valves, appartiennent à toutes les mers ou aux
contrées les plus oppofées, mais que cette communauté
a fur tout lieu entre les zones torride &
tempérée. On a remarqué encore que le nombre
des genres ou d'efpèces du même genre & à
rail'e qu'atteignent les mollufqucs, font en raifon
direéle de i’accroiffiment de température; mais
qu'une foule d'efpèces préfente une différence
cofifîdérable fous ce rapport, puifqu'on les retrouve
dans prefque toutes les régions, tandis
que certains genres ou certains groupes font propres
à certaines localités.
I nsectes. La diftribution géographique des infectes
eft foumife aux mêmes règles que celle des
végétaux. « L’obfervation, a dit le favant ento-
mologifte La treille, nous apprend que les pays les
plus féconds en animaux à pieds articulés, en
infeétes furtout, font ceux dont la végétation
eft la plus riche & fe renouvelle plus promptement.
Tels font les effets d’une chaleur forte &
foute nue, d'une humidité modérée & de-la variété
du fol. Plus, au contraire, on s'approche de
ce terme où les neiges & les glaces font éternelles,
fo!t en allant vers les pôles j fait en s'élevant fur
des montagnes, à un point de leur hauteur qui,
par l'affoibliffement du calorique, préfente les
mêmes phénomènes, plus le nombre des plantes
& des infeCles diminue. Enfin, dès qu’ on aborde
ces régions que l ’hiver obsède fans ceffe, les
êtres vivans ont difparu & la nature n'a plus
la force de produire. » Plufieurs infedes des
environs de Paris n'habitent, dans le midi de
la France, que des mo:tagnes fous-alpines. Les
Pyrénées & les Alpes offrent des efpèces propres
à la Suède & aux autres contrées feptentrionales
de l'Europe. La taille des infeCtes eft généralement
en rapport avec l’élévation de la température de
certaines contrées : les plus grands papillons fe
trouvent aux Moluques 5 ceux de la divifion des
troyens font propres aux Indes orientales & à
l’Amérique.
« I l fembleroit, ajoute M. Latreille, que le
voifînage de l’Océan exerceroit, du nord au fud,
uneaffez grande influence fur la nature des infeCtes,
car plufieurs efpèces des environs de Bordeaux fe
trouvent dans les parties de i'Efpagne fituées fous
le même méridien. « Quoique les infeéles de nos i
départemens fep tenta ionaux foient les mêmes que
ceux de l'Allemagne, il femble que le Rhin & fes
montagnes orientales forment une limite que
plufieurs ne franchifient point. Vers le cours inférieur
de la Seine, là où la vigne commence à
profpérer, on voit paroître les infeCtes des contrées
chaudes de l’Europe occidentale. Dans les
parties de la France où l'olivier & le grenadier
croiffent fpontanément, on remarque que!q tes
efpèces africaines. Les contrées de I’Efpagne,
baignées par la Méditerranée, nous offrent plufieurs
infcêtes du Levant. Ceux de la côte de
Coromandel, du Bengale, de la Chine méridionale
& du Thibet même, femblent, par
quelques 'affinités, appartenir au climat africain;
ce climat s'étend auffi fur les îles C a naries
, & n ême jufqu’à Sainte-Hélène.
La forme alongée & l’atmofphère humide du
nouveau continent, e>p!iquent comment, fous les
mêmes parallèles, les inftélés y diffèrent de ceux
de l’ancu n ; mais on y-remarque les mêmes rapports
& les mêmes diffemblances en raifon du climat.
Les efpèces de. la Catolire diffèrent de celles
des contrées plus au nord. Quelques papillons
de la Géorgie font communs aux Antilles. Les
inftéles de l'Amérique équinoxiale reffemblent
à ceux de 1 île de la Trinité : le Bréfil en pof-
sède plufieurs qui fe retrouve! t à la Guianè.
Enfin, à partir du tropique, les efpèces dégénèrent,
à mefure que l'on fe dirige vers le
fud.
Poissons. L’Océan a , comme la terre , fes
régions populeufes & fes folimdcs.1 Dans les
premières vivent, félon les latitudes , certains
poiffons qui y trouvent la fubfiftance, la chaleur
& h lumière qui leur conviennent; Us fécondés
font parcourues dans tous lés fens par des
poilfons q u i, semblables au lion & au tigre du
défert., font une gu?rre continuel’e aux efpèces
deftinées par leur foib’effe à f.tisfahe leur voracité.
Le requin ( fqualus carcharias) , comme le
plus avide, eft celui qui pa1 court les plus grandes
diftances ; on le rencontre dans toutes les mers ,
à la fuite des vaiffeaux dont les immondices lui
afliirent fa nourriture. Les coryphènes & les feom-
lres} qui vivent de chaffe, n'ont point de limites
fixes; ils traverfent en troupe l'Océan dans tous
les fens ; mais, à l’exception de ces efpèces, fou-
vent le navigateur parcourt des efpaces immenfes
fans rencontrer de poiffons : ce n’ eft que lorfqu’il
approche de quelques grands bancs ou de quelque
terre, qu’il en voit en grand nombre, parce que
ces animaux y cherchent des abris & des lieux
commodes pour y dépofer leurs oeufs. Quelquefois,
dans la haute mer, on rencontre dé petites
efpèces ; mais le plus fouvent elles y ont été en-
tr înées par les courans, à l ’abri des fucus ou des
grands arbres déracinés. Dans les mers équatoriales
habitent, au milieu des maflifs de madrépores, les
ckétodons, les ppmac entres-3 les acamures, & plufieurs
autres genres aux brillantes couleurs.
ce Près des côtes rocheüfes, battues par la tempête,
s’ offre, difent MM. Quoy & Gaymard,
l’éclatante tribu des baliftes y au nager vacillant
& incertain, & des labroides, à lèvres charnues
& rétra&iles. m
Les migrations des poifTons font provoquées
par le befoin de trouver des eaux moins profondes
, afin d'y dépofer leur frai. Ainfi les harengs ,
venant du fond de la mer glaciale, fe tranfpor-
tent tous les ans fur les côtes, de l’Iflande, de.
l’Ecoffe, de la Norvège, de la Suède , du Danemark,
de la H o Harde & des Etat-Unis , auffi bien
que fur celles du Kamtchatka & des îles voifines.
11 paroît prouvé que les immenfes légions de harengs
fuivent machinalement les chaînes des bancs
& rochers fous-marins qu’elles rencontrent. Les
variations prétendues & réelles qu’éprouvent ces
migrations femblent auffi dépendre des caufes
locales que nous indiquerons dans un autre endroit.
Les thons fe tranfportent également tous
les ans de l’Océan atlantique dans la mer Méditerranée;
fait que déjà les Anciens avoient ob-
fervé & décrit. Outre ces migrations annuelles
& en partie exactement connues, les courans
doivent en occafionner d'autres qui échappent à
l ’obfervation. Il eft vrai que les poiffons, en général
, paroiffent fouffrir beaucoup par un chan-
gementfoudain de température, ce qui peut faire
croire que ceux qui vivent à la furface de la
mer font circonfcrits dans certaines régions. Mais,
d'un autre côté, les obfervations de MM. Biot
& Laroche, en démontrant l’admirable propriété
qu'ont les organes refpiratoires des poiffons de
s’emparer d’autant plus dVxigène qu’ ils defeen-
dent à une plus grande profondeur, ne mettent
aucune borne aux migrations des efpèces qui vivent
dans les couches inférieures de la mer.
Les genres cyprinus & perça , dont la carpe &
la perche font les types, peuplent prefque toutes
L s rivières des zones tempérées; les efturgeons
habitent les petites méditerranées, telles que la
Baltique, la Cafpienne, le Pont-Euxin; la grande
efpèce ( acipenfer-hufo), que l’ on rencontre fréquemment
dans le Volga & le, Danube, le cède
encore pour la taille au mâl ou Jilurus glanis, le
géant des poiffons fluviadles. Le vorace brochet
& quelques autres efpèces vivent Couvent dans
des mers fouterraines qui ne communiquent avec
l'atmofphère que par de petites ouvertures.
Une circonftance plus digne de figurer dans un
tableau général, c'eft la prefence des poiffons de
mer, tçls que le cabeliaut dans le lac Ouinipeg,
au centre de l’Amérique feptentrionale.
R e p t il e s . « Parmi les animaux terreftres, les
reptiles occupent le dernier rang. Leurs organes
font empâtés, quelques-uns leur manquent en
parties; un épais bouclier ou une peau écailleufe
les couvrent; lés os font mous; la force vitale,
difféminée dans tous les membres, n’a point de
centre d’énergie; enfin , chez quelques efpèces,
les parties de l’animal étant découpées Te repro-
duifent d’elles-elles. Tous'ces traits caradlérifti-
ques indiquent un premier effor de la nature, un
détachement imparfait de la matière brute. Auffi
les reptiles, femblent-ils profpérer dans la boue
échauffée par les rayons veiticaux du foleil. »
Le crocodile de l’Afrique, le gavial du Gange
& les divers caïmans d'Amérique, font les géans
de l ’ordre des Sauriens y c’eft dans les régions
les plus chaudes de l’Amérique & des terres Océaniques
que les ferpens gigantefques fe roulent en
orbes immenfes ou portent fous leur dents un
venin mortel; les tortues, qui paiffent les algues
dont fe tapiffe le fond de l’Océan, ne co u vrent
d’une infinité d’oeufs que le fable des régions
équatoriales.
Les tortues marines ou les chélones font quelquefois
de longs voyages afin de trouver un lieu
favorable pour y dépofer leurs oeufs. Les tortues
d’eau douce, c'eft-à-dire les émydes, les chélides
& les triants, relient cachées dans la fange ou les
rofeaux. Les tortues terreftres ne font point conformées
de manière à entreprendre des voyages;
elles habi tent les contrées méridionales de l’Europe
On peut dire de ces dernières ce que
M. Bory de Saint-Vincent dit de tous les reptiles
terreftres : ce font de tous les animaux ceux
qui fe déplacent le plus difficilement. Ainfi les
frênes font américaines, le protée an-gui n & le ba-
filic font propres à l’Autriche, les caméléons ap-
j partiennent à l’ancien monde, & notre hideux
crapaud commun n’a jamais été trouvé hors de
l’Europe occid ental.
O iseau x . Les ailes dont les oifeaux font pourvus
femblent leur affigner l’atmofphère entière
pour domaine; mais le plumage dont ils font couverts,
& qui, femblable à une véritable végétation,
varié félon les climats & les températures, nous
prouve que ces êtres, en apparence fi libres
font pourtant fournis à quelques lois géographiques.
Ceux même à qui leur conftitution robufte
permettroit de fe répandre au loin femblent attachés
par des goûts & des affections aux lieux qui
les virent naître. Ainfi, le condor & le roi des
vautoursy qui planent au-deffus du Chimborazo
même, n’abandonnent point la chaîne des cordillères
du Pérou & du Mexique ; le vautour des
agneaux & le grand aigle ne s’éloignent pas du
fommet de nos Alpes. L’aigle de mer ou \ Prfn.it
eft peut-être répandu autour du globe.
Dans l'ordre naturel des fylvains, les voyageurs
fe font fouvent trompés en confondant les efpèces
étrangères avec celles d’Europe: ainfi les calaos
d’Afrique & des Indes diffèrent de nos corbeaux, &
les manakins d'Amérique ne font point nos mé-
fanges, malgré quelques traits de reffemblance.
La zone torride ne pofféde pas feule des perroquets
: communs en Amérique, on en a retrouvé
jufque dans l’ île Macquarie, au fud-oueft de la.
Nouvelle-Zélande; les kakatoès, communs aux
Indes orientales, font auffi très-répandus dans.
• ^l'Océanie; les perruches fe trouvent en A friqu e,
dans l’Inde & dans l’Océanie; les loris vivent
dans les î'es au fud-oueft de L’ Afie, & les aras ,
ainfi que les papegais ou perroquets proprement
dits, font tous d’Amérique. Le fameuxoifeau-de-
paradis ne fort pas même d’une région affez.
étroite de la-zone torride, favoir, de la Nou**
; yelle- Guinée & des îles voifines.