
H eii êlV de même des trachytes granitokles de
Piiojé, au pied du volcan de Puracé. Au lein des
Cordillères, les teintes pâles dominent dans les
trachytes; la couleur même peut fervir d’indice
pour l'âge de ces roches : les maffes blanches,
grifes ou rouges, paraiflênt être antérieures aux
malles noires.
_ L epaiflèur des couches de trachytes eft telle,
dît M. de Humboldt, que fur le plateau de Quito
elle atteint 14,000 à 18,000 pieds.
En Europe, les trachytes fe préfentent avec
les mêmes caraélères minéralogiques qu’en Amérique;
leur pofition eft également analogue à celle
des mêmes roches du nouveau continent. Ils
ont fouvent une difpolition c o im m a ir e s nulle part
ils ce forment de véritables coulées. La feule
différence qu’ils paroilîcnt offrir, c’eft l'abfence
de cette ((ratification régulière, obfervée par
M. de Humboldt en Amérique. Il eft à remarquer
aufli que les trachytes noirs prennent fouvent llaf-
peâ du bafalte, avec lequel il eft facile de les
confondre fi l’on néglige un caraâère-propre à
les diftinguer : c’eft que le péridot olivine eft
toujours difféminé dans la pare du bafalte, &
jamais ou prefquejamais dans celle du trachyte.
Les eurites, lorfqu’elles forment de grandes
maffes, affrètent la ltruéture prifmatique; elles"
femblent tenir le milieu entre les trachytes &- les.
bafaltes; elles montrent de la tendance à palier,
indifféremment à l’une ou à l’autre de ces roches.
Souvent elles fe divifent li facilement en plaques
& en lames, que dans les Monts-Dors, la roche
fanadoire, qui eft une eurite compaéte, eft exploitée
en dalles pour former la toiture des habitations.
Jamais elles n’ofirent la decompofïtion en
boules comme les bafaltes ; mais elles préfentent,
comme dans la localité ci-deffus, de gros prifines
à quatre, cinq & fix pans.
Les conglomérats accompagnent les trachytes ;
dans les deux continens; partout ils forment la
dernière aflife du terrain trachytique. En Amérique
, ils couvrent, dit M. de Humboldt, d’im-
menfes furfaces, non au pied des Cordillères
mais fut leurs flancs et fur des plateaux de 1,200
à 1,600 toifes de hauteur. En Europe & furtout
en Hongrie, ils préfentent la même difpolition.
Dans l’ancien continent, ils font plus particulièrement
que dans le nouveau le giffement des
opales.
F o rm e s d u f o l t r a c h y t iq u e . Ce qui peut donner
une idée delà pttiffance qu’atteignent les trachytes,
c’eft que depuis l’immenfe aflife fur laquelle re-
pofenc les Cordiliières; elles en lont prelqu’entiè-
rement formées jufqu’à leur fommet. Le Chimbo-
razo, dans fa majeltueufe élévation, n’eft qu’un
cône de trachyte; le Pitchincha, le Cotopaxi
& plufieurs autres montagnes importantes de
cette chaîne en font également compofés. Les
trachytes y eonftituent donc des dômes de plus
de 4,cco mètres de hauteur. Leur fortae arrondie
eft un des caractères qui fervent à diftinguer,
au premier coup-d’ôeil» les cimes trachytiques,
mais principalement celle des montagnes
de trachyte tendre appelé d om ite .
Dans l'ancien, on peut prendre pour types les
trachytes de la Hongrie., fi bien étudiés par
M. Beudant. Ils fe divifent en differens groupes
indépendant les uns des autres, & compofés en
général de montagnes arrondies & coniques, dont
quelques-unes s'élancent fubitement au-deffus de
toutes les autres, de manière à former autant de
points de centre, autour defquels fe réunifient
ce5 dernières, fur lefquelles s'appuient à leur tour
des buttes de même nature. La plupart de ces
montagnes font dépourvues de ces pointes déchirées
qui cara&érifent les formations granitiques
j on en voit peu qui préfentent des groupes
prolongés. «« Il exifte dans différentes parties,
ajoute M. Beudant, des fommets efearpés à pic,
terminés par des efpèces de plateaux où Ton
aperçoit quelquefois des aflifes horizontales plus
ou moins diftinéles ; mais nulle part on ne voit
plufieurs de ces efearpemens fe correfpondre fur
un même plan, comme il arrive fouvent aux plateaux
bafaltiques, & il eft impoflible de les considérer
comme lés veftiges d'une couche générale,
morcelée de différentes manières. »
Les montagnes de trachytes ne préfentent-aucun
veftige de cratère: ce qu’on a quelquefois
pris pour des bouches ignivomes, ne font que
des excavations, des enloncemcns particuliers,
placés ordinairement fur les flancs des montagnes,
mais toujours dépourvus de laves & de
feories, feuls indices qui pourroient attefter l'a-
nologie de ces excavations avec de véritables
cratères.
Les roches de diverfes efpèces, qui appartiennent
à l'époque trachytique, ne fe préfentent jamais
ou prefque jamais en couches îubordonnées
ou fuperpofées les unes aux autres. « Chaque
efpèce & même chaque variété un peu remarquable,
forme en quelque forte, dit M. Beudant,
une butte ou une montagne particulière
ifolée & indépendante de toutes celles qui l'avoir
finent,*&: au milieu defquelles elle fe trouve
enclavée. *>
Dans les terrains trachytiques, les montagnes
& les collines font prefque toujours difpofées
dans un même ordre, en partant du point central
de chaque groupe, Ainfî, M. Beudant a reconnu,
en Hongrie, qu'un groupe fe compofe
de quatre maffes diftinétes, fayoir : i° une mafle
de trachytes de diverfes efpèces, poreufes ou
feorifiées ; 2°. une maffe de porphyre trachytique
(ans roches feorifiées; j$°. une maffe de perlite'
& de diverfes roches vitreufes accompagnées de
ponces & de feories vitreufes; 40. enfia, une
maffe de porphyre molaire.
«« Ces diverfes claffes de produits, qu'il eft
impofiüble de confondre même dans les collections,
font, dit M. Beudant, très-nettement réparées
dans la nature. La première occupe en
général le centre des groupes. Les diverfes variétés
de roches qu’elle préfente couvrent des
efpaces de terrain çonfidérables, & font en général
les plus abondantes dans la plupart des loca-
tités. Les montagnes qu’elles forment s'élèvent
jufqu’à 1,000 & i,ioo mètres, que les autres produits
atteignent très-rarement & que jamais ils
ne dépaflent. On peut même dire en général que
Içs montagnes compoféps de trachytes font partout
les plus élevées, & que la hauteur va fuc-
cefltvement en diminuant dans les montagnes que
forment les autres roches.
»» En partant de ces maffes centrales, les autres
produits fe Succèdent en allant vers les
plaines, à peu près dans l'ordre ci-deffous. On
trouve d'abord les montagnes de porphyre trachytique,
puis les montagnes de perlite, 5c (enfin
les montagnes de porphyre molaire, qui paroif-
fent appartenir à une époque de formation plus
moderne que toutes les autres. *•
En France, dans les dépaitemens du Puy-de-
Dôme & du Cantal, les montagnes trachytiques
préfentent une longue fuite de profils variés qui
couronnent de vaftes plateaux. La facilité avec
laquelle l’a&ion de l'atmofphère dégrade les roches
qui les compofent, explique l’origine de ces
pics bizarrement déchirés qui s'élèvent au-deffus
des vallées, telles que celle du Mont-Dor & les
autres moins importantes qui y aboutiffent; de
ces caps qui s'avancent au bord des vallées couronnées
de maffes importantes, imitant de loin
d’antiques conftruâions noircies par le temps ;
de ces fommets ifolés qui s’élèvent en pointes
comme le pic du Sancy, ou en coupoles arrondies
comme le Puy-de-Dôme, indiquant probablement
la hauteür des plateaux que les trachytes
ont formés dès leur origine.
Lorfqu'on entre dans la vallée du Mont-Dor,
on eft frappé d'étonnement à la vue de ces fommets
déchirés, compofés de roches trachytiques,
& l’on a de la peine à croire, malgré la différence
qui exifte entre les trachytes & les laves, que l’on
ait pu douter qu'ils fufient dus à l'aâtion des feux
fouterrains. La grande cafcade qui tombe d'un
plateau de trachyte, dont la hauteur peut être
eftimée à 120 pieds, & qui coule au milieu d'une
large déchirure, accrue tous les ans par l'a&ion
des eaux qui fe précipitent vers le lit de la Dordogne,
mérite de fixer l’attention. En montant au
milieu des débris a travers lefquels l'eau fe fraie
un paffage, on remarque d’abord une large bafe
de conglomérats trachytiques $ puis une maftè de
leucoftine porphyrojide paftant au bafalte , & que
MM. Lecoq & Bouillet appellent trachyte noir ;
au-deffus, on voit un conglomérat trachytique à
ciment ferrugineux rougeâtre, dont l’origine vol-1
canique s'annonce par la préfence de petits fragment
de pyroxène : d'ailleurs cette origine eft, de
plus, atteftée par les petites cavités que préfentent
quelques-uns des fragmens qui en font partie.
Plus haut, une fécondé affife de leucoftine. Au-
defîiis, s’étend une couche de plufieurs mètres
d'épaiffeur, compofée d’une efpèce de tufa, ou
de pépérine pulvérulente, d’un gris d'ardoife ,
au mili.u de laquelle on trouve une grande quantité
de criftaux de feld-fpath vitreux appartenant
aux criftallifations décrites par Haüy, fous les
noms & h ém i t r o p e , de q u a d r ib in a ir e & de q u a d r i-
d é c im a le , & de lamelles de fer oligifte donc la crif-
tallifation a été appelée f é g m in i f o rm e par le même
minéralogifte. Cette pépérine eft furmontée d’un
trachyte grisâtre.
Nous avons de la peine à confidérer, ainfi que
l’ont fait MM. Croifet & Jobert, dans leurs
R e c h e r c h e s 'fu r l e s o jfem en s f o j j i l e s d u d ép a r tem en t du
P u y - d e -D ô m e , comme des cendres volcaniques, la
couche tendre & noirâtre qui fupporce le dépôt
fupérieur de trachyte grisâtre, qu’ils appellent
porphyre. Je défigne cette couche îous le nom de
p ép é r in e ,• je la confidère comme le réfultat de
la décompofition de la roche qu’elle fupporte, & je
me fonde fur l’impoflîbilité que des cendres volcaniques
renferment des cr.ftaux de feld-fpath
d’une aufii grande dimenfion S c touc-à-faic lem-
blabies par leur alpedt vitreux & par leur criftalli-
fation à ceux que l’on remarque dans le trachyte;
tandis que ces criftaux, ainfi que ceux de fer oligifte
, parties effentielles des trachytes, indiquent
que la décompofition de cette roche a formé la
pépérine grisâtre dont il eft queftion & qui pa-
roit noire, parce qu’elle eft conftamment humectée
par les eaux qui coulent continuellement
le long des fiffures qui divifent lç trachyte.
Dans la vallée, fur la rive droite de la Dordogne,
aux environs de la cabane connue fous le nom des
M a n f e l le s , nous avons obfervé quatre variétés bien
diftin£tes du tr a c h y te g r is â tr e de M. Brongniart :
l'une, tirant fur le brun-violâtre, contient beaucoup
de mica brun avec de petits criftaux d’amphibole
& quelques pyroxènes; l'autre, plus
poreufe, tout-à-fait grisâtre, fans mica, fans pyroxène
, contient considérablement d’amphibole
lamellaire, & le feld-fpath y eft en décompoficion ;
dans la troisième, légèrement poreufe, l’amphibole
eft en très-petits criftaux & la maffe eft d'un gris
plus foncé ; enfin ,1a quatrième gris-brun, remplie
d'aiguilles d'amphibole, eft remarquable par fes
nombreufes cavités tapiffées d'amphibole acicu-
laire. Ces trachytes ont été entraînés du Puy-Gros,
où j’ai retrouvé leurs analogues.
En remontant la vallée du Mont-Dor pour aller
à la cafcade de la D o r , on gravit une partie
de la montagne de Cacadogne, & l'on traverfe la
cafcade du Serpent, qui diffère des autres caf-
cades de la vallée, en ce qu’au lieu de tomber
d’un point élevé, fes eaux limpides descendent