
Aucune particularité ne la diftingue des autres
qui l'entourent.
lie des Noirs. E lle 'n ’eft féparée de 1 île Zebu
que par un canal d ’une lieue , qu’ on dit être fort
dangereux par les courans. Beaucoup plus longue
que large, & orientée du nord au fud, on lui
donne environ cent lieues de tour. Son nom lui
vient des peuples qui l'habitent/ & qui font des
nègres à cheveux crépus ; cependant d’autres
peuples, qui paroiflfent avoir conquis l ’î l e , habitent
les plaines 8c les embouchures des rivières.
lie Panamao. Sa longueur eft de quatre lieues ,
& fon circuit de feixe; elle eft fituée à la pointe
feptentrionale de Leyte. Elle eft très-montagneufe
& paffe pour être riche en mines de foufre & de
mercure.
Mindanao. Cette île , importante par foh étendue
, occupe du nord au fud, dans fa plus grande
largeur, & à fon extrémité orientale, lefpace
commis entre le 6e. & le 9e. deg. 30 min. de latitude
; fa longueur occupe l’efpace compris entre
le 140e. & le 144e* deg. de longitude. Sa forme
eft à peu près triangulaire , fe terminant en pointe
à fon extrémité occidentale. Quelques voyageurs
lui donnent trois cents lieues de tour. On compte
fur fon territoire vingt rivières navigables, &
4eu,x cejnts de Peu d’importanc'e. Sa furfaee eft hé-
riffee d’ un grand nombre de montagnes élevées
& de volcans brûlans. On affine qu’en 1640 il s’y
éleva une haute montagne volcanique qui vomit
tant de cendres, que cette éruption menaça l’île
d’ une ruine complète. Ses plus hautes montagnes
font granitiques j plufieurs d’entr’elles renferment
de riches mines d’o r , 8c les alluvions des rivières
en contiennent allez pour, que les habitans en recueillent
en quantité confidérable, en y pratiquant
des fofîes dans îefquelles les eaux entrai-:
nent les paillettes de ce précieux métal.
Le fol de Mindanao eft généralement très-^
fertile; les bois fo n t, d it-on , peuplés d’une
quantité conftdérable de fangliers, de chèvres ,
de lapins & de finges. Quatre nations principales
forment la population de cette île : les Caragos
font renommés pour leur bravoure, les Minda-
naos pour leur perfidie , les Lutaos pour leur habileté
à la pêche & leur adieffe comme nageurs ;
enfin, les Sabanos, méprifés des autres infulaires,
font fournis à ceux-ci 6c fe livrent aux travaux de
l'agriculture. Ces peuples font idolâtres, maho-
métans, & quelques-uns même , comme ceux qui
habitent les montagnes, 6c qui forment une cinquième
nation ,, font, dit-on, fans aucun culte,
extérieur.
Xolo.-Cette île eft peu confidérable ; on lui
donne quinze à vingt lieues de tou r, 6c l ’on prétend
que c ’eli la feule des Philippines qui renferme
des éléphans. Le poivre eft la principale branche
de commerce de fes habitans. On dit encore que
les perles qu’ on pêche fur fes côtes font remarquables
par leur beauté. La mer y rejette beaucoup
d’ambre gris, furtout depuis le mois de mai
jufqu’au mois de feptembre, époque pendant laquelle
les vents de fud & de fud-oueft celfent
de fouffler.
L’ île de Xolo eft à environ trente lieues au fud
de Mindanao..
Bafilan. Cette île , placée entre Xolo 8c Mindanao,
eft à douze lieues de la première & à deux
de la (econde; on lui donne douze lieues de
circuit; fa fertilité eft grande : elle fournit en
abondance des platanes, des cannes à fucre &
autres plantes de ces régions. Cette île eft mon-
tagneufe-, & les rivières paffentpour y être plus
grandes 8c plus rapides que l’étendue de fon territoire
ne fembleroit i’indiqiier. Elle fournit beaucoup
de bois de conftruction ; fes forêts nour-
riflent un grand nombre de fan g! ie rs & de cerfs ;
fes plages abôndent^en belles tortues , furtout de
celles dont l’écaille eft la plus recherchée (la Tortue
Caret ). Les eaux qui l’entourent, ainfi que celles
qui la filîonnent, font très-poiflonneufes ; on prétend
qu’on recueille dans certaines parties de fon
territoire deux efpèces de jais qu ja y e t, aftez recherché.
Enfin, tout concourt dans cette île à
répandre l’abondance parmi Tes habitans.
Généralités fur les Philippines9
Afin de donner une idée complète de cet archipel,
il nous refte à donner une idée de fon
climat, de fes ritheflLs végétales & de fa p o pulation.
Climat. Lés,voyageurs s’accordent à confidérer
la chaleur 8c l’humidité de ces îles comme la principale
caufe de leur fertilité ; cependant la chaleur
n’y a pas autant d’intenfité qu’en Italie pendant
les jours d’été ,; quoiqu’elle y foit, dit-on ,
plus incommode, par la tranlpiration continuelle
qu’elle y occafionne. L’humidité de ces îles eft
due au grand nombre de lacs, d’étangs &c de rivières
qui en hnmeétent ie fo l, &r aux pluies abondantes
qui y tombent pendant une grande partie
de l’année. Les mois les plus orageux font ceux de
juin , juillet, août Seune partie de feptembre ; les
vents qui y régnent font ceux du fud & de l’oneft;
ils y caufent de fi violentes tempêtes 8c des pluies
fi abondantes, que pendant qu’ils loufflent, ces îles
offrent quelquefois l’ ipiage qu’on nous fait du dé^
luge de Noé.; les habitans alors ne peuvent s’ en
garantir qu’à l ’aide d’ un grand nombre de. barques
qui leur iervent Communiquer'd’un lieu à l’autre,
car .les plaines « l e s vallées font alors inondées.
On a obfervé qu’aux Philippines les orages commencent
par la pluie &c les éclairs, & que ce n’ tft
qu’après la pluie que 1e tonnerre fe fait entendre.
Depuis le mois d’oètoEfte jufqu’au mois de
Uécemb.re , le vent du nord règne fur cet archip
e l, âr depuis le mois de décembre jufqu’au rnbis
de mai, ceux d’eft &.,d*eft-fud-eft le remplacée.
Ainfi la faifon humide 8c orageufe,,à laquelle les
habitans
habitans donnent le nom de vent d‘A ra l, dure
pendant fix mois de l’année, tandis que pendant
les autreç fix mois, la brifé contribue à rendre la
faifon fèche & belle.
La neige ’ y eft inconnue, il n’exiPe aucune
montagne aftez haute pour qu’elle s’y forme.
La rofée qui y tombe pendant les temps de fé-
cherefle, contribue beaucoup à rendre l’air mal-
fain.jTurtout pour les Européens ; les naturels
n’en font nullement incommodés : un grand nombre
d’entr’ eux parviennent jufqu’ à l’ âge de quatrè-
vingts & cent ans. L’abondance de la rofée eft telle
qu’en fecouant un arbre, pendant les plus belles
matinées, il en tombe comme une efpèce de pluie
L é mois de mai eft celui où la chaleur fe fait fen-
tir avec le plus de force ; mais lele&ricité a tant
d’intenfité fous cette atmofphère brûlante, que
pendant les nuits de ce mois, il y tombe Couvent
des pluies confidérables , accompagnées d’éclairs
& de tonnerre..
Les éruptions volcaniques qui ont lieu fur plu-
fieurs îles de cet archipel, y caufent fouvent de
violens tremblemens de te r r e , furtout dans la
belle faifon. En 1687, au mois de feptembre , l’île
de Luçon en éprouva un fi confidérable, qu’une
des deux montagnes'appeléesCarvallos s’affaifia
en grande partie. En 1645 , le tiers de la ville de
Manille fut ruiné par un accident femblable, & trois
cents perfonnes furent, dit-on, enfevelies fous
les décombres de leurs maifons. Le 26 octobre
1824, la ville & les faubourgs de Manille éprouvèrent
une fi violente commotion , que plufieurs
égüfés, un pont & différentes maifons particulières
s’ écroulèrent. Le journal de Singapore , qui
rapporte cet événement, dit qu’à la diftance de
quatre milles de la v ille , & près de la rivière ,
la terre s’entr’ouvrit avet un effroyable craquement
, 8c que peu de temps après, on vit flotter
à la furfaee de Peau, une multitude de poiflons
morts 5 prefque toutes les cafernes furent détruites
de fond en com b le, 8c le premier du mois
fuivant, un violent ouragan enleva toutes les tentes
que l’ on avoit élevées pour la garnifon. Les
toitures d’ un grand nombre de maifons qui avoient
réfifté au tremblement de terre , furent enlevées ;
fix vaiffeaux, ajoute cètte gazette , échouèrent
dans le p o r t .C ’eft à la fréquence des événemens
de ce genre, qui heureufement font rarement aufli
défaftreux, que les naturels doivent l’ habitude
qu’ils o n t , de ne conftruire que des maifons en
bois ; de là vient aufll que les habitans des montagnes
ont rarement une demeure fixe. C e t exemple
& l’expérience ont engagé depuis long-temps
les Efpagnols à ne conftruire en pierre que le
premier étage de leurs maifons. Sans ces funeftes
effets d’un fol brûlé par les volcans, les Philippines
pourroient être confidérées comme un v é ritable
paradis terreftre ; pendant toute l’année,
l ’herbe croît 8c les arbres fleurillent; rarement on
voit tomber les vieilles feuilles avant que lesnou-
Géographie-P hyfique• Tome V »
velles ne pouffent, & toujours les fruits accompagnent
les'fleurs.
On pourra juger de la végétation des Philippines
par l’idée que M. Chamiflo nous a donnée de
cëlle de Luçon. Les forêts ' majeflueufes qui couvrent
les montagnes & une partie du pays , s’é tendent
jufqu’ à la mer ; les végétaux dont elles fe
compofent , font principalement les palétuviers
(éhi^ophora) j les figuiers paroiflfent y dominer.
Les lianes, les fougères» les orchidées, dit le na-
turalifte que nous venons de c ite r , font moins
abondantes que dans les forêts du Bréfil. La plante
qui porte la cafte y eft fi commune, que pendant les
mois de mai & de juin , les infulaires en nourrif-
fent leurs pourceaux. On n’y trouve point de cactu
s , mais les palmiers font nombreux; le rotin
qui jonche la terre, y eft commun; le pothos fean-
dens à feuilles longues & minces, s’élance autour
des'arbres de la trranièreTa plus pittorefque.
Dans les vallées & fur les bords des ruifibaux,
on voit un nombre confidérable de bambous. Dans
les plaines, les forêts alternent avec les favanes.
On y remarque deux grands graminées dont le
chaume atteint huit pieds de hauteur. Les plantes
légumineufes les plus petites croifîent au pied de
ces graminées. C et enfemble forme des maflifs de
verdure d’où l’ on voit fortir çà & là une bauhinia
arborefeente.
Zoologie. Aux Philippines, la propagation des
animaux femble être en rapport avec la fécondité
du fol ; on en voit une fi grande quantité dans les
bois & dans les campagnes, qu’ un chafteur adroit,
difent Jes voyageurs, peut tuer vingt bufles fau-
vages à coups de lance , dans l’efpace d’ un jour.
Le nombre des c e r fs , des chèvres & des fan-
gliers, eft furprenant; celui des finges n’eft pas
moins confidérable : ils font redoutés par leur
taille, leur force & leur adrefte; ce font pour la
plupart des pongos, des babouins, des naziques;
les autres animaux font : les civettes, des pola-
tOuches ( pteromys petaurifta). Parmi les reptiles,
on cite diverfes efpèces de tortues, des caïmans,
& peut être le crocodile à deux-arêtes ( croco-
dilusbiporcatus) de Cuvier, plufieurs ferpens, parmi
lefquels le boa atteint fouvent la longueur de
trente pieds ; l’ ibitin, efpèce voifine du b o a , &
qui fe fixe par la queue aux troncs des arbres,
afin d’augmenter par ce point d’appui la force dont
il a befoin pour s’attaquer aux cerfs & aux fan-
gliers ; enfin la grande vipère, connue fous le nom
à’ Olopong. On y connoît encore plufieurs lézards,
parmi lefquels il fuffira de nommer l’ iguane.
Les oifeaux y font nombreux. Nous citerons la
tourterelle, les tavons, qui habitent les rivages,
oifeaux tout noirs, de la groffeur d’une poule , &
dont'les oeufs font recherchés ; plufieurs efpèces
de pigeons, parmi lefquels il faut citer le volanos
ou le pigeon vert de Sonnerat, l’efpèce d’hirondelle
de rivage appelée falangane, le grand pic
varié (picus cardinales ) , le pic palalaca ( picus