cette île reffentit cette année n’eut pas moins de
208 fecoulïes confidérables. Un grand nombre de
maifons à Batavia furent renverfées. Le mont Salak,
volcan qui eft éloigné de lix journées de marche,
fit entendre un bruit épouvantable ; on aperçut
à Batavia la lueur des flammes qui fortoient du
cratère. Le lendemain matin, la rivière de Batav
ia, qui prend fa fource au pied de cette montagne,
fe groflit tout-à-coup, devint bourbeufe, &
entraîna une grande quantité de buiffons & d’arbres
à moitié brûlés. Le lit de la rivière foulevé
par l’effet du tremblement de terre, l’eau fut
arrêtée dans fon cours, & inonda la contrée envi-
rônnante ; les jardins fitués autour de la ville &
quelques-unes des rues furent couverts de poif-
fons morts. Un grand nombre de buffles, de
tigres, de rhinocéros, de linges, & d’ autres
animaux fauvages, furent entraînés par le courant,
& quoique les crocodiles foient amphibies, plu-
fïeurs de ces animaux furent trouvés morts avec
les autres. Il eft établi que fept collines voifines
de la rivière s’enfoncèrent. Ces collines, descendant
fur l’un & l’autre côté de la vallée, remplirent
fon lit, & les eaux, fe frayant un paf-
fage fous leur malle, coulèrent épaiffes & bour-
beufes. La rivière de Tangaran fut aufti enfermée
par neuf collines qui fe rapprochèrent, & l ’on j
trouva dans fon lit une grande quantité d’arbres
flottans. On dit que fept de fes tributaires furent 1
englouties.
Ténérijfe.— i8c6. Le y mai de cette année,
pendant une éruption latérale du volcan de cette
île , la terre s’ébranla, plufieurs fources difparu-
rent, d’autres changèrent de niveau, & des collines
s’élevèrent là où il n’y avoit que des plaines
humides.
IJlande. Entre l’année 1725 & 1726, pendant
une éruption de l ’CEroefe-loekull, une grande
étendue de terres élevées s’ affaiffa & forma un
la c , & à un quart de lieue delà une colline s’éleva
du milieu d’ un la c , & le convertit en un terrain
aride.
Martinique. — 1727. Pendant le tremblement de
terre que cette île éprouva, une colline affez
importante s’affaiffa complètement.
Pérou, -fr-1746. Le tremblement de terre qui
parcourut cette contrée le 28 octobre de cette
année paffe pour avoir été plus épouvantablé
& plus étendu que celui de Lisbonne.* Il commença
par une férié de 200 fecouffes i l'Océan fe
retira deux fois, & deux fois revint avec impétuo-
fité fur le rivage ; Lima fut détruite, & une partie
de la côte près Callao fut convertie en une
baie; quatre autres ports, au nombre defquels on
compte Cavalla & Guanape, partagèrent le même
fort que Lima. De vingt trois navires, grands &
petits, qui fe trouvoient dans le port de Callao,
dix-neuf furent coulés à fond, & les quatre autres,
parmi lefquels fe trouYoit une frégate appelée
le Saint-Firmin, furent entraînés à .une
grande diftance par la force de la vague* Le
nombre des habitans de cette cité s’élevoit à
4,000: 200 feulement échappèrent au défaille.
Parmi ces derniers, 22 fe fauvèrent fur un petit
fragment du fort de Véra-Cruz, qui, après cette
terrible inondation, refta comme l’unique témoin
atteftant la place qu’occupoit Callao.
La Conception. — 175^0. L’ ancienne vilte de la
Conception, autrement appelée Peucot dans, le
Chili, fut totalement-détruite p a r le tremblement
de terre du 24 mai de cette année i l’emplacement
qu’elle occupoit fut couvert entièrement
: par les eaux de la mer, & les habitans allèrent
■ conftruire une autre ville à 10 milles de la côte,
1 afin d’ être hors de la portée de femblables inondations.
Haïti ou. Saint-Domingue. — 17 U* Le IJ fep-
tembre de cette année, plufieurs fecouffes commencèrent
à ébranler quelques-unes des Antilles,
& le 21 novembre il y en eut une fi violente,
dans l’ île d’Haïti, qu’elle fut prefqu’entièrement
bouleverfée, et que Port-au-Prince, fa capitale,
fut détruite de fond en comble.
Lisbonne. — 17 jp. C e fut le i er novembre 17 y y
qu’eut lieu le fameux tremblement de terre de Lisbonne,
le plus épouvantable des temps modernes.
Les effets en font trop connus pour qu’il foit
de quelqu'intérêt de les rappeler en détail : nous
nous bornerons à en retracer les principales cir-
conftançes. C e fut à 9 heures 45 minutes du matin
’que l’on commença à reiientir ce tragique
hénomène. On entendit fous terre un bruit fem-
lable à celui du tonnerre, & , immédiatement
après, un violent choc renverfa la plus grande
partie de la ville. En 6 minutes environ, 6o,oco
perfonnes périrent i la mer fe retira d’abord, &
s’éleva bientôt à plus de yo pieds au-deffus de
fon niveau ordinaire. Les montagnes d’Arrabida,
d’Eftrella, de Marao & de Cintra, qui appartiennent
aux plus grandes chaînes du Portugal,
furent violemment ébranlées; la plupart
d’entr’elles s’ouvrirent à leur fommet & fe déchirèrent
jufque vers leur bafe, & des maffes
énormes de rochers roulèrent dans les vallées
voifines. On rapporte que des flammes, qui pa-
roiffent avoir été- électriques, fortirent de ces
montagnes ; on ajoute qu’elles étoient accompagnées
de fumée; mais de grands nuages de pouf-
fière donnèrent probablement lieu à cette apparence.
Un quai, nouvellement & folidement
conftruit en marbre, s’affaiffa tout-à-coup; un
grand nombre de bateaux & de petits navires,
attachés à l’ancre près de là , & tous remplis de
peuple, furent enfevelis dans un gouffre qùi fe
forma fubitement, & qui parut avoir une centaine
de braffes de profondeur.
Nous avons déjà dit que l’effet de cette cataf-
trophe s’étendit à une diftance vraiment remarquable
: on en éprouva les effets, le même jour,
non-feulement en Portugal & en Efpagne, mais
dans prefque toute l’ Europe, dans l’Afrique fep-
tentrionale & même en Amérique. Ainfi le port
de Sétubal, à 20 lieues au fud de Lisbonne, fut
englouti; une grande vague balaya la côte d’Ef-
pagne, & s’éleva, dit-on , de 60 pieds à Cadix ;
à Kinfale, en Irlande, l’eau envahit le port,
& plufieurs vaiffeaux pirouettèrent & allèrent
tomber dans la place du marché. L’agitation des
lacs, des rivières & des fources fut extraordinaire
dans la Grande-Bretagne; dans le lac Lomond,
en Ecoffe, par exemple, l’eau s’abaiffa au-deffous
de fon niveau ordinaire, & s’éleva enfuite en
franchiffant les bords : le terme du plus grand
abaiftement & de la plus grande élévation de l’eau
fut de 2 pieds 4 pouces; enfin, de légères of-
cillations fe firent fentir en Suède, en Norvège,
en Hollande, en France, en Allemagne, en Suiffe,
en Italie & en Corfe. L’ une des fources de Néris
s’éleva de 4 pieds. A Alger & à Fez, en Afrique,
l’agitation de la terre fut fi violente, que le nombre
des victimes humaines fut d’environ 10,000,
& qué tout le bétail fut englouti ; fur la côte
de Tanger, la mer franchit fes limites ordinaires"
jufqu’à dix fois de fuite ; à Frauchal, dans l’île
de Madère, elle s’éleva d’environ yo pieds au-
deffus de fa hauteur ordinaire; enfin, à^Antigoa
comme dans les Barbades, on reffentit auflî plu- i
fleurs fecouffes.
Chili.— -1760. Pendant que dans cette contrée
le volcan de Peteroa étoit en éruption ,&
formoit un nouveau cratère, un tremblement de
terre produifit une fiffure de plufieurs milles de
longueur dans une montagne voifine, & fouleva
une grande langue de terre qui, pendant 10 jours,
arrêtant le cours de la rivière de Lontue, donna
naiffance à un lac confidérable.
Colombie.— 1766. Le 21 octobre de cette année
, le fol. fut agité en même temps à Cumana,
à^Caracas, à Maracaïbo & fur les bords des rivières
de Cafanare, du Méta , de l’Orénoque
& du Ventuario. Dans ces divers diftriéts, la terre
fe fendit & des fragmens de montagne s’écroulèrent
; la Trinité fut violemment ébranlée ; une
petite î le , dans l’Orénoque, près du rocher d’A-
ravacoto, s’affaiffa & difparut fous les eaux; en
même temps le fond de la mer fe fouleva près de
Coriato, àc la pointe del Gardo prit de l'accroil-
fement. Des roches s’élevèrent dans la rivière de
Guarapica, près le village de Matura. Les fecouffes
continuèrent ainfi d’heure en heure pendant
14 mois fur le territoire de la Colombie.
Java. — 1771. Pendant le tremblement de terre
de cette année, de grandes étendues de terrain
furent foulevées à Java, & une montagne s’ éleva
vis-à-vis l’ embouchure de la rivière de Batavia.
Caucafe.^-ijyi. Dans le courant de cette année,
un tremblement de terre fe fit fentir dans le
Brchtau, au Caucafe, & une partie de la mon-
'tagne de Metfchuka s’enfonça daus un abîme.
Calabre.— 178; à 1786. « Des nombreux trem-
; blemens de terre qui ont eu lieu dans différentes
parties du globe pendant les cent dernières années,
dit M. Lyell, celui de la Calabre, en 1785, eft le feul
dont on puiffe dire que le géologue air un rapport
affez circonftancié pour lui faire apprécier
les changemens que cette caufe eft capable de produire
dans l ’efpace des remps. Les fecouffes commencèrent
en février 1783, & durèrent près de
quatre ans jufqu’en 1786. Cette convulfion ne fut
remarquable ni pour fa durée, ni pour fa violence,
ni enfin pour l’étendue du territoire agité, lorfqu’on
la compare avec plufieurs autres arrivées dans d’autres
contrées, tant dans le fiècle dernier que dans
le fiècle préfent. Les altérations qu’elle produifir
dans le niveau relatif des collines & des vallées,
de la terre & de la mer, ne furent pas non
plus aufti confidérables que celles qui ont été
caufées de notre temps par des mouvemens
fouterrains dans l’ Amérique méridionale. L’im-
. portance du tremblement de terre en queftion
vient de ce que la Calabre eft jufqu’à prefent
le feul lieu qui ait été vifîté, pendant & après
les commotions , par des perjbnr.es poffédant
le loifir, le zèle & les connoiffances fcienti-
fiques néceflaires pour être à portée de recueillir
& de décrire avec exactitude les faits
phyfiques qui portent la lumière fur les quef-
tions géologiques.
s* Parmi ces nombreufes autorités, V iven z io ,
médecin du roi de Naples, tranfmit à la cour
un rapport régulier de fes obfervations pendant
la continuation des fecouffes, & fa narration
eft écrite avec foin & clarté. Francefco-Antonio
Grimaldi, alors ministre de la guerre, vifita
les différentes provinces, par ordre du r o i,
& publia une defcription très - détaillée des
changemens permanens du fol. Il mefura la
longueur, la largeur & la profondeur des di-
verfes crevafles & des gouffres qui s'ouvrirent,
& s’ affura de leur nombre dans plufieurs provinces.
De plus, fes remarques fur les rapports
des habitans &: fes explications de leurs relations
font judicieufes & inftruCtives. Pignataro,
médecin, réfidant à Monteleone, ville fituée au
centre même des convulfions, tint un compte des
fecouffes en les divifant en quatre claffes, félon
lent*degré de violence. D ’après fon ouvrage, il
paroît qu’il y eu t, dans l’année 1783, 949 fe couffes,
dont 501 étoient du premier degré de
force, & dans l'année fuivante, il y en eut i c i ,
dont 98 de première force. Le comte Ippolito,
auflî, & plufieurs autres, écrivirent des defcrip-
tions du tremblement de terre; & l’Académie
royale de Naples, non contente de ces defcrip-
tions0 cz d’autres encore, envoya en Calabre,
ayant que les chocs-eulfent ce flé , une députation