
& l’Aiîe. Celui qui, au mois de juillet 1794,
dé va (!'•» pliifreurs villes-'du Pérou, s'étendit- fur
une fuperficiede 170lieues5 celui qui, le 12.’mars,
1*812, renverfa Caracas, fe* propagea jufq.u’à
180 lieues de diftance. Nous rapporterons plaideurs
exemples , qui prouvent que: la caufe de
ces commotions réfide au-deffo.uff du fond de
l’Océan, puifqus, dans* plufieurs. localités., an
a vu les vaifieaux, non* feulement Ce heurter
dans les. ports, mais les flots quitter & reprendre
p lu (leurs fois la place qu’ils occupent ordinairement.
Pendant le tremblement de terre de
Lisbonne, la mer s’é leva, dans le port de Cadix,
à la hauteur de 20 mètres, & noya un grand
nombre d’habitans qui s’étoient réfugiés sur la
digue qui unit cette vide au continent. L ’agitation
de la mer fe fit fentir jufque fur les côtes
de l’Angleterre & de la Norvège.
Ces fecouffes ont ordinairement une direction
déterminée : elles en changent, rarement pour yn
prendre une oppofée. Pendant le tremblement de
terre de Caracas, des fecouffes, dirigées du nord
au fud,alternoient avec d'autres qui fe dirigeoient
de l’oueft à l’eft. Leur durée varie félon leur
intenfité ou les localités ; le plus fouvent, elle
n’ eft que de quelques fécondés. Celui qui , le
29 novembre 1812, eau fa tant de ravages dans
le C h ili, dura d’abord trois minutes, & fut fuivi
de plufieurs autres fecouffes qui fe fuccédèrent
à deux ou trois minutes de diftance & qui durèrent
30 à 60 fécondés. Ces fecouffes fe renouvelèrent
plus ou moins fréquemment, jusqu’au
mois de feptembre 1823. Dans quelques
contrées, les tremblemens de terre fe répètent
pendant plufieurs années de fuite : ainfi les vallées
du Mifliflipi, de l’Ohio & de l’Arcahfas, furent
agitées depuis le 16 décembre 1811 jufqa’en
1813.
C e qu’il y a de.remarquable, c’ eft que la plupart
de ces commotions ceffent ordinairement lorfau’il
s’ouvre., dans leur direction, une nouvelle b o u - 1
che volcanique : celle qui dévafta Lima en 1746,
cefïà dès que cinq volcans fi tu es dans fes environs
entrèrent en activité. On a fait la même- obferva-
tion lors de la formation du Monte-Nùovô en Italie,
& du Jorullo au Méxique.
Quelquefoisles tremblemens de terré ne confer-
vent leur intenfité ’ que dans certaines plaines &
ne s’étendent pas fous les montagnes > . ainfi,
pendant celui de Lisbonne tous les, édifices fitués
dans la plaine aux environs de cette ville s’écroulèrent
, tandis que ceux qui s’élévoient fur la
pente efearpée des montagnes, réftèrènt intacts.
D'autres fois, au contraire, les fecouffes volcaniques
agitent de grandes chaînes de montagnes :
les Alpes ont offert plufieurs exemples de ces fortes
d’agitations. C e fait s’accorde d'ailleurs avec la
théorie du foulèvement des montagnes, théorie;
dont M. Elie de Baumont a fu , tout récemment,:
tirer un fi brillant parti pour l’avancement de la
géologie» Nous rapporterons même à ce Tu jet un
fait bien connu : pendant la commotion qui, au
mois d!e feptembre 1773, agita la vallée d’ Afpe,
dans les Pyrénées, le château, fitué fur une roche
calcaire, fut peu ag ité , tandis que les marfons
placées fur le gra-nitc le furent violemment. Cette
circonftance fort remarquable concourt, avec
beaucoup d’ autres ©bfervations, pour faire- préfumer
que la plupart des foyers volcaniques font
fitués immédiatement au-deffous du granité.
On a cru remarquer qu’il exifte dés rapports
entre les tremblemens de terré & quelques faifons
ou même les-grandes pluies. Hnk dit que plufieurs
obfervations fembleroiënt annoncer qu i s
font plus fréquents en hiver ou après les pluies
qui fuivent une grande féchereffe, que dans toute
autre circonftance. Cepéndantilparoîtplus naturel
de croire avec M. de Humboldt, qu’ils font
principalement déterminés par une longue éruption
dans les émanations volcaniques } & en
effet, l’action des vapeurs diadiques qui tendent
à fe frayer une iflue, paroît devoir être la caufe
principale & la plus- générale de ce phénomène.
M. Lyell va nous offrir maintenant les moyens
de récapituler les principales commotions volcaniques
qui ont agité notre globe.
De la forme extérieure des •volcans, & de Pafpecl
& des dimenfions de leurs cratères. Les volcans
font des montagnes de forme conique, quelquefois
fans ouverture à leur femme t', commeY Anti-
fana & le Kejfer, en Amérique, dont le fommft,
ordinairement tronqué, fe termine par une
cavité, que l’on nomme ^cratère., parce que, fe
rétvéciffant dans le fens de fa profondeur, elle
reffemble à une coupe & fouvent même à un
entonnoir. On1 diftingue, dans les cratères, les
bords, que l’ on nomme auffi orles, & le fond.
Dans les volcans éteints depuis long-temps ces
bords font couverts de végétation à leur intérieur,
& le fond eft fouvent rempli d’eau pluviale
qui le transforment en une forte de lac.
Le cratère, vu en dehors, reçoit le nom de
cratère externe,- vu en dedans, il prend celui de
cratère interne. « Quelques cratères, dit M. Bron-
gniart, font ouverts} d’autres font entourés comme
d’ un mur circulaire : dans les pr miersy le cône
conferve fa forme régulière julqu’ à la cime ; la
pente eft couverte d^ maffes’ variées, & quand
on parvient à la cime, on aperçoit l’intérieur du
cratère. Les autres, au contraire, portent uns
forte dé rempart circulaire qui renferme le cratère,
& q u i, de loin, reffemble à un cylindre placé fur
un cône tronqué : c ’ eft à cette difpofition que
Deluc a donné le nom de- couronne volcanique.
Cette forme particulière s’ obferve fur le C o top
axi, déjà à une diftance de 4,000 mètres.
Sur le pic de Tënériffe;, l’ approche du cratère
feroit défendue par ce rempart, s’il nétoît
ouvert du côté de l’oueft par une forte creva
ff.L m
Les matières rejetées pendant les éruptions
influent continuellement lur la forme du cratère
5 ainfi, tandis que ces matières accumulées
tendent à augmenter fans ceffe la hauteur
du cô n e , des éboulemens, provoqués par la
sortie de ces mêmes matières,, travaillent à la
diminuer, ainfi que plufieurs volcans nous en
offriront des exemples.
Certains cratères ne font pas non plus conf-
tamrmnt ouverts ; il en eft plufieurs qui fe ferment
après chaque éruption. D'autres, au lieu d’être
placés fur la cime du volcan , s’ouvrent , au
contraire, fur fon flanc. Quelques volcans ont
un cratère à leur Commet, & un autre latéral.
Le pic de Ténérife eft dans cette catégorie ;
fon cratère paroît être éteint, mais fa dernière
éruption a été latérale. D ’autres, comme le
^Véjuve & Y Etna 3 confervent à leurs cratères,
toute leur activité, bien qu’ils aient des éruptions
latérales} quelquefois même ces éruptions forment
fur les flancs du volcan des ouvertures;
ou cratères beaucoup plus larges que le cratère
de la cime : tel eft le Chahor/a, à Ténériffe,
ouverture qui eft cinq fois plus grande que celle:
qui occupe le fommet du pic ; enfin, quelques
volcans ont à la fois plufieurs cratères : nous
aurons occafion d’en citer quelques-uns qui appartiennent
à cette claffe.
Les dimenfions du cratère ne font pas toujours
en rapport avec la hauteur
jugera par le tableau fuivanc
du volcan on en
Volcans. Haut, en
métrés. cratère.
Popocatepetl (M ex iq u e ). . f >*97 ; 8 o .
Pichinchà (Colombie). . . . 4.70Ö 1, 2CO
Pic de T e yJ e (Tenériffe). 4 ,OQO 90
Salaze (île Bourbon). . . . . . 3.700 . m f
Etna........................................ 3 >4 7 ° - . '37
Pic des A ç o r e s .. . . . . . . . 2,470 S 3
Mouna-Huararai (Owaïhi). 2,000 ■ éOO
Véfuve.................................... 1,500 yco
Saint Georges (Açores)-. , I , l6 o JO
Stromboli............................... 850 i f
Vulcan 0................................ .. 80O - 770;
Pour donner l’ idée d’un volcan en activité, nous
citerons la defeription qu’un naturaliste diftingué
a donnée du volcan de l’î'e Bourbon.
En général, dit M.*Bory de Saint-Vincent (Foyag.
dans les principales îles des mers d'Afrique, tome i ) }
on fe fait une fauffe idée des volcans : on croiroit,
à entendre plufieurs voyageurs, que l’ on ne peut
qu’avec effroi plonger les regards dans la profondeur
d’un cratère. Voici la defeription que
donne ce favant du volcan de l’ île de Bourbon :
« A nos pieds, du fond d’ un abîme elliptique,
immenfe, qui s’ enfonce comme un entonnoir, &
dont lés parois, formées de laves brûlées , qu’entrecoupent
des brifures fumantes, menacent d’une
ruine prochaine, jailliffent deux gerbes contiguës
de matières ignées, dont les vagues tumultueufes,
■ laticées à plus de .20 toifes d’ élévation, s’entrechoquent
& brillent d’ une lumière Cinglante,
malgré l’éclat du foleil que ne tempéroit aucun
nuage.
« L’ une ‘de ces gerbes eft perpendiculaire ;
l’autre eft oblique, & femble augmenter ou diminuer
par accès. Des rochers, non encore liquides
, dont les blocs anguleux fe diftinguent
fur le pourpre des flots ar.dens, par Lur couleur
du noir le plus foncé , font pouffés avec violénce
d’entre les matières fondues qui les ont entraînés
des cavités de la montagne, & vont tomber avec
fracas, en décrivant une longue parabole. Un
bruit continu, feïnblabié à celui d’ une énorme
cafcade, accompagne ce tableau majeftueux ,
qui remplit l’ame d’épouvante & d’admiratron.
« Le cratère Bory ., finie à 200 toifes du
mamelon central, eft un vafte baffin elliptique
pratiqué à la partie la plus élevée du morne
du volcan; fon grand diamètre eft de 130 toifes ,
le petit de ipo environ; les parois, inégales, ont
200 pieds d’élévation, du côté où elles ont le plus
de hauteur: elles font à p ic , comme des murs,
A la partie oppofée, elles font bien plus baffes.
A l’aide de quelques éboulemens, on peut descendre
au fond de l’abîme, que nous trouvâmes
affez uni. Une couche épaiffe de petits fragmens
d élav és diverfes, qu’on nomme vulgairement
cendre de volcan, cachoit ou les feories ou les
blocs de diverfes fubftances qui l ’encombroient.
Vers le centre étoit une crevaffe dont les fi-
nuofités ob feu res ne permettoient pas de découvrir
la profondeur. Une petite coulée très-
étroite , d’une lave prefque feorieufe, noire &
ridé e, s’en étoit échappée; elle s’ étoit dirigée
en fe fourchant vers la bafe des parois les plus
élevées; ces parois étoient tour-à-tour formées,
de laves bleues compactes, & de couches très-
rouges de pouzzolane abfolument pareille à celle
dont nous avons parlé en décrivant le Brûlé du
'Bambou, 8c cette anfe voifine qui pourroit bien,
avoir été le côte d’un cratère. •
» Par le côté le plus bas du cratère Bory, qui
regarde ce qu’ on nomme la Plaine des Sables, on
trouve en abondance une forte de coulée de lav.s
que je revis enfuice très-fréquemment à la bafe du
mamelon central, du côté oppofé à celui par
lequel j ’y étois arrivé : les laves de ces coulées
font grifes, très-légères, fragiles, remplies
de petits pores & reffemblant un peu à la pierre-
ponce que Dolomieu a décrite dans fon voyage
aux îles de Lipari.
» 11 paroît que cette lave ne s’échappe que
des environs des cratères, foit que là seulement
la chaleur fe trouve allez forte pour la tenir
en fufion, foit que fa légèreté la faffe furna-
ger au-deffus de toutes les productions volcaniques.
Les coulées qu’ elle compose atteignent
rarement ijô pas de longueur, 8c n’excèdent