
vados , qui a eu l ’occafion d'étudier' le calcaire à
polypiers, a remarqué que Ton afpeét varie félon
les localités, mais que généralement il fe préfente
fous la forme de cailloutis ou de plaquettes,
propres à être employés comme moellons. Il eft
teint en jaune par du fer , que l’on trouve fouvent
en petites maffes entre les lits & dans le corps
même de la pierre. C e calcaire paroît, au premier
afpeét, n’être compofé que de débris de
polypiers & de coquilles ; mais quand on examine
avec foin fa caffure, on y remarque, les facettes
d’une multitude de criftaux de carbonate de chaux.
Dans les bancs où les plaquettes cefifent, les blocs
renferment des foffiles plus gros. On remarque
fouvent au milieu des plaquettes, des maffes d un
calcaire fablrnneux à gros grains,, jaunâtre, contenant
de l’argile; d’autres fois ces malTes font
blanchâtres & ne paroilfent point être argileufes.
Plus on defcend dans les bancs inférieurs, plus les
couches acquièrent d’adhérence, de manière à
leur donner l’ apparence d une bonne pierre de
taille, car ils n’eh ont jamais la qualité : il eft
difficile qu’ils réfiftent à l’aétion de la pluie & de
la gelée. On trouve cependant quelques-uns de
ces bancs qui fourniffent d’ affez bonnes pierres
pour les conftrudlipns.
C e calcaire pourroit être confidéré.comme appartenant
encore à la formation oolithique, car
on y remarque fouvent des oolithes brunes de grof-
feur inégale , & des oolithes blanches d’ un grain
affez égal & arrondi.
Outre les nombreux polypiers qu’ il renferme,
on y trouve des Ençrinites, quelques Gryphites8c
de nombreufes coquilles de Céphalopodes, telles
que des Ammonites , des Nautiles , dés Bétem-
ni tes , quelques B acidités , plufieuts Ourfins , un
grand nombre de Trochusi enfin, des conchvlifères
bivalves, tels que des Peignes, des Huîtres, des
Modioles & des Térébratules, qui appartiennent à
un grand nombre d'efpèces.
Au deffus de la première couche de pierre fe
trouve un lit argileux, qui renferme auffi des
coquilles & des polypiers généralement bien con-
fervés.
La formation du calcaire à polypiers de Caen a
été reconnue par M.de Magnevilie fur une grande
étendue de terrain : d’abord à l’embouchure de
la Gronde, rivière qui fe jette dans l’Océan jiifqu’à
Oyeftrecham , à l ’embouchure de l’O rn e , dans
les terrains de fa rive gauche, depuis la mer juf-
qu’au-delà.de R'o.ts, : peu de diftancejle la fource
de la Mue , & jufque fur les bords de l’O don,
près de Caen -, enfin en remontant l’Orne, le
long de fa rive droite, depuis fon embouchure
jufqu’ au-delà du village d’ if s , non loin de.l’em--
bouchure de la Laize. Elle domine le baffin de
l’Orne dans la direction du fud-eft, jufque vers
les fources de la Laize <k de la petite rivière
d’Ante près Falaife , c’eft-'àrdirey au point de
partage des eaux qui vont fe jeter au nbrdrouefi.
dans l’Orne & nu nord-eft dans la Dive. Tour
porte à croire; que les divers plateaux fitués fur la
rive droite de la Laize & de l’Orne, & fur la rive
gauche de la Dive, appartiennent.à la même formation
calcaire, & que les collines des deux
rives de l’Orne aux environs de Caèn. font fo r mées
de ce calcaire à polvpiefrs. Il a environ de
fix à neuf mètres de puiffance, félon les localités.
Afin de donner une idée de l’ordre de fuperpo-
fition des roches calcaires du baffin de l’Orne aux
environs de Caen , nous nous fervirons des ren-
feignemens qui nous, ont été fournis par quelques-
uns des naturaliftes qui fe font occupés de ces
recherches , dont les travaux fe trouvent con-
fignés dans les Mémoires de la Société linnéenne du
Calvados.
C ’eft fur le calcaire de Caen , roche particulière
ainfi appelée, parce que c’eft dans les environs
de cette ville qu’on la trouve en plus grande
abondance , que repofe le calcaire à polypiers.
Sur la rive gauche de l’Orne on exploite quel*
qües carrières ouvertes dans le calcaire de Caen :
cèlle de la Ma ladrerie eft la plus importante.
Nous allons paffer en revue les principaux bancs
dont fe comp.ofent ces carrières.
Fragmens calcaires fur une épaiffeur de. im.cy
Calcaire dur rempli de pointes criftall
i f é ë s . ^ ........... 0 .3 1
Banc compofé dé huit couches alternatives
calcaires d’environ 0,49 mèt- d’é-
paiffeur, féparées par des fiffures de filex
pyr.omaque épaîffes de 0,05. mèt. ; épaiffeur
to t a le . . . . . . . . . . . . . . . . . : .............. $ .91
Banc partagé en deux lits & rempli de
corps filiceux alongés , dont l’origine n’a
point encore été déterminée...................... 1 .3 7
Banc qui en forme deux dans quelques •
localités ;. fon grain eft généralement fin;
à la partie fupérieure on commence à
trouver des ammonites pétrifiées, &
plus on defcend vers la partie inférieure,
plus les -pétrifications .deviennent nombreufes..............................................................
1. 1$
Deux bancs fe fuccèdent enfuite ; le fii-
périeur eft d’une teinte jaunâtre , il a o. ^4
mèt. d’épniffeur; il e ft, ainfi que celui
qui fuit, d un grain tendre, quoique rempli
de petits corps filiceux analogues à ceux
dont il vient d’ être parlé. C ’eft dans ce
banc que l’on a trouvé les cffeme.is d’ un
.animal foffile que .l’on croit être un crocodile.
Il exifte au point de jonétion de
ce banc avec celui qui fuit, du quartz
calcédonieux , rempli de cavités quadran-
gulaires qui paroiftent avoir contenu les
criftaux d'une .fubftance qui s>eft diffoute
par l’aétion d’ un agent quelconque. L’é-
paiffeur totale de ces deux bancs réunis
eft d e ................ ............ . ............................ .. t .44
9*35
Ci contre.. ......... .. • r . . . . • . • 9*33
Enfin, le dernier banc , d’ un grain affez
fin & ferré., & renfermant des nodofités
bleuâtres plus dures que le refte de la
roche, en fait un calcaire dont l’ufage eft
répandu dans beaucoup de conftru&ions.
Il contient auffi des ammonites qui ont
cela de particulier qu’elles font placées
debout.,Son épaiffeur, qui varie fur quelques
points , peut être évaluée à .............. ' o . 67
Epaiffeur de la paftië exploitée du calcaire
de Caen '.. : ............1....................... ic .o b
Au-deffous des carrières dont nous venons de
donner là coupe, il exifie encore deux bancs ; le
premier, appelé banc des airs, n’eft point exploité,
parce que , par des trous de huit à treize centimètres
de diamètre, dont il eft naturellement
pe rcé , il s’échappe nn air froid fétide, qui par
fon aétion délétère incommode les ouvriers.
Nous ne pënfons point qu’on en ait fait l ’ana-
Ivfe, mais nous fotnmes portés à croire qu’ il doit
contenir une affez, grande portion d’àcide carbonique.
Suivant l’ opinion de M. Leneuf de Neufville,
plufieurs autres bancs fuccèdent à celui-ci, & fi
l ’on creufoit encore vingt mètres, on arriveroit
à une nappe d’eau qui règne partout fuivant le
niveau des eaux, mais qui ordinairement coule
fur un banc bleuâtre appelé calcaire marneux.
D’après cette donnée, le calcaire de Caen
auroit environ trente mètres de puiffance. Nous
avons dit qu’ il étoit furmonté dans quelques localités
par le calcaire à polypiers ( car dans les
formations fecondaires comme dans les tertiaires,
l’ ordre de fuperpofition n’eft pas toujours complet).
Au-deffous du calcaire de C a en , exifte un
dépôt plus ou moins conf dérable de calcaire marneux
-Se de marne bleue. Il atteint depuis huit
ou dix , jufqu’a quarante mètres de puiffance.
Son épaiifeur augmente à mefure que l ’on s’é loigne
de Caen , à l'oueft de cette ville.
. Sous le calcaire marneux repofe un banc d’oolithes
blanches , qui a quelquefois cinq mètres &
même plus du double 3’épaiffeur.
Au-deffous, l’on voit le calcaire à oolithes
brunes , dont l’épaiffeur dépaffe rarement un
mètre. C ’eft dans cette roche, dont le grain greffier
varie de dureté, & dont les affifes fe voient
à CroifiHè , que l’on trouve le plus de corps or-
ganifés .foffiles , tels que des Céphalopodes , dés
Conchyl i f ères , des Alcyons'^ des polypiers f dés ojfc-
mens qui appartiennent à dés’animaux aquatiques
ou amphibies, & des fragmens de ce fingulier
végétal1 appelé tartuffite xiloiée y qu’ Albert Fortis
& Faujas obfervèrent dans lés terrains calcaires
de la haute Italie, & qui fèmble avoir la plus
grands analogie avec le bois foffile à odeur de
truffes, dont M. Beudant découvrit une quantité
prodigteüfe dans la fécondé ma fié de l’el des mines
de VViiiiczka. Nous en donnerons la defeription
à l’article V é g é t a u x fossiles. Enfin, ati-defTous
du calcaire à oolithes brunes, fe trouve la roche
appelée calcaire a gryphites arquées , à caufe du
grand nombre de conchylifères de cette efpèce qui
le cara&érifent, & qui y font accompagnés d’ un
nombre non moins confidérable de bélemnites.
Cette roche atteint & quelquefois dépaffe l’épaiffeur
d’un à deux mètres. Elle repofe, dans certaines
localités , fur un calcaire tendre pur coquil-
lier & fur un conglomérat formé de filex & de
quartz grenu, qui* paroît appartenir à un terrain
d’àlluviom
Après avoir donné la defeription des terrains
du baffin de l’O rn e , il nous femble utile de parler
des rochers q ui, près de fon embouchure , s’é lèvent
au-deffus de l’Océan dans les marées ordinaires,
car dans les hautes marées ils difparoif-
fent entièrement, & deviennent autant d’écueils
dangereux pour le navigateur inhabile.
Ces rochers font celui de Lyon^, de R a z , de
Langrune & le rocher du Calvados. Ils occupent
fur une feule ligne parallèle à la côte, dont ils ne
.font éloignés que d'une lieue au plus, un efpace
de huit lieues de l’eft à l’ oueft. Celui de Lyon eft
le plus rapproché de l’embouchure de l’Orne ;
' il s'élève à une lieue de cette rivière, & commence
près de la côte. Il doit fon nom au village
de Lyon-en-Mcr' fitué fur une forte de cap
qui s’élève au-deffus du rivage. Son prolongement
forme le raz de Langrune , qui porte le nom d’un
village placé vis-à-vis de ce rocher. Entre le raz
de Langrune & le rivage, s’ élèvent les rochers
plats, qui occupent un efpace un peu moins confidérable
, & q u i, par leur extrémité occidentale,
fe réunifient au raz de Langrune , en formant avec
celui-ci un petit golfe long d’une lieue & large
d'environ fix cents mètres. A neuf cents mètres à
l’oueft de ces rochers, s’élè ve celui du Calvados,
ainfi appelé depuis le naufrage d’un navire ef-
pagnol qui fai foi t partie de lefcadre que Philippe
11 envoya en Angleterre en 1588. On préfume
qu’unie anfe, décrite dans la partie du rivage
fituée en face de ce rocher, doit à cet événement
le nom de foffé d'Efpagne. C e rocher occupe
un efpace de plus de cinq lieues; il eft formé,
ainfi que les autres que nous venons de nommer,
de calcaire marneux. Dans les fortes marées il ne
préfente hors des eaux qu'une furface plate d’ environ
trente mètres de large 8-r de quelques centaines
de métrés de longueur; quelquefois même
il di-fparoîr entièrement fous la furface de l’Océan.
' (J. H.)
j ORNES. L’un des affluens de la Mo Telle, fur
la rive gauche de cette rivière , dont la fource eft
près du village du meme nom , & l ’embouchure à
trois lieues au-deffous de Metz. Son cours - eft à
peu près de douze lieues & fon baffin affez large,
en forte que le volume de Tes eaux eft plus confidérable
que la longueur de fou cours ne femble