
fement. Ses eaux, amenées dans une petite chambre
, tombent de quelques pieds de hauteur fur
des baguettes, puis, en forme de pluie , fur les
objets placés plu%bas; & Ton vend, à un prix
allez élevé , des végétaux & des animaux tous
couverts d’une croûte calcaire qui en altère peu
les formes. Lorfque je vifitai l’ établiffement, on
y voyoit deux chevaux & une vache, empaillés &
revêtus d'incruftations. Il faut dix-huit mois pour
que des animaux de cette taille en foient recouverts,
mais les petits objets n’exigent que quelques
femaines, & même huit à dix jours.
C e que cette fource offre de plus intéreffant,
c*eft un pont qu’elle a jadis formé, & un autre
qu’elle conftruit encore, & qui peut donner une
idée de la manière dont fe font dépofés certains
calcaires travertins, fi remarquables par leur étendue
& leur puiffance. Le plus ancien de ces ponts
a 75 mètres de longueur, 4 dans I2 plus grande
hauteur, & 4 d’épaiffeur. Il a été formé à une
époque où l’eau, beaucoup plus abondante qu’au-
joura’hui, fortoit de terre beaucoup plus haut.
Celui qu’elle continue à conftruire s’ augmente de
4 pouces par an : déjà il s’élève à plufieurs pieds
au-deffus d'un ruiffeau dans lequel fe jette la
fource ; fa courbure dépaffe même les deux tiers
de la largeur du ruiffeau. Les infiltrations auxquelles
il eft dû partent d’ une autre branche de
la fource, qui eft moins confidërable que celle
qui .eft employée à alimenter les bains & à former
des incrullations. Cesincruftations fe font naturellement
d’une manière très-fimple : l’eau qui s’ échappe
de la terre coule fur des herbes qui la
divilent & fur lefquelles elle laiffe un fédimënt ;
d’ autre plantes fuccèdent à celles qui ont été recouvertes
, & fi elles font grandes & légèrement
flexibles, il fe forme un dépôt qui prend la courbure
de ces plantes & finit par faire une véritable
arcade.
V O L C A N S M O D E R N E S .
Difpofition des volcans modernes a la furfàc-e
de la terre. Les volcans qui couvrent la furface de
la terre n’ y font point difpofés au.hafard; ils y
couvrent certaines régions dont nous allons ef-
fayer de tracer les limites, d’après les obfer-
vations faites avec tant de fagacité par M. Léopold
de Buch & par M. L y ell, géologue anglais,
dont nous avons fous les yeux un ouvrage
récent, encore peu connu en France, & dont on
nous faura gré de donner une analyfe, & même
quelques paffages traduits. Cet ouvrage a pour
titre : P f inc i pies o f geology, bting an attempt to
txplaih the former changes o f the eartks furface by
référencé to caufes now in operation.
C ’eft M'. de Buch qui le premier a propofé de
divifer les volcans en deux claffes diftin&es :
les volcans difrofés en ligne & les 'volcans centraux.
l e s volcans difpofés en ligne font, ainfi que l’indique
leur nom, placés les uns à côté des autres,
fouvent à peu de diftance, comme s’ils
étoient les foupiraux d’une longue galerie fou-
terraine. Les volcans centraux forment au contraire
des groupes au milieu defquels s’élève
un fommet principal.
La grande région volcanique du Nouveau-
Monde ne contient que des volcans de la première
de ces deux claffes; elle commence à la
Terre-de Feus où l’ on en compte un grand nombre,
| en y comprenant ceux répartis fur les différentes
lies de cet archipel. Les plus connus font le
Nevado, au centre de la plus grande,, &*le Saint-
Clément , près de la baie de Naffau : il paroît être
en activité.
La Patagonie, où commence la célèbre chaîne
des Andes, renferme auffi une ligne de volcans
dont le nombre eft encore fort incertain. A partir
de l’extrémité méridionale de la chaîne, les trois
plus importans font le Minchimadiva, qui paroît
être le plus é le v é , le Medielana & le San-Clémente.
La partie de la chaîne qui eft fur la limite
du Chili en préfente aufli plufieurs : les plus
remarquables font celui d’ Oforno & celui de Chil-
lan ou de Chinai.
L’ archipel des Chonos, près de la côte occidentale
de la Patagonie, eft compofé de qua-
rante-fept îles, qui la plupart paroiffeut être volcaniques.
En partant feulement de l’extrémité méridionale
du Chili, fous le 43 e. degré de latitude méridionale,
on remarquera;, en fe dirigeant vers le nord^juf-
qu’au 27e. parallèle, une-ligne prefque non interrompue
de volcans : leur nombre s’ élève à dix-
huit, dont nous donnerons la lifte dans le tableau
des volcans brûlans ; il eft même probable que ce
nombre fera encore augmenté lorfque lagéogra-
phie des Andes fera mieux connue. En effet, on
eft encore incertain-de la place qrVoccupent trois
volcans appartenant à cette ligne, &. qui paroif-
fer.t être fitués entre Atacama & Tarapara. On en
cite même encore d’ autres dans la chaîne orientales
des Andes, tels que le Pomahuida, dont les
éruptions fréquentes obfcutciffent l ’air ,& dont
les environs font couvert de feories mobiles, au
milieu defquels s ’enfoncent les bêtes de fomme,
j & le Derabecado, dont la forme rappelle celle du
; Mont-Blanc. Ils font tellement rapprochés qu’à
peine s’il exifte., entre les plus éloignés, la distance
de i f lieues.
Prefque tous les volcans du Chili fe font
fait jour à travers des montagnes; granitiques.
Celui de Villarica, dans le pays dés Araucanos,
eft un des principaux; il continue de brûler fans
interruption, & ion élévation eft fi grande, qu’on
l’aperçoit à une diftance de 150 milles. Les
deux tremblemens de terre de 1818 à 1822 ont
été accompagnés d’éruptions de Impart des deux
volcans de Chinai & ae I;anco, près Valdivia*
Dans cette province, une année fe paffe rarement
fans qu’il y ait des tremblemens de terre, & plus1
rarement encore un fiècle s’écoule fans que de
terribles convulfions ne remuent la contrée d’ une
extrémité à l'autre. A11 milieu de ces fcènes
effrayantes, on a vu l’Océan en courroux menacer
de couvrir au loin les terres , tandis
que les rivages mêmes ont été foulevés jufqu’à
20 pieds au-deffus de leur niveau primitif.
En avançant vers le nord, le Pérou ne nous
préfente qu’un feul volcan en activité, VArequipa
ou le pic de Mifte, & deux volcans éteints, le
Tajora ou Chipicanii ou l’ Uvinas, près de l’ Aréquipa.
Ce dernier, fitué à l’extrémité du noeud formé
par les montagnes qui entourent le lac T itica ca,
eft élevé de 16,680 pieds. Son cône eft le plus
parfait de tous ceux de la chaîne des Andes ;
fon ératère, ouvert au fud-eft, grand mais peu
profond, entouré par quatre pics de la montagne
de Cachefis , rejette conftamment des vapeurs
& des cendres. L’Univas pourroit être regardé
comme aébif, puifque dans le feizième fiècle, la
ville d’Arequipa fut en grande part;e enfevelîe
fous les cendres qu’ il lança. Mais cette contrée eft
tellement fujette aux tremblemens de terre, qu'à
peine s’ il fe paffe une femaine fans qu'ori en
éprouve, & quelquefois même de fi violens qu’ils
ont fortement altéré la configuration du fol.
L’ancienne audience de Q u ito , qui forme aujourd’hui
dans la Colombie les departemens de
l'Afuay, de l’ Equateur & du Guayaquil, nous offre
encore une ligne volcanique que 14 degrés de latitude
feparent du Pérou. Seize volcans s’y font
remarquer ; nous allons en donner la lifte :
LeSangay, auquel La Condamine donne 16,080
pieds d e : hauteur, mais que perfonne n’ a vi-
fite, lance conftamment dans les airs des tourbillons
de fumée : en 1742 on vit fortir de fon
cratère des flammes qui s’élevoient au-deffus
des plus hautes cimes de la chaîne.
Le Tunguragua, haut de 15,471 pieds, d’après
M. de Humboldt, eut fa dernière éruption en
1641.
Le Carguqiraço, près du Chimborazo, eft ,
félon La Condamine, élevé de 14,700 pieds.
Il vomit, en 179 7, par d'énormes fiffures, un
déluge de vafe, qui remplit des vallées de 1,000
pieds de largeur jufqu’ à la hauteur de 6co pieds,
de manière à former des barrières q u i, arrêtant
le cours des rivières, donnèrent naiffance à de
grands lacs. La bafe de ce volcan elt compofée
de mica-fchifte , fur lequel s’élève de la fyénite
jufqu’à la hauteur de 7,200 pieds. Plus haut,
on v o k paroître un trachyte qui 2 dû traver-
fer les deux roches précédentes.
Le Cotopaxiy qui en a 17 ,7 12 , eft un cône
immenfe q u i, en 1525, lança à plus de trois
lieues de diftance des malles de roches de 12
à 16 toi fes cubes ; depuis 1742, il eft c onftamraent
agité. Pendant cette éruption, les neiges qui le
Couvrent fondirent &r fe précipitèrent à fies pieds ;
600 maifons des environs furent détruites & près
de 800 perfonnes périrent. En 1698, il fit de
grands ravages & détruifit la ville d’Hambato.
En^ 1743 & 1744, les éruptions ne furent pas
moins défaftreufes : on affure que les mugiffemens
du volcan fe firent entendre à une diftance d’environ
170 lieues. En 1758, les flammes s’élevèrent
au-deffus du cratère à la hauteur de 2,700
pieds. Le 4 avril 1768, il rejeta une fi grande
quantité de cendres, que, pendant une grande
partie de la journée, les villes d’Hambato & de
Tacunga, la première à 8 , la fécondé à 12 lieues
de diftance, furent dans la plus complète obfcu-
rité. Peu de temps après cet événement, le volcan
s’apaifa; il fut pendant plus de vingt ans si
calme, qu’aucune vapeur vifible ne fortit de fa
bouche, lorfque tout-à-coup, au commencement
de 1803, fes neiges fondirent; le volcan vomit
des torrens impétueux de laves qui dévaftèrent la
campagne; fa cime décharnée, noire & prefque
vitrifiée, fe montra dans toute fa nudité. Ses
mugiffemens étoient fi fort, que M. de Humboldt,
qui étoit à Guayaquil, à 52 lieues de là , les entendit
jour & nuit : ils reffembloient à des décharges
continuelles d’ artillerie. Le cône de ce
volcan eft régulier, fort efearpé, & couvert de
neige; fon cratère, entouré d’une petite muraille
en forme de parapet, eft garni de pointes de
rochers & de crevaffes d’où fortent les matières
fondues.
A quelques milles au nord du précédent, le
Sinchulagu, élevé de 15,420 pieds, félon i a Condamine
, ne paroît pas avoir eu d'éruption depuis
1660.
Le Guachamayo, près des fources du Rio-
Napo, paroît être un volcan moderne.
M. de Humboldt donne 17,956 pieds au v o lcan
d’Antifana, dont la lave reiiemble à de l’ob-
fidienne, & les feories qui couvrent fes flancs
à des pechfteins & à de la ponce. Il ne paroît pas
avoir eu d’éruption depuis 1590.
Le Pichincha, de 17,644 pieds de hauteur,
offrant un immenfe cratère, formé d’une lave
trachyiique, qui refiemble au bafalte, a quelquefois
la bouche remplie de neige : fa dernière éruption
eft de 1660.
Le Cumbaly qui a 13,600 pieds, a plufieurs
cratères qui lancent contièirelieraerît des vapeurs
& de la fumée.
Plufieurs cratères fe remarquent éga’emenc au
fommet du volcan appelé A\ufral : l ’an d'eax
préfente un marais fui fur eux bouillant.
Le volcan de Pafto, dont on eftirrre la hauteur
à 12,600 p ied s , a deux ouvertures an fond
de fon cratère, qui lancent fans ceffe des flammes
de la fumée.
Le Puraeé eft une pyramide qiradranguhfirô
T t t t 1