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parce qu’il ne comprend fous-le nom de Pyrénées ,
que la portion de la chaîne qui s’étend depuis le
cap Creus jufqu’à la pointe de Figuières. En conti-
tinuant de fe diriger vers l’oueft, le faîte de la
portion appelée occidentale devient tvès-efcarpé;
on la voit hériffée de rochers déchirés 6c de pics
élevés. Le plus confidérable eft la Maladetta,
dont la hauteur a été évaluée à 3342 mètres. D e puis
la Maladetta jufqu’ au pic du midi d’Offau ,
la hauteur moyenne du faîte de la chaîne a été
évaluée à 2600 mètres. Sur cette étendue on ob-
ferve plufieuis pics; les plus remarquables font:
les Tours du Marborê, dont la plus élevée n’ a
pas moins de 3272 mètres ; le Taillon, 3284 mètres
, le Vignemale, qui s’élance à’ 3444 mètres,
6c le ôom de Soub de 3214 mètres ; mais fur le
verfant méridional de la partie que nous venons
de parcourir, plufieurs montagnes furpaffent en
élévation le faîte de la chaîne ; tels font : le pic
de Las Pofets, dont la hauteur eft eftimée par
M. de Charpentier à 3200 mètres, 6c le Mont-
Perdu, qui s’élève à 3526 mètres. Sur le verfant
oppofé, c’eft-à-dire fur celui qui dirige fes eaux
fur le fol de la France, les pics font moins im-
porrans ; le plus confidérable eft le pic Long,
dont la hauteur eft eftimée à 3236 mètres.
A partir du pic du M id i, la chaîne s ’abaiffe graduellement
jufque fur les bords de l’Océan ; le
pic le plus confidérable, qui eft celui d’Akuga ,
ne s’élève pas à plus de 2500 mètres, & la dernière
montagne fituée à l’extrémité de la ligne de
l’eft à l’oueft, celle de Haya enfin , ou des Qua-
tre-Couronnes, au pied de laquelle coule la Bi-
dafloa, n’a pas plus.de 1000 mètre' de hauteur.
Les chaînes latérales qui s’étendent à droite &
à gauche du faîte méritent de fixer notre attention.
Elles s abaillent infenfiblement à proportion de
leur éloignement de la chaîne centrale ; enfin , à
quelques exceptions près , elles fe perdent en
pente douce, dans les plaines qui leur fuccèdent.
Outre ces rameaux latéraux, que l’on peut a- peler
contre-forts, il exifte dans les Pyrénées quelques
autres petites chaînes latérales qui fe dirigent
dans le même fens que la chaîne principale ;
fouvent même elles font tou t-à-fait ifoléts de
celles-ci.
Aux diverfes généralités que nous venons d’ex-
pofer relativement à la principale chaîne des Pyrénées
, nous ajouterons que, comme dans toutes
les grandes chaînes de montagnes, l'un des deux
verfans eft plus rapide que l’autre. Dans celle-ci,
c ’eft le verfant feptentrional, dont généralement
la pente eft la plus douce ; le verfant oppofé paroït
être beaucoup plus rapide; de là vient la différence
qui exifte entre la hauteur des pics de
l ’un & de l’autre verfant.
Afin de faciliter l’intelligence de ce que nous
avons encore à dire fur les Pyrénées, nous allons
entrer dans quelques détails fur ce qu’on entend
par cols 6c ports; nous parlerons enfuite des
vallées , des lacs 6c des principaux glaciers.
Port. On entend par port tout paffage naturel
quelconque qui fert à communiquer d’un verfant
à l’autre d’une chaîne, mais principalement cette
expreflion eft réfervée pour défigner la dépref-
fion qui exifte à la naiffance de deux vallées oppofées.
On donne aufli le nom de col à la même
dépreflîon ;„ces deux dépreffions font donc fyno-
nymes. Nous ne rappellerons point ici les principaux
cols ou ports connus dansdes Pyrénées, ce
ne feroit qu’une énumération aride 6c fans intérêt.
Vallées. Les valléos font rtombreufes dans
cette chaîne de montagnes : les plus confidérables
font celles qui defeendent de la chaîne centrale ;
celles qui lui font parallèles font généralement peu
érendues. On compte fur le verfant feptentrional
vingt-neuf grandes vallées tranfverfales, & vingt-
huit fur le verfant oppofé. Dans la partie des Pyrénées
qui femble fe terminer au cap de Fi-
guières , les eaux du verfant feptentrional fe partagent
à l’eft & à l ’oueft, & fe rendent d’ un côté
, à la Méditerranée, 6c de l'autre à l’Océan; fur
le verfant méridional , toutes les eaux vont fe
réunir à celles de l’ Ebre. A partir du faîte de la
chaîne principale, jufqu’ aux dernières pentes de
l’un & de l’autre verfant, ces vallées forment
pour ainfi dire une fuite de baflins élevés les
uns au-deffus des autres, de telle forte que les
eaux qui fortent de la vallée fupérieure fe précipitent
fouvent en forme de cafcades jufque
dans la plus grande vallée , c ’e ft-à -d ire la plus
baffe. La vallée fupérieure offre quelquefois une
gorge rapide & étroite; d’autres fois elle préfente
une forte de baflin très-profond, en forme
de cirque , entouré'de rochers qui forment de
hautes 6c imposantes murailles ; on en voit d’autres
s’élever en talus peu inclinés, qui fe terminent
à la crête de la montagne. Le plus renommé
de ces cirques eft celui que l’on connoît
fous le nom de Ouïe de Gavarnie.
Nous ne citerons parmi les principales vallées
que celles qui, par l ’importance des cours d’eau
qu’elles fournilïent, & dont elles prennent le nom,
méritent de trouver place ici.
i° . La vallée du T e ch , qui, vers l'extrémité
orientale de la chaîne, commence au verfant
feptentrional du mont Cqitabon > la rivière qui la
traverfe fe jette dans la Méditerranée.
2°. La vallée de la Teta , qui fe jette également
dans cette mer, commence au porc de Fromi-
guière.
3°. La vallée de l’A ud e , qui commence au
col de Perche qui porte fes eaux à la Méditerranée.
40. La vallée de l'Arriège qui commence aufli
au porc de Fromiguière, 6c dont les eaux le
jettent dans la Garonne*
y°. La
La vallée de la Garonne qui commence au
port de Paillas.
6°. La vallée de l ’Adour, connue aufli fous le
nom de Campan; elle eft moins étendue que
celles que nous venons de nommer, & elle commence
loin du faîte de la chaîne. L’ Adour qui y
prend fa fource, fe jette dans l’Océan à peu de dif-
tance de Bayonne.
7°. La vallée de Lavedan, connue aufli fous le
nom.de ■ vallée de Barrége ou de Gavarnie ; la rivière
qui la parcourt eft le Gave de Pau, qui porte fes
eaux à 1* Adour.
8W. La vallée d’Offau, que parcourt le Gave
d'Oléron, qui va fe jeter dans celui de Pau.
9°. La vallée d'Afpe , dans laquelle ferpente
le ruiffeau de ce nom, qui va fe réunir au Gave
d’Oléron.
io p. La vallée de Soûle , dans laquelle coule
la rivière de Soiffon qui fe jette aufli dans le Gave
d’Oléron.
11°. La vallée de Baigori que parcourt la Nive,
qui fe joint à Bayonne aux eaux de l’Adour.
12°. Enfin» la vallée de la Bidafloa, quetra-
verfe cette rivière qui fe jette dans l’Océan à
Fontarabie.
Le verfant méridional de cette partie des Pyrénées
eft coupé par un grand nombre de vallées,
dont quelques-unes méritent de fixer l’attention.
i ° . La vallée de Noguera Paillarefa, ainfi appelée
du nom de cette rivière qui la traverfe 6c
qui tombe dans le Sègre.
2°. La vallée de l’Effera, connue fous le nom
de vallée de Benafque ,• la rivière qui la parcourt va
groflij la Cinca.
3°, La vallée de Broto, que parcourt l’ Ara
ayanp de fe jeter dans la Cinca.
L4 cs. Les badins les plus élevés des Pyrénées
contiennent Couvent des lacs, dont l’importance eft
en rapport avec celle de ces baflins. Ces lacs font
beaucoup plus fréquens dans les vallées du verfant
feptentrional que dans celles du verfant op-
pofé. M. de Charpentier attribue cette différence
entre les deux yerfans, à la rapidité de celui du
Midi.
« Lorfque cès lacs, dit M. de'Charpentier, le
>• trouvent à une grande hauteur dans la région
*» des neiges perpétuelles, & qu’ils font abrités
» contre les rayons du foleil & les vents chauds,
» la glace les couvre prefque toute l’année.
»» Ainfi le lac glacé du port d Oo 6c de celui du
v» portillon d.1 Oo , ne dégèlent jamais , le lac du
m Mont-Perdu & ceux àlEfioum-Soubiran, dans
» la vallée de Cautère^, confervent de la glace
»» jufqu’ à la fin d'août. »
Glaciers. La citation que nous venons de faire
fuffiroit pour prouver qu’ il exifte, fur les points les
plus élevés des Pyrénées , des glaciers confidérables;
cependant ils ne font point encaiffés dans
des gorges ou dans des vallées, comme on en
voit dans les Alpes» ils recouvrent feulement les
Géographie - Pkyjîque. Tome V .
pentes des monts les plus élevés 5 ils different
encore de ceux des Alpes par leur ifolement.
Souvent de longs intervalles les féparent; leur
direction eft généralement dans le fens de la crête
de la montagne fur laquelle ils repofent; on ne les
remarque que fur les lommets les plus élevés : ces
fommets font entre la vallée de la Garonne 6c
celle d’Offau. Sur les autres pointes de la chaîne,
au lieu de véritables glaciers, on ne voit que des
amas plus ou moins confidérables de neiges.
Les glaciers fe remarquent principalement fur
le verfant feptentrional de la partie que nous venons
de défigner ; ceux qui exiftent fur l’ autre verfant
repofent fur les pentes oppofées au nord , à
l’exception de quelques -uns q u i, bien que fitués
fur le côté méridional, font abrités par de hautes
montagnes.
On connoit cinq glaciers principaux dans les
Pyrénées :
i°. Le glacier de la Maladetta ; il eft fitué dans
la partie fupérieure de la vallée de PEJfera : il occupe
la partie feptentrionale de la montagne dont
il porte le nom. M. de Charpentier eftime fa longueur
à [2000 toifes ; félon lui, le pied de ce glacier
eft à environ 2346 mètres au-deffus de la mer,
& à y00 au-deffus du fol de la vallée.
2°. Le glacier de Cabridoul, fitué au fond de la
petite vallée de L y s, qui communique à celle de
Fuchon. Il s’étend fur le revers feptentrional de
la montagne qui lui donne fon nom II eft fillonné
dans tous les fens par de nombreufes crevaffes qui
en rendent l’accès très-difficile.
30. Le glacier du Mont-Perdu. Il eft placé au
fond de la vallée de Pinede ; il recouvre les côtés
feptentrionaux de la montagne qui lui donne fon
nom ? fa pente eft extrêmement rapide, fes flancs
font efearpés üc coupés par de larges crevaffes.
Ses eaux fe réunifient dans un petit baflin qui fé-
pare le Mont-Perdu de la chaîne centrale, 6c qui
forme un lac qui ne fe dégèle que ver s la fin d’aout.
Ces taux alors forment une magnifique cafcade qui
tombe dans la vallée de Pinede, 6c qui devient la
principale fource de la Cinca.
40. Le glacier du Vignemale , fitué entre deux
crêtes de rochers qui defeendent du faite de la
montagne dont ils portent le nom. C e vafte glacier
eft fillonné par d ’énormes crevaffes. Les eaux
que fourniffent fes glaces forment le Gave d’Of-
ione.
y°. Le glacier de Néouvieil. C e glacier qui tient
un rang parmi les plus confidérables de cette partie
des Pyrénées, eft fitué fur la pente occidentale
de la montagne dont il porte le nom j fes flancs
font extrêmement rapides.
Nous ayons dit que les glaciers étoient plus nombreux
fur le verfant feptentrional des Pyrénées
que fur le verfant oppofé} il en eft de même de
la durée plus ou moins confidérable des amas de
glaces & de neiges qu’ on y remarque. Ils fondent
affez promptement fur le verfant méridional : gène