
extrémités, de forte que le menton y eft allez
pointu par en bas, tandis que le front très-vafte fe
prolonge vers un Commet confidérablement élevé.
Cette conformation particulière du haut de la tête
rt ndroit rai!on, fi l’on adoptoit certaines idées du
doéteur G a ll, de cette exaltation religieufe, de
ce penchant au fanatifme, qui femblent faire la bafe
du caraélère moral de l’efpèce qui nous occupe.
C e front paroît d’autant plus grand chez les Arabes
d’un âge mûr, que c'eft par-là qu’ils deviennent
affezpromptement chauves, & jamais, ou très-
rarement , par l’ endroit qu’en Europe on nomme
vulgairement la tonfure. Le nez eft prononcé, un
peu mince, généralement pointu & aquilin, les
os qui le foutiennent, y caufant toujours , par le
milieu de la longueur, une boffe qui n’ eft pas fans
agrément & furtout fans nobleffe. Les yeux prefque
toujours noirs, ou d’un brun fon cé , font grands,
mais non pas gros comme dans la race pélage de
l ’efpèce japétique. Par leurs dimenfions & à caufe
de leur expreflion de douceur, on les compare
quelquefois poétiquement, chez lesdames, à ceux
des gazelles. Les fourcils arqués font allez épais 5
les lèvres font minces & h bouche eft agréable.
La tête paroît fenfiblement plus forte qu’elle ne
l ’eft chez l’efpèce précédente. Le corps & les
membres font bien proportionnés, généralement
peu chargés d’embonpoint j & néanmoins dans
les femmes , qui font naturellement délicates &
fveltes, quand de race pure le fang circaffien ne
.s’eft pas mélangé au leur, les feffes, & furtout la
g o rg e , ont une certaine tendance à devenir aufli
confidérables que chez les Germains de la variété
teutonique 5 le contrafte du volume de ces parties
avec la finefte des autres fe remarque encore
fréquemment chez les Efpagnoles, particulièrement
dans les royaumes d’Andaloulie & de V alence,
où les Arabes ont laifîe tant de traces de
leur féjour. Les cheveux noirs, unis ne bouclent
que rarement, & un peu gros, deviendroient excef-
vementlongs, fi l’on n’avoit 1 habitude de les
couper près de la tête ; les femmes qui les laiffent
croître, les portent treflés en nattes qui defcen-
dent jufqu’aux malléoles. Ces femmes font nubiles
de très-bonne heure, quelquefois dès l ’âge
de neuf ans, jamais plus tard que de douze à
treize : aufli perdent-elles promptement la faculté
d’ engendrer, tandis que les hcmenés la confer-
vtnt jufque dans un âge avancé. De ce contrafte
vient la polygamie, tellement répandue chez toutes
lps nations pu tribus arabiques , qu’on la doit
regarder plutôt comme une néceflité fpécifique ,
que comme la conféquence d’ordonnances reli-
gieufes. Les femmes, qui dailleurs accouchent
avecfacilité, font fujettes à certaines défecluofites
qui commandent une forte de circoncifion, con-
liftant dans la fouftra&ion des nymphes. Cette
opérattion n’a nul rapport avec celle qu’ on fait j
fubir fans exception à tous les mâles de l’efpèce,
connue pour les fingularifer au milieu du. genre
humain. On a cherché la caufe de cette circoncî-
fion des mâles dans un motif de propreté} une
telle explication n’eft pas admiflible. Dans cette
v u e , les lotions d’eau ordonnées, comme dans
l ’Inde , par les lois, euflent été plus efficaces que
l’application d’ un inftrument tranchant dont nous
avons expliqué l’emploi d’une toute autre manière
dans notre Ejfai %00logique fur l'homme.
Habitat. L’efpèce arabique eft originaire d’A frique,
où nous la trouvons partagée en deux
grandes races.
i° . R ace a t l a n t iq u e ( occidentale). Son nom,
célèbre dès la plus haute antiquité, retentifloit
encore parmi les prêtres de Sais, quand les phi-
lofophes grecs venoient étudier en Egypte les
préceptes de jg fageffe. Il paroît que vers l’origine
de la civilifation pélagienne, la race atlantique,
déjà inftruite & civilifée, a voit étendu fes conquêtes
fur les rivages de la Méditerranée, qui
n’étoit pas alors faite comme nous la voyons aujourd’hui.
Originaire des chaînes auxquelles on
applique aujourd’hui le nom d’Atlas, elle fe répandit,
quand le détroit de Gades n’exiftoit pas
encore, dans la péninfule Ibérique, que nous avons
démontré ailleurs (1) avoir été un'prolongemènt
de ces montagnes. Elle peupla également l’archipel
des Canaries, qui ne faifoit peut-être alors ,
comme on le verra dans l’explication des planches
de géographie phyjique de la prélente Encyclopédie,
qu’une feule î le , ou plutôt un prolongement de
l’Atlas, lacéré depuis, par de violentes commotions
volcaniques. La race atlantique eft maintenant re-
préfentée par ces Maures, qui des régions barbare
fques & des revers méridionaux de leurs montagnes,
appelés Belad-el-Dgérid, fe font étendus
dans les déferts voifîns, aux dangers defquels
ajoutent leurs brigandages, en Abyflinie , fur les
côtes orientales de l’Afrique, & jufque dans l’Inde
& la Poîynéfie , où , comme lès Juifs leurs coufins
le font en Europe, ils s’adonnent à tous les genres
illicites de commerce.
i ° • R ace adamique ( orientale). Nous croyons
avoir démontré ailleurs que les Arabes de cette
race font originaires des plateaux de l’Abyfli-
nie, où ce bras du Nil qui arrofe le Sennar, <k.
que Bruce prit pour le Nil véritable ,. a fa fource.
Elle y fut d’abord riveraine de ce lac Demboa
qui fembie offrir quelques points de reffemblant e
aveclebaffin duquel partoient au milieu du paradis
terreftre, dans les livres juifs, quatre bras, entre
lefquels etoit le Nil qui couloir au pays d’Égypte.
Les Arabes de race adamique, descendus dans le
plat pays pour échapper aux déluges fi fréquerys
fur leurs montagnes, s’y diviferent en trois familles
j l’une Se jeta dans l’oueft, & perpétua 1
(1) Réfumé géographique de la péninfule Ibérique , fecc. 2,
chap. i , pag. 115 & fuiv.
dins le Soudan, & jufqu’aux extrémités de la
Guinée, ces coutumes où l’on reconnoît la plus
grande refîemblance avec celle dés Hébreux ; une
autre s’attacha aux bords du N i l, & défrichant les
alluvions de ce fleuve à mefure qu’il empiétoit fur
la Méditerranée, devint le peuple égyptien fi renommé
dans les temps hiftoriques : les Juifs ap-
partenoient à cette famille adamique, & nous
renverrons pour les preuves à l ’appui de cette
afferrion, à notre Effai zoologique fur le genre
Homme ( i ) ; la troifième enfin, quand le détroit
de Babel-Mandel n’exiftoit peut-être pas plus que
celui de Gibraltar, fe jeta fur ce que nous appelons
aujourd’hui prefqu île arabique , dépendante
alors du fyftème de montagnes abyfliniennes,
comme l’Efpagne dépendoit de. celui de l’Atlas.
C ’eft c e lle -c i, dont les rejetons portent plus
particulièrement de nos jours le nom d’Arabes,
& qui, errans de. folitudes en folitudes, parvin-
rent jufque fur les rives du Tigre & de l’ Euphrate,
pour y peupler la Méfopotamie & les plus belles
parties de la Perfe, tandis que les Juifs fe jetoient
fur les bords de la fétide mer morte pour y exterminer
les malheureux habitans voués par Dieu
à ce que les faintes Ecritures appellent l'interdit.
11 eft de ces Arabes qui fe répandirent jufque dans
le nord de la grande^ île de Madagafcar, où l’on
verra bientôt qu’il exifte des hommes de quatre
efpèces différentes.
III. E s p e c e h in d o u e , homo indiens.
Defoription. Les hommes qui rentrent dans celle- •
ci font plus petits que ceux des deux efpèces précédentes.
Cinq pieds deux pouces ou un peu :
moins, paroiffent être la mefure de leur taille ;
moyenne * ils ont dans les traits du vifage plus de
rapports avec les japétiques qu’avec les arabiques, ;
& nous en avons v u , qu’à leurs nuances près, on \
eût pu les confondre avec certains Européens j
mais leur teint eft d’ un jaune foncé , tirant fur le
-biftre ou fur la couleur du bronze 5 ils font élégamment
tournés, avec la jambe très-fine & le
pied bienfait. On n’en voit guère devenir fort gros ;
cependant ils ne font ni maigres ni décharnés j
leur peau, affez fine, laifle, par des modifications
habites de pâleur, deviner le trouble des pallions :
elle ne répand aucune mauvaife odeur, furtout
chez les femmes, dont la propreté eft en général ex-
ceflive. Celles-ci ont communéme nt les épaules bien
conformées, la gorge affez exactementhémifphéri-
que, un peu baffe, avec les mamelons noirs ou
4’un brun foncé. Le corps eft très-court en proportion
des membres ordinairement alongés, non
qu’ ils foient grêles î ce qui eft le contraire des
Européennes , où le corps eft fouvent proportionnellement
un peu fort; elles n’ ont prefque pas de
poils où la plupart des femmes de l ’efpèce jape-
tique en ont fouvent beaucoup, mais il y eft ordinairement
très-dur > elles accouchent avec une
prodigieufe facilité, paffent pour être fore lascives
, & font connoître leur penchant à la vo lupté
par la variété des mouvemens & des attitudes
qu’elles favent prendre avec tant de fouplefle
dans ces danfes qui ont rendu les Bayadères célèbres.
Elles font nubiles de fi bonne heure, qu’on
en voit devenir mères dès neuf & dix ans ; aufli
leur fécondité eft-elle épuifée à trente. Chez les
hommes, la puberté eft également précoce, & la
faculté d’ engendrer fe perd promptement. Chez
les Hindous, le nez eft plus femblable à celui des
variétés celtiques qu’ à celui de toute autre ef-
pèce ; il eft affez agréablement arrondi, fans être
jamais épaté ; les ailes n’en font pas difgracieufe-
ment ouvertes ; la bouche eft moyenne & garnie
de dents verticales ; les lèvres, loin d etre groffes,
font très-minces, généralement colorées, & la
fupérieure a furtout beaucoup d’agrément. ^ Le
menton eft rond & prefque toujours marqué d’une
foffette } les yeux , dont l’expreflion eft fort adoucie
par de très-longs cils couronnés de fourcils
minces & arqués, font généralement ronds , aflêz
grands, toujours un peu humides, avec l ’iris tirant
fur le jaunâtre, & la prunelle d’un brun foncé
ou noire ; les oreilles font de moyenne grandeur
& bien faites,quand on ne les déforme pas par le
poids d’ornemens baroques ; la paume des mains
eft à peu près blanche, un peu ridée ; la bafe des
ongles fupporte en général une petite tache en
croiffant, & plus violâtre. Les cheveux font longs;
plats, toujours très-noirs & luifans, ordinairement
! affez fins j la barbé eft peu fournie , fi ce n’eft à la
mouftache.
Habitat. Les fources de l’ induis & du Gange ,
le long de la haute chaîne de l’Hymalaya, font
les régions où fut le berceau des Hindous, q u i,
defeendus le long de leurs fleuves, peuplèrent de
proche en proche toute la prefqu’ïle occidentale
de l’ Inde, où l’on voit cependant diverfes variétés
d’hommes affez remarquables, & qui proviennent
du mélange des Maures & autres Arabes, de
Scythes & de Malais. Ils pénétrèrent à Ceylan,
dans les LacHves & dans les M aldives, où l’ espèce
neptunienne les avoit probablement devancés. Ils
defeendirent aufli vers l ’occident en fuivant l’Hel-
mend, & le long des côtes jufqu’ à l’extrémité du
; golfe Perfique ; car les habitans d’Ormutz & des
• petites îles de cette Méditerranée font encore
évidemment des Hindous ; mais du coté de 1 e f t ,
tout en pénétrant dans la Poîynéfie, jufqu’aux
Moluques , & particulièrement à Timor , même
fur quelques points de l’Océanique, ils paroiflent
n’ avoir pas franchi les montagnes qui féparent le
Bengale du pays d ’Aracan, où s’étoit établie l’ efpèce
finique, dont il ne tardera point à être quef-
W ,
Çi) Tomel, $. 3, pa£. 179 & fuir. L 1 2