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explorons volcaniques auxquels Ifthia étoit fu-
jette étoient fi vrolens, que l’on difoity que le
géant Typhon, donc la bouche & les yeux jetaient
du feu , & qui lanfoit des pierres vers le ciel avec un
bruit effrayant y étoit enterré deffous. La circonférence
a élu elle de cette î l e , le long du bord de la
mer j eft de 8 lieues ; fa longueur, de l'oued à
l'e ft, d’environ 2 lieues & demie, & fa largeur,
du nord au fud de i lieue 8c demie- Plufieurs
colonies grecques qui s’y étoient établies avant
l ’ère chrétienne furent forcées de l'abandonner
par fuite de la violence des éruptions. D’abord les
Erythréens, 8c enfuite les Chalcidiens, font cirés
comme en ayant été chaffés par les tremblemens
de terre & les exhalaifons ignées. Une colonie y
fut enfuite établie par Hiéron , roi de Syracufe,
environ 380 ans avant J. C . Mais lorfqu’ils eurent
bâti une fôrtereffe, ils furent forcés, par une
éruption, de fuir, 8c ne revinrent jamais. Strabon
nous dit que Timée rapportoit une tradition que
peu avant, VEpomeus, principale montagne au
centre de l ’î l e , vomiffoit du feu pendant'les
grands tremblemens de terre ; que la terre entre
la montagne 8c la côte rejeta beaucoup de matières
enflammées qui coulèrent dans la mer, &
que celle-ci recula jufqu’ à la diftance de trois
iiades, & , revenant fur elle-même, inonda l ’île.
Quelques perfonnes fuppofent que cette ériiption
eft celle qui a formé le cratère de Monte-Corvo,
fur l’un des flancs les plus élevés de l’Epomeo ,
au-deffus de Soria, 8c dont pn peut fuivre encore
le courant de lave à l’aide des fcories qui font à la
furface , depuis le cratère jufqu’ à la mer.
» On a attribué à une éruption fubféquente, qui
caufa le départ de la première colonie grecque,
la formation du M.onte-Rotaro, dans les parties les
plus baffes de l’île, 8c qui porte toutes les marques
d’une origine récente. Le côneeft d’une perfection
remarquable, 8c a un cratère à fon fommet ; il rappelle
parfaitement à celui du Monte-Nuovo ; mais
la colline eft plus grande, &>reffemble à quelques-
uns des cônes les plus confidérables d’une éruption
unique, près de Clermont en Auvergne ; 8c,
comme quelques-uns d’entr’eux, elle a donné paf*
fage à un ruilfeau de lave par fa bafe & non par
fon fommet. Un petit ravin creufé par un torrent
laiffevoir la ftruéture du cône, qui eft compofé
d’innombrables couches inclinées ou légèrement
ondulées de pierre ponce, de fcories, de lapilli
blancs & d’énormes blocs anguleux de trachyte;
ces derniers ont évidemment été jetés par de violentes
explofions, femblables à celles du y é fu v e ,
q u i, en 1822, lança une maffe pyroxénique du
poids de plufieurs tonneaux à la diftance de
3 milles, dans les jardins du prince Ottajano. Le
cône du Rotaro eft couvert d’arboufiers 8c d’autres
beaux arbres verts. Telle eft la force du fol
vierge, que les fimples arbriffeaux y deviennent
arborefcens, & la croiffancë des plantes fauvages
plus petites a été fi Vigbüreufè, que les bota-
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niftes pouvoient à peine reconnoître les efpèces.
On fuppofe que l ’éruption qui chaflFa les Syra-
cufains, fut celle qui donna nailfance au courant
puiffant qui forme le promontoire de Zaro 8c
Carufo. La furface de ces laves eft toujours très-
aride & hérilfée, 8c eft couverte de fcories noires;
de forte que ce n’eft pas fans un grand travail que
l’ induftrie humaine a pu regagner quelques petites
places 8c les convertir en vignobles. Depuis l’ époque
de la dernière grande éruption dont nous
avons parlé, jufqu’à notre temps, ïfchia eft demeurée
tranquille, à l’exception d’une émiffion
de lave qui, bien qu’ elle ait occafionné quelque
dommage local , ne paroît pas avoir dévafté
tout le pays, comme les explofions plus anciennes.
La population du pays eft de 2y,000 âmes,
8c elle augmente. Elle vit entièrement du produit
de fes vignobles.
« La haute colline centrale de cette'île, l’Epo-
méo, bu Saint-Nicolas, eft compofée d’ un tuf
verdâtre endurci ( pépérine ) , d’une prodi-
gieufe épaifleur, dont les couches alternent dans
quelques parties avec de la marne argileufe,
6c çà 8c* là avec de grandes ,coulées de laves durcies.
Vifconti s’éft alluré:, par des mefures tri-
gonométriques, que cette montagne s’ élève à
2,665 pieds au-deffus du niveau de- la mer. Sous le
rapport d e là compofition minérale et dé fes af-
peèls, elle refiemble à la colline au nord deNa-
ples', fur le fommet de laquelle eft placé le coü-
ven.t-des Camaldules, qui eft à 1,64; pieds d’é lé vation.
Ces deux montagnes, comme la plus
grande partie de celles'de la terre dê Labour, font
d’ origine fous-marine, quoiqu’ il leur foit fouvent
arrivé, comme ic e lle de l ’Epomeo, qu’ après avoir
été élevées au-delfus du niveau de la mer, de
nouvelles éruptions y ont eu lieu fur différens
points. J’ai trouvé plufieurs couchesargHeufes contenant
des coquilles marines à environ 860 pieds
du fommet de l’Epomeo; 8c d’après cette cir-
conftance 8c la ftru&ure' générale de h montagne
je fuis forcé de différer d ’opinion avec
M. Scrope, qui fuppofe qu’elle a été un grand
volcan habituel, comme le Véfuve. Au moins
il eft certain que fi quelques-uns des cônes de
la montagne aéluelle ont donné' pafflige fuccef-
fivemeht à plufieurs torrens de lavés, cela eft
arrivé lorfque toute la maffe étoit encore au-def-
fous du niveau devla mer.
» Brocchi annonça, il y a long-temps, que
les rocs ignés d’ ischia repofent fur une argile
plafiiqùe contenant des coquilles. On a reconnu,
dans un grand nombre de ces dernières, des el-
pèces qui vivent encore dans la Méditerranée.
Il y a , du relie^ fur différens points de
l’Epomeo, ou éparpillés dans les parties les plus
balles de f i le , douze cônes volcaniques conlidé-
rables qui ont été élevés depuis qu’elle eft fortie
de deffous les eaux, 8c plufieurs des courans de
laves peuvent avoir co u lé , comme celui A'Arfoy
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en 1302, fans qu’ il y.ait eu proJuéli n de cônes,
de forte que cette île peut, avant la période des
plus anciennes traditions, avoir fervi de foupape
de fureté à la terre de Labour, pendant que le V é fuve
étoit tranquille. U femble aufli démontré que
l’Averne, lac circulaire auprès de Pouzzole, d’un
demi-mille environ de diamètre, Sc qui eft maintenant
un li.eu falubre 8c agréable , exhaloit autrefois
des vapeurs méphitiques qui font fouvent
émifes par les cratères après les éruptions. Il n’y
a aucune raifon de difcréditer le rapport de Lucrèce,
que les oifeaux ne pouvoient pas voler
au-deffus fans être afphyxiés, bien qu'ils^ puiffant
maintenant le fréquenter fans inconvénient. «
N ’eft-il pas vraifemblable que long-temps après
que ce cratère cefia d’être en activité, il ait exhalé
des vapeurs deftruétives delà v ie , comme on l’a.
vu en 1797, au lac de Quilotoa, dans la province
de Quito?
Vu Véfuve & de fes éruptions, ce Depuis la première
colonifation de l’ Italie méridionale, par les Grecs,
le Véfuve ne fourniffoit d’autres indices de fon caractère
volcanique, que ceux que des naturaliftes
pouvoient déduire de l’analogie de fa ftruéture
avec celle d’autres volcans. L’ancien cône étoit
d’une forme très-régulière, 8ç fe terminoit, non
comme à préfent, par deux p ic s , mais eh fommat
aplati, où les reftes d’un ancien cratère ,-prefque
comblé, avoient laiffé une légère dépreffion couverte
fur fes bords intérieurs par de la vigne fau-
vage , 8c avec une plaine ftérile au fond. A l’extérieur
les flancs de la montagne étoient couverts de
champs fertiles richement cultivés , 8c à fa bafe
étoient les cités populeufes d’Herculanum 8c de
Pompéi; mais ce temps de repos étoit enfin deftiné
à ceffer & Je feu fe manifefta dans légrandcanal qui,
à une époque inconnue, avoit donné paffage à des
ruiffeaux multipliés de lave fondue, de fable 8c de
fcories.
» Le premier fymptôme du renouvellement
dés forces de ce volcan fut un tremblement
de terre dans l’année 6 3 de notre ère, qui fit beaucoup
de mal aux cités environnantes. Depuis cette
époque jufqu’en l’an-79., de légères commotions
fe fuccédèrent; mais dans le mois d’août de
la même année, elles devinrent plus nombreufes &
plus violentes , jufqu’ à ce qu’enfin elles fe terminèrent
par une terrible & mémorable éruption. «
T ou t le monde connoît les détails donnés par
Pline le jeune fur cet événement : il eft donc
inutile de les rappeler. Mais nous partagerons
l’ étonnement de M. L y e ll, au fujet de
Pline, q ui, donnant un rapport circonftancié de
tous les phénomènes que pvéfenta le Véfuve,
s’étendant fur la mort de fon oncle, & n’ oubliant
pas la pluie de cendres qui tomba pendant
qu’ il étoit à Stabia, ne parle en aucune manière de
la dèftruttion Soudaine de deux grandes 8c populeufes
cités, Herculanum 8c Pompéi.
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» Il paroît certain que pendant l’année 79 , le
Véfuve ne vomit que des lapilliy que des cendres
& des fables volcaniques, & que fix éruptions,
qui fe fuccédèrent dans l’efpace de neuf fiècles,
présentèrent le même réfultat. «
Voici la lifte de toutes les éruptions :
i rc, an 79, le 24 août, décrite par Pline le jeune.
2e,an 203, rapportée par Dion 8c Gallien.
3e, an4 72 ,citéepar Procope 8c Marcellin Conti.
4e, an 512. Suivant Caftiodore 8c Procope de
Céfarée, qui font la defeription de cette éruption,
on feroit porté à croire qu’elle ne.fe compofoit
pas que de fables 8c de cendres, puifqu’ils difent
pofitivement qu’outre les cendres que lança le
Véfuve, il y eut encore des torrens enflammés
de fable qui couloient comme des ruiffeaux depuis
le haut de la montagne jufque dans les campagnes,
& qui, fe refroidiflant en chemin, élevoient
des bords & fe formoi^nt un lit au milieu duquel
ils couloient. Ne feroit-il pas poflible qu’ à une
époque ou l’on n’ avoit point encore vu le volcan
rejeter de la la ve, on ait cru voir dans celle-ci
des torrens de fable fondu?
5e, an 685, rapportée par Sabellicus, Sigonius
6c Paul Diacre.
6e, an 993, fuîvantGlaber Rudolphe, moine de
Cluni.
7e,an 1036, mentionnée dans la Chronique de
l’anonyme du Mont-Caflîn, & dans l’ Itinéraire
d’Italie, par François Scot. C ’eft fur le courant
de lave produit par cette éruption qu’eft bâti le
château royal de Portici.
8e,an 1049, rapportée par Léon d’Oftie.
9e,an 1138, rapportée par l’anonyme du Mont-
Caffin. Il paroît qu'elle fe termina par de grandes
pluies de cendres et d’eau.
10e, an 1139, fuivant Falcone de Bénévent.
n e,an 1366. Voy. Léandre Alberti,dominicain.
12e,an 1 joo,mentionnée dans l’hiftoire de Noie
et du V éfuve, par Léon de Noie. C e témoin oculaire
affure qu’après que les matières volcaniques
eurent couvert une grande étendue de pays, il
tomba une abondante pluie de cendre rougeâtre.
13e,an 1631, le 16 décembre, Bracini fait le
tableau fuivant de l’afpeél que préfentoit le Véfuve
avant 8c pendant cette terrible éruption.
«« Le cratère avoit cinq milles de circonférence
8c environ mille pas de profondeur; fes côtés
étoient couverts de taillis 8c au fond étoit une
plaine fur laquelle paiffoit le bétail. Dans les parties
boifées, des fangliers fauvages faifoient leur demeure.
Dans une partie de la plaine, couverte de
cendres, il y avoit trois petits étangs : l’ un, rempli
d’eau chaude 8c amère 5 un autre, plein d’eau plus
falée ; 8c enfin le troifième d’eau chaude , mais
fans goût. Cependant, à la fin, ces forêts, ces plaines
herbeufes furent foudainement confumées,lancées
y yyy 1