
courage de fes habitans, lui ont mérité dans
l’hiftoire une jufte célébrité, & fon influence s’eft
fait fentir fur les êtres qui l’environnent. On voit
fes habitans, iffus des Cariens, conferver longtemps
leur indépendance, & fe foumettre cependant
, dans les différentes périodes de leur exif-
tence, aux Athéniens, aux Romains, aux Vénitiens,
& tomber enfin fous le joug des Turcs, au
règne de Soliman II.
Elle eft montagneufe dans toute la partie du
milieu. C’eft du mont Crepefio (Marpeffus) fitué
à l’ouefl du port de Marmara, que l'on tiroit
les marbres les plus beaux du Globe. Ce marbre,
d’une blancheur éclatante, paflToit prefque pour
une roche précieufe aux yeux des Anciens, l’or
étoit fouvent defliné à l’accompagner, 8c les
dieux n’avoient point de temples ni de ftarues
d’une matière plus eftimée. Strabon dit que c’eft
une excellente pierre pour faire des ftatues , &
Pline s’étonnoit qu’on en fut venu chercher d’Egypte
pour en décorer le frontifpice de ce fameux
» une autre aflîfe fur la gauche, qui femble fe faire
»3 prefferpour danfer. Parmi ces figures paroît la
>» tête d’un fatyre à longue barbe, qui rit de toute
»> fa force. Adroite, font placées douze figures
»» plus petites, qui femblent n’être accourues que
33 pour voir la fête. Bacchus eft aflis tout au haut
»» du bas-relief, avec des oreilles d’âne 8c une be-
*> daine d’ivrogne , entouré de figures de différen
labyrinthe, qui pafloit pour une des merveilles
du Monde. Dans le même lieu où la nature plaça
la fubllance la plus recherchée par le cifeau du
fculpteur, elle fit naître auflî les plus célèbres
jftatuaires de l’antiquité, & que l’on peut confi-
dérer comme les génies auxquels la fculpture dut
fon éclat. Leurs chefs-d’oeuvre , ornemens de la
Grèce, ont difparuj 8c des étrangers ne biffent ■
pas même aux modernes Grecs la confolation de
pleurer fur ces reftes de la grandeur de leurs ancêtres
i .......
Les carrières de ce marbre fameux font abandonnées
8c en partie comblées. Il eft très-difficile
aujourd’hui de defcendre dans quelques-unes de
leurs galeries. Si elles étoient débarraffées des
pierres entaffées & des terres éboulées qui les
encombrent, on parviendroit dans ces cavités
d’où fortirent les blocs qui prirent des formes admirables
fous le cifeau des Anciens, & d’où for-
tiront probablement un jour les marbres dont les
artiftes modernes fe ferviront pour repréfenter
des héros non moins fameux que ceux de l’antiquité
1.......On y voit encore , près d’une ancienne
carrière, un bas-relief ébauché fur la roche. ■
Tournefort ( R e la t . d 'u n v o y a g e du L e v a n t > tom. I , j
lettr. V, pag. 239) nous en donne une defcription ;
très-exacte. « Ce bas-relief, dit-il, a quatre pieds j
» de long, & fa plus grande hauteuï eft de deux
» pieds cinq pouces j le bas en eft équarri; le
**» haut eft affez irrégulier, parce qu’il fallut s’ac-
»• commoder à la figure du rocher. Quoique cet
>• ouvrage ait écé fort maltraité par le temps , il
*» paroît pourtant que c’eft une efpèce de baccha-
» nale, ou, fi l’on veut, de noce de village, de
» vingt-neuf figures d’un affez bon goût, mais
» d’une mauvaife compofîtion. De vingt de ces
»0 figures qui font fur la même ligne, les fîx plus
* grandes ont dix-fept pouces de haut : ce font
»3 des nymphes qui danfent un branle 5 il y en a
te s attitudes, mais d’un air tout-à-fait ré-
»3 joui, furtout certain fatyre placé de front, avec
« des oreilles & des cornes de boeuf. Les têtes
« de ce bas-relief n’ont jamais été finies : c’eft le
caprice de quelque fculpteur qui fe divertiffoit
3» en faifant charger fon marbre, & qui écrivit au
33 bas de fon relief ;
AAAMAS
OAPY2HS
NTM«J>AIS
*3 A d a m a s O d ry f e s a d r e jfé c e m o n um e n t a u x f i l l e s
» du p a y s . Anciennement les dames s’appeloient
>3 des n ym p h e s , comme nous l’apprend ( B i è l i o t .
» h t f l . , lib. 3. A n im a d . a d . S t a t . part. 2) Diodore
»3 de Sicile , & Barthius démontre affez bien que
>3 ce nom étoit confacré pour celles qui n’étoient
»3 pas maiiées.......»>
On trouve aufli dans les mêmes carrières une
pierre fort dure femblable ail porphyre, mais dont
les taches font pâles. Il eft vrai qu'il faut ouvrir
ces carrières pôur en connoître toutes les beautés.
Crepeffo efl le point le plus élevé de l’île. Les
plaines font bien cultivées. On y nourrit beaucoup
de troupeaux. Le commerce confifte en froment
, orge, vin, légumes, féfame, toiles de
coton. Avant la guerre de Candie on y recueilloit
beaucoup d’huile ; mais l’armée vénitienne brûla
tous les oliviers de P a r o s , pendant neuf ou dix
ans qu’elle y féjourna.
P a r o s , qu.i eft de forme ovale, peut avoir
douze lieues de circonférence , 8c offre de tous
les côtés, pour la navigation des abris fûrs &
d’excellens ports propres à contenir des vaiffeaux
de toute grandeur. Un des plus beaux de l’Archipel
eft celui de Nauffa , fitué au nord-nord-eft
& au bas du village de ce nom. Placé au milieu
de l’Archipel, ce port, moins grand que celui de
Mélo, eft néanmoins plus avantageux j les flottes
peuvent y demeurer en fûreté, & aucun n'eft plus
propre à un établiffement. Les Ruffes l’avoient
choifi pour en faire l’entrepôt de leurs forces 8c
le centre de leurs opérations ; ils avoient élevé
des batteries pour en défendre l’entrée, conftruit
des fortifications, bâti des_magafins 8c d’autres
édifices, pour fuppléer au peu de reffources qu'ils
auroient trouvées dans le petit village de Nauffa.
Quoique ces travaux aient été faits de notre temps,
quoiqu’en 1776M.de Choifeul-Gotiffier les ait
encore vifités fubfiftans en leur entier, l’empire
de la deftru&ion s'eft tellement établi dans ces
b e lle s c o n t r é e s , q u ’ ils fo n t à p r é fen t to u t- â - fa it .
rafés & d ém o lis .
On rencontre encore un autre port vers la
pointe feptentrionale, appelé d e S a in t e -M a n e .W
eft, par quelques îles, abrité des vents du nord
& du fudj mais il eft expofé au nord-eft., ce qui
empêche les vaiffeaux de le fréquenter en hiver.
Trio, autre port abrité par trois petits îlots, eft
fitué du côté du fud. Celui de Marmara fe trouve
au milieu. Il eft dominé par le fort Saint-Antoine ,
devenu célèbre par la belle réfiftance que N e-
nieri, prince vénitien, oppofa au grand-vifir Bar-
beroufle, en le défendant. Il ne fe rendit que
lorfqu’il y fut contraint par la famine.
Il n’y a qu’un feul port a 1 oueft, au fond du-
quel la principale ville eft bâtie. Les navires un
peu gros mouillent au dehors, à 1 abri de quelques
îlots , ainfi que dans le canal étroit qui lépate
cette île d'Antiparos.
Paros j dont la population fut confiderable autrefois,
, ne. compte plus aujourd hui qu un millier
d’habitans qui fe livrent à la culture, à la fabrication
des toiles de coton, au cabotage 8c a la peche.
Parechia elt le bourg le plus important de
cette île. Il eft élevé fut les ruines de l'ancienne
Paros, ville auflî célèbre que l'île ,dont on trouve
prefque partout des reftes de grandeur & de magnificence.
De précieux veltiges de palais & de
temples fuperbes, qui font également répandus
dans toute l'île , fervent aujourd'hui a la conttruc-
tion des chaumières. Il reitoit encore à Paros un
monument de fa'grandeur, c'étoit la tameufe
chronique, qui contient l:;co ans.de date & qui
eft écrite 2.63 ans avant l'ère vulgaire; thaïs il fat
enlevé pat un Anglais, le comte d'Arundel , dont
les defcendans en firent prefent à rUniverfité.
d'Oxford. C'eft ce qu'on appelle les m a r i n s d A -
runrlcl. (G. A. deM.-O -
L'île de Paros eft entièrement compotee de la
roche calcaire fi renommée par ies marbres qu'e'llé
fourniffoit aux ftatuaires de l'antiquité. Cette
roche appartient à la férié des .terrainsaappeles
p r im i t i f s . Sa ftruiture eft lamellaire & brillante.
Sur M M inférieure de quelques lits minces,
fuperpofés à la malle, on remarque dans ladilpo-
fitîon de ces lames une tendance tellement prononcée
vers la criftallifatlon primitive qu'affeite le
carbonate de chaux , que 1 on diftmgue parlaite-
ment en faillie les faces inclinées du rhomboïde.
Je pofféde deux échantillons dont la fupemcie elt
couve.rte.de ces ctiftaux. (J. LL)
PARY ( S e r r a d e ) . La S e r r a d e P a r y e f t une
chaîne de moncagnes qui dépend de celle des
Pure/fai'Elle elt de même, hauteur & de meme
nature.', & forme fon prolongement oriental, qui
fe dirige enfuite du nord-oueft au lud-elt. V o y e \
Pajyesis. ( L H . )
P A S - D E - C A L A I S . Bra s d e m e r q u e l e s A n g la is
appellent d é tr o it d e D o u v r e s ( / i r a i t o f D o v e r ) &
qui fépare l’Angleterre de la France. On lui donne
généralement fept lieues de large. Sa longueur
n’eft que d’environ dix lieues.
Depuis que l’étude de la géologie a fait voir
que les terrains de la partie du fud-eft de 1 Angleterre,
que baignent les eaux de l’Océan^, font
de même nature que ceux qui forment la côte de
France, il eft prouvé jufqu’à l’évidence que 1 île
de la Grande-Bretagne faifoit partie^ de notre
continent avant qu’une caufe violente n’eût rompu
l’ifthme qui les féparoit.
| Si l’on examine les terrains des côtes de ^’ Angleterre
& de la France qui forment le détroit 9
on remarque, dans la ôrande-Bretagné, que
depuis Deal jufqn’à Falmouth, & en France depuis
Calais jufqu’au cap de la Hogue, les formations
fe correfpondent parfaitement. Ainfi Deal 8c
P Calais repofent tous deux fur l’argile plaftique ,
I dépôt qui eft fupérieur à la craie; le terrain de
Douvres eft de craie comme celui de Hardres. Fn
longeant vers le fud-oueft les côtes d’Angleterre,
on paffe fucceflîvement fur le calcaire juraflîque,
le grès vert 8c le fable ferrugineux jufqu’à Tun-
bridge : c’eft auflî ce qui a lieu fur les côtes de
France aux environs d’Ambleteufe, où ce s divers
dépôts fe concentrent prefque fur un leu) point,
pour fe repréfenter encore aux environs deSamer.
Lewes & Sefort, en Angleterre, repofent fur un
fol de craie ; la même roche eft celle fur laquelle
fe trouvent en France Etaples & les environs de
Montreuil. Si l’on fort du port de Calais pour
entrer dans la Manche, on voit Brigton fur la formation
d’argile plaftique ; la même formation occupe
en France le terrain compris entre Montreuil
& l’embouchure de la Somme. Derrière l’argile
plaftique, s’élève en Angleterre , depuis Levées
jufqu’à Dorchefter , une vafte formation de craie,
de même que derrière le terrain de Montreuil
s’étend la même formation , qui, jufqu’au cap de
la Hogue, conflitue les falaifes de la côte de
France. A Lyme,en Angleterre,on voit la même
formation de calcaire marneux ou de l ia s qu’en
France , depuis Ronfleur jufqu’à l’embouchure de
la rivière dç Vire. Enfin, à la pointe de Starc, en
Angleterre, on trouve le même fchifte qu’au cap
delà Hogue en France.
Il réiqlte de l’infpeêtion de ces terrains, que
non-feulement le Pas-de-Calais, mais encore la
Manche, ont été formés par une éruption des
eaux qui ont rompu l’ifthme qui uniifoit la Grande-
Bretagne au continent, 8: qui, d après la nature
des roches des deux côtés de ce bras de mer,
devoit avoir, avant cet événement, une étendue de
plus de foixante-quinze lieues de large du nord-
eft au fud-oueft.
Une queftion fort intéreffante pour la géogra- I1 phie phyfique, feroit de rechercher dans quelle
direction agiffoit le courant qui détermina cerre
réparation, Il eft, à la vérité, difficile de décider
S A