
ce rapport, & tout ce qui forme î’ enfemble de
leurs caractères extérieurs, qui font lés principales
bafes que puifie employer le minéralogifte
pour les claner , ne font utiles au géologifte que
pour les reconnoître j ils ne peuvent fervir à leur
aflîgner la place ou le niveau qu’elles occupent
dans l'ordre de leur formation ; en un mot, le mi-
néralogille s’occupe de la defcription des roches,
& le géologifte de leur hiltoire.
En traitant les roches fous le rapport géologique,
notre intention n’eft pas d’eflayer une nouvelle
claflification , mais feulement de rappeler
rapidement les principales fubftances qui les com-
pofent, celles qui s’y trouvent réunies accidentellement
, les minéraux qui y forment des malles
ou des filons, & les couches de roches fubor-
données à des roches principales.
En parlant de celles qui contiennent des débris
organiques , nous.aurons foin d’indiquer les principaux
genres d’animaux ou de végétaux dont
elles recèlent, les traces ou les relies plus ou
moins complets.
La geognofie , fcience qui efl cultivée en
France , en'Allemagne & en Angleterre , avec
autant de zèle que de fuccès, donne tous les
jours lieu , dans ces divers pays, à des travaux ou
à des publications dans lesquelles les auteurs ne
fe montrent point d’accord dans la nomenclature
qu’ils adoptent} il en réfulte des inconvéniens
que nous avons eu occafion d’ apprécier, en cherchant
à rapporter, d’après les caractères qu’en
donnent les obfervateurs, à des efpèces minéralogiques
, des roches qui occupent fouveïit une
place importante dans certaines localités. Nous
avons donc cru devoir elfayer de n’employer,
autant que poflible, dans le tableau fuivant, que
la nomenclature adoptée dans le dernier travail
de M. Al. Brongniart fur la claflification minéralogique
des roches. Nous n’efpérons pas avoir
entièrement réufli dans une appréciation qui exi-
geroit au moins l’infpeétion des échantillons}
aufli aurons-nous plus d’une fois occafion de
douter de l’efpèce ou de la variété auxquelles
quelques-unes doivent être rapportées.
Dans les claflifications géologiques , on eft
dans l’ ufage de partager les roches en divers
groupes, fous les noms de terrains Si deformation.
Plufieurs formations conftituent un terrain : de là
eft réfulté la néceflité de reconnoître & d’ admettre
divers terrains repréfentant autant de
grandes époques diftindtes} on les défigne fous les
noms de primitifs , d’ intermédiaires , de fecondaites,
de tertiaires. Nous aurions peut-être dû conferver
ces dénominations devenues çiafllques, comme
nous l’avons fait dans notre travail fur la distribution
géologique des ojfemens fojjiles , mais
depuis long-temps on a reconnu l ’inexaditude de
ces dénominations, qui pourroient faire croire a
priori que le noyau terreftre qui fupporte les gra-
! nites, & toutes les roches qui appartiennent aux.
terrains primitifs 3 eft également granitique.
Les différentes parties vifibles de l’écorce
J de notre Globe forment , une épaifieur fi peu
confidérable, en raifon de fa mafle, que nous ne
pouvons., par l’extérieur, avoir aucune idée rai -
fonnabîe du noyau terreftre , & cependant c’eft à
ce noyau feulement que devroit être réfervée la
dénomination de primitive. D’un autre côté la
nature, qui ne connoît ni genres ni efpèces, nous
offre une fi grande variété de nuances dans les
produits , que l’on pourroit contefter les dénominations
& les limités que l’on a choifies pour dé-
, terminer les différens terrains admis. Il en eft de
même pour les formations, on n’eft point d’accord
fur les principes à, adopter pour les limiter}
l’indépendance de quelques-unes de celles qui
occupent une place importante dans l’enfemble
■ générale de l’enveloppe du Globe a été plufieurs
fois conteftée. G’ eft donc pour éviter une partie
I de ces inconvéniens que nous n’emploierons pas
I les expreflions de primitives , d’ intermédiaires, de
| fécondai res, de tertiaires , confacrées dans le lan-
1 gage feientifiqué ; c’eft à l ’un de nos favansies
' plus diftingués à remplacer cette nomenclature,
en quelque forte inexacte , par des défignations
plus précifes} mais , en attendant un travail auflî
utile pour l’ étude de la géologie, on nous pardonnera
d’avoir efîayé de difpofer, dans un ordre
par ticu lie r toute s les roches comprifes dans la
claflification minéralogique de M. Brongniart &
quelques-unes de celles que les Anglais, les A1-
I lemands, M. de Humboldt, & d’autres obfervateurs
, ont mentionnées comme efpèces ou variétés
1 géologiques.
1 Quoique notre intention ne fort pas de décrire
1 ces groupes de roches formations & ter-
I rains y & que nous nous foyons feulement pro-
I pofé de traiter chaque roche confidérée d’une
i manière ifo lé e , nous avons fenti la néceflité de
les circonfcrire, en quelque forte, dans une férié
\ décadrés qui nous permiflent de préfenterle re-
! tour de certaines roches plus ou moins femblables
| à des époques différentes. En conféquence, nous
les plaçons dans deux grandes clafles , dont l ’une
! fupporte l’ autre. La première comprend celles
qui ne renferment jamais de débris- organiques,
& que Ion doit conféquemment regarder comme
antérieures aux animaux & aux végétaux : c ’ eft
celle des terrains que nous appelons, pour cetÿe
| raifon, pro^oiques ( tço, avant, Çai), la v ie ) .L a fe-
j conde, dont les plus anciennes roches contiennent
des débris organiques, eft celle des terrains que
nous nommons méta\oïques ( fctTct, après, , la
vie) ou postérieurs aux êtres organifés, cette clafle
fera fubdivifée en terrains de fêdimens inférieurs,
moyens & fupérieurs, en attériffemens & en alluvions
anciennes & modernes.
Quant aux terrains qui portent l’empreinte de
l’aétion du fe u , nous les féparons éntièrement
des autres , parce que fortis des entrailles de la
terre, leurs dépôts ont fouvent, à la meme
époque, recouvert des terrains différens.
On nous pardonnera fi nous employons les expreflions
de premier^ fécond > troijieme depots, lorf-
que nous voudrons défigner des roches qui ont
quelqu’analogie & qui reparoiflent plufieurs fois
dans la divifion à laquelle elles appartiennent,
nous avons cru par-là pouvoir nous faire plus raci* j
lement comprendre. C ’eft dans le même but que
nous nous fervirons d’une férié de lettres maiul-
cules, lorfque nous voudrons défigner des dépôts
parallèles , & d’ un aftérifque lorfque nous
voudrons indiquer les roches fubordonnees.
TERRAINS PROZOÏQUES OU ANTÉRIEURS AUX
ÊTRES ORGANISÉS.
Premier dépôt crijiallin. ■
§, Ier. G ranité commun. Les fubftances qui
entrent comme parties efientielles dans la com-
polition de cette roche, font le ftldjpath, le
quart? 8c le mien. fouvent tellement mélangées ,
qu'il eft impoffible de déterminer quelle eft celle
qui domine. La texture du granité eft toujours
grenue i fa couleur eft le grifâtre, le rofatre,
quelquefois le brunâtre ou le rougeâtre, diver-
(ément nuancés.'
Cètte roche contient accidentellement, un
grand nombre de fubftances, telles que l’émé-
raude, l’aigue-manne (monts Ourals en Sibérie.
_Environs de Nantes; d'Alençon , de> Limoges
en France); le zircon, la topaze , le corindon,
l ’épidote (New-Jerfey aux Etats-Unis. — Pyrénées)
; le grenat, la tourmaline (Pyrénées, — Environs
de Dublin en Irlande|j||pf|jForêt de Dart-
moor en Angleterre); l’amphibole (Pyrénées.—
Haute Egypte. — Gatara&es de l’Orénoque. —
Montagnes" de la Parime ) ;. le difthène , le tri-
phanè , la préhnite (Pyrénées); le quartz hyalin
(N ew -ïev fey ); la pavanthine (Pyrénées. — Environs
de 'Penig en S a x e ); la lépufôîithe (Rôle1,..
a en Moravie );;-ki chaux fluatée ( Geyer en
Saxe) ; la chauxphofphatée 8c la chaux carbona-
. tée bruniffante (Schneeberg. — Johan-Georgen-
ftadt en S ax e , dans l’Erz-Gebirge).
Le granité eft peu abondant en métaux ; cepen- ;
dant il renferme quelquefois en veines 8c on fi- ;
Ions le fer oxidule (montagnes du Hartz) ; le fer
fulfuré, le fer oligifte, le fer carbure plombagine
& le zinc fulfuré ( Krageroë en Nonvège , &
divetfes localités des Pyrénées) ; l'argent natif Sa
l’argent fulfuré (Konsberg en Norwege); enfin,
l ’erain & quelquefois l’ urane (en Saxe, en France
Sa en Angleterre)-, . • .
Cette roche ne prefente jamais de itratinca-
t io n , mais elle eft toujours divifée de haut en
bas par de grandes fiflures ou déchirures plus ou
moins irrégulières. Elle conftitue de vaftes terrains
indépendans, des chaînes de montagnes Sc
des plateaux d’une grande étendue^
Le granité eft une roche ordinairement fort
dure, cependant plufieurs efpèces fe décom-
pofent plus ou moins facilement par l’aéhon de
l’atmofphère > c ’eft même à cette décompofition
que lés montagnes granitiques doivent leur af-
peét pittorefque. La diverfité de leurs formes
étonne • l’oeil de celui qui parcourt pour la première
fois ces hautes chaînes de montagnes.
Tantôt' elles font efearpées, leurs Commets fe
terminent en pointe; leurs flancs, privés de v é gétaux,
n’offrent que de grandes maftes qui fatiguent
l'oeil pat leur nudité; fouvent d énormes
dépôts de glace ou de neige couronnent leur
cime; d’autres fois , terminées par des maftes qui
repréfentent tantôt des pyramides droites, tantôt
des pyramides qui femblent être pqfées fur leur
fommet ; d’autres fois furmontées d’aiguilles élancées
ou de piliers ma 111 fs , elles femblent menacer
de. leur chute l’explorateur qui les examine. _ A
chaque pas qu’ il fait, il n’aperçoit que des parties
(aillantes, qui fupportent des groupes de roches
amoncelées, que l’on prendroit pour des débris
de cimes plus confidérables que le temps a détruits.
Leurs flancs efearpés paroillent avoir été
coupés perpendiculairement, de quelque cote
qu’on les examine. ' ,
Ces montagnes préfentent des vallees profondes
parfemées de rochers brifés, dont les angles font
aigus ou des maftes arrondies. Ces gorges 8c
ces vallées paroiffent d’autant plus profondes,
qu’ elles font ordinairement étroites & qu elles
offrent des pentes rapides; elles font tellement
nombreufes, quelles femblent couper les chaînes
de montagnes dans toutes fortes de direétions.
La plupart des fragmtns de roche, fouvent
d’ un volume énorme, qui s’élèvent fur les lom-
mets granitiques ou qui encombrent les vallees,
ne font jamais dans leur pofition naturelle ; to u t ,
dans leur forme, annonce un déplacement violent
& quelquefois un tranfport lointain. Ces malles,
groupées de la manière la plus bizarre, forment
quelquefois des paflages fouterrams ou des cavernes
profondes (Riefen-Gebirge).
Ainfi que plufieurs géognoftes l’ ont remarque,
les montagnes granitiques d une médiocre hauteur
offrent des contours moins heurtes que les
chaînes d’ une grande élévation ; elles prelentent
alors le fîngulier afpefl: de montagnes ifolees qui
fe fuccèdent à mefure qu’on avance fur leurs
pentes efearpées. Ces montagnes fe terminent
prefque toujours par de vaftes plateaux, 8c leurs
pentes font couvertes de la plus riche végétation.
; Qans la chaîne donc nous parlons, on remarque
plufieurs élévations qui métitent plutôt le nom
de collines que celui de montagnes ; leurs contours
paroifl'eht être-arrondis , quelquefois elles
font dépourvues de débris de roches; leurs
fommets font plus ou moins unis ; leur pente plus
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