
affluens , & dont les eaux deviennert quelquefois
affez douces, pour permettre aux mollufques &
aux plantes fluviatiles d’y vivre pendant un certain
efpace de temps Leurs dépouilles femelent
enfuite avec celles d~s êtres marins qui y ont
également péri, en forte que les mêmes limons
produits dans les mêmes eaux offrent cependant
des animaux dont les ftations, ordinairement^différentes
, ont cependant vécu dans les mêmes
eaux, parce que ces eaux fe montrent alternativement
ou douces ou falées, fuivant les diverfes
faifons de l'année & félon la quantité d’affluens
qu'elles ont reçus.
SE C T IO N II.
De l'étage inférieur du dépôt marin tertiaire.
L’étage inférieur, comme l’étageSupérieur du
dépôt marin tertiaire, s’eft très-inégalement développé
dans le midi de la France & particulièrement
dans les batfins tertiaires rapprochés des
mers a&uelle, parce quen général les dépôts
tertiaires, produits avant la retraite des mers,
font d’autant plus récens, qu'ils font moins éloignés
des eaux marines. Aufli eft-il probable que,
faute d’avoir remarqué qu’il exiftoitdes dépôts pierreux
au milieu des terrains marins fupérieurs, l'on
aura fouvent pris des féconds calcaires tertiaires ou
des calcaires moellons pour des calcaires grof-
fiers. ft . . .
L'étage inférieur du d*pot marin tertiaire elt
difpofé de plufieurs manières differentes dans le
midi de la France : ou le calcaire qui le compofe
eft au niveau du fol, n’étant guère recouvert que
par la terre végétale; ou il eft intimement lié avec
l’étage fupérieur du depot marin & en ftratifica-
tion concordante avec lui ; ou quelquefois il eft
féparé du fyftème marin le plus inférieur par quelques
couches fluviatiles qui alternent, à plufieurs
reprifes, avec les couches marines qui conftituent
effentiellement ce genre de dépôt. Ces couches
fluviatiles, généralement peu puiffantes, renferment
rempli de coquilles que l’on peut rapporter au
calcaire groflier pariiîen ; il eft pétri de coquilles
fouvent des corps organifés marins, comme
les marines, des corps organifés, foit terreftres,
foit des eaux douces. Mais, comme nous avons
démontré que nos dépôts marins alternoient avec
des dépôts fluviatiles, cette féparation entre le
fyftème fupérieur & l’inférieur ^’indique point que
le premier calcaire marin tertiaire ou le calcaire
groflier exifte dans les baflins tertiaires méditerranéens.
Au contraire, il nous eft bien démontré
aujourd’hui que tous nos bancs pierreux marins
tertiaires font fupérieurs à la formation gypfeufe,
& , par conféquent, d’une date plus récente que
le calcaire groflier parifien ou les bancs pierreux
marins des baflins océaniques.
Cet étage inférieur, dans fon plus grand état
de fimplicité, eft borné, i°. à des couches plus ou
moins puiffantes d’un calcaire moellon fouyent
marines, mais pour la plupart tellement
brifées, qu’on ne peut en déterminer les efpèces.
Celles qui ont confervé leur têt appartiennent
généralement à des P e é le n de moyenne & de
petite grandeur; quelques efpèces remarquables
par la largeur de leurs rayons fe rapportent au
P e i ï e n la t ic o f ta tu s de Lamavck, efpèce abondante
dans les marnes argileufes bleues fubapennines.
j Ces calcaires offrent également des débris de
poiffons & de cruftacés marins , mais en moindre
quantité que le calcaire moellon fuperieut, où
abondent les P a g u r e s &c les S q u a le s . i°. A des
couches de glauconie groflière formée par un
calcaire grenu, lequel empâte une grande quantité
de grains verts. La texture de ces glauconies
groflières eft friable & même fableufe. $°. De
marnes argileufes bleues ou vertes, plus ou moins
fableufes & plus ou moins chargées de grains verts
& de fer filicaté. Ces marnes, dont la puiffance
& l’étendue font extrêmement variables, renferment
des débris de mammifères terreftres &
marins, des reptiles fluviatiles & terreftres, &
enfin, des oiféaux & des poiffons. De nombreux
I débris de coquilles, de zoophytes marins & de
végétaux terreftres les accompagnent. Parmi les
mammifères terreftres, ce font des rhinocéros,
des cerfs qui y ont été aperçus, tandis que les
mammifères marins y font fignalés par des lamen-
tins. Les reptiles reconnus jufqu’à préfent fe rapportent
à des tortues de terre ou a des crocodiles,
tandis que les poiffons appartiennent à
des Sparts, des Squales, des Anarniques & d autres
genres qui, n’y étant fignalés que par des
vertèbres, font d’une détermination bien incertaine.
Quant aux oifeaux, nous n’avons encore
reconnu dans les marnes bleues que des échaffiers
fort rapprochés des A r d e a . Ainfi ces marnes,
comme le calcaire moellon, recèlent des mammifères
terreftres, à la vérité d’efpèces différentes,
car nous n’y avons point encore aperçu des B oe u f s t
des P a le o t e r ium & des L o p h io d o n s , comme dans le
calcaire moellon fupérieur, qui eft prefque constamment
fuperpofé aux marnes bleues & vertes.
Dans d’autres baflins tertiaires , l'étage inférieur
du dépôt marin eft plus compliqué»il 1e compofe
alors :
i°. De marnes calcaires jaunâtres fans coquilles.
1 ° . De calcaire marneux en bancs affez régulièrement
ftratifiés, avec quelques débris de poiffons
& de coquilles de mer.
3°. D’un calcaire moellon à couleurs très-
variables, prenant toutes les nuances depuis le
blanc de neige, jufqu'au jaune fombre; l’on
y obferve des débris plus ou moins nombreux
de poiffons, de coquilles, de cruftacés & de
zoophytes marins. Rarement les débris des corps
organifés qui appartiennent à cette couche fontils
affez bien confervés pour être déterminables.
Les Pecten font les coquilles dominantes
dans ce 'calcaire. Dans d’autres circonftances, au
lieu d’être compofée par une pâte homogène ,
cette roche eft formée par des noyaux arrondis
& globulaires, lefquels font englobés dans une
pâte calcaire. Le calcaire moellon prend^ alors
l’afpeél tout-à-fait globulaire & analogue a celui
que préfente la pyroméride globaire.
4°. De calcaire moellon inférieur grifâtre, avec
des madrépores & des coquilles marines parmi lefquels
on peutfignaler de grandes efpèces du genre
Pinna, dont le têt en partie confervé n’eft pas
affez entier pour permettre de déterminer les
efpèces qu’il rappelle. Ce qu’il y a de certain,
c’eft que ces Pinna appartiennent à des efpèces
différentes de celles que l’on obferve dans les
marnes fableufes de Banyuls & les marnes argi-
leufès de Cannelles près de Montpell.er. Elles
s’en diftinguent effentiellement par leur forme
reétiligne & leur difpofition en éventail.
Ce calcai e moellon grifâtre offre également
un affez grand nombre de moules qui lignaient
des tiges de végétaux dicotylédones, lefquelles
tiges toutes dicotylédones fignalent des arbres
d’aiïez grande taille,
y”. De glauconie groflière, laquelle renferme
peu de débris de coquilles marines, mais feulement
quelques reftes de poiffons de mer, principalement
des dents de fqaaîes & de fpares; ces dents
perfiftent dans prefque toute la férié des dépôts
tertiaires, & annoncent des efpèces très-
diverfes. Les bancs de cette glauconie font parfois
féparés par des lits plus ou moins épais de
fables calcaires jaunâtres mêlés de grains verts,
& de fables quartzeux. Les derniers font quelquefois
agglutinés par un ciment calcaire. Quant aux
grains verts, quoiqu’ils foient plus âbondans dans
la glauconie groflière que dans toute autre formation
tertiaire, ils ne fignalent pas pour cela
des dépôts marins plus anciens, puifqu’ils exiftent
également en grande quantité dans les couches
fupérieures du calcaire moellon, & même des
fables marins tertiaires qui les furmontent. Ainfi,
les grains verts, comme les nummulites, ne peuvent
fervir pour caraétérifer l’âge des divers dépôts
tertiaires, car il en exifte à tous les étages.
6°. De marnes argileufes & vertes qui préfen-
tent les mêmes particularités que celles que l’on
obferve dans les dépôts marins les plus Amples,
c'eti-à-dire ceux dont les couleurs font les moins
diverfifiées, comme dans l’exemple que nous
avons d’abord cité.
Les diverfes couches que nous venons d’indiquer
alternent parfois enfemble, à l’exception
de celles qui appartiennent à la glauconie grof-
fière, ainfi qu’aux marnes argileufes bleues ou aux
marnes fableufes vertes, celles-ci reftant à peu
près conftamment les plus inférieures.
Du Dépôt fiuviatile.
L’on doit, ce femble, confidérer comme des
dépôts fluviatiles les formations d’eau douce produites
dans le baflin de l’ancienne mer, foit que
ces formations préfentent des mélanges de corps
organifés marins, foit qu’elles n’offrent que des
productions terreftres & d’eau douce. En général
, les dépôts fluviatiles font les plus puiffans en
même temps que la nature des couches qui les
conftituent eft la plus diverfifiée.
Ces caraClères permettent de diftinguer Us
formations fluviatiles des dépôts lacuftres opérés
après la retraite des mers, lorfque les uns & les
autres font en place; mais les dépôts fluviatiles
ont encore cela de particulier de fe montrer intercalés
entre des couches marines, ou lorfqu’ils les
recouvrent, de former avec elles un tout tellement
continu qu’elles en font pour ainfi dire infé-
parables, & annoncent des dépôts produits dans
un même liquide, à peu d’intervalle les uns des
autres, quoique différens par leur nature & les
corps organifés qu’ils renferment. Ainfi le caractère
le plus pofitif des dépôts fluviatiles eft d’alterner
avec des couches marines, ou de leur être
tellement liés que leur précipitation a dû fe faire
fimultanément. Lorfque des dépôts d’eau douce
ne fe montrent point adhérens à des dépôts marins,
ou qu’ils n’alternent point avec eux, leur
feule pofition peut permettre de reconnoître s’ils
ont été produits par des fleuves, ou s’ils ont été
précipités dans d'anciens lacs.
Toute difficulté ceffe lorfque les dépôts fluviatiles
ont été mélangés aux productions marines,
parce qu’alors les couches qui en ont été le ré-
fultat offrent des traces de ces mélanges ; on les
obferve principalement au contaét des deux terrains
& dans les lieux où les c.ourans avoient
le plus d’impétuofité, tandis qu’ils fe montrent
exempts de tous produits de mer dans les baflins
ou les dépôts ont eu lieu d’une manière fuccef-
five & graduée, & fans avoir éprouvé l’effet de
violentes impulfions.
Aufli, lorfque des roches d’eau douce font hors
de place, eft-il difficile de décider fi elles appartiennent
à des dépôts fluviatiles ou à des dépôts
lacuftres, à moins que ces roches ne renferment
des débris de corps marins, puifque les formations
lacuftres opérées après la retraite des mers n’en
recèlent point, fi ce n’eft ceux que les eaux courantes
ont détachés des formations marines préexif*
tantes.
Les dépôts lacuftres paroiffent s’être produits
de deux manières différentes ; fuivant qu’ils ont
été précipités dans le baflin même des lacs où
leurs dépôts avoient lieu, ou dans le trajet que
les fleuves qui lortoient de ces lacs avoient à
faire pour fe rendre à la mer. Mais l’on ne fauroit
guère difcerner ces deux modes de formation
T t c i