufli en Sardaigne une grande quantité
de coraux 8c de pinnes marines.
Agriculture. La nature de leur pays, autant que
l’habitude 8c leur fiftème phyfique, donne aux
Sardes un goût prononcé pour les montagnes,
les bois 8c l’indépendance : c’eft à ce motif
qu’il faut attribuer la préférence qu’ ils donnent à
l'état des bergers fur celui des agriculteurs. Il en
refaite néceflairement qu’ ils s’ occupent peu de
leurs vignes, qui font cependant fulceptibles de
donner d'excellens produits, 8c qu’ ils négligent U
la culture de leurs terres, qui fut portée jadis à un
haut point de perfection, puifque la Sardaigne
partageoit avec la Sicile le nom de grenier de
l'Italie. Elle eft loin , de nos jours , de mériter un
pareil titre, malgré l’extrême fertilité de fon fol.
Cependant on remarque une amélioration fenfible
depuis quelques années ; les bergers eux-mêmes
commencent à enfemencer les terres qui les environnent,
8c nul doute que ces premiers progrès
ne priflent un rapide accroiffement, fi le gouvernement
fe décidoit à fupprimer les nombreufts
entraves qui exiftent, 8c que le plan de cet ouvrage
nous empêche de développer.
Maladies. Stràbon, Cicéron, Tacite, Cornélius
C c c