
& Ortholithô, pour expirer vers les côtes abruptes
du cap S k y li, qui fait face à l’ île d’Hydra.
Parmi les cours d’ eau qui defcendent de ces
montagnes, les uns fe jettent dans le golfe deLé--
pante & la mer Ionienne, les autres dans la Méditerranée
& la nier E g é e , & forment plulîeurs
rivières. Les vallées feptentrionales, arrofées par
les fleuves de Calavrita (Cérynitef Acrato-Po-
tamos( Cratkis) , Mavronéro ( Styx), 8c plulîeurs
autres torrens qui defcendent des montagnes environnantes
, préfentent des efpaces marécageux
8c propres à la culture du riz. L’olivier n’y e ft pas
moins abondant. L'Acrato-Potamos, qui prend
fa fource dans la montagne du même nom, eft
alfez profond > mais en hiver fon volume 8c fa
rapidité font l'effroi des voyageurs, 8c interrompent
Couvent les communications pendant des
femaines entières. Le Mavronéro, fleuve q ui,
dans les temps héroïques , palfoit pour fi redoutable,
que les dieux n'ofoient fe parjurer quand
ils en avoient prononcé feulement le nom , tient
cette haute réputation de ce que fes eaux glaciales
palfoient pour donner, la mort. Achille y ■
fut cependant plongé fans danger, 8c dut à cette
forte de baptême fon invulnérabilité. 11 s'échappe
de cataraCte en. cataraCte du plateau le plus élevé
& l e plus abrupte du mont Cyllène. On remarque
vers fon origine une grotte de laquelle jaillit une
rivière fouterraine, qui fe perd bientôt dans la
terre même dont elle eft fortie, 8c qui reparoît a
peu de diftance dans la plaine , fous le nom de
Carpatki. Bientôt elle fe mêle au Crathis. Le Câ-
roenitza( Peirus ou Mêlas ) prend naiflance fur les
pentes feptentrionales du mont Olénos fc fe jette
dans le golfe de Patras, où fe voient des allu-
vions marécageufes. La vallée qu’il parcourt eft
d ’un afpeCt riant 8c pittorefque. Le platane, afy.le
des roflïgnols, ombrage fes bords. Le Potami-
Tou-Gaftouniou ( Pénêe-Elêen) s’échappe des
pentes méridionales du mont Aiénos , & fe jette
dans la Méditerranée près de Gaftouni, après
avoir traverfé une campagne fertile en lin. Le
Roufias,qiïi fut cet amoureux Alphée, dont les
ondes alloient, felôrt les poètes, chercher juf-
qu'en Sicile, en paffant lous la mer, le criftal
d'Aréthufe, fépare le canton de Gaftouni, ancien
royaume du vénérable Neftor, fous le nom
d'Elidé, de celui de Fanari, qui repréfente la
partie feptentrionale de la vieille Meffénie. Ce
fleuve réfulte de la réunion des trois rivières que
nous avons dit féparer les contreforts méridionaux
de l'Olénos des contreforts feptentrionaux
du T ay gè te , & qui arrofent tout le plateau central
anciennement connu fous le nom a Arcadie.
Le Vaflili-Potamos, dont Jupiter choifit les
bords fleuris quand il prit le plumage d'un cygne
pour féduire une reine, Coule du nord aii fud ,
pour tomber au fond du golfe de Colokynthia, 8c
s’échappe des monts Chimpaîou 8c Chelmos,
qui en réparent à peine les fources du plateau de
l'Arcadie ; & la divifîon en eft fi peu confîdérable
que la route de Tripolitza à Miftra ( Sparte) traverse
fes cols fans beaucoup de difficulté. On
doit remarquer que vers ces lieux les cours d’eau,
obéiflant à des pentes de terrains en défordre,
difparoilïent fouvent dans le fol pour fe faire jour
à peu de diftance, de manière que les rivières,
fouvent interrompues , coulent tantôt fous terre
8c tantôt extérieurement : phénomène qui s'ob-
ferve ailleurs , comme à l’origine du Guadiana en
Efpagne', dans l’un des affluens de la Charente
en France, ainfi qu’au'trou du Han en Belgique.
Le Péloponèfe eft la province la plus fertile de
toute la Grèce ; fes productions font très-variées ;
toutes les vallées abondent en oliviers. La vigne
prodigue . des raifîns. d’excellente qualité & une
variété connue fous le nom de raifin de Corinthe.
Outre ces deux premières productions, les céréales
font abondantes ; le riz à la foie; le miel,
le tabac , la cire, le goudron , le chanvre , le lin ,
& une*infinité d’autres produits, entretiennent
un commerce-confidérable. Les pâturages font
excellens. Les agriculteurs, célébrés par ces
mêmes poètes qui chantèrent les bergers d’Arcadie,
fe fervent également, pour le labourage,
de boeu fs , de buffles , de chevaux, d'ânes & de
mulets. Les produits de la pêche font variés ; &
l'exportation des poifions falés devient l’objet
d’un commerce important.
i e fyftème montagneux de cette fameufe pref-
qu'île peut donner une idée de fa véritable force.
Ses vallées & fes plaines ne biffent rien à defirer.
Les côtes de l 'Acnaïe fe confondent fouvent avec
les montagnes, 8c celles de l’EIidè font plates 8c
ouvertes. Une plaine immenfe environne l’Argo-
lide. Patras, Gaftouni, Pyrgos & Calamate ont
aufli, les leurs, quoique plus petites , mais toujours
fertiles. L’Alphée- & le Ladon coulent à
travers des vallées dan» l'intérieur, 8c au milieu
le vafte plateau de Tripolitza flanqué de tous côtés,
fe préfente comme une fortereffe. Les routes, qui
de la capitale communiquent aux extrémités, font
; pour ainfi dire impraticables, 8c il eft difficile à
une armée d’y manoeuvrer. Le feul point d’Argos
peut offrir quelques facilités pour une attaque j
mais au-delà, les montagnes rocailleufes préfe-o-
tent de toutes parts des refuges où l’infanterie légère
peut feule pénétrer. La route de Corinthe à
Argos peut en quelques endroits, avec un petit
nombre d’hommes déterminés, arrêter la marche
d’ une armée. A l’occident, les plaines maréça-
geufes ou les forêts épaiffes oppofent d’autres
obftacles. Il n'y à donc que les côtes qui puiffent
multiplier les points de débarquement pour une
attaque. Une armée navale nombreufe pourroit,
en fe répandant dans les anfes profondes dont
les rives font remplies, entretenir des communications
avec une armée de l'intérieur.
Safuperficie eft de 2500 lieues carrées, & fa
population actuelle peut s'élever à 400,000 habitans
; ce qui fait cent foixante âmes par lieue
carrée.
Lorfque cette belle province, fous les anciens
Grecs, compofoit plulîeurs royaumes & états
plus ou moins puiflfans, fes habitans , dont le
nombre s’élevoit à plus de deux millions, étoient
arrivés au plus haut degré de la civilifation; mais
le bonheur & la victoire les corrompirent. Le
Peloponèfe dégénéra , les divifions inteftines préparèrent
à Philippe un empire que la Barailîe de
Chéronée lui- alfura , & plus tard, le fac de C o rinthe.
fut le lignai de I’alferviirement de la Grèce
entière. De nouveaux malheurs vinrent fondre
fur çes républiques farneufes, lorfque des barbares
fortis du Nord ravagèrent le Peloponèfe
pendant plulîeurs fiècles,& que l’Empire affoib’i
fut obligé d’acheter, à fmx d’argent, un repos
que fes armes ne pouvoient plus lui procurer. A
ces irruptions des Barbares fuccédèrent celles de
la chrétienté , qui firent paflfer la Morée fous le
joug des croifés. Le marquis de Montférat voulut
l ’aflervir entièrement, 8c bientôt Corinthe, Patras,
eurent des comtes, des barons, des marquis,
& virent faccëder des armoiries aux lignes lacrés
de leur indépendance. Le lion de Saint-Marc fe
fit remarquer fur les murs de Pylos 8c en d’autres
endroits. Lorfque les Mbfulmans eurept détruit
l’Empire grec, ils tournèrent leurs regards vers
ces fertiles contrées, 8c bientôt la bannière de
Venife fit place au croilfant, auquel le traité de
Charlowitz en avoir alluré la polfeflîon; Le Péloponèfe
fut alors érigé en pacnalik ; mais il fe dépeupla,
8c à peine IcSultan put-il compter 3.00,000
chrétiens au nombre de fes rayas. La paix rappela
les exilés 8c les fugitifs, & cette belle province
fe repeupla de nouveau 8c devint' peu à peu plus
nombreufe' qu'avant l’invafion. Les beys 8c les
pachas, au lieu d'écrafer les payfans , comme l’a-
Voient fait les chrétiens, en tirèrent parti. L'agriculture
s'étendit; le commerce y fit naître l ’ai- ;
fance ; la civilifation s'y introduifit. Mais un demi*
fiècle à peine écoulé, unè pefte effrayante enleva
en moins de cinq années la moitié de fa population.
La mort s’éloignoit, mais la guerre l'y.
ramena. L’ambitieufe Catherine fit paroître dans
l'Archipel'le pavillon ruflTe uni au labarum. Le Péloponèfe
fe fouleva, mais les fuites de ce mouvement
retombèrent fur les Grées. Pendant neuf
années, ce pays fut en proie à toutes les horreurs
d’un pays conquis. HalTan-Pacha' rétablit la
paix; mais il régnoit fur des tombeaux. A cette
époque, la population 11e s'élevoit pas à 200,000
âmes. Ce danger palîé, on fe réunit, les terres
fe cultivèrent ; on rebâtit les villes, les villages ;
mais une nouvelle pefte,qui dura quatre ans, mit
le comble à la mifere des habitans.
A l'époque d e là révolution françaife, la di-
fette qui régnoit en France anima les Péloponé-
fiens. L’Elide, la Melfénie, montrèrent leurs fertiles
campagnes ; l’Arcadie fe repeupla > Argos &
Corinthe, réunies par le commerce, refleurirent.
Ces événemens opérèrent dans le Péloponèfe une
révolution commerciale, & en 17518 on comptoit
déjà 380,000 habitans. Les guerres d'Efpagne 8c
le blocus continental lui donnèrent une nouvelle
impullïon, qui produifit un effet aufli avantageux
que celui de la révolution françaife. La
population prit encore un nouvel accroilTemenr ;
mais le fort des cultivateurs, qui ne font pas
maîtres du choix des céréales, fe détériora de
plus en pins par l’avidité des pachas, beys, agens
qui dévoroient les productions ; & fans la révolution
qui vient de s'opérer , il eft probable que
la décadence de l’agriculture auroit entraîné l i
ruine de la population.
Nous ne fommes entrés dans ces détails, qui appartiennent
plutôt à la géographie politique qu’à
la partie phylique, qu'afin de faire voir par quel
enchaînement de calamités une population fi no-
wflànte peut fe trouver réduite juiqu'au point où
elle fe trouve aujourdhui. (G . A. d eM ...)
PÉNEE. Voyei Péloponèse.
PÉNÉLAC. La précifion dans les dcfini’ions,
la clarté & la jultefie dans les dénominations,
font de là plus haute importance dans les ‘ciences,
car une feule idée’ faufte peut nuire à leur avancement
en donnant naiflance à des conféquences
erronées. C'eft ainfi que l’in-:xaCtitude de la dénomination
adoptée par les plus anciens auteurs
pour les fleuves & les rivières, a caule plus d’une
erreur, & fouvent a fait faire les^lus fingulières
conjectures fur k s changemensqu’ils paroilfoient,
d’après ces dénominations antiques , avoir dû
fubir. Dès la plus haute antiquité on a donné le
nom àt'fleuves à des cours d’eau q u i, tels que le
Jourdain 8c l'O rom e , méritoient à peine celui de
rivières, parce qu’on étoit convenu d’appeler
fleuve toute rivière qui le jette dans une mer.
Nous rectifierons cette d. finition au motiliviÈRE,
& nous y renvoyons le leèteur.
A l'article L ac on a defini ce qu'on doit entendre
par ces fortes d’amas d’eaux. On a vu qu’ ils
font placés au milieu des terres comme les îles au
fein des mers : définition fort jufte, qu il eft im-
poflîble de ne point admettre. On a vu anflî qu’il
y en a-de trois ortes : ceux qui.ne reço vent pas
de rivières vifibles, mais qui donnent des eaux
courantes; ce;ix qui veriènr au dehors l ’équivalent
des rivières qu ils reçoivent; enfin , ceux qui
alimentés fur un ou pluûeurs points, n'ont pas
d’ilfue , ou du moins d'ilfiie vifible. Voye^ Lac.
Cette claflîficatioii relative aux diverfes fortes
de lacs, adoptée dans cet ouvrage , l’a été encore
par plulîeurs auteurs , ena'autres par le lavant na-
turalifte Lamouroux dans fon Réfumé d‘un cours
élémentaire de géographie phyfîque. Mais il eft facile
de faire voir qu il exifte des amas d'eau qui. ne
font pas précifément des lacs., bien que les géo