au-deflous de la moyenne, d'une famé chétive
& d'un caraélère indolent.
Naturellement adroits , les Yakouts n’ont be-
foin que d'une hache, d'un couteau, d’ une chaudière
& d ’un briquet pour fatisfaire à tous leurs
befoins. Le fer, qu’ ils exploitent fur les bords du
Wilhoui j eft tellement facile à travailler qu’ ils
en font toutes fortes d'uftenfiles, & principalement
des couteaux qui jouiflent d’ une certaine
réputation chez les Rufles, avec lefquels ils tes
échangent contre d’autres objets.
__ Les Yakouts honorent trois principales divinités
: Aar- Toyon (le chef miféricordieux,
créateur de toutes chofes), Ouchfyt ( l ’avocat),
qui porte leurs prières au ciel & qui exécute la
volonté du Tout-Puiflant; Chcrfougaï-Toyon (le
protecteur) , qui intercède pour les hommes &
leur procure le bonheur. Aar-Toyon a pour femme
Koubcy-Khatoun (brillante de glo ire) , qui polïede
aufli la toute-puiflance. La femme de Cheffougaï-
Toyon eft Akfyt (la dormeule), qui eft aufli la
bienfaitrice du genre humain. Ils confidèrent le
foleil & le feu comme les images de leur divinité
principale. Outre ces dieux, auquels i s fa-
crifienttous les ans, ils honorent vingt-fept tribus
d’efprits aériens ou malfaifans, qui ont plufieurs
chefs, dont quelques-uns ont des époufes. Le
plus puiflfant de ces chefs eft Olou-Toyon, qui a
pour miniftre Sounaï-Toyon, le dieu du tonnerre.
Ils comptent enfuite huit tribus d’efprits infernaux
, qui habitent vers le nord : le Maug-Taur
( la mifère éternelle). Ils font aufli des facrifices
à ladéefle Enachfys, divinité malfaifante, qui nuit
aux vaches & fait périr les veaux. Les interprètes
de ces dieux font des chamans ou magiciens, &
quelquefois des femmes.
Ces peuples, aujourd’hui miférables & prefque
fauvages. auroient-ils eu jadis, dans leur première
patrie, une antique civilifation ? C ’eft ce
que fembleroient faire croire leur defir de s’inf-
truire, leur grande intelligence, & peut-être aufli
la complication de leur culte, fi on n’en trouvoit
encore la preuve dans leur manière de partager
le temps en quatre faifons, chacune de trois mois
compofés de trente jours, & auxquels tous les fix
ans ils ajoutent un mois lunaire pour les jours
complémentaires. Plufieurs conftellations leur font
connues, & ils reconnoiffent l ’heure, la nuit, par
la pofition de la grande Ourfe & de l’Etoile polaire.
Les Yakouts n’ont point de vicés honteux; il fe
commet rarement de vols parmi eux. Dans les ac-
eufations de quelque délit, le prévenu, faute
d ’autres preuves, fe juftifie fous la foi du ferment.
Religieux obfervateurs des obligations de
l’hofpitalité, ils honorent les étrangers, & font
aufli très-refpe&ueux envers leurs chefs, ainfi
qu’ envers leurs père & mère.
Parmi les actes de fuperflition fi communs
chez eux, nous ne citerons que ceux qui fe
retrouvent chez des peuples plus anciens & plus
connus. Ainfi, la rencontre de corbeaux , de coucous
, de corneilles, font chez eux d’un mauvais
préfage, furtout lorfqu’ils fe perchent fqr une habitation.
Les aigles & les grands oifeaux de proie
font d’ un préfage oppofé. Par fuite de leur vénération
pour le fo le il, leurs huttes ont l’entrée du
côté de l’ orient. Dans l’ intérieur, les hommes
s’afloient au fud & les femmes au nord.
Chez les Yakouts, la polygamie eft permife.
L ’homme qui choifit une époufe offre au père de
celle-ci un certain nombre de beftiaux , qui eft le
prix du marché conclu avec lui.
Ils célèbrent le retour du printemps par des
fêtes. Yers 2? iuin > 89 fe livrent à leurs travaux
d’été ; ils s'occupent de la récolte de l’ écorce de
pin & de bouleau, de celle des fruits, des herbes
pour leurs beftiaux, & fe livrent à la pêche. Dans
les premiers jours d’oCtobre, ils tuent les animaux
qu’ils doivent manger en hiver, & qu’ils
laiflent geler pour qu’ils fe confervent. Dans le
courant d’ oCiobre & de novembre, ils prennent
du poiflon fous la gla ce , & vers la fin de ce mois
ils partent pour la chafle aux loups & aux renards.
Ces péuples trouvent leur principale jouiflance
dans le pfaifir d e boire & de manger. Leurs
femmes feules danfent, mais en formant un cercle
dans lequel elles figurent la marche du foleil.
Leurs chanfons, fans harmonie, font improvifées
fur toutes fortes de fujets.
Toute la horde des Yakouts peut fournir une
population d’environ 40 à 50,000 mâles, fuivant
leur eftimation. Cependant il paroît certain que
1*extrémité feptentrionale de la Sibérie , arrofée
par la Kovima, l’Alafey, l’Indigiika & laY ana,
n'en renferme qu’ environ 3000 mâles.
Sibériens. Les peuples indigènes de la Sibérie
font généralement.robuftes & laborieux. Pafteurs
& agriculteurs, les,montagnes & les mers, qui
plus encore que la rigueur de leur climat, les
abritent de toute invafion ennemie , leur ont
confervé leur antique liberté ; aufli font-ils doux,
riches & hofpitaliers. Naturellement doués d’ une
grande intelligence, ils ne tarderoient pas à jouir
des bienfaits de la civilifation, s’ils pouvoient
avoir de fréquens rapports avec des peuples
éclairés. Les Sibériennes ont une grande propreté
& beaucoup de difoofitions au travail. M. Sauer
dit que toutes les fois qu’ il eft entré dans leurs
maifons, foit le jou r , foit la n u it, il les a trouvées
occupées à filer du lin. Il ajoute que fou-
vent il leur a demandé pourquoi elles travail-
loient la nuit, & qu’elles lui répondirent que
c ’étoit parce que les jours étoient courts.
Suivant le voyageur anglais que je viens de
c ite r , la population de la partie feptentrionale
de la Ruflie, depuis le 64e. degré de latitude ,
jufqu’ à la côte de la mer Glaciale, & depuis la
rivière de la Kovima jufqu’ à l’Anabara, s’ élève, en
y comprenant les peuplades errantes de Lamouts,
de Tongoufes, de Youkafirs, de Tfchouwanfs, de 1
Khatinfts, &.c., à environ 60,000 habitans, fans y
comprendre les Rufles; mais la partie méridionale
eft beaucoup plus peuplée.
Oftiaks. Ces Tartares, qui habitent les plaines
que fillonne l’O b , forment une des tribus les
plus nombreufes de la Sibérie. Suivant le voyageur
rufie G eorgi, ils font petits & foibles; leur
chevelure eft rougeâtre ou d’un blond doré. Ils
vivent de la chafle & de la pêche , mais principalement
du produit de celle-ci. Ignorans & fu-
perftitieux, ils ont une vénération religieufe pour
l’ours. Ils n’ont point d’alphabet, Ite favenc à
peine compter au-delà de leurs dix doigts. Miférables
, malpropres & fujets aux affrétions fcor-
butiques, leur vie fe prolonge généralement au-
delà de foixante ans.
Leur langue eft un dialeCte finnois.
Leur population fe compofe de plus de 30,000
individus mâles.
j Samoï'edes. La contrée qu’habite ce peuple,
divifé en plufieurs tribus, confifte en une im-
menfe étendue de terrains couverts de bruyères &
de marais, qui en Europe commence aux rives
du fleuve Mefen, & finit en Afie près de la Léna.
Elle forme une furface de 750 lieues de long,
fur environ 150 de large.
Le Samoïède a une taille de quatre pieds &
demi à cinq pieds. Sa figure délagréable eft remarquable
par les caractères fuivans : une tête
gtofie & plate, un nez écrafé ; la partie inférieure
du vifage Taillante ; une bouche très-fendue, les
oreilles grandes ; les yeux noirs , petits & peu
.ouverts. Leurs cheveux font noirs & leur peau eft
olivâtre. Les femmes ont la phyfionomie aflez
douce; dès l’âge de onze à douze ans elles font
en-état d’être mères, mais elles font vieilles de
bonne heure.
Leur religion eft le fétichifme : leur langue eft
peu connue ; elle paroît être un jargon particulier.
Leur population s’élève à peu près à zo,oco
individus.
Woùaiques. C e peuple, d’ origine finnoife, habite
les bords de la Kama, de la Wiatka, de la
Dvina & de la Petchôra, vers les monts Ourals.
Leur foiblefle phyfique, leur laideur, leur barbe
rare & leurs cheveux roux , leur donnent un c a ractère
particulier. Les Wotiaikes font doux &
paifibles; ils s’occupent d’agriculture & du foin
des abeilles; ils favent aufli fabriquer plufieurs
objets à leur ufage. Leur religion eft un poiy-
théifme, qui comprend un maître fouverain du
Monde, qui a fa mère & fon époufe. Leur langue
eft un compofé de mots tchérémifles & tartares.
Leur population eft d’ environ 140,000 individus.
Tchérêmijfes 6e Tchouvafches. Ces peuples , qui
habitent les contrées arrofées par le V olga & la
Kama, fe refîemblent par leurs caraCtères phy-
fiques. Leurs pommettes faillantes, leurs yeux
enfoncés, leurs cheveux noirs, leur donnent une
phyfionomie tout à-fait tartare. Les uns & les
autres font pafteurs. Leur religion eft le poly-
théifme ; ils adorent aufli le foleil 6e lui confa-
crent des victimes. Leur année commence au
mois de mars.
Leur idiome paroît être un refte d e l ’ancienne
langue hunnique. Quoiqu iis ne connoiflent point
l’art de l’écriture, les Tchérémifles prétendent
avoir pofiedé des livres écrits dans une langue
antique.
Ces deux peuples forment une population de
560,000 âmes.
Mordouins, Selon Pallas, ces peuples, qui forment
plufieurs tribus, n’ ont ni culte ni idole; cependant
ils ont l'idée d’un être fuprême , & des
magiciens qui l’ implorent en leurs noms. Plufieurs
d’entr’eux ont depuis peu embrafle la religion
chrétienne. Ils ont les cheveux rouflatres.
Leur langue eft comme eux d’origine finnoife.
Leur population s’élève à 92,000 âmes.
Kirghi^. Ces Tartares habitent les fteppes qui
s’étendent le long des rives du Sir. Peuple nomade
, il parcourt les fteppes & les monts Mou-
ghodjar avec fes nombreux troupeaux ; mais
l’hiver il cherche un abri contre les ouragans
dans les rofeaux qui bordent le fleuve.
Le Kirghiz, félon le témoignage du colonel
Georges Meyendorff ( Voyage a Otenbourg & Boukhara
), paroît être enclin à la mélancolie. Souvent,
dit- il, il pafle la moitié de la.nuit aflis fur
une pierre, & regarde la lune en improvifant des
paroles aflez trilles fur un air monotone.
Ami de la liberté, ennemi de tout ce qui peut
faire naître la gêne & les entraves, le Kirghiz,
ajoute• t-il, irafcible, indompté, belliqueux,, féroce,
livré aux habitudes de la rapine & du pillage,
s’élance feul à cheval au milieu du défert,
& le parcourt avec une rapidité étonnante. « Ses
» femmes font fes uniques ouvrières ; ce font-
» elles qui font fa cuifine, façonnent fes habits,
» fellent fon cheval ; tandis qu'avec une noncha-
» lance imperturbable, il borne fes foins à garder
« tranquillement fes troupeaux. »»
Le Kirghiz a le teint brun ou prefque cuivré ,
les yeux fendus & un peu obliques, mais moins
que ne les ont les Chinois, les pommettes de fes
joues très-faillantes & le nez un peu large.
Sa manière de vivre, aôtive & frugale, lui
procure une longévité aflez remarquable.
Ces peuples ont pour chef fuprême un khan.
Leur religion eft le mahométifme. Leur langue
eft un dialeCte tartare.
Leur population nomade n’a jamais pu être
évaluée au ne manière exaCte : on peut la porter
à environ 900,000 individus. Maltebrun l’évalue
à 1,200,000, mais nous penfons que ce nombre
eft exagéré.
Boukhares. La contrée qu’habitent ces peuples
eftfituée entre le cours du Sir-Deria & celui de