
excavations fi vaftes, ou qui n’ ont quelquefois
qu'une étroite ouverture, avoient pu être formées
par l'adtion de certains gaz fur la matière
de la roche encore molle, & q u i, cherchant à fe
dégager à l’extérieur, ont étendu dans différens
fens l'es cavités, jufqu’ à ce qu’ils aient pu trouver
une iffue en fe frayant un palïage.
CELEBES. L’irrégulière & grande î'e de C é lèbes
, baignée à l’ouelt par le détroit Je Macaffar,
& à l’eftpar le paflage des Moluques, eft divifee
par les trois profondes baies de Bony, de Tollo
& d e T om in i, en quatre grandes péninfules qui
lui donneht 180 lieues Je longueur lui* yô à 60 de
largeur. Elle eft fituée entre 1 deg. 4 f . min. de
latitude nord & y deg. 59 min. de latitude fud,
& entre 1 ;6 deg. 54 min. & 121 deg. y 2 min. de
longitude elt. Parmi les montagnes de fon intérieur
on compte plufieurs volcans en activité.
Les habitans de cette île , que l’on diftingue en
Bony s , en Boughiefes ou Boughis & en Macajfars t
& que l’on croit d ’origine Malaie, font les plus
braves de toutes les îles de la Notafie. Leur premier
choc eft terrible 3 il Terrible être l’exprêlfion
de la fureur & du défefpoir} mais une rèiiftancè
de deux heures Taie fuccéder un abattement total
à une fi étrange impétuofité. Sans doute qu’albrs
î’ ivrelïe de l ’opium fe diflipe, après' avoir épuifé
leurs forces par des tranfports frénétiques. Leur
arme favorite eft le crifs y c’eft un poignard dont
la lame, longue de 10 pouces, s’alonge en fèr-
pentant. Ces peuples montrent une grande intelligence
dans la culture des terres & dans les arts
mécaniques} ils excellent furtout à fabriquer des
toiles de coton très-recherchées dans les îles yoi-
fines & à conftruire des navires. Leur hardieffe
& leur cruauté en font des corfaires redoutables.
Ils font partagés en un grand nombre d’états formant
une confédération qui recbnnoît pour fon
premier allié le gouverneur-général hollandais.
CHILOÉ. L’archipel de C h ilo é , compofé d’environ
80 îles dout une vingtaine au plus fo.nt habitées
, forme une province du Chi.i. La plus
grande de ces îles porté le nom de Chiloé. On
évalue fa population à 2 y,oco h abita isrép artis
dans 3 villes & 40 villages qui forment autant de
paroifles. San-Carlos, la première de ces villes, eft
peuplée de t ,200 âmes , & polie de un beau port
dont l ’entrée eft dârïgereufè.' La plus grande'partie
des habitans de 1 île Te compofe d’indigènes qui ‘
parlent une îanguè particulière appelée', vélichê -, ;
iis font d’un naturel doux & timide, 'moritreiit
beaucoup d’aJrefTe dans les arts mécaniques &
conftruifent avec art leurs pirogues.
CLA IR (Saint-). Lac de l'Amérique fepteii-
rtionale à 17 lieues au lûd de i’extrémité méridionale
du lac Huron & à 4 du lac E r ié , communiquant
au premier par la rivière de Saint-Clair
& au fécond par celle de Détroit. Sa forme eft
circulaire & fa circonférence eft d’environ $olieues.
Il en a 12 de longueur & 10 dans fa plus grande
largeur. Sa profondeur eft uniformément de 2t
pieds. II renferme plufieurs îles dont les plus con*
fidérabîes font celles de Loughton, d’Hurfon &
de Chenal-Ecarté.
COBI ou CHAMO. Nom par lefquels on désigne
Tenfemble des Jélerts & des fteppes de
l’Afie centrale. Voytç A sie.
COLUMBIA' ou Oregan. C e fleuve de l’ Amérique
feptentriomle prend fa foiirce dans un
petit lac fitué au pied a r a l’ oueft des montagnes
Rocheufes par yo deg. de latitude feptentrlo-
nale & 118 deg. yo min. de longitude occidentale.
Il le jette dans le grand Océan, entre le cap Dé-
fappointement & le cap Adams , après un cours
d’enyiron 400 lieues. Son embouchure eft refier-
rée entre des écueils & traversée par une barre
qui en rend l’entrée difficile & Jangereufe , fur-
tout depuis ie mois d’octobre jusqu’ au mois
d’aviii.
CÉPHALONIE. Voyi[ Iles Ioouetcves.
C ER VIN. Nom d’une montagne appelée en
allemand Matterhorn, & en piémoiïtais Sylvio, &c
qui eft l’un des fomm.ets les plus remarquables
des Alpes pennines. Elle eft fituée à 4 Ijeues à
l’oueft du mont Rofe>, & à S eft-mord eft du
grand Saint-Bernard. Elle fe termine par une aiguille
de forme triangulaire , qui eft la plus mince
& la plus pointue de toutes celles des Alpes.
Cette aiguille a 13,872 pieds de hauteur au-def-
fus du niveau de l'O c é a n , le col du Cervin en a
10,302: ainfi elle dépalle ce col de j.y y o pieds.
Cette, montaane eft compofée, ,de gneifs, de
ferpentine & de calcaire faccharoïde. Elle eft couverte
d’immeofes glaciers qui fe prolongent au
loin dans la vallée de Vjfpach au nord , & dans
celle de Cervin ou de Tornanche, qui débouche
au fud dans le val d’Aofte.
CÉVENNES. A ce qui a été dit fur la confii-
tution phyfique de ces montagnes de la , France,
nous ajouterons que d’après les obfervations géo-
gnofliques dont elles ont été l’objet., elles font
pofées fur le granité } que ce granité diffère de
celui des Alpes & des Pyrénées en ce qu'il n’ eft
pas en petits grains, mais.parfemé de grands
crrfta-ux de fedfpath qui lui donnentTafpeét por-
ph yroïde 5 que d a ns-plufieurs localités i l palfe in -
îenfiblement au gneifs & au fchtfte.micacé, contenant
beaucoup de filons métalliques, & que
dans d'autres il fe décompofe & le réduit én
gravier.
Sur ce granité repeferit des grès, des potidingues
gués & de l ’argile fehifteufe tenant au terrain
houiller.
La côte qui fait face au Rhône eft formée d’ une
chaîne de calcaire coquiller qui s’élève en quelques
endroits à 1,163 mètres, comme au pic de
Bagarah. A ce calcaire s’ adoflent différentes ef-
pèces de marnes, au-delà defquelles font les terrains
d’alluvion des vallées du Rhône & delà Garonne,
couverts de coquilles d’huîtres et d’autres
foffiles.
Le verfant qui fait face à l’Océan eft recouvert
en beaucoup d’endroits d’une couche de
produits volcaniques.
CHAGOS ou D iego - G arcia. Ile de l ’Océan
indien , q ui, avec quelques îlots, forme un
archipel qui s’étend entre 4 deg. 30 min. &
7 deg. 27 min. de latitude fud , & entre 68 deg.
y y min. & 70 deg. 20 min. de longitude eft. La
circonférence de I’î e Chagos eft d’environ 13
lieues. Ce n’ eft qu’ un banc de madrépores, recouvert
d’une couche de terre fi légère, que
pour y cultiver quelques plantes potagères on eft
obligé d’y apporter de la terre de l’Ile-de-France.
Le cocotier, le manpon & le figuier d’ InJe font
les principaux arbres qui y croiffent. On y trouve
la tortue franche, la tortue caret & une grande
quantité de rats.
CHAMPLAIN. Lac de l’Amérique feptentrio-
nale. Il s’étend fur un efpacé de 39 lieues du
fud au nord, & préfente une fuperficie de 360
lieues carrées. Il eft alimenté par le Mifiifqui, la
Moelle & l’Ouion, rivières navigables qui viennent
de l ’e f t , & fe déchargent par le Richelieu ou
la Sorelle dans le fleuve de Saint-Laurent. On
remarque, dans fa partie ftptentrionale, une
foixantaine d’îles, dont les principales font North-
Héro, South-Héro & Lamotte.
CHIUSI. Lac fitué à environ 3. lieues de Monte-
Pulciano} fes rives feptentrionales & orientales
forment la „limite entre la Tofcane & les Etats-
Romains. Sa longueur , du nord au. fu d , eft de
1 lieue & demie} & fa largeur d’une demi-
lieue. Sa profondeur ordinaire eft de 36 pieds, &
de 40 lorfque fes eaux font hautes. Il eft traverfé
par la Chiana-Tofcana j fes bords font marécageux.
'CHRISTMASï Ile du grand Océan équinoxial,
découverte par Cook le 24 décembre
1777. Safituation eft par 1 deg. 4y min. de latitude
nord & 160 deg. y min. de longitude
oueft. Elle eft inhabitée & ne confifte qu’en un
banc de fable recouvert d’un terreau noir formé
de débris de végétaux & de fiente d'oifi-aux} dans
quelques endroits le- fable eft recouvert de madrépores
& de. coxjuillçs dépofées en couches
Géographie-Phyjique. Tome V *
étroites & parallèles à la côte. Il y croît quelque s
cocotiers & des graminées. Le milieu de l'île eft
occupé par une lagune d’eau faumâtre qui communique
avec l’Océan par un canal. Cette lagune
eft remplie de poilfons & de tortues. L'île eft
entourée de brifans qui en rendent l’accès difficile.
Cook eftima que la circonférence pouvoit
être d’environ 20 lieues.
CHUT ES D’E AU. Les fleuves qui descendent
des montagnes granitiques dans les terrains
de fédiment font fouvent des fauts ou des
cataraàcs. Telles font les cataraéles du N il, du
Gange & de quelques autres grands fleuves. Les
catara&es font auffi formées par des rivières} le
faut du Niagara en offre un magnifique & célèbre
exemple. C e font les rivières rapides, ombragées
d’arbres ou bordées de roches à pic qui forment
les chutes les plus pittorefques : tantôt c’ eft
une malle d’eau q u i, avant d’arriver à terre, fe
difperfe en une pluie fine, comme le Staubbach ;
tantôt c’eft un arc d’eau projeté en avant d’une
muraille de rochers & fous laquelle on paffe à
pied fec , comme le Falling-Spring de Virginie}
ic i , dans le terrain granitique, on voit le Trol-
hetta & le Rhin, encore jeune, preflfer leurs flots
écumeux entre les rochers pointus} là , dans les
terrains calcaires, ce font la Czettina & la Kerka,
qui, tombant de terrafïe en terrafle, préfentent
tantôt une nappe & tantôt une muraille d’eau.
Les chutes formées, par des ruifleaux ou des
torrens reçoivent le nom de cafcades. ce Dans
celles-ci, dit Lamouroux, les eaux du haut d’ un
précipice s’élancent dans l ’efpace} d’abord c’eft:
Un ruban argenté qui fe déploie fur les flancs de
la montagne, bientôt il diminue & finit par fe
réduire en vapeurs & en brouillards humides. Si
le foleil les Trappe de fes rayons, il les change
en diamans étincelans, il les décore d’arcs-en-
ciel mobiles & ondoyans, & le zéphyr balance au
gré de fon caprice cette maffe auffi légère qu’é clatante.
»
Il y.a d s cafcades magnifiques, créées, du
moins en partie, par la main des hommes } ainfi,
on attribue au pape Clément VIII la naiffance des
cafcades du Vélino , près Terni.
« Les cafcades & les catarattes, dit encore La*
mouroux , perdent chaque jour de leur élévation
par la dégradation, par i’ érofion des falaifes &'
des terrains fupérieurs, ou par i’exhauffement du
fol inférieur. Elles dévoient être & plus nom-
breufes & plus élevées dans l’ancien Monde. Chaque
jour elles diminuent par l ’aétion du temps,
qui nivelle tout ; il agit lur elles comme fur les
autres objets que le globe préfente, & dans la
fuite des fiècles on regardera peut-être comme
une fiélion poétique les cataractes du Nil & du
Gange, le faut du Niagara, la chute du Rhin,
les.cafcades de Tenquedama, de Gavarnie, & c .»
V V V Y Y