
confédérés comme conftituant cinq formations
principales. Ces formations ont été défignées
par les célèbres auteurs de la Defcription géologique
des environs de Paris , en partant de la fur-
face de la terre & allant dans fa profondeur :
i° . en troifième, terrain d ’eau douce (terrains
d’eau douce fupérieurs) ; i ° . en deuxième, terrain
marin (terrains marins fupérieurs) > 5°. en deuxième
, terrain d’eau douce (terrains d’eau douce
moyens) ; 40. en premier, terrain marin (terrains
marins inférieurs); 50. & en premier , terrain
d ’eau douce ( terrains d’eau douce inférieurs).
Cette diftinélion, bonne fans doute lorfqu’on ne
connoiffoit que les badins tertiaires de Londres
& de Paris, ne peut nullement convenir, à l’uni-
verfalité des baflins tertiaires, & particulièrement
à ceux du midi de la France.
L’obfervation de ces badins prouve que les
terrains tertiaires ont été dépofés dans l’ancienne
me r , à l ’exception du troifième terrain d’eau
douce, ou des terrains lacuftres, & que les dépôts
fluviatiles qui y alternent avec des dépôts
marins ne font que le refte des limons que les
fleuves charriaient dans le fein de l’ancienne mer,
à peu près de la même manière que le font nos
fleuves aétuels. Cette obfervation prouve encore,
que les terrains tertiaires ne font çompofés que
au n e feule formation marine, divifée en deux
fyftèmes de couches ou en deux étages fouvent
féparés par des dépôts fluviatiles, qui alternent
ou font mélangés avec e u x , ou qui, réunis les
uns aux autres , forment un tout contigu.
Ainfi, les terrains tertiaires, dont il faut excepter
les terrains lacuftres produits après la retraite
des mers, des lieux où ils ont été dépofés,
ne font, bien confidérés, qu’ une fuite d’alternances
de grandes couches ou de dépôts fluviatiles
& marins, produits dans le fein de la même
mer, prefque fimultanément & dans.la même période
géologique. Les terrains tertiaires ont donc
une compofitiôn plus fimple que celle qu’ on leur
a attribuée. En e f f e t , ils ne .font formés que
d’ un feul. dépôt marin & de dépôts fluviatiles,
q ui, généralement moins répandus & moins puif-
fans que les terrains marins, femblent aufli diviiés
en plufieurs fyftèmes ou en plufieurs étages,
quoiqu’en réfultat il n'y ait qu’un feuEdépôt flu-
viatile, comme il n'y a qu’ un feul dépôt marin.
Les terrains tertiaires, à part les formations
lacuftres, ne font donc cpmpofés , i ° . qu§ d’ un
feul dépôt marin, lequel eft formé par trois fyftèmes
de couches, ou par deux étages, quelquefois
féparés & quelquefois confondus. Ces lyf-
tèmes de couches lont d’autant plus Amples 84
d’autant plus folides ou d’autant plus pierreux ,
qu'ils font plus inférieurs ; en partant des lits fupérieurs,
on découvre des fables marins pulvér
rulens généralement micacés, alternant avec des
grès ou avec des marnes calcaires ou argileufes.
Des couches pierreufes (calcaire moellon), le
plus ordinairement inférieures, mais alternant parfois
avec les fables marins, & même avec les
marnes bleues qui, le plus ordinairement, font au*
deffous de leurs couches. 3°. Des marnes argi-
leufés, bleuâtres, dont les aflifes les plus inférieures
font affez chargées de fables & de grains
verts.
C e fécond étage du dépôt marin alterne, dans
certaines localités, avec les dépôts fluviatiles, ou:
avec les formations volcaniques, & enfin, parfois
il eft féparé de l’étage inférieur par des terrains
de tran port.
Le premier étage du dépôt marin fe compofe
effentiellemenc, dans nos contrées méridionales,
de couches pierreufes q ui, conftamment fupé-
rieures aux marnes argileufes bleues ou aux
marnes fubapennines ou viennoifes, ne peuvent
être aflimilées au calcaire groflier parifien, qui eft
conftamment inférieur à ces marnes. Audi les
bancs pierreux fupérieurs, auxquels nous avons
donné le nom de calcaire moellon, font-ils les feuls
qui exiftent dans le midi de la France > car l'on n'y
voit point, comme à Paris, des couches pierreufes
marines inférieures aux marnes argileufes bleues
& aux jdépôts fluviatiles moyens (terrain d'eau
douce moyen ). Les dépôts marins fupérieurs
paraiflenc en effet généralement plus fimples dans
les baffins méditerranéens ou dans ceux qui dépendent
des mers intérieures que dans les baflins
océaniques, quoique l’Océan femble être rentre
plus tôt dans ses limites actuelles que les mers
intérieures.
L’étage fupérieur des dépôts marins tertiaires,
fe montre dans les baffins où les formations marines
font les plus puiffantes, fuivi de bancs allez
épais de glauconie groftière q u i, liés fans intermédiaires
au calcaire moellon, appartiennent toujours
au même fyftème-
C e dépôt marin tertiaire, foit avant qu’ il, fe
précipitât, foit pendant qu’ il, fe formoit. dans le
baflin de l’ancienne mer, a; été accompagné . de
dépôts fluviatiles, dont les uns, affez conftammene
inférieurs, fembleroiept l’avoir précédé;, & dont
les autres alternent avec lui,, ou en féparent les-
étages d’une manière affez tranchée pour avoir
été confidérés comme conftituant une.formation:
diftin&e, à laquelle on a donné le nom de deuxième
terrain £ eau douce ou de terrain £ eau douce moyçnv
Ces dépôts fluvi itiles, ayant été produits par les
limons que les fleuves eptraînoient dans le bafùn
de l’ancienne mer, font parfois mélangés de dépôts
& de produits marips, & par .fuiçe de la
caufe qui les produifoit, leur puiffançe & leur
composition éprouvent de grandes modifications
de baflin à baflin, à l’exception pourtant des. deux
principaux où ils ont été d’abord obferyés, 8c
auxquels on a. youlu rapporter tous les autres.
Cette variation, eft fi grande pour les dépôçs.fiu^
yiatiles postérieurs la totalité du dépôt marin,
quelle
qu’elle feule annonce la manière dont ces limons
ont été répandus au milieu du fyftème marin, dont
l’iipportance eft en général plus grande.
G eft à ces bancs fluviatiles qui féparent ou qui
alternent avec,les couches marines tertiaires, que
nous donnerons le nom dq dépôt fluviatile : on
p?ourroit appeler, i°. fupérieur, celui qui recouvre
lç.plus fouvent les étages moyens & inférieurs dy
dépôt ma,rin ; & 20. inférieur, la part e des dépôts
fluviatiles qui eft placée le plus généralement au-
deffous du premier étage du dépôt marin , s il
exiftoit quelque confiance & quelque régularité
à cet égard. On peut l’admettre ainfi, parce qu il
eft probable que ce dépôt fluviatile alterne avec
les couches les plus intérieures du terrain marm,
de là même manière que la partie de-ces. dépôts
fluviatiles que nous nommons fupérieurs 3 alternent
avec les couches marines fupéjdeures* r
1 a partie du dépôt fluviatile qui fe maintient
le plus conftamment fupérieure le compofe principalement
de calcaires foit caverneux , foit compactes
, foit, criftall.ins, de marne;s de diyerfes natures,
de gypfe, de macignos lableux, mais Xans
argile & fans mica, de filex & dp calcaire filiceux.
Ces dépôts paroiflent avoir en général d’autant
plus de.puiffançe qu’ils font chargés de: gypfes,.
Le dépôt fluviatile inférieur, qui ne conftituè
pourtant pas de formation diftinéte , eft compofe
le plus généralement , dans nos contrées méridionales,
par des calcaires foit, bitumineux, foit compactes,
des lignites, des grès & peut-être des
argiles plaftiques, jamais en bancs puiflans 84
étendus, mais en amas ifolés. Ce dépôt fluviatile,
nommé premier terrain d'eau douce, confidéré comms
poftëi ieur au terrain marin, puifqu’on l’ obferve
immédiatement au-deffous de certains baflins tertiaires,
peut, cependant être d’une date plus récente
dans d’autres baflins, puifqu’il n’eft qy une
dépendance du grand d?pôt fluviatile tertiaire.
En effet, f i, comme les faits l’annoncent, les terrains
tertiaires, à l’exception des dépôts Iacuflres
fupérieurs, ont tous été produits dans le baflin de
Ancienne mer, tel dépôt marin fe rapportant aux
couches nommées glauconie grofli'ére ou calcaire
groflier, a pu fe précipiter fur un point, antérieurement
à certaines molaffes, aux lignites et aux argiles
plaftiques; tandis que, dans d’autres localité
s , il en a été le contraire. Ainfi, dans certains
n’appartiennent pas toujours aux dépôts fluviatiles
inférieurs (premier terrain d’eai^ d ou ce) , puif-
que l’ on en obfervè dans les dépôts lacuftres fupérieurs
baflins, les dépôts marins feroient plus anciens;
que les dépôts fluviatiles, que l ’on a confidérés
c.omm généralement antérieurs, parce qu’ils le
font dans les baflins que l'on a envifagés comme
des efpèces de types de l’ordre de fuperpo.fition
de terrains où rien n’ a pu être confiant ni régulier.
De cette manière, l’on conçoit comment des
débris de mamrçûfères tçrreftres lé trouvent dans
les lignites & les molafles de la Suiffe, & pour-
quoi l’on découvre fi rarement dans l’étage inférieur,
des dépôts marins, fi toutefois il en exifte.
Ce qu’il y a de certain, c’eft que les lignites
Géographie pkyfique. Tome K,
(terrains d’eau douce fupérieurs), ainfi
Ique dans les marnes argileufes bleues qui com -
pofent les aflifes inférieures du fécond étage du
dépôt marin, enfin dans les dépôts fluviatiles
où, elles n’ en, font pas moins mélangées de c o quilles
de mer.. I l . refteroit donc a vérifier fi>
{d’après l’ordre de fuperpofition, les lignites qui
[recèlent des débris de mammifères terreftres, font
■ réellement au-deflous des divers étages du dépôt
marin, ou fi ces dépôts fluviatiles ne feroient pas
contemporains de nos marnes argileufes, fi rapprochées
du calcaire moellon, ou dès fables marins,
où abondent 4e pareils débris.
La prefence des mammifères terreftres dans les
I lignites & dans les molafles, eft un fait qui paroît
'•annoncer qu’ il n’y a eu qu’ un feul dépôt fluviatile ,
’quoique les- couches qui en dépendent foient,
dans certains baflins, divifées en plufieurs fyftèmes,
que l’ on a confidérés comme autant de
formations particulières (1 ) . En e ffe t, des limons
fluviatiles peuvent s etre précipités fur un*
point, pendant qu'une partie ae ces mêmes limons',
transportée dans la mer , s’eft dépofée fur
des terrains marins de diverfes dates. Ces dépôts
fluviatiles en s’étendant, auront pu être recouverts
par des dépôts marins tertiaires, tels, par exemple,
que le calcaire groflier, & cela lorfque déjà la
glauconie groflière étoit dépofée. En continuant
à fe produire, ils auront conftituè de nouveaux
dépôts fupérieurs au calcaire groflier, & dont la
nature aura pu être différente, tels ^ue le font
les terrains d’eau douce moyens, où le gypfe
abonde parfois. Ces dépôts auront été recouverts
à leur tour, par des limons marins ou par le deuxième
étage de ces limons nommés terrains ma-
rins fupérieurs, & enfin, ceux-ci être également
furmontés par de nouveaux dépôts fluviatiles. Si
ces dépôts ont été produits de cette manière,
comment les eonfidérer comme autant de formations
diftin&es & non comme des parties d’ nn
même tout, ou , fi l’on veut, comme des branches
ou des ramifications d’un même genre de dépôt?
Pour concevoir ces alternances, il fuffit de fup-
pofer que fur la craie un immenfe dépôt fluviatile
s’ eft produit, en avançant fur d'autres points, di-
(1) Les molafles de la Suiffe, comme celles de la Hongrie,
des bords du Rhin 8c des environs de T u r in , font probablement
des dépôts contemporains de nos fables -, elles remplacent;
no? marnes bleues ou les marnes ou argiles bleues
micacées fub-apennines : un peu plus ou un peu moins de
fable , voilà, toute la différence j 8c certes le fable 8c le mica
ne manquent pas dans les marnes bleues du fameux bain
coquillier de Banyuls dcls Afpre, dans lequelil exifte tant
4’efpèces foflïles femblablès â nos espèces aÛuelles, 8c qui
appartient à la. partie fupériçure du fécond étage du dépôt
marin.
Rrr