
Nous favons par M. de Charpentier que cette
roche à fragmens tantôt arrondis & tantôt anguleux
contient quelquefois des fragmens de granité,
de gneifs, de quartz , & c . , agglutinés par
un ciment calcaire compacte & Couvent fab'lônneux.
Les dépôts calcaires qui comprennent une ou
plufieurs de ces variétés, renferment quelquefois
des couches fubordonnées de plufieurs autres calcaires,
parmi lefquels nous citerons les fuivans,
dont nous n'avons point encore eu occafion de
parler.
* Calcaire lucullite ( chaux carbonatêe fétide
d’Haüy. — Stinkfiein 8cftinkalk des Allemands).
Calcaire grifatre, à texture compacte ou lubla-
mellaire, répandant par le frottement ou le choc
une odeur d'hydrogène fulfuré. Cette roche conf-
titue quelquefois des amas confidérables.
Lorfque les roches calcaires ci-deffus forment
des malles importantes , elles contiennent du
quartz, & même des couches de plufieurs roches
, telles que le diorite que nous avons vu
dans les dépôts précédens ; car il eft encore à remarquer
que les phyHaies , les pfammites , les
porphyres 6c les calcaires conftituent dans plufieurs
localités divers fyftèmes d’alternance qui peuvent
faire confidérer chacun d’eux comme une formation
diftinéte. C ’eft ainfi que M. de Humboldt en
compte trois ; favoir : i° . ophicalce , phyllade &
pfammitej 2°. porphyres & fyénites, calcaire noir
& diorite ; j° . phyllade renfermant des pfammites
, des diorites, des calcaires noirs, des fyénites
& des porphyres. - .
Le calcaire marbre, le calcaire compacte , 8c
en général les calcaires qui confiituent ce premier
dépôt, font allez riches en débris de corps orga-
nifés, furtout les couches fubordonnées, car la
roche paroît en r en ferrn e r-t-r è s -peu. Ces reftes organiques
appartiennent principalement aux zoo-
phytes ou mollufques connus fous les noms tien-
troques 6c d‘ encrin es 3 & aux bélemnitês (calcaires
de Saint-Girons, de la vallée d 'A lp e , &c. ). Les
ammonites font plus rares , ainfi que les coquilles
bivalves , quoiqu’ on en ait trouvé plufieurs dans j
le calcaire des vallées d’ Alpe, d’O liau, &c. (Pv-
rénées). Outre ces reftes organifés, on a fignalé
dans ces calacaires des corailiollites 6c des flufires,
ainfi que plufieurs madrépores, des orthoceratites |
des nautiles , enfin des trilobites & des hyppurites.
Les montagnes compofées de calcaire de tran-
fition fe reconnoiffent à des formes particulières
& à leur afpeét fauvage. Leur hauteur quelquefois
coloffale fe termine en pointes ou en cônes
tronqués, d'autres fois en pyramides ou en
obéîifques. Leurs pentes prefque toujours efcar.--
pées lont couvertes de roches éparfes. La végétation
eft pauvre & fouvent prefque nulle lur ces
pentes, par fuite de la difficulté que les plantes
éprouvent à s’y fixer, faute de terre végétale que
les pluies & les torrens ne tardent point à entraîner,
dès qu’ elle s’y eft formée. Les vallées qui fillonnent
ces montagnes font ordinairement étroites,
peu étendues 6c jonchées de blocs de rochers qui
leur donnent un afpeét trille & fauvage.
Second dépôt crifiallin.
§. 2 0 .E u ph o t id e .N ous avons parlé de plufieurs
variétés de cette roche comme formant une dépendance
des ophiolites ; mais d’après l ’opinion
de M. de Humboldt, qui rappelle qu’ilexifte plufieurs
formations d’euphotide, dont la fécondé eft
placée, dit-il, fur la limite des terrains primitifs &
intermédiaires ( nous avons avons place la preptiere
dans les micafchiftes, auxquels nous la croyons
fubordonnée); nous devons, fur le témoignage de
ce favant, indiquer ici un dépôt particulier de
cette roche. # . K
C ’eft dans l’Amérique équinoxiale que ce depot
eft le plus vifible. Tantôt il repofe fur un phyllade
( tonfchiefer) v ert, ou fur le gneifs; tantôt fur un
calcaire de tranfition. Dans l’îlë de Cuba, le même
euphotide fe fait remarquer : il abonde en diallage
métalloïde, ce qui le rapproche de la variété fHd.-*
fpatkique de M. Brongniart. Il contient des dépôts
de cuivre.
Troifième, dépôt agglutine.
§ . 21 . P sé ph it e . (Grès rudimentaired’H aiiy.—
Grès-rouge de quelques géognoftes.— Ol redjand-
flone des Anglais. — Quelques variétés-du rothe-
todtliegende des Allemands.) Le nom de pféphîte
adopté par M. Brongniart, 6c préférable à la dénomination
fondée fur la couleur rouge fous laquelle
fe préfente fouvent cette efpece de grès„
indique une roche à texture arénacée 6c grenue,
compofée de grains de différentes groffeurs^& de
fragmens de diverfes roches, réunis par un ciment
argileux, ordinairement rougeâtre ou brunâtre,
couleur qui eft due à la préfenee de l’oxide de
fer. . . . V
M: Brongniart divife minéralogiquement cette
roche en deux variétés :
1°. Pféphite rougeâtre Çrothe-todtliegende) . Sa
pâte eft rougeâtre ou brunâtre. Il eft formé de
framens angulaires de quartz, de granité, de porphyre
& d'autres roches.
i ° . Pfépkite verdâtre. Sa pâte eft verdâtre,
paffanc au brunâtre ou au grifâtre.^Sa ftruéture eft
fchiltoïde & fes fragmens fonr fchifteux.
Les pféphites paroiffent être le réfultat de là
dégradation des montagnes voifines de leur .emplacement.
Plufieurs faits qui lemblent le prouver,
ont été obfervéspar M. Duhamel -. aufti feroit-
il difficile, d'énumérer les diverfes efpèces de roches
auxquelles, fes fragmens appartiennent.
Les dépôts ou plutôt la formation indépendante
qu’ ils conftituent, 6c qui font prefque toujours
ftratifiés en couches inclinées), renferment des lits
de diverfes autres roches que nous allons de-
j figner.
* Grés quart^eux. C e grès tantôt blanc, blanc- j
grifâtre ou jaunâtre, quelquefois mêlé de paillettes
de mica 6 c toujours agglutiné par un ciment
argileux blanchâtre, forme des couches épaiffes
dans le grès rouge ou pféphite (vallée de Bai-
gorry & autres localités des Pyrénées). C e grès
ne diffère des précédens que parce qu’il eft dépourvu
d’oxide de fer.
* Grès fchifieux. Cômpofé de fable quartzeux
fin 6c de paillettes de mica. Les grains font agglutinés
par un ciment argileux rouge. Sa teinte générale
eft d’un rouge brunâtre > il fe divife en
feuillets minces & droits. M. de Charpentier a
remarqué combien il eft commun dans la formation
du grès rouge des Pyrénées ( environs de
Bielfa. — Vallée de Cinca).
* Mimophyre (quelques grauwakes. — Roches
& poudingues porphyroides de Dolomieu). Cette
' roche compofée de grains de diverfes groffeurs,
réunis par un ciment argileux , a été divifée par
M. Brongniart en trois variétés.
i° . Mimophyre quartqeux. Le quartz y domine
(environs de Baden).
2°. Mimophyre pétrofiliceux. Pâte de pétrofilex
avec criftaux'de feldfpath (EcofTe).
30. Mimophyre argileux. Roche tendre & friable.
Les mimophyres conftituent quelquefois des
dépôts fort étendus 6c même des collines dont les
conrours font arrondis 6c dont les pentes font
douces ( diverfes localités de l’Ecoffè).
* Porphyre. La variété brun-rouge , à texture
cfillullaire (près de Hall en Pruffe. — de Lobe-
gun en Saxe. — de Schinièdfdort enSiléfie).
* Argile fch 'fleufe (klebjchiefer■ 3 fangfchiefer').
Roche à ftrudture feuilletée & en couches peu
épaiffes (EcofTe. — Schoenfeld entre Attenberg 6c
Zinnyroli ). Affez riches en empreintes de fougères.
* Marne argileufe. Contenant plus d’argile que
de calcaire ( lie d’Arran en EcofTe ).
* Calcaire. Diverfes variétés. (Pyrénées. ) La
variété compadte contenant des produftus. (Ile
d’Arran.)
* Spilite. L’efpèce appelée par M. Brongniart
fpilite commun. (Environs d lhlefeld au Hartz. —
De Planitz en Saxe. )
* Diorite. Quelques efpèces , mais principalement
la fchifioide. ( Noyant & Figeac en France.)
* Schifie bitumineux & houille. (Thuringer-
Wald. ) Ce fchille renferme fouvent des empreintes
de poiffons.
Les fubftances qui forment des filons dans le
grès rouge font, fuivant M. Cordier :
* La wacke amygdalairei
* Divers porphyres.
* La do lé rite.
M. Boué a remarqué dans cette roche, en
EcofTe, des filons de diverfes fubftances fuivantes :
* Calcaire lamellaire. (Ile d’Arran.)
Oypfe fibreux. (Sur les bords de la rivière de
Whitader.)
* Barytine ou baryte fulfatée. (I le d’Arran.)
* Cèle fine ou firontiane fulfatée. (Environs
d’Invernefs. )
* Logera. M. de Humboldt a décrit fous ce
nom efpagnol une roche arénacée, d’un blanc-
rougeâtre, quelquefois vert-pomme, qui fe divife
en plaques minces 6c qui renferme, dit-il,
des grains de quartz, de petits fragmens de
phyllade ( th'onfchiefer) & de nombreux criftaux
de feldfpath en partie brifés, en partie inta&s.
Quoique cette roche ne fe trouve qu’en Amérique
(M ex iq u e ), & qu’elle ne paroifTe pas
exifter fur notre continent, il la compare à l’ar-
gillite. Cette rorhe forme, dit-il, autour de Vai
lenciana, des mafTes de 2co toifes d'épaififeur.
Les métaux que l’on trouve dans les*pféphites
font : le mercure (environs de Deux-Ponts. —
de Dombrava en Hongrie); le fer fulfuré 6c le
cuivre pyriteux (île de Pomona & South-Bonaldfa
en EcofTe) j des couches de manganèfe oxidé ,
noirâtres 6c pulvérulentes. ( Environs de Cuença
en Amérique. )
Enfin , on a trouvé dans la roche ci-deffus des
filex , des agathes 6c des calcédoines (environs
de Gold-Lauter en Saxe); de la préhnite & de la
chabafie ( Planitz en Saxe), & des troncs d’arbres
monocotylédons pétrifiés. (Ravins de Silcayacu
dans l’Amérique méridionale. — Environs de Ro-
thenbourg en Thuringe.)
Dansées pféphites des Pyrénées, M. de Charpentier
a obfêrvé peu dé débris organifés ; mais
dans d’autres localités elles font fort riches fous
ce rapport.
La formation indépendante de grès rouge conf-
titue fouve'nt des collines affez importantes.
(Vallée d e là Nahe 6c environs de Coutances.)
En EcofTe elle forme, des hauteurs qui méritent
même, le nom de montagnes : telles font le mont
Dundee-Lavr, qui atteint 175 mètres, & les
montagnes de Sidley qui en ont plus de 300! En
Angleterre, le Mendip-hils atteint aufti cette dernière
hauteur. Mais, fuivant M. de Humboldt,
c’ eft en Amérique que les élévations que forme
cette roche font les plus confidérables, puifque
dans la Nouvelle-Grenade elle prend un développement
de »600 à 2000 mètres d’épaifieur II
prétend même que dans la cordillère de Quito,
elle couvre à 1500 ou iyoo toifes de hauteur
au-deffus du niveau de la mer, fur une longueur
de vingt-cinq lieues, tout le plateau de Torqui
6c de Cuença.
En général, les terrains de grès rouge offrent
des fommets arrondis 6c des pentes affez douces ;
mais ils préfentent quelquefois des elcarpemens
fort peu inclinés, 6c des rochers coupés d une
maniéré bizarre 6c groupés comme des monceaux
I de ruines. Ces diverfes difpofitions ont été ob-
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