
préfente suffi des nuances plus ou moins fenfilées
, félon la latitude ou la profondeur des
eaux. S’il étoit auffi facile d’ étudier en place les
plantes marines que les plantes terreftres, il eft
hors de doute que Ton pourroit tracer pour les
premières un tableau analogue à celui de M. Schôw
pour les fécondés.
Lamouroux, qui a fait de nombreufes recher-J
ches fur la diftribution des végétaux marins, a
fait judicieufement obferver que, de même que
les plantes les moins compliquées dans leur or-
ganifation , telles que les agames, femblent braver
les chaleurs les plus vives & les froids les
plus rudes, & vivent par conséquent auffi bien
fous la zone torride que fous la zone glaciale,
quelques hydrophytes des eaux talées, les ulva-
cées, par exemple, végètent indifféremment dans
les mers équatoriales & fur les rochers marins
du Groenland. Mais les nuances de végétation
que nous avons remarquées aux différentes hauteurs
pour les plantes terrelties, ne paroi fient
pas applicables aux plantes qui habitent le fein
des mers. « Soumifes, dit Lamouroux, à l'in-
» fluence de la couche d’eau qui les couvre,
» elles fuivent les courbures des côtes , & la
ai quantité des efpèces peut diminuer en partant
». a un point déterminé & fuivant la direction
» des terres, mais cette diminution ne rayonne
» jamais. On ne peut pas confidérer comme une
>3 une diminution rayonnante, celle que préfen-
»3 tent quelques genres, & qui a lieu d’ une mer
3» profonde vers la côte ou des côtes vers la .
»3 mer. Pour les hydrophytes, de même que
33 pour les phanérogames, il y a des localités
33 centrales où des formes particulières femblent
33 dominer, foit dans des groupes de plufieurs
33 genres, foit dans des groupes de plufieurs
33 efpèces. A mefure que l'on s'éloigne du point
33 ou elles fe montrent dans toute leur beauté &
33 dans toute leur profufion, ces formes perdent
s» quelques-uns de leurs caraétères; elles fe
>3 dégradent, fe confondent avec d’ autres, &
33 finifient par difparoître pour faire place à de
33 nouveaux caractères, à de nouvelles formes,
33 entièrement différentes des premières. »3
Le favant naturalifie à qui nous empruntons ce
pafiage a reconnu qu’ il exifte des différences
marquées dans les hydrophytes qui croifient à de
grandes difiances. Ainfi dans le grand baflin Atlantique
, on vo it, depuis le pôle ju(qu'au 40e. deg.
de latitude nord, une végétation d.flérente de
celle île la région équatoriale, c ’eit à-dire de
celle de la mer des Antilles & du golfe du
Mexique, de celle de la côte orientale de l'Amérique
du fud, de celle de l’Océan indien, de
celles enfin de l’Océan pacifique & des parages
de la Nouvelle-Hollande. Les hydrophytes de
la Méditerranée & de la mer Noire diffèrent de
celles des Océans; cependant on remarque auffi
des différences, non-feulement dans des mers voifines,
mais dans differens parages de la même
mer : ainfi la Méditerranée eu peuplée de plantes
que l ’on retrouve dans la mer Noire, & cependant
celles de la côte d’Alexandrie & de Syrie ne
font pas les mêmes que celles de Suez. & du
fond de la meT Rouge.
On fait que la végétation marine des Canaries
n’ eft pas femblable à celle des Antilles ; mais
Lamouroux nous apprend auffi que le laminaria
pyrifera des mers aufirales remonte jufqu’ à
Valparaifo, c*efi-à-dire jufqu’au 35e. degré de
latitude, & que le laminaria porroidea., que 1 OU
obferve dans les parages de Callao, remonte jufqu’à
600 lieues plus au nord; que cependant les
hydrophytes des côtes du Portugal ne font pas
les mêmes que celles des côtes de la Normandie
& de l ’Angleterre.
D'après les faits recueillis par divers botaniftes
& confirmés par le favant qui nous a fourni ces
généralités, il exifte de grands rapports entre les
plantes de la baie d’Hudfon, de celle de Baffin,
du Spitzberg, de l’iflande & de la Norvège
boréale; mais les hydrophytes du détroit de
Magellan n’ont plus d’ identiques à la Nouvelle-
Zélande ou fur la côte de Van-Diémen. Entre
les deux tropiques, les fargafles forment d’im-
menfes prairies flottantes ; au-delà du 30e. deg.
de latitude, elles ne font plus que par groupes
ifolés. Les laminaires, fi communes dans les
mers froides, deviennent rares fous le 40®. deg.;
les conferves forment environ les deux tiers des
plantes du des mers nord, la moitié de celles des
côtes de France & un peu plus du tiers de celles
du golfe de Venife.
En fe rapprochant des régions tempérées ou
chaudes, le nombre des fucacées & des fioridées
augmente ; ces dernières deviennent peu à peu
trois ou quatre fois plus nombreufes que les précédentes;
mais vers le 44e. ou le 45e. deg. elles
commencent à diminuer, tandis que les fucacées
paroiflent au contraire s’accroître. Les diSyotées
augmentent depuis le pôle jufqu’à l’équaceur ;
les ulvacées au contraire varient peu.
En attendant des obfervations plus exaéles,
ajoute Lamouroux, que celles qui ont été faire*
jufqu’ à ce jour, on peut évaluer que les eaux
douces & les côtes de France offrent au moins
600 efpèces d hydrophytes.
Les fargajfes, communes entre les deux tropiques,
dépaflent rarement le 42e. deg. de latitude
dans les deux hémifphères. Les turbinaires ne fe
trouvent jamais qu’entre les deux tropiques ou
dans leur voifinage. Les cyftofeires dominent du
25e. au 50e. deg. de latitude, & font rares au-
delà ; les vrais fucus, particuliers au baflin atlantique,
fe plaifent nu 44e. au j t e. degré; les
luminaires3 communes fous les glaces polaires,
font très-rares au 36e. degré : elles dominent
entre le 48e. & le 60e. C ’elt là que commencent
à paroître les defmarefiles, rares au f j* . Les
chardas, plantes fbciales que l’on obferve en
petit nombre aux Antilles, n’ont qu’une feule
efpèce en Europe. Les claudées ne vivent que fur
les côtes de la Nouvelle-Holla ide. Les femi-
netves fe plaifent dans les régions voifines des
tropiques ; les halymènies dans la partie moyenne
des zones tempérées; les érinace^s fous les tropiques.
Les laurcncies, les kypnées & les acan-
tophores font plus répandues entre les tropiques
que dans les régions froides ou tempérées. Les
dumonties appartiennent à ces dernières zones.
Les amanftes, rares partout, ne dépaflent pas les
tropiques,. Les diftyoptéris t les padines bi les
diftyotes augmentent des pôles à l’équateur; les
jîabellaires n’exiftent que dans la Méditerranée.
Les bryopfides appartiennent principalement à la
zone tempérée ; les caulerpes aux régions équatoriales
; les fpongodiées enfin font pour ainfi dire
cofinopolites.
Telles font, d’après Lamouroux & dans l'état
a&uel de la fcience, les principales régions
qu’habitent les hydrophytes. On voit que leurs
stations font généralement moins tranchées
que celles des végétaux terre fi res ; mais c’ eft
qu’aufli le milieu dans lequel elles vivent eft
fournis à une température plus uniforme que celle
à laquelle font expofées les diverfts régions terreftres.
Reprenons maintenant l ’examen de la végétation
à la furface de la terre.
Naus avons rappelé, d’après l’ingénieux tableau
de M. Schow, que la végétation de l’Europe eft
beaucoup plus connue que celle des autres parties
du monde : eflayons d’en donner un aperçu
général par une citation tirée de notre Traité élémentaire
de Géographie, exécuté d après le plan
que Malte-Brun laifla en mourant.
« La divifion de l'Europe en trois grands cli-
33 mats, figurée par un triangle dont le fom net
>3 eft formé par le cap Nord, peut aider à par-
»» tager en trois grandes fériés les produits de la
»3 végétation européenne. Sur les côtes occideo-
3» taies, depuis le cap Saint-Vincent, en Por-
»3 tugal, jufqu’au cap Finiftère en Efpagne, les
33 végétaux qui s’élèvent au-delà des landes fa-
33 blonneufes offrent d abord au bmanifte un
>» grand nombre de plantes analogues à celles des
>3 Açores : les végétaux américains s’y plaifent
» & s’y multiplient même avec tant de facilité,
33 qu’on les croiroit dans leur propre patrie, &
33 qu’ils,envahiflent, aux dépens des plantes indigènes,
des, terrains d'une, grande étendue.
» laurier-rofe, la difficulté d’élever l’ oranger,
33 l’olivier & la vigne, & l’extenfion facile qu’ y
33 prend le pommier : ce qui a fait appeler
33 cette, région, par un de nos favans, la Nor-
33 mandie de la péninfule hifpanique. Depuis l’ex-
>3 trémité du golfe de Gafcogne jufqu’ à l’embou-
33 chure de la Loire, la côte eft bordée encore
33 de quelques pins maritimes; la vigne donne
3» d’excellens vins fur les bords de la Gironde, &
33 le myrte vient en pleine terre; le melon, qui
>3 réclame tant de foins à Paris, n’exige prefque
>3 point de culture près des bords de l’Océan &
33 de la Manche. Depuis les bouches de la Meufe
>3 jufqu’ à celles de l'Fms, le lin & la garance
33 réutfilTent complètement ; le frêne, l’aulne
»» & le bouleau profpèrent encore fur les côtes
»3 du Danemark. Plufieurs. efpèces de peuplier ne
» ceflent, en N o rv è g e , que vers le 60e. paral-
33 lè le ; les chênes, que 1 deg. plus au nord; le
»3 le iyê'.re & le tilleul le prolongent jufqu’au 63e. ;
»3 pafie cette limite, ces arbres di (paroiflent, &
3» font remplacés par les pins & les fapins juf-
33 qu'au 67e. deg. Au 70e. deg., l’orge & l’avoine
3> font L-s feules céréales qui réfiftent à la ri-
>3 gueur du climat. Telles font les principales
»3 nuances que l'on remarque dans la région fou-
*3 mife à l’influence océanique*, plus on s’éloigne
33 des côtes, plus cette influence diminue.
» Au-delà du 40e. parallèle, l’oranger, l’olivier,
33 la vigne occupent les régions baffes, & font
» dominés par le chêne & le châtaignier. Du
»» cap Finiftère au fond du golfe de Gafcogne,
’3 & même aux fources de l’Adour, le carac-
33 tère des plaines étroites qui s’étendent aux pieds
» des Pyrénées, eft l’abî’ence du çifte & du
>3 Plufieurs végétaux, qui croiffent près des
»3 côtes de l’Océan, difparoiffent à des latitudes
»3 moins feptentrionales dans les plaines de la
„ Ruflie. Au contraire, les plantes de la pénin-
>3 fuie feanvinave & de la Laponie paroiflent
» s’être propagées près des bords de la mer Bal-
33 tique. Ainfi le lichen des rennes croît fréquem-
» ment à 54 deg. dans les plaines. Le chêne &
33 noifetier ne dépaflent le 60e. parallèle que
33 par petits groupes & dans des fituations pri-
33 vilégiées ; le frêne ne s’étend que jufqu’au 62e.
» Les chênes, clair-femés fur le plateau celles
tral de la Rufiîe, profpèrent en descendant vers
>3 le 52e. parallèle; fous le 55e. , ils font beaux
» bc nombreux. Le hêtre, connu en Livonie,
,» difparoît aux environs de Smoleusk ; au fud de
» Mofcou, le tilleul & le bouleau font les ar-
3? bres les plus communs; fur les hauts plateaux
33 formés par les chaînes de l’Oural, les bouleaux
33 dominent dans les forêts; après e u x , les pins
>3 & les fapins; dans les plaines, on voit l’orme,
3, le tilleul, l’érable, le forbier & le prunier.
33. L ’infitiènce du climat de l'Afie feptentrionale
33 cefle en approchant des bords de la mer Çaf-
3? pienne: en Ukraine, toutes les céreaies prof-
>3 pèrent; les arbres fruitiers abondent; le mûrier
>3. réuffit dans de petites plantations; les forêts
33 fourniffent des chênes recherchés pour la mais
rine- Enfin, vers le Don & près de l’embouchure
33. du Volga, les grands arbres ceflent, des bon-
33 quets d’atbuftes & de plantes lalines couvrent
33 les plaines fa blonneufes.
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