
l ‘îîe de Matua, appelée par quelques-uns Mu-
iowat & par Krufenftern Rafchkoke, le pic Saryt-
chefft auquel M. Horner donne 4,227 pieds d’é lévation
, préfente fur fa partie occidentale un
cratère de 720 pieds de diamètre, d’où fort continuellement
de la fumée d’ un gris-jaunâtre. L’île
A laïc ou Alaïdc, l’ une des plus feptentrionales
des Kouriles, dans la mer d’Okhoftsk, eft un
volcan de forme conique dont le fommet eft
couvert de neige, & qui a quelquefois de violentes
éruptions. Après un long repos, il recommença
en 1790 à rejeter de la fumée; & en 1795
de grandes flammes s’élancèrent de fon cratère.
La ligne volcanique des Kouriles le continue^
au nord par celle de la péninfule du Kami-"
chatka, qui comprend 13 ou 14 volcans, dont nous
ne citerons que les plus importans. Le mont
Opalinski ou le pic Kofcheleff, qui pafîe pour
plus élevé que le pic de Ténériffe, a recommencé
à être agité vers la fin du dix-huitième
fiècle. VAwatfcha ou pic Strelofchnoï e ft, fui-
vant MM. Mongez, Bernizet & Receveur, compagnons
de La Péroufe, qui le gravirent en 1787,
élevé de 8,200 pieds, & fuivant le docteur Horn
er, de 10,704. A l’epoque où les Français le
vifitèrent, il jetoit continuellement des flammes
& de la fumée; en 1779 ^ lança des cendres
à plus de 30 milles marins, où elles tombèrent
fur les vaiffeaux de C o o k ; en 1737 ^ Y eut une
grande éruption accompagné d’ un violent tremblement
de terre, qui agita tellement la mer,
que fes eaux envahirent une partie du pays.
«« La mer s’éleva d’abord & couvrit les côtes,
puis elle fe retira pour fe précipiter avec plus
de fureur fur les côtes méridionales, dont tous
les habitans périrent. En 1823 ce volcan jeta
beaucoup de cendres. Le 8 août 1827,00 vit
au-deflus de fa cime un fombre nuage, d’où
fortit une pluie de fables qui dura jufqu’ à quatre
heures après midi; elle fut fuivie d’ une pluie
d’eau mélangée de parcelles d’un fable très-fin.
Une odeur de foufre très-forte ne permit pas
de relier pendant une demi-heure à l ’air. Les
éruptions fe fuccédèrent dans l’après-midi du
9 & dans la matinée du 10. Le 9 l’air fut tellement
obfcurci par la vapeur & par les nuages,
qu’il fallut de la lumière à fix heures. » La bafe
du volcan, dit le voyageur ruffe Schabelski, eft
déchirée par de grandes crevaffes produites par
l’eau qui fe précipite des cimes environnantes :
elles offrent de tous côtés des abîmes fans fond.
Ses flancs font couverts de neige, mais la chaleur
de fon cratère l’empêche de relier toute l’ année
fur fa cime. A 7,200 pieds d’élévation on
trouve des cavernes creuféés dans le porphyre.
L e Klutfchevskaïa ou Kloutchi eft le volcan le plus
feptentrional & le plus élevé du Kamtchatka.
Des roches efcarpés entourent le pic, dit M. de
P u ch , comme la Somma entoure le Véfuve.
Une énorme malle de glace en couvre les flancs ;
c ’eft même le feul glacier que l’ on connoifle
d’une manière certaine en''Sibérie. Souvent pendant
fes éruptions les mafles de glace font entraînées
avec les laves en produifant un bruit
épouvantable qui fe fait entendre à la diftance
de 20 lieues. Le cratère a près d’ un quart de
lieues d’étendue, mais fa forme eft très-variable.
Ainfi avant 1762 ce volcan étoit terminé e.n.
pointe; peu à peu le cratère s’abaiffa & le fommet
s’aplatit; mais depuis 1792, la lave amoncelée
a reformé la pointe terminale. On l’aperçoit
de la diftance d'environ 73 lieues, ce qui
indique une hauteur au moins égale à celle du
pic de Ténériffe.
Les principaux volcans de la ligne des A lo u tiennes
font les fuivans : Oanaga, qui couvre une
furface prefqu’ aufti confidérabîeque l’Etna, a environ
10 milles géographiques de circonférence.
Son cône s’élève rapidement & fe termine en
plufieurs pointes, dont la plus élevée fume conf-
tamment. Des neiges perpétuelles, fouvent re couvertes
de cendres, enveloppent plus de la
moitié de ce volcan. Dans l’île à’ Ounalaska, le
pic Makufchkin, haut de plus de j , 000 pieds,
fume continuellement; fon cratère fe couvre intérieurement
de foufre que l’on recueille, mais
on ne trouve à fa bafe ni ponces ni laves. Sur
la prefqu’ ïle d’Alaska, on voit deux pics foit
élevés : l’ un a environ 3,200 pieds, quoique
1 l’éruption de 1786 lui ait fait éprouver un affaif-
fement ; la neige couvre non-feulement fa cime,
mais defcend même jufqu’au milieu de fa ba:e.
C ’eft encore à la ligne des Aléoutiennes qu’appartiennent
deux fommets volcaniques qui s’élèvent
à une grande hauteur fur la côte du continent
américain. Le mont Saint-Elie, dont la cime
s’aperçoit de 50 lieues en mer, à 16,974 pieds
de hauteur, & eft couvert de neige ; le Cerro de
Buen-Tiempo paroît avoir plus de 14,000 pieds.
Les volcans de l’île de Formofe fervent en
quelque forte de liaifon entre la ligne volcanique
des Liou-Khieou &-du Japon, & celle des
Philippines & des Moluques. Les Philippines
nous offrent trois volcans remarquables : Hayon,
fur la pointe fud-eft de Luçon, eft un pic élevé
qui jette habituellement de la fumée. Suivant
Le Gentil, fes flancs s’ouvrirent le 20 juillet 1766,
& donnèrent iffue à un énorme fleuve de lave
qui coula pendant deux mois comme de l’eau.
Une éruption prefque aufli violente eut lieu
au commencement de février de l’année 1800.
M. Chamiflb a donné la defcription du Taat au
fud de Manille. Le cône eft beaucoup plus
bas que le baftin dans lequel il eft fitué. Il
ne s’élève qu’à quelques centaines de pieds;
un lac remplit le fond du baffin. Le cratère
eft très -grand , & contient dans fon intérieur
un marais fulfureux bouillant & de petites collines
qui s’élèvent çà & là. L'infpeétion de
fes flancs prouve qu’i l é t o i t autrefois enfoncé
dans le trachyte. Sa plus grande éruption eft celle
du 12 décembre 1754 : il n’en avoit pas eu
depuis 1716. Dès le mois d’août, la montagne
fumoit; le 7 elle lançoit des flammes, & le 3
novembre elle jetoit des cendres avec un bruit
femblable au tonnerre; enfin des flammes s’élevèrent
aufli des eaux du marais, quoique celles-
ci fuflent profondes. Pendant cette éruption,
Elufieuis habitations du rivage furent détruites.
lepuis cette époque, le volcan eut plufieurs con-
vùlfions, mais moins confidérables. Sanguil, dans
la paitie méridionale de 1 île de^Mindanao, à
l’oueft des lacs Liguaffin & Buloan, lance fou-
vent des flammes, de la fumée & de la ponce.
En 1640, il eut une violente éruption qui fe fit
entendre fur tous les points de la mer qui environnent
les Philippines. En 1764, une autre
éruption couvrit de différentes déjeélrions, à
plufieurs pieds d’ épaiffeur, les pays d’alentour,
& força la plupart des habitans à émigrer.
Dans les Moluques, nous remarquons la petite
île de Sorea. Elle renferme un grand volcan
qui eut une éruption violente en 1695. Différentes
parties du cône tombèrent dans fon
profond cratère, & la moitié de l’île fut tranf-
formée en un lac enflammé. La plupart des habitans
s’enfuirent à Banda; mais d’immenfes fragmens de
la montagne continuèrent à tomber, jufqn’ à ce
que le la c , augmentant d’ étendue, força toute la
population à émigrer. 11 eft à remarquer qu’à
mefure que ce lac s’ agrandiffoit, le tremblement
de terre qui accompagnoic l’éruption diminuoit
de force. Le volcan de l’ile de Makian eft afiez
haut pour être aperçu de fort loin. En 1646 il
eur une fi violente éruption, qu’il fe déchira du
fommet à la bafe en lançant des tourbillons de
flammes & de fumée. Depuis ce temps il préfente
l’afpeèt de deux montagnes rapprochées
mais diftinétes.
L ’île d'Amboine renferme une montagne appelée
Wa-wani, fur la prefqu’île d’Hitoé. Cette
montagne, après avoir pendant long-temps produit
dans fon intérieur un bruit femblable à un
fort bouillonnement, s’ouvrit en 1674 à la fuite
d’un tremblement de terre, & rejeta de la lave
qui coula jufqu’à la mer. Pendant cette éruption ,
des port ions confidérables de teri ain s’enfoncèrent,
&• un village fut englouti avec fes habitans. En 1694,
ce volcan recommença à brûler ; mais quoiqu’ il ne
fe foit.pas rallumé depuis ce temps, il paroît qu’en
1797, en 1816, en 1820 & en 1824, de nouvelles
bouches s’ ouvrirent dans fon voifinage.
Dans la principale île du groupe de Banda,
un volcan nommé Gounapi n’ a pas cefle d’être
en activité depuis 1586, que fes éruptions ont
été obfervées par les Européens. Celles de 1598
Sc 1609 n’eurent rien de remarquable ; mais celle
de 1615 fut fi violente que les canots de la flotte j
du gouverneur d’Amboine ne parvinrent qu’avec
beaucoup de peine à l ’île de Neira, à travers
une pluie de ponces. En 1629, 1632 & 1683, it
y eut plufieurs fortes éruptions. Le 22 novembre
1694, de grandes flammes for tirent de fon fommet,
d’autres même s’élevèrent du fein de la
la mer, & la rendirent li chaude qu’on ne pou-
voit naviguer deflus; enfin, le fond de la mer
fut foulevé à la hauteur du fol de Pîle. D’autres
éruptions fe fuccédèrent en 1763, 177y & 1778.
Pendant celle qui eut lieu le 11 juin 1820, la
montagne s’ouvrit au nord-oueft; des pierres en
incandefcence, aufli greffes que les maifons des
naturels des pays, furent lancées par le cratère,
& plufieurs s’élevèrent à une hauteur égale à
celle de la montagne.
Les îles de la Sonde forment une ligne volcanique
dirigée de l’eft à l ’oueft. Sumbava renferme
l ’un des plus célèbres volcans de cette
chaîne. Son cratère eft vafte; les trois quarts de
fa bafe font entourés par la mer; mais fa hauteur
n’eft que de féo' à 700 pieds. Voici la peinture
que M. Lyell fait d’une de fes plus récentes
convulfions, d’après des témoins oculaires.
« Çn avril 181 y , une des plus effoyables
éruptions dont l ’hiftoire faflè mention eut lieu
dans la montagne de Tomboro, dans l'î'e de
Sumbava. Elle commença le y avril, fut la
plus violente les 11 & 12, & ne ceffa entièrement
qu’en juillet. Le bruit de l’explofîon fut entendu
à Sumatra, à la diftance de plus de 330 lieues
géographiques en ligne direéie; & à Ternate,
à 325 lieues, dans une direction oppofée. Sur
une population de 12,000 habitans, 36 feulement
furvécurent dans l’ ile. De violens tourbillons
emportoient dans les airs les hommes, les
chevaux, le bétail, déracinoient les plus grands
arbres, & couvroient toute la mer de bois flottant.
De grands efpaces de terrain furent envahis
par la lave , dont plufieurs courans atteignirent
la mer. La chute des cendres fut
fi pefante qu’elles fe firent jour dans la maifon
-du réfident à Bima, à environ 40 milles à I’eft, &
la rendirent inhabitable ainfi que plufieurs autres
habitations dans la ville. Du côté de Java, les
cendres furent emportées à la diftance de 300
milles, & à 217 mil es du côté de Célèbes, en
quantité Tuffifante pour obfcurcir l ’air. Les cendres
flottant à l’oueft de Sumatra formoient, le
12 avril, une mafle de 2 pieds d’épaiffeur fur plufieurs
milles d étendue, à travers laquelle les vaif-
feaux avo ent de la peine à s’ ouvrir un paffagé.
L’obfcurité occafionnée à Java par les cendres,
en plein jour, étoit fi profonde, que l’on n’avoit
jamais rien vu de pareil même dans les plus fom-
bres nuits.
» Quoique cette pouflière volcanique fût, lorf-
qu’elle tomboit, une poudre impalpable, elle
étoit néanmoins d’ un poids confidérabîe quand
elle étoit comprimée. Une pinte de cette matière
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