
le fol defleché fe dépouilleroit de Tes végétaux ;
cependant leur aCtion bienfaifante eft fubor-
donnée à leur compofition chimique, qui varie
félon les terrains dont les évaporations s'élèvent
dans l'atmofphère. Les évaporations de la mer font
fou vent faumâtres, comme on le remarque dans
le Jutland occidental, où elles produisent des
pluies q u i, dépofant des molécules falines fur les
feuilles des arbres, en arrêtent quelquefois la végétation.
Si le fol eft imprégné de différens fe ls ,
les vapeurs en enlèvent les parties les plus légères
, qui fe diftolvent & retombent enfuite avec
la pluie fur les végétaux, auxquels leur préfence
eft fouvent nuifible : c'eft ce qui a lieu dans la
Perfe. Certaines contrées de ce royaume, dont le
fol contient du fel ammoniac, fe couvrent fou-
vent en une feule nuit d’eflflorefcences falines qui,
dépofées par la ro fé e , s'attachent fous forme de
g iv re , fu r je s plantes & fur les animaux.
Neige. Les vapeurs qui produifent la pluie fe
congèlent fouvent dans les hautes régions de
l'atmofphère, & tombent fous forme de neige à
la fuiface de la terre. Lorfque le temps eft calme
& qu'il ne fait pas trop froid , la neige tombe en
étoiles à lix rayons} mais lorfque le froid acquiert
une certaine intenfité, que la neige tombe de
trop haut, & que l’atmofphère eft agitée, ces
étoiles fe réunifient, fe groupent, déforment
leurs criftaux, & tombent en flocons irréguliers.
La neige, dont la blancheur eft pafiee en pro-
„verbe, eft quelquefois colorée en jaune ou en
rouge. Plufieurs naturaliftes en ont recherché la
C u ife; on attribue la couleur jaune au pollen de
quelques arbres réfineux} c’eft la même qui colore
ces pluies que l'on a prifes pour des pluies
de lang. Quant à la couleur rou ge , il paroit que
la neige la doit à un champignon du genre uredo,
auquel les botaniftes ont donné le nom latin de
nivjlis (urédo des neiges). C e fait, reconnu par
les obfervations de Ramon & de Saufliire, a été
confirmé aufli par le favant Robert Brown &
M. Baner de Kew. M. de Candolle penfe que ce
n’eft point Y uredo qui colore la neige en rouge,
mais une petite plante de la famille des algues.
La neige eft ordinairement à la température de
zéro du thermomètre de Réaumur ; très-fréquente
& très-abondante dans les régions glacées du
p ô le , on l’obferve rarement avant le 30e. degré
au nord & au fud de l’équateur; elle eft fréquente
dans les hivers des régions tempérées.
En parlant des zones glaciales, le favant na-
turaüfte Lamouroux dit dans fon Réfumé de .géographie
pkyftque : ce Si les neiges de ces hautes la-
„ titudes ont dés plantes qui leur font propres,
M ne feroit-il pas poflible que notre fatellite/que
*• l'on regarde comme unemaffe glacée , ftérile
», & déferte , fût habité par des êtres animés, 1
» foit animaux, foit végétaux < fufceptibles de
„ vivre fur la furface de la Lune, prefque fans
>» chaleur, prefque fans atmofphère ? •» Cette
opinion d’ un naturalifte diftingué n’eft point fans
quelque vrâifemblance > mais nous voyons avec
peine qu’il fe montre partifan’ des caufes finales,
lorfqu’il dit : « La nature a donné la neige aux
» climats froids & glacés des deux hémifpnères,
»» afin que les Habitans puffent franchir avec
» facilite les grandes diftances qui les,.réparent,
>• & traverfer impunément les grands terrains ma-
» récageux , les lacs & les précipices de leurs
>» pays ftériles. La neige peut encore fe comparer
» à une couverture chaude & épaiflè , qui pré-
» ferve de. l’ influence deftruCtive du froid les
*> êtres qui vivent dans ces régions glacées. V é -
■ » gétaux, animaux, tout eft caché pendant l’hi •
»» v e r , tout eft à l’abri fous cette neige bienfai-
»» faute, jufqu’à ce que le foleil du printemps
»> vienne ranimer la nature & rendre la vie à ce
*» nombre infini d’êtres organifés, que fon abfence
» fembloit en avoir privé. »
En France, vers le 4 j e. degré de latitude, c’eft-
à-dire fur tout le verfant feptentrional des Pyrénées,
& en général dans tous nos départemens
méridionaux, la neige ne refte pas long-temps
fur la terre fans fe fondre; il n’en eft pas ainfi
partout à la même latitude. Le plateau de la
grande Tartarie, & les contrées qui avoifînent le
lac Supérieur en Amérique, font fournis à une
élévation & à une température qui confervent la
neige beaucoup plus long-temps fur le fol j mais
au-delà du 75e. degré , comme àuSpitzherg, elle
ne fond jamais ; il en eft de même de celle que
l'on remarque fur le fommet des montagnes. Dans
nos contrées tempérées, des neiges & des glaces
éternelles repofent fur des hauteurs qui atteignent
à peine deux mille toifes. Sous l’équateur; ces
fommets couverts de neige dépaflent cette élévation
; mais au Groenland, & fur certaines plages
de l’hémifphère auftral, les glaces & les neiges
repofent fur le fo l, quelque peu élevé qu’ il foit
au-defiiis des mers. C ’ eft ce qui a donné' lieu à
notre favant collaborateur Bory de Saint-Vincent,
de comparer notre Globe à la réunion de deux
vaftes montagnes oppofées par leur bafe, laquelle
feroit l’équateur. Les phénomènes atmofphériques
fe paflent en effet fur ces deux hémifphères,
comme ils fe paflent depuis la bafe d’une haute
montagne jufqu'à ion fommet.
D ’après les recherches faites par M. de Hum-
boldt en Amérique , par M. Weber dans les monts
Himalaya, & pat d'autres voyageurs ou phyfi-
ciens , on a pu établir l'échelle de la hauteur des
nëiges perpétuelles, dont nous allons donner le
tableau :
latitude, mètre:.
Nouvelle-Zemble..
• ......... .. 7* c , 75-i
Laponie.................. .. ...................... 70 1100
Norwège......... ....................... 67 120p
Ibid................. ..... .......................62 1706
Monts Carpathes. . : ...................... 49 £66q
Sidfle. — A lp e s .. . . . . . . . . . . . . . 46 ^740
Pyrénées
latitude. • mètre».
Pyrénées............................. ............... 430 2800
Caucafe............................................... 43 3000
E tn a . . ......... ...................................... 37 3440
Efpagne.— Sierra-Nevada......... .. 37 3 j6o
Himalaya, fur fa pente feptentrionale..................
....................V . . . . 31 y 210
Hiipalaya, fur fa pente méridion
a le ........................................ 31 3900
Ténérife...................................... 28 3816
Cordillière du Mexique... ............ 18 7 479Q
Amérique méridionale.— Tolima. 4 7 %y6 o
Puraçé ............................... 2 4840
Andes de Quito.............................. 1 2920
Nous ne devons point pafîer fous filence une
obfervation importante, qui eft due à la fagacité
de Saufliire, c'eft que fur les groupes de montagnes
de lyoo à 1600 toifes d’élévation, la ligne
des neiges ne commence qu’ à 1300 toifes, 5e
que fur celles qui font ifolées, les neiges commencent
à 1400.
Grêle. L e froid qui réduit les vapeurs aqueufes
en neige , arrivé à un certain degré d’intenfiré,
produit peut-être la grêle. Celle-ci fe formeroit
alors dans des régions plus élèvées que celles qui
voiént naître la neige. Cependant les expériences
du célèbre Volta prouvent que l'éleCtricité, en
combinant l’oxigène & l’hydrogène de deux nuages,
leur enlève une partie de leur calorique. 11
fe forme alors des grêlons q u i, attirés & re-
poufles alternativement d'un nuage à l’autre, augmentent
de volume jufqu’ à ce que leur propre
poids les entraîne vers la terre. La phyfique ex périmentale
nous offre une image de la grêle j
dans de petits morceaux arrondis de moelle de |
fureau^ attirés & repoufles fucceflivement entre j
deux plaques é le c t r iq u e s o ù ils prennent atter- S
nativement l’ éléCtricité pofitive & négative.
D’ailleurs ce qui prouveroit encore que l’électricité
jouéfun grand rôle dans la formation de la
grêle, c'en que des éruptions volcaniques ont fou-
vent été luivies de la chute de très-gros grêlons.
Les expériences que l’on a faites avec
fuccès fur l’empLoi & l’utilité des paxagréles,
fuffïroient aufli pour prouver que ce météore eft
dû finon entièrement, du moins en grande partie
£ l'éleCtricité. .
Quoiqu’on ne foit point encore d’accord fur les
caules qui produifent la grêle, ce phénomène fi
dangereux pour la culture a été obfervé trop fouvent
pour qu’on n’en connoiffe point les figues
précurfeurs, les formés, les circonftances. Les
gens de la^ campagne favent fort bien recon-
noître le nuage qui la leur apporte ; fa couleur
fe diftingué de celle des autres nuages; il eft
ordinaireiiient griiâtre, mélangé de rouge ou de
fauve. Quant à la forme dés grêlons, elle eft»
prefque toujours fphévique , mais le plus fouvent
irrégulière ou comprimée : on aflure que fouvent
Géographie-Phyfîque• Tome V .
ils fe difpofent en grappes; niais ce qu’ il y a de
certain, c ’eft que la grofleur de ces fphéroïdes
varie depuis une demi-ligne jufqu’ à deux pouces
de diamètre. C e météore eft plus fréquent pendant
l'été ou l’ automne, que pendantl’niver ou le
printemps. Il fe manifefte plus fouvent dans les
zones tempérées que fous le pôle ou l’équateur.
Vents. L’ atmofphère efteompofée de différentes
couches d’air, qui diminuent de denfité àmefure
qu’ elles s’éloignent de la furface de la terre. Il
réfulte de la difpofition de ces couches que les régions
les plus élevées font aufli celles où l’air eft
le plus rare, o u , en d’autres termes, celles où
il eft le plus *froid ; ce qui fait que fur les plus
hautes montagnes les neiges font perpétuelles. La
chaleur folaire doit neceflairement avoir une
grande aCtion furies variations de la température
des couches d * i r , & conféquemment produire
ces perturbations plus ou moins violentes , ces
courans d'air auxquels on a donné le nom de*
vents. Jufqu’ à.préfent les effets de la préfence du
loleil dans certaines faifons ou à différentes heures
du jou r, ont fuffi pour expliquer les phénomènes
connus fous les noms de [éphyrs, de vents
ou d’ouragans. C ’eft donc à l’aétion de cet aftre
qu’il faut les attribuer.
On a divifé les, vents en trente-deux efpèces,
dont les différentes directions peuvent être con-
fidérées comme autant de rayons également ef-
pacés & aboutiffans des divers points d e la circonférence
que préfente le cercle de l ’horizon a un
même point qui devient le centre de ce c e rc le ,
avec cette différence toutefois^ que l’obfervateur
étant placé au centre du cercle de l’horizon, doit
donner au vent qui fouffle vers lui le nom du point
de l’horizon d’où il part ; en forte q u e , bien que
dans la divifion de ce cercle le rayon parte du
centre à la. circonférence , les vents fe défignent
luivant la direction contraire , c’ elt-à-dire , de la
j circonférence au centre.
On peut divifer les vents en quatre grandes
clafles les vents généraux, les .vents périodîej-es ,
les .vents irréguliers, les vents accidentels ou les ou'
ragans.
Vents génitaux ; ce font ceux qui fuivent une
direction confiante.-
Vents périodiques ; i 's régnent à certaines époques
en fuivant la même direction pendant plu-
fietftrsmois, pour en fuivre une contraire pendant
le même efpace de temps.
Ces deux clalEs loufflent dans lés régions tropicales.
Vents irréguliers.' Ceux-ci font principalement
co< nus dans les climats tempérés 1 fans époques
comme fans direction fixes, ils varient conltam-
ment. Suivant la manière dont 1 atmofphère eft
agitée, ils forment fouvent des courans oppofés.
Ainfi quelquefois le s nuages font poufles dans une
direction contraire à celle du vent que l’on ref-
fent dans une plaine; d’autres fois, au pied d’ uns
r J