
confondus. Krafchennikow, auquel on doit une
defcription du Kamtchatka , n'avoit pas vu par
lui - même la jonâion des montagnes de cette
prefqu’île avec la prétendue chaîne des Stanovoi ;
il n’en a parlé que d'après le rapport des chaf-
feurs de zibelines , & le peu qu'il en dit éloigne
tout-à-fait l’idée que ces montagnes foi en c fort
élevées. Leur minéralogie eft encore à faire. Quant
aux animaux & aux plantes que l'on y trou ve,
comme les fources du Léna & de fes principaux
afHtiens font dans ces mêmes régions montagneu-
fe s , tout ce que Ton a dit du baffin de ce fleuve
convient, en très-grande partie , aux parties fu-
périeures du terrain qui lui fournit fes eaux. 11
faut obferver que l’ inclinaifon du fol n’eftpas la
même de part 6t d’autre des Stanovoi 3 que les
pentes vers l’ Amour font généralement plus roi-
d e s , & qu’elles s’ adouciflent vers le Léna , ce
qui multiplie à la fois , près des bords du fleuve,
les forêts & les marais.
L’ importance des Stanovoi nous conduit naturellement
à dire un mot de la Sibérie. On
donne ce nom à l’immenfe contrée que l’on
peut nommer, à jufte titre, Afie fepteutrionale.
Confinant à l’Europe vers l’oueft, & fe prolongeant
vers l’eft jufqu’à l’Océan oriental j elle=
eft bornée au fud par la chaîne d e s Altaï t -, prolongée
par d'autres montagnes qui changent de
nom dans les diverfes régions qu’elles traverfent;
le nom qu’elle porte appartient à la géographie
politique : celui d'Afie Jeptentrionale conviendroit
mieux à la géographie phyfique. Au fud de l'Altaï
commence VAfie centrale 3 prefqu’ auffi vafte que la
Sibérie, & qui s’étend vers le fud jufqu’aux montagnes
du Tibet, continuées par la chaîne du
Taurus. On pourroit nommer Afie méridiohale toute
la partie du continent qui s’étend au-delà des
montagnes, jufqu’aux mers de la Chine & des
Indes. Ces trois divifions du continent afiatique
feront diftinctes dans tous les temps, indépendamment
des travaux de l’homme & des partages que-
la politique y fera : des montagnes & des mers
tracent leurs limites, & le climat, l’ afpect du
fo l , les plantes & les animaux établirent entr’elles
des différences trop remarquables trop effèn-
tielles pour qu’il foit jamais poflîble de les confondre.
On a differté long - temps fur l’élévation du
grand plateau de l’Afîe centrale, au lieu de la
mefurer en plufieurs points par des obfervacions
barométriques. Mais quelques mefures au nord de
Y Altaï y dans la Sibérie, & fenfibiement à la hauteurs
des plaines qui bordent la chaîne du côté
oppofé, font évanouir l’hypothèfe des géographes,
& n’accordent tout au plus que 700* à 800
mètres de hauteur aux points culminans de ce’
vàfte plateau. En fuppofant que le fol de la Sibérie
parte du même niveau, fon inclinaifon moyenne,
depuis les montagnes jufqu’à la mer, ne feroit
pas 7 j jz de la diftance horizontale , & comme !
elle commence par être au moins vingt à trente
| fois auffi roide en partant du pied des montagnes,
il en réfulte qu’elle devient prefqu’ infenfible dans
la plus grande partie du cours des fleuves, il
n’eft donc pas étonnant que les marais occupent,
en Sibérie, prefque toutes les plaines, les bords
des fleuves & de leurs affluens. Quand même le
climat feroit moins ru d e , depuis le milieu de
cette contrée jufqu’à la mer Glaciale, ce feroit
vainement que l ’homme entreprendroit de remédier
aux mauvaifes qualités du fol, de faire
écouler les eaux ftàgnarrtes, de contenir les dé-
bordemens des fleuves : ces travaux feroient au-
deffus des forces de la population la plus con-
denfée, & à plus forte raifon de celles des rares
habitans que ces- contrées peuvent recevoir. On
peut donc affirmer que des marais éternels couvriront
une très grande partie du nord de l’A fie ,
fur un efpace de 6 à- 7 degrés de latitude, de
même que les neiges fe font emparées pour toujours
des fommets des plus hautes montagnes,
d’où elles menacent de prolonger leurs glaciers
dans des vallées encore couvertes de végétation
, & d’étendre leur domaine aux dépens de la
terre habitable.
Pour donner une idée de la température de la
Sibérie, il fuffira de dire que le mercure y gèle
fréquemment fous le y y*. parallèle , à plus de $60
lieues au fud des côtes de la mer Glaciale. Le
froid exceffif des hivers, non plus que la longue
durée de cette pénible faifon, n’empêche point
que la terre ne manifelte une fécondité que peu
de climats tempérés peuvent égaler dans les cir-
confiances les plus favorables ; tels font ', par
exemple, les environs de Kralnojarsk. vers le 56*.
degré de latitude-, prèsA'Enijféi-: le feigle y pro^
duit ordinairement cent pour un, & le froment
y fupporte très-bien, fous la- neige, la rigueur
des hivers dont l’Europe ne; connoît point le
froid exceffif, fi ce n’eft dans la-zone glaciale;
Cependant ce froid augmente à mefure que l’on
s ’avance à l’eft ; fur le même parallèle, l’hiver
eft plus tolérable fur les bords de YOb que fur
ceux de VEniJfeï3 rivière que les géographes s’obft-
tinent à nommer Jénijfaï ou Jénifféa. L e : baffin du
Léna eft encore plus froid que celui de YEnijfeï,
& les trilles habitations des Iakoutesi des Ka-
riaikes & des Kamtchadales, font une Laponie-
tranfportée:à la latitude de Copenhague, de Riga ,
de Mofcou , de Kafan, &c. Si l'on traverfe l ’Océan
oriental, l’ intenfité du froid s’accroît encore fur
les côtes occidentales de l’Amérique ,• & jufqu’à
une diliânce encore' peu connue dans' l’ jnrérieur
de-ce continent; elle1 diminue en fuite & fe rapproche
peu à peu de- la température modérée qui
eft l’heureux partage de l’Europe. Si l’exploration
des régions polaires éto:t moins difficile, elle pror
cùréroic fans doute l’explication de ce phénomène
remarquable, ré fou droit ce problème de
géographie phyfique dont aucune autre voie nepeut
donner une folution fatts fai faute. Si les tentatives
dans lefquelles le capiraine Parry n’ a pu
réuffir font reprifes quelque jour, les expéditions
devront partir des côtes de la met Glaciale,
non. d’un port fur l’Océan. Il ne fera
pas moins iodifpenfahle que les Américains exé •
cutent, au nord de leur continent, les travaux
dont les Européens fe chargeront au .nord-de
î ’anc’en monde. Toutes les nations éclairées &
puiffantes devront partager les fatigues, les périls
&Ia gloire de ces belles entreprifes : il ne faut rien
moins que leurs efforts combinés pour triompher
des difficutés que l’Angleterre n’a pu vaincre
feu le , & achever ce qui refte encore à faire
pour que notre globe foit entièrement connu.
On dit qu’entre Y Oural, limite occidentale de
la Sibérie, & YEniJféï, la nature eft tout européenne,.&
que ce n’eft qu’au-delà de ce fleuve
que l’on trouve les animaux & les -plantes de
I’ Afie : cette affertion ne peut être exadte, certainement
l’Europe n’a point de défcrts comparables
à ceux que l’on commence à rencontrer,
en Sibérie", entre YOb & YEniJféï ^ dont la pouf-
fière noirê%& faline fuffoque le voyageur, affedle
douloureùfement fes yeux, & rend - ces" contrées
plus inhabitables que les fables brûlans de
l’Afrique. Ces déferts falins font un des traits
cara&ériftiques de la Sibérie: le fel dont les efflo-
refcences couvrent la terre pendant l’été fec &
très-chaud de ces contrées, eft du' fulfate de
fonde mêlé d’ une petite quantité de fel commun.
1 es limites naturelles de la Sibérie permettent
de la divifer par baffins de fleuves dont les fources
& l ’embouchure font comprifes dans fon étendue,
à l’exception de \'Ob3 doue les fources font dans
la Tartarie indépendante, partie de l’Afîe centrale,
& de Y Amour qui coule prefqu’en entier
dans la même divifion de l’Afie. Les baffins de
YOhj de YEnifiiï & du Léna, renferment plus
que les quatre cinquièmes de la Sibérie ; le refte
eft fubdivifé entre plufieurs fleuves moins confi-
dérables, dont les plus connus font : Ylndiguirka,
le Kolima ou .Kovima, X Anadyr. La prefqu’île du
Kamtchatka forme auffi une divifion naturelle qui
comprend le baffin entier du fleuve du même nom.
Vpye\ les articles Anadyr, Genisséa, Kamtchatka,
Kovima, Léna, Ob , O lenek, Pen-
JfNA , &C. ( F . )
STAUBACH. Cette cafeade, qui fe précipite
du mont Pletfchberg ou Fletf’cnberg, dans le
canton de Berne, eft formée par un ruifleau qui
tombe de 1,800 pieds. L’eau, fe divifant en une
forte de pouffière très-fubtile, change d’ afpeél
& de forme au gré des vents; au lever du foie
il elle eft irifée. Pendant l’hiver le Stàubàch
préfênté des colonnades de glace. Avant de
former cette magnifique cafeade, le ruiffeau
produit plufieurs autres belles chutes que l’ on 1
n’aperçoit point de la vallée. 11 faut une heure :
de marche pour gravir la montagne d’où s'élance
la cafcade. (J. H .)
STAUROTIDE. Nous ne traitons ce m o t,
qui appartient à la minéralogie, que parce qu’on
y a renvoyé à l ’article Baud, ville du département
du Morbihan , dans les environs de laquelle on
trouve beaucoup de ces pierres en for ne de
croix, que l’on a appelées pour cette raifon ,
croi^ette, pierre de croix, fckorl cruciforme y orana-
tite , fiaurolite., grenat prifmatique, 8c enfin fiauro-
tide.
La feule queftion qui puiffe intéreffer la géographie
phyfique, dans r e que nous avons à
dire de cette fubftance minérale, eft relarive à
fon giffement. Elle appartient aux terrains antérieurs,
aux êtres organifés , principalement au
micafchifle & au fehifie argileux primitif. Cependant,
on la trouve encore, mais rarement, dans
le gneifs.^ K o y e i Roches.
Les principales localités où elle eft connue,
font les fuivantes :
Suffi. Les gneiff du Saint-Gothanl, au nord du
glacier de Gries, & ceux de la vallée du Piora ;
dans un micafchifte du Saint-Gothard et de Che-
ronico, dans le canton d ’Uri.
E[pagne. Aux environs de Saint-Jacques de
Compoftèlle, dans la chaîne du mont Barbanza.
Portugal. Aux environs d’Oporto & dans la
Serra Santa-Catharina, au nord -e ft de cette
ville.
France. Dans le phylade primitif, du département
du Finiftère, principalement aux environs
de Baud, de Quimper, de Coadrix & de Coray.
Dans la même roche du département du V a r , fur
la route d’Hyères à Saint-Tropès.
Allemagne. Dans un gneifs quartzeux près d’Af-
chaffenbourg, aux environs de Hanau & dans
i’éle&orat de Heffe.
Iles Britanniques. Dat'S un micafchifle, près
Wicklow en Irlande; dans l’Aberdeenshire en
Ecoffe ; à Bixeter-Voè', dans les îles Shetland.
Etats autrichiens. Dans diverfes localités de la
Bohême, aux environs de Sebes en Tranfylvanie 5
dans le micafchifte du morrt Greiner en Tyrol.
Sibérie. Dans diverfes localités des monts
Durais.
Syrie. Dans la baie d’Aîexandrette.
Amérique méridionale. Dans les montagnes de
la Guiane & dans celles du Bréfil.
Amérique fepteutrionale. Au milieu d’un micafchifte
, à quelques lieues de Baltimore , dans le
Maryland ; près. Bolton, dans le Maffachuflet ; à
Winthrop, dans le Maine ; à Licktfield, dans le
Connedlicut ; & a Germanftown, en Penfylva-nie;
Groenland, dans l île de Manetfok. (J H.)
STEPPES. Ges plaines q u i , à l’étendue près,
reffemblent, par leur afpedt & par la nature du
terrain, aux déferts deTAfrique, occupent une