
SÉGOVIE. Voyc% D uero au Supplément.
SE1BAN-DAGH. Nom d’ une montagne de la
Turquie d’Afie. Elle fait partie de la chaîne du
mont Taurus, exactement fituée fousle^o®. deg. 30
min. de longitude orientale du méridien de Paris,
près de l’extrémité feptentrionale du lac de Van.
Sa cime ne peut pas avoir moins de 2,400 toifes
de hauteur, puifque, fuivant M. Amédée Hubert,
elle eft toujours couverte de neige;- Les habitans
des environs difent qu’il faut trois jours de marche
pour en faire le tour ; mais il faut fe mefier, fur-
tout en géographie, de l’exagération orientale, il
y a tout lieu de croire que c’eft un ancien volcan,
comme beaucoup d’autres montagnes de la même
chaîne. Le favant voyageur que nous venons de
nommer, dit qu’à dix lieues' à la rond e, on voit
autour du Seïban-Uagh d’énormes blocs de laves
grifatres, fur lefquels les troupeaux vont brouter
une herbe fine & rare De temps en temps on
voit jaillir de deffous ces roches volcaniques
des fources d’ eau froide & limpide ; ces laves
ne font pas les feuls indices des feux fonter*
rains qui ont produit quelques-unes des fom-
mités du Taurus,. on y voit encore des feories,
des pierres-pouces, des fources d’eaux thermales
& de pétrole ( Voye{ T aurus. )
« On rencontre au pied du Seïban-Dugk3 dit
» M. Jaubert, des Y ezidis, hordes de Kurdes
» q u i, fous le titre de grand Cheikh, adorent le
« génie du m al, & fe croient autorifés à faire tout
« ce que défendent les lois divines & humaines.
» Sous l ’étrange prétexte que Dieu étant elfentiel-
» lement jufte & b on , il eft inutile de lui adreffer
» des prières, ils refufent de rendre aucun hom-
» mage à la Divinité, bien qu’ ils reconnoifîent
« fon exiftence, & qu’ils admettent même la plu-
» part des prophètes révérés par les chrétiens &
» les mufulmans. Ils font imbus d une foule de
» préjugés, & les Kurdes m’ ont dit plufieurs fois
n que fi l ’on traçoit autour d’eux, fur la terre,
« un cercle, lymbole de leur croyance, ils mour-
>» roient plutôt que d’en fortir. Il leur eft défendu
» d’apprendre à lire & à écrire; mais le v o l, l’ af-
» faftinat & l’incefte font des a êtes qu’ils regar-
» dent comme licites, ou qui du moins ne leur
» infpirent aucune horreur. Ils portent des vête-
>» mens noirs, & une coiffure noire & rouge,
si efpérant par là plaire au démon, confidéré par
»> eux comme l’exécuteur des volontés divines,
» qu’ il faut fe garder de maudire, & dont ils
*> n’ofent prononcer le nom. Cette feéle a auflî
»> cela de particulier, qu’elle ne connojt point le
profélytifme.
« Les Yezidis, foit qu’ils aient pris le nom du
» CheikhYezid, auteur de leur feéte, ou celui du
»3 fécond calife de la dynaftie des Ommiades, à
33 qui l’on attribue le meurtre de Huflein, fils d’Ali,
»» loit que leur origine remonte à des temps plus
33 anciens, ne font vus qu’avec horreur par les
» Perfans y mais comme ils font braves, entrepre-
» nans & très-belliqueux, les princes kurdes les
*» fouffrent & tâchent même d’en attirer un grand
«* nombre dans leurs domaines. »» ( J. H .)
SEINE. C e fleuve prend fa fource fous le 47e.
deg.40 min. de latitude, au bas d’ un coteau,, près
de Chanceaux, département de la Côte-d’Or, à 6
lieues au nord de Dijon.
Son cours eft d’environ 180 lieues de 2,000
toifes, ou de 750,000 mètres : en fortant du dé*
parferaient de la' Côte-d’Or, il traverfe celui de
l’Aube, enfuite celui de Seine-&-Marne, dont
il fertiüfe le fol. Après avoir arrofé une partie
de celui de Seine-&-Oife, il arrive dans celui
de la Seine & y décrit des détours fi nombreux,
que fon cours eft de 12 lieues pour franchir un
efpace qui eft à.peine de 6. En fortant de Chaton,
la Seine rentre de nouveau dans la partie nord-
oueft du département Seine-&-Oife. Elle arrofe
dans la même direction celui de l’Eure, & traver*
fant celui de la Seine-Inférieure, elle v a , par une
large embouchure, fe jeter dans la Manche.
La Seine fe groffit dans fon cours d’un grand
nombre, d’affiuens. Les principaux font, fur fa
rive droite, l ’Aube, qu’ elle reçoit près de Pont,
la Marne à Conflans-Charenton, l ’Oile à Con-
flans-Sainte-Honorine, Les afïluens de la rive
gauche font : l’Ource près Bar-fur-Seine, l’Yonne
a Montereau, le Loing près de More t, l ’Efione
près de Corbeil, l’Eure au pont de l’Arche, te
la Rille près de Quilleboeuf.
La Seine devient navigable à Nogent ; mais l’en*
trée devient difficile à fon embouchure au Havre ,
à caufes des fables mouvons qui s ’y trouvent depuis
Quilleboeuf.
La marée fe fait fentir dans ce fleuve jufqu’au-
deftiis de Rouen, & les navires marchands remontent
facilement au port de cette ville.
La Seine commence à être flottable pour les
radeaux de tranfport, à Billy, dans le département
de la Côte-d’Or ; elle n’eft navigable qu’ à Mar-
cilly, dans celui Saône-&-Loire, village où ehe
reçoit l’Aube. Ce n’eft que dans la faifon des plus
hautes eaux qije quelques bateaux peuvent remonter
jufqu’ à Méry. Il réfulte de ces données,
qu’elle eft flottable fur une longueur de 159,000
mètres, & navigable fur celle de 570,000 mètres.
On donne le nom de Haute-Seine à toute la partie de
ce fleuve çomprife depuis fa fource jufqu’à Paris, de
celui de Baffe-Seine> a tout fon cours depuis Paris
jufqu’à l ’Océan. Depuis fon embouchure jufqu à
Rouen, elle porte des navires de la contenance
de 150 à 300 tonneaux, c ’eft-àrdire de 300 à 6:0
milliers ; de Rouen à Paris, fa navigation ordinaire
eft faite par des bateaux plats, appelés normanas,
dont la charge complète eft eftimée à 600 8e
même i ,io o milliers, ou par des bateaux 4 vapeur
du port d’environ 200 milliers. Les bateaux
normands emploient, terme moyen, quatorze à.
feize jours pour remonter de Rouen à Paris, &
huit à dix pour defeendre de Paris à Rouen.. '
Mais les bateaux à vapeur n’empioiertt d a n sé e ;
trajet que quatre à cinq jours pour remonter, 8e j
deux pour defeendre.
Le fleuve efipetirapidedansla hauteur moyenne j
de fes eaux : on compte de Paris à Mantes, 1 mil- j
limètres de petite par 100 mètres * de Mantes à !
Rouen, 1 millimètre & de Rouen au Havre,!
| de millimètre*
Nature des terrains que traverfe la Seine, Depuis j
fa fource jufqu’à la hauteur d’ Auxon & Van-j
doeuvre, c e fleuve coule au milieu de divers ter- !
rains appartenant à la formation fecondaire ou ■
aux fédimens moyens* Jufqu’à fa réunion avec |
l’Yonne, elle ferpente au milieu de da craie, j
traverfe les terrains tertiaires ou de fédiment fu- j
périeur des environs de Paris jufqu’à Rolleboile,
ou .elle fe fraie un padage au milieu d e la craie j
■ cbloritée 8e inférieure, jufqu’à fon embouchure. I
Les terrains fecondaires que parcourt & tra- j
■ verfe la Seine, non loin de fa fource, font du plus
grand intérêt pour le géologue. On y voit fuper-
pofés, en les examinant de bas en haut, des
arkofes alternant avec des argiles, des grès alternant
avec des lumachelles, le calcaire à griphées
fuperpofé à ces -couches, des argiles calcarifères
bleues, conftituant une formation marneufe importante
; ces mêmes argiles alternant avec tin calcaire
ancien contenant des térébratules, des entroques
& d’autres polypiers. Les terrains de craie jufqu’à
fa réunion avec l’Y onne, offrent peu d’intérêt;
mais ceux qui en ont le plus font ceux de .fédiment
fupérieur qu’elle parcourt après fa réunion
avec cette rivière. Aux environs de Montereau,
jufqu’à l’embouchure de l ’Orge., elle ferpente au
milieu d ’ un vafte dépôt de calcaire iaeuftre,
fouvent filiceux, fur lequel repofent, près de
Fontainebleau, des collines de fable marin rempli
d’énormes blocs de grès., qui rendent fi pitto-
refque la forêt de Fontainebleau. Près de cette
ville ces fables & ces grès font recouverts d’un
des plus modernes dépôts de la formation tertiaire*
Jufqu’ à fa réunion avec l’O rg e , toutes les
petites rivières qui aboutiflfent à la Seine, fur fa
rive droite, traverfent le calcaire filiceux ou le
terrain Iaeuftre moyen. Sur fa rive oppofée, d’ autres
petites rivières defeendent des fables marins
fupérieurs, & traverfent enfuite le calcaire Iaeuftre
qui fupporte ce s fables- A partir de la rivière de
l’O rg e , le fleuve décrit fes finirofités au milieu
d’un terrain de tranfport que MM. Cuvier 6c
Brongniart ont examiné jufqu’ à P oifly , & que
nous .avons décrit depuis cette ville jufqu’à Rofny.
Cet^rrain fe compole de cailloux rou lé s , dont la
plupart paroiffent avoir été enlevés à des terrains
appartenant aux points les plus reculés de la
Haute-Seine 5 on y voit des ixagmens de roches
granitiques, des lilex qui paroiifent appartenir à
la formation crayeufe* Àés blocs de grès qui,
par leur reftembiance avec ceux des environs de
Fontainebleau, femblent leur appartenir. Au-delà
de Paris, c’eft-i-dire dans la plaine de Boulogne,
le même terrain renferme , outre les roches dont
nous venons de parler, des fragmens de edeaire
greffier qui doivent avoir appartenu aux dépôts
de ce calcaire que l’on exploite aux environs de
<C;onflans & de Bercy, de Gemiily,’ de Mont-
Rouge & de Meudon. Près de Nanterre, on ne
trouve plus que des maffes peu confidérables
de grès dans c e terrain d’alluvion ; cependant,
au village des Mureaux, v is-à-v is de Meulan,
une petite colline entièrement formée de ce terrain
, nous a montré des morceaux affez confidérables
de grès; mais il eft naturel de penfer qu’ ils
proviennent de ceux qui fe voient à la partie
fupérièure de la colline qui domine fur la rive
droite de :1a Seine, depuis Chanteloup jufqu’ aux
environs de Meulan. Cette colline, qui depuis fa
bafe jufqu’ à fon fommet montre la fucceffion du
calcaire groffier, du gypfe, des fables 8c grès
marins fupérieurs, & des filex d’eau douce, eft
une de celles des environs de Paris, qui nous ont
prouvé combien il eft probable que les filex meulières
caverneux, font fupperpofés aux filex compactes
à coquilles. En retournant fur nos pas, nous
ferons remarquer que la Seine baigne au bas de la
côte de Meudon, la craie fupérieure que l’ on
retrouve à Bougival, au port Marly, & qui fe
1 aille voir au bas du village des Mureaux, oû elle
fuppo rte le terrain d’alluvion ou de cailloux roulés
^qui, fur la rive gauche de la Seine, fe continue,
ainfi que nous l’avons d it, jufqu’à Rofny; tandis
que la rive droite eft occupée par la craie fans
interruption depuis le village de Juziers, à que'-
ques lieues de Meulan, jufqu’à l’embouchure du
fleuve dans la Manche. Sur la rive gauche, la
craie ne borde la Seine qu’ à partir de Rofny :
à mefure qu’on defeend le fleuve, cette craie
change de nature ; elle fe charge bientôt de petits
grains verts qui lui ont fait donner le nom de
j craie chloritée. Ses bancs inférieurs acquièrent de
la dureté, & depuis P o n t -d e - l’Arche jufqu’ à
Rouen, fon grain devient -tellement ferré, que
fans les filex noirs qu’elle renferme, on la pren-
droit difficilement pour de la craie : auflî la montagne
de Sainte-Catherine, à Rouen, en fournitelle
de très-gros blocs, propres aux conftruétions les
plus folides, & ce que p u de perfonnes ont
remarqué, c ’eft que la cathédrale de cette ville
e ft, au moins en partie, conflruite avec cette
craie, ainfi que le prouvent les filex que nous
avons obfervés, comme des taches noirâtres dans
les élégantes colonnes gothiques de cet édifice.
A l’embouchure de la Seine, cette craie s’élève
à plus de 400 pieds au-dessus du niveau de la
mer, & fait voir fur la c ô te , près d’Honfleur &
du Havre, qu’elle repofe fur trois formations importantes
que nous nommerons d’après l’ordre
dans leqj*ef elles Ce préfentent de haut en bas :