
de Saint-Laurent & le pic Pédrouze, 8t entourant
aufli tout le groupe qui appartient à la Mala-
detta.
Sur ce verfant on remarque , comme fur le
précédent, de vaftes dépôts de calcaire alpin ;
telles font la Pena Montaneza, les montagnes qui
dominent la vallée de Broteaux, & celles qui forment
les vallées de Canfranc & d’Aifa.
Quant à là difpofition des différentes roches des
Pyrénées les unes à l'égard des autres-, nous
pouvons en donner un exemple, d’après une des
coupes qu’en a faite M. de Charpentier. Nous
choififfons de préférence celle qui partage la chaîne
dans le fens d’une ligne tracée du nord au fud,
depuis Montréjean fur la Garonne, jufqu’ à Saint-
Vincent fur la Cinca. Dans cette direction , les
dépôts tertiaires s’appuient fur le calcaire alpin,
cette dernière roche s’appuie fur le grès rouge ,
cette dernière fur le terrain de tranfition , qui
s’appuie à fon tour fur le granité qu’elle recouvre
d ’un côté pour aller s’appuyer de l’ autre, fur le
fchifte micacé ; celui-ci repofe aufli fur le granire,
qui eft recouvert encore par le terrain de tranfi
tion. Toutes ces couches s’ inclinent du fud au
nord , en formant un angle de 45- degrés.; mais
enfuite, en fe dirigeant vers le fud, c’eft-à-dire
vers les bords de la C in c a , on v o it , à partir du
faîte de la chaîne, les terrains de tranfition s’appuyer
fur le granité, le grès rouge placé fur le
terrain de tranfition, & enfin le calcaire alpin furie
grès rouge, en formant dans la direêtion du nord
au fud un angle égal à celui des fuperpofitions
précédentes.
A l’égard des dépôts de calcaire primitif dont
les variétés forment les marbres blanc-grifatres,
blanc-jaunâtres , noir-grifatres & gris-cendrés
connus dans les Pyrénées, il repofe tantôt fur le
terrain granitique même, tantôt il eft intercalé
dans le fchifte micacé, enfin il conftitue des brèches
formées de fragmens anguleux de différentes
-couleurs qui couronnent certaines montagnes.
M. de Charpentier en déduit cette conféquence,
que dans les Pyrénées le calcaire primitif appartient
à trois époques differentes. Le plus ancien
eft néçeffairement celui qui eft intercalé dans le
granité ; celui qui vient eniuite eft celui qui paroît
poftérieur au fchifte micacé, & enfin le plus nouveau
eft celui qui conftitue les brèches dont nous
venons de parler. A l’égard des autres roches, il
paroît que le terrain primitif forme la moindre
partie de la chaîne des Pyrénées ; nous avons vu
en effet qu’ il ne conftitue le faîte de la chaîne
qu’en quelques endroits ; il eft plus fréquemment
à découvert (ur le verfant feptentrional
que fur le verfant oppofé. On peut dire aufli que
le granité des Pyrénées eft peu riche en filons
métalliques; jufqu’à préfent on n’y a obfervé que
le plomb ; le minerai de fer s’ y préfente aufli, mais
en couches; du refte la formation granitique renferme
des gneifs, des fehiftes micacés & d’autres
roches dont il feroit trop long de donner ici le
détail.
Les terrains de tranfition conftituent la plus
grande partie de la chaîne des Pyrénées ; le fchifte
argileux & le calcaire dominent généralement dans
ce terrain ; on y,remarque un grand nombre déminerais
en couches & en filons. C ’eft dans le calcaire
que l’ on trouve fréquemment les couches :
le métal qui les conftitue eft le fer. Les fi on s font
formés de plomb, de cuivre, de fer, d’antimoine,
de z in c , de manganèfe , de cobalt, de bifmuth,
de nickel & d’arfenic ; ils ont pour gangue le
quartz , la chaux carbonatée, la chaux fluatée &
la baryte fulfatée.
Le calcaire qui appartient aux terrains de tranfition
contient des débris de corps organifés, &
principalement d’animaux ; les débris de végétaux
fe retrouvent dans les fehiftes des mêmes terrains.
l es terrains fecondaires fe comp.ofent de grès
rouge, de calcaire alpin & d’avnphibolite.
Le grès rouge renferme, fuivant M. de Charpentier
, quelques couches calcaires ; les débris
organiques y font rares ; les minéraux qu’on y
rencontre accidentellement, font : le fer fulfuré,
le fer oxidé ou hydraté & le cuivre pyriteux.
Le terrain de grès rouge ne conftitue point de
montagnes importantes ; mais la plus grande hauteur
à laquelle il atteigne, eft d’environ i i c o mètres
, fuivant M. de Charpentier.
Le calcaire fecondaire ou alpin paroît conftituer
environ les deux tiers de toute la formation fecondaire
de cette chaîne ; il contient différentes couches
de grè s , de marne compacte & de fer oxidé
giobuliforme. Cette variété de fer y conftitue
les principaux dépôts de minerai.
Ce calcaire eft fort riche en débris de corps organifés
: ce font des mollufques marins, univalves
& bivalves, des polypiers & desnumifmales ; quant
aux débris de végétaux, on n’en çonnoît aucune
trace. M. de Charpentier, M. Picot de Lapey-
roufe & Ramond, s’accordent à dire que. les
montagnes de calcaire alpin les plus riches en
pétrifications, font celles qui avoinnent le Mont-
Perdu.
Le calcaire fecondaire des Pyrénées eft coupé
par de larges & profondes crevaffes ; il ne renferme
point, comme dans les Alpes.cesnombreufes
grottes qui forment un de fes•caractères. Cependant
on c ite , entre Saint-Girons & Pamiérs, une
caverne renommée ; elle a environ ico o mètres
de longueur, 50 de largeur, & 12 à 14 de hauteur
: ouverte aux deux extrémités, elle forme
un véritable pont naturel ;?, fous lequel coule
la petite rivière de la Larize. Voye{ Ponts naturels.
Le terrain amphibolique, c*eft-à-dire compofé
en grande partie d’une roche à laquelle on peut
donner le nom d’amphibolite t forme plufieurs variétés
minérales : c ’eft l’ ophite du favant Palafl ou.
Cette roche ne renferme point de couches étrangères
, mais elle eft traversée par un grand nombre
de fiffures accidentelles ; elle ne contient ni dépôts
métalliques, ni aucune trace de corps organifés
; elle eft fouvent accompagnée d’argile > de
gypfe & de calcaire. Ces différens dépôts contiennent
tous du fer oligifte ; le gypfe y renferme de
plus du fel gemme qui donne naiffance à des four-
ces falées. Quelques géognoftes ont prétendu que
ce terrain amphibolique étoit de formation v o lcanique,
& d’autres d’une antique formation marine.
M. de Charpentier penfe au contraire que
ce terrain & les roches qui l’accompagnent, font
d’ une formation moderne, êe peut-être pollé- 1
rieure à l’excavation de la plupart des vallées
des Pyrénées.
La roche principale qui le conftitue, occupe généralement
les parties baffes de la chaîne & les
régions inférieures des vallées ; fa plus grande
élévation n’atteint pas 1500 mètres.
L’amphiboiite fe retrouve fur les deux verfans
des Pyrénées, mais elle eft moins fréquente dans
la partie orientale que dans tout le refte de la
chaîne. Elle fe préfente, dit M. de Charpentier, ;
fous forme de monticules ou de buttes ifo lé e s , !
tantôt coniques, tantôt alongées, & terminées par''!
un plateau ou par une crête arrondie ; comme fa
ftratification eft peu diftinéte, qu’elle eft fujette à
fe décompofer & à fe divifer en maffes globuleu-
fe s , par fuite de l'influence de l’atmolphère, .c’eft
peut-être ce qui a donné à quelques naturaliftes
l’ idée de la confidérer comme un’produit volcanique.
Climat & végétation des Pyrénées. Dans la région
moyenne des Pyrénées, c ’eft-à-dire dans les lieux
qui ne font fitués ni fur la crête ni dans les hautes
vallées, le climat y eft généralement très-doux;
l'hiver y eft court & le froid très-modéré. II tombe
peu de neige dans le fond des vailées ; elle ne
relie ordinairement que quelques jours fur le fol.
Les chaleurs de l’été font affez confidérables ; les
orages y font fréquens , & les pluies y font abondantes.
Il eft à remarquer que les deux extrémités
de la chaîne font beaucoup plus chaudes que le
centre, ce qui provient fans doute de la différence
de hauteur.
Si nous jetons un coup d’oeil fur le verfant fep-
tentiional de toute la chaîne, nous remarquerons
que la végétation n’y eft point du tout la même.
Ainfi dans la vallée du T e t & dans celle de la
T e ta , l’olivier réuflit parfaitement & devient une
fource de richefle pour le cultivateur ; dans la
vallée de l’A u d e , il eft plutôt cultivé comme
plante d’ agrément, que comme plante utile ; enfin
, en continuant de marcher vers l'o u e ft,c e t
arbre ne profpère plus.
A partir des rives de l’Adour jufqu’au cap Or-
tegal, ce verfant eft fournis à un èlimat doux mais
humide; les vallées en font fertiles, & , choie
affez fingulière, les produétions végétales, fuivant
les obfervations de Bory de Saint-Vincent, y
ont le plus grand rapport avec celles de la Bretagne
, du pays de Cornouailles & de celui de
Galles, qui eft cependant plus élevé de neuf degrés
vers le pôle. Sur ce verfant l’oranger eft aufli
rare que l’ olivier; ils y font tout-à-fait dans la
claffe des arbres de lu x e , & le peu qu’on y cultive
, dans quelques pofitions favorables, rifqtie
fouvent d’être gelé dans quelques hivers rigoureux.
La vigne y réuflit mal, & le vin qu’on en
obtient eft très-médiocre ; mais en revanche le
pommier y réuflit aufli bien qu’en Bretagne & en
Normandie, & il fournit la boiffon la plus habituelle
du peuple. « Nulle part, dit Bory de Saint-
» Vincent dans fon Guide du Voyageur en Efpagne,
»» le nérion ne pare le lit des torrens, encore moins
s» voit-on les apres rochers produire des carou-
*» biers ou de ces caétes qui donnent aux lieux qui
•» les nourriffent un fl étrange afpeél, & nulle
»» part les habitations ne font circonfcrites par ces
»» haies d’agaves auxquelles le midi de l’Efpagne
» doit cette phyfionomie exotique qui la caratté-
»» rife. Aufli ies richeffes du fol ne confiftent-elles
»» guère qu’en vivres qui fe confomment dans le
»b pays, & c ’eft la pêche ou le commerce de la
»s mer, qui, joints à l’exploitation de quelques
» mines, en font l ’unique reffource. »
Depuis l'Adour jufqu’ à la vallée du T e c , les
vallées qui defeendent du verfant que nous parcourons,
font remarquables par la richeffe & la
vigueur de la végétation , furtout dans les baflîns
fitués vers le pied de la chaîne, Lorlque , vers le
mois de juillet, les plaines voifines font deflechées
par les fortes chaleurs, la plus belle verdure continue
à fe montrer dans ces riantes vallées, parce
que chaque nuitla terre eft rafraîchie par une ro-
fée plus abondante que dans lès plaines.
Si nous remontons depuis les plaines jufqu’ au
fommec des Pyrénées, la végétation y change
graduellement de nature ; ainfi vers le fommet du
pic du M id i, le cucubale le fait remarquer à côté
de la gentiane dentée q ui, ainfi que l’a dit Ramond
, n’ a befoin que de quelques jours fereins
entre la fonte des neiges & leur retour, pour ouvrir
fa.jolie'fleur, dont la couleur eft l’azur foncé
du ciel qui la voit épanouir. L’arbufte qui fe montre
dans les régions les plus élevées des Pyrénées,
eft le rhododendrum ; on le voit à la hauteur de
1800 mètres. Au-deffous croiffent l’i f , le pin cem-
bro, le fip in, le pin fauvage & prefque tous les
arbres rénneux ; au-deffous de ces arbres, les végétaux
de la plaine commencent à fe montrer.
Si nous jetons un coup d’oeil fur le verfant méridional
de toute la chaîne, nous y verrons une
végétation généralement différente de celle du
verfant oppofé. A l’ orient comme à l’occident, U
vigne cultivée avec avantage & facilité, produit
des vins eftimés; l’ olivier s’y montre fur plufieurs
points', furtout dans les baffes vallées. La beüotte