
nous a remis> à Iffoire, une petite hache gauloife
en feldfpath jade, qu’ il a trouvée dans le ravin
des Etouaires : faudroit-il en conclure que le dépôt
de tranfport de la monragne de „Perrier eft.
contemporain de l’époque hiftorique? N’eft-il pas-
plus probable que cette arme eft reftée enfouie à
la fuperficie du fol de la montagne jufqu’à ce que
les eaux pluviales l’aient entraînée dans le ravin ?
Nous n’examinerons point les autres faits analogues
rapportés par Soulavie. Les auteurs de
YEfui géologique difent que d’après la qualité des
témoins on ne peut douter de leur exactitude ; &
nous, au contraire, nous en doutons beaucoup.
Les erreurs commifes par quelques per Tonnes, de
nos jours, doivent infpirer de la défiance fur certaines
obfervations d'autrefois. L’homme foflile
de Moret, dont on n’a point oublié l’hiltoire, &
dont nous avons, le premier, démontré la fauf-
fe té , auroit paffé, il y a quarante ans, pour un
fait inconteftable. Ceux qui çenfent que les
volcans de l'Auvergne ont brulé^ à une époque
hiftorique , paroiffent être difpofés à croire que
des hommes ont vécu avec le s maftodontes &
les éléphans des environs d’ Iftoire. Rien de mieux,
fi l’on avoit trouvé quelques olfemens humains
au milieu du charnier des Etouâirês, ou dans les
marnes calcaires de Gergovia & de Malbatu > mais
des bois fofliles fur lefquels on croit voir Vempreinte
de coups de hache, font des exemples mal obfervés,
des faits inadmiflibles. MM. Devèze & Bouillet
fondent encore leur opinion fur des exemples
d’ un ordre tout différent. Des conglomérats volcaniques
& des travertins peuvent être d’une
époque contemporaine de l’efpèce humaine j nous
penfons même qu’on peut en dire autant de
certains terrains d’alluvions dépofés au fond des
vallées, ou comblant certaines cavernes, & renfermant
des débris d’ animaux qui ne vivent plus^dans
nos contrées j mais quand il fefoit avéré qu’on a
trouvé un morceau de linge dans une péperine ou
dans un travertin fur le mont Albano , en Italie,
cela ne pourroit rien faire préjuger fur 1 époque
de l’exiftence de l’homme en Auvergne. Les constructions
trouvées au milieu des glaciers de Grin-
rienwald, en Suiffe, ne prouvent rien non plus :
tout le monde fait que les glaciers descendent peu
à peu fur les pentes qui les rapportent ; ils peuvent
donc finir par couvrir des lieux habités. M. Ebel
n’a-t-il pas calculé qu’ ils font 12 à 15 pieds par an ?
Quant aux animaux des régions chaudes, dont on
retrouve les débris non-feulement en Auvergne,
mais dans une foule de localités de la France &
dans la plupart des contrées de l’ Europe, leur
difparition femble bien s’accorder avec les autres
preuvés du refî oidiffement de la terre depuis les
epoqués géologiques les plus anciennes ; mais qui
peut calçuler jufqu’ à quel point les animaux ont
la faculté de s’acclimater dans diverfes régions
îoriqu’ils font à l’abri des^pourfuites de l’homme?
D ’ailleurs, les efpèces foftiles n'étaat point identiques
avec les efpèces vivantes, elles doivent
faire exclure toute comparaifon rigoureufe avec la
répartition aCtuelle des divers animaux à la furface
du globe. Mais laiflons les hypothèfes & revenons
aux terrains de l’ Auvergne, qui fe lient aux époques
de volcanifation.
M. Bravard m’avoit parlé d ’un giffement d’os
fofliles qu’ il avoit remarqué fur la rive droite de
l’ Ailier, au pied delà montagne de Moulin-à-Vent
dont nous avons parlé plus haut. Nous le vifitâmes
enfemble. Au-deflus d’un ravin qui traverfe un ruif-
feau à peu de diftance des villages d’Ibois & de La
Barbari, on remarque des couches alternatives;de
calcaire & de marne grifâtre. Ces couches, de
formation lacuftre , renferment une grande quantité
de lymnées ( lymn&a cornea Brong. ) , de petits
planorbes ( planorbis prevoftina?) , de planorbes
plus grandsjayant quelque rapport avec le ful?ovale
{planorbis fubovatus Desh. ) i de planorbes plus
grands encore {planorbis rotundatus Brong.). Plu-
fieurs fe rapprochent de l’efpèce aplatie appelée
lentille par M. Brongniart ( planorbis lens ) $ mais
la dépreflîon que ces mollufques ont éprouvée
eft fi confidérable qu'il eft difficile de choifir pour
l'un de leurs caractères leur aplatiflement. Ces coquilles
font accompagnées d’un grand nombre de
fragmens appartenant à ces mêmes efpèces , de
plufîeurs relies de végétaux paffés à l’état charbonneux,
ainfi que divers petits offemens qui font
prefque indéterminables, mais dont quelques-
uns paroiffent être des tarfes d'oifeaux & des débris
de tortues.
On vo it, appuyé fur ces couches marneufes ,
un dépôt de péperine pulvérulente d’ un rouge de
rouille tirant fur le jaunâtre , auquel fuccède, en
s’élevant fur la montagne, une autre variété de pépérine
appartenant à la variété,grifâtre de M. Brongniart
, & contenant beaucoup de carbonate ,de
chaux. Elle eft tendre & d’une texture groflière
& terreufe > elle renferme des pyroxènes & de
petites parcelles de mica. Le carbonate de chaux
qui.tapiffe les cavités ou filons qui la divifent, fe
montre-fous deux formes criftaliines principales :
Yéquiaxe & la contraftànte. Ces criftaux font d’un
blanc mat j mais les criftaux contrafians font fou-
vent d’une belle nuance rougeârre & tranfparens.
Des malles confidérables de cette péperine font
pénétrées die carbonate de chaux qui paroît avoir
"fuinté dans tous les fens. Elle forme des couches
contournées & généralement inclinées. De cette
roche on voit fortir des fragmens de granité qu’elle
entraîna lorsqu'elle étoit encore liquide : parmi ces
fragmens, j'en ai reconnu qui appartiennent à l’hya-
lomiéte granitoïde. On y remarque aufli des filons
d’une pépérine grifâtre, dure & compacte : ces
pépérines, qui recouvrent les flancs de la montagne,
forment des couches .contournées. Des filons
irréguliers qui defcendent de fes flancs portent à
croire que la partie fupérieure s’eft formée par
voie de foulèyement au milieu d’ un lac d’eau douce,
dont
dont la limite occidentale étoit le banc de granité
qui s’élève à l’oueft d'Iffoire. Ces filons, qui for-
tene de la pépérine, font compofés d’ un calcaire
grifâtre analogue aux travertins 5 il renferme une
énorme quantité de ces petites coquilles du
genre Paludine, dont j'ai déjà p arlé, Si q u i,
examinées à la loupe, m’ont paru ne point
avoir été décrites. Toutes les. cavités du calcaire
qui en eft rempli font garnies d’une multitude
d'aiguilles de méfotype. Une malle bafalti-
ue furmonte , comme à la tour de Boulade, le
épôt de pépérine, & prolonge , fur les flancs de
la montagne, les reftes du courant qui l’y apporta.
On trouve fur les pentes occidentales, en plus
grande abondance que fur les pentes oppofées , ;
une grande quantité de petits prifmes de bafaite
à trois & quatre faces.
Sur les flancs occidentaux on v o it , au-deffous
de la pépérine, un dépôt calcaire furmonte de
plufieurs maffes d’ un filex caverneux, dont la plupart
des cavités font remplies de petits criftaux
pyramides de quartz. Malgré ce çaradère diftinc-
tif, ces filex paroiffent occuper fur ce p oint, &
dans quelques autres localités, la place des filex
meulières des environs de Paris.
Sources calcarif'eres. Aux époques d’éruption
qui ont couvert le fol de l ’Auvergne & celui de
différentes contrées analogues, les fources calca-
rifères, dont il refte encore tant d’exemples fur la
terre, étoient beaucoup plus abondantes, ainfi
que le prouvent les énormes murs de travertin
qui couvrent les contrées volcaniques de l'Italie
& du centre de la France. En Auvergne, les fé-
dimens dépofés par ces eaux calcarifères recouvrent
auffi des terrains d’alluvion & de tranfport
compofés • de cailloux roulés appartenant à des
roches ignées & granitiques.
A Coud e , village fitué à l’embouchure de la
Coufe, dans l’A ilier, on remarque fur la rive
gauche de cette Coufe , qui vient de Nefchers
{pl. fuppl.y fig. I X ) , un dépôt compofé de
galets volcaniques & granitiques, fur lequel repo-
fent des couches de calcaire travertin renfermant
de l’aragonite. Les couches inférieures de ce
calcaire forment une forte de poudingue compofé
de cailloux réunis Si cimentés par de l’ aragonite
de la variété aciculaire - conjoint, blanchâtre &
tranfparent. Les couches fupérieures, toutes parallèles
& horizontales dans leur enfemble, quoique
légèrement contournées dans leur détail, présentent
plufieurs fraétures variées. Dans quelques
lits, cette fubftance minérale eft à l’état fibreux j
dans d’autres, le liquide dans lequel fes molécules
ont été diffoutes, a profité du vide qui s’ eft
formé entr'eux par leur retrait pour fe difpofer
en aiguilles rayonnées j dans d’autres enfin, elle
a pris une teinte d’ un gris-bleuâtre diverfement
nuancé par zones qui présentent un afpeéfc agréable.
Les lits fupérieurs de travertin à couches d’ aragonite
reuferment des fragmens d’ offemens fofliles
Géographit-Phyfique. Tome K.
qui paroiflent être d’une époque plus récente que
ceux qui fe trouvent dans le calcaire lacuftre des
environs de C oude5 mais dans le travertin au deflus
des lits d’aragonite on trouve des fragmens plus
confidérables de ces mêmes offemens : nous avons
même aperçu près du village , fur les efearpemens
qui dominent la rive gauche de l’ Ailier, une caverne
naturelle dans ce travertin, & nous y avons
dift in élément aperçu des morceaux d’oflemens qui
ont appartenu à des ruminans, & dont plufieurs
même ne peuvent être que des reftes de boeufs.
Nous n’ avons pu en extraire que des parties,
mais je ne doute pas qu’avec du temps & des
foins on n’ en retire quelques offemens complets.
Ce travertin eft earaétérifé par un grand nombre
de cavités bulleufes & par une texture poreufe 8c
groflière.
Les galets volcaniques & le travertin qu’ils fup-
portent font appuyés fur des macignos, ainfi que
nous l’avons dit plus haut. Au-deffus de ces roches
on voit fur la route, au mont Peyroux , Yarkofe
commune (pfammite quartzeux) , que l’on exploite
pour la conftruétion & pour les meules, ce qui
lui fait donner dans le pays le nom de grés moellon
t grés meulière, félon qu’ils font propres à l'un
ou à l’autre de ces ufages. Enfin, les flanrs du
mont Peyrouxt qui defcendent vers l’ Ailier, Emportent
des laves bafaltiques au-d&ffiis des galets
volcaniques que l'on voit reparoître.
Près du village des Martres de V e y re , je vis
plufieurs échantillons d’un travertin renfermant
un grand nombre de coquilles terreftres & d’eau
douce fi bien confervees qu’on les prendroit encore
pour des coquilles- vivantes fi elles étoient
détachées de la roche.
Cette longue traînée de calcaire dû à certaines
fources minérales, beaucoup plus nombreufes à
mefure que l’on fe reporte vers l’époque où tous
les volcans de l’Auvergne étoient en fe u , fe rattache
au fait de la fource aétive de Saint-Alyre,
dans Clermont, & aux dépôts quelle forme encore
Quelques mots fuffiront pour démontrer
l’analogie qui exifte entre cette iource & celles
qui ont formé les maflès de travertin plus ancien
que celui quelle dépofe. Son eau eft ferrugineufe,
un peu acidulé, & fortement chargée de carbonate
de chaux, ce qui ne l'empêche cependant point
d’être d’une limpidité qui invite à la goûter. Elle
alimente un étabüffemenc de bains que les médecins
recommandent dans quelques circonftances ,
mais qui font aufli très-frequentes par les perfon-
nes en fanté. C e qui a fait la renommée de fon
eau, c’eftla propriété qu’elle a , comme beaucoup
d’autres fources analogues, de dépofer, lorfqu’elle
eft divifée dans fa chute, un fédiment calcaire fur
les objets qu’elle humeéte. Je n'ai point remarqué
qu’elle laiflat un femblable dépôt dans les conduits
qu’ elle traverfe : cette propriété, que le public
aflimile à la pétrification, eftutililée dans l'établif