
la France, offrent quelques particularités. Nous'
nous abftiendrons du réfte d’en parler , parce que
les caractères diftindtifs entre les dépôts laculires
& fluviatiles exigent de nouveaux éclairciffemens
qu'il feroit trop long de donner dans un travail
qui a un tout autre but. Qu*’ ii nous fuffiie de rap-,
p e le r , que les dépôts laculires diffèrent des
dépôts fluviatiles, en ce qu’ils n’alternent jamais
avec les dépôts marins, qu’ ils contiennent beaucoup
plus de coquilles laculires que terreftres,
que leur ftratificaùon eft peu prononcée, & qu’en-
an ils occupent en général des baflïns enfoncés,-
profonds, & circonfcrits de toutes parts par des
éminences ou des collines qui empêchaient
l’écoulement des eaux qui les occupoient antérieurement.
Le plus généralement, l’étage fupérieur du
dépôt marin nommé indifféremment deuxieme terrain
marin , ou terrain marin fupérieur, le compofe
de trois principaux fyftèmes de couches. Le plus
fupérieur ou le troifième, formé par des fables
marins, filicéo-calcaires ordinairement micacés 6c
d’une couleur jaunâtre, alterne avec des grès &
des marnes qui rarement y font en bancs puif*
fans ( i ) ; il n’en eftpas de même des fables marins,
dont l’épaiffeur & l’étendue font fouvent
confidérables. Lorfque ces fablès deviennent très-
puiflans, les débris des mammifères terrelires &
marins 6c des reptiles y font très-abondàns ; lt$
premiers dans les couches iesplusprofondes, & les
féconds dans les plus fuperficielles. Mais lorf-
qu’au contraire, les lits fableux font peu épais,
les mollufques & les poiffons de mer femblent
les plus nombreux, & correfpondçe, furtout les
coquilles marines, aux lits les plus fùpérieurs. Ces
fables offrent également quelques coquilles ter-
reftres fofliles, principalement des Hélix.
Certaines de ces coquilles, & par exemple les
huîtres (OJlrea undata, canalis & crajfijjima, Lam ) ,
fe montrent au milieu des amas iablonneux en
bancs continus & horizontaux, de la même manière
que les huîtres dans les mers aéluelles.
Aufli la régularité de ces bancs, qui ont plufieurs
lieues d’étendue, jointe à celle des lits fablon-
neux où les huîtres font enfevelies, fait préfumer
que ces fables ont été rejetés fur les rivages de
l’ancienne me r , par l'aâion fucceflive & régulière
de fes vagues. Certains offemens doivent
avoir féjourné dans la mer, déjà féparës des ani(
i) Ces grès marins fe montrent fouvent en concrétions
arrondies, cylindroïdes ou ayant la forme des larmes bata-
vigues, d’un volume plus ou.moins considérable. Ces con-
trérions, pofées de champ & horizontalement au plan des
couches de fables, en fuivcnt toutes les inflexions* Quant
aux grès compaâes, ils offrent'quelquefois de nombreux
débris de coquilles dont certaines confervent leur têt. Ces
coquilles appartiennent aux même efpèces que celles que
l’on voit dnas les fables & le calcaire moellon. »,
maux auxquels ils avoient appartenu , puifque,
comme les huîtres, on les voit recouverts par des
glands de mer, dont le Balamus miferett l’efpèce
dominante.
Çes fables marins fourmillent, furtout Ceux de
des environs de Montpellier, de débris de mammifères
terreftres & marins, de reptiles & de
poiffons. Les reptiles appartiennent à des espèces
terreftres, fluviatiles & marines; mais l’on
n’y obferve point de poiffons d’eau douce. Ceux
de ces, débris qui rappellent des mammifères 6c
des,poiffons marins, fe retrouvent.indifféremmenç
dans les diverfes couches qui font partie du troifième
étage du dépôt marin. Quant aux autres débris
, ils paroiffent ne fe montrer dans lés co,uçhes
autres que les fables où ils exiftent ordinairement,
que lorfque ces fable s manquent entièrement.
Ainfi j les paléothérium , les Içphiodons fe trouvent
dans le calcaire moellon . lorfqqe ce calcaire n’eft
pas furmonté par les fables marins. De même,
on obièrve des cerfs & des tortues dans les
marnes fableufes deBanyuls ciels Afpre (Pyrénées-
Orientales), marnes qui ne font recouvertes que
par le diluvium, 6c nullement par le calcaire
moellon & les fables marins, leurs couches manquant
entièrement.
Le dépôt des marnes fableiiies de Banyuls,
peut être fignalé comme, un des plus riches
de ceux où il exifte des bancs çoquiliiers. Ces
bancs çoquiliiers exiflent égalemeiit dans la vallée
de la T ê t (Pyrenées-^O îentales), à Neffiach, 6c
à Millas, ainfi que dans la vallée de l ’Agly auprès
d’ Eftagel, c’eft-à-dire dans les trois vallées principales
des Pyrénées; niais ils y font beaucoup
moins marneux, fe rattachant principalement au
calcaire moellon. Les coquilles les plus abondantes
dans cette dernière localité, appartiennent au genre
Peélen ( P eft en dubiiis , benediftus laticojiatus ) , 6c
aux genres Peftunculus, Cytherea & Venericardia ,
foit le Peftunculus pulvinatus, foit la Cytherea
chione, foit enfin la Venericardia ladre. La Çyprinu
ijlandicoïdes, fi abondante dans les marnes de
Banyuls, exifte à peine dans les calcaires marins
fableux de Millas & de Neffiach dont lès dépôts
offrent bien une immenfe quantité de coquilles,
comme ceux de Banyuls, mais peut-être un moin*
dre nombre d’efpèces.
Les débris de mammifères terreftres des fables
marins, fignalent un affez grand nombre d’efpèces,
parmi lefquelles nous titérons :
i° . Un carnaflier très-rapproché du grand lynx
( felis lynx) , efpèce qui fe trouve également dans
les limons à offemens des cavernes dé Lunel-
Vieil.
2°. Un autre carnaflier fort rapproché du fer-
val (fd is ferval).
3°. Un carnaffrerdu g,enre hyène ( hyena),
4°. Un carnaftier de la raille du jaguar, ou
grande panthère des fourreurs (felis oncai Lin. )
5oi
ǰ. Un camaffier du genre Ours (urfas). I! eft
douteux que !a feule dent obfervee, qui le rapproche
beaucoup de celle figurée par M. Cuvier,
tom. 4 , Pl. 17, ng- 34- loit réellement fofllle i
aufli, ne citons-nous ce’ genre qu avec cloute.
6°. Des rongeurs de la taille de nos lapins
(lepus cuniculus).
7». I/éléphantfoffile, peut-être le primigenius
de M. Cuvier.
8°. Le maftodonte à dents étroites (maftodon
anguftidens) . C ette efpèce fe trouve datS les fables
marins des environs deMontpellier & de Perpignan.
9°. Le grand K:ppopotame foflile ( hippopota-
mus major ).
io°. Le petit hippopotame foffi'.e ( hippopota-
mus minutas ) ? ï .
n ° . Le rhinocéros à narines cloifomiées ( rhinocéros
t i c h o r in u s ) . Il en exifte probablement une
autre efpèce, parmi les débris enfevebs dans nos
fables. Les débris qui fe rapportent aux rhinocéros
y font du refte les plus abondans. Le Mémoire que
nous avons publie fur cette efpèce, dans le Journal
de Phyfique, t-m. LX X X V I1, pag. 405. n ayant
pas été imprimé1 fous nos.yeux, y ett
plufieurs erreurs. Ainfi , au lieu àe fémur, il taut
lire conftamment humérus, 6c fuppléer a la figure
qui repréfente lalignefupérieure de »a tete, moins
de faillie à la paitie du nez qui por.e la première
corne , 6c moins de dépreffion à la partie du iront
qui porte la fécondé»
12°. Palæotherium d’Orléans ( paléothérium
aurtlianenfe ).
4 30. Tapir fojftle qui n’eft pas le tapir gigan-
tefque, mais qui fe rapproche affez du tapir d À-
mérique; du moins les dents que 1 on a decouvertes
jufqu’à préfent, font des molaires quj fe
rapportent à la defeription donnée par M. Cuvier,
tom. I I , pag. 147, ôc à celles figurées pl. 1 1 ,
fig. 8 , de fes Recherches fur les offemens fojftles.
140. Lophiodon, c ’eft principalement l’efpèce
moyenne d'Iffel (lophiodon medium).
1 y°. Lophiodon de Montpellier ( lophiodon
monspeliense ).
16°. Des cochons foffiles affez rapprochés de
nos fanglters.
17«. Des chevaux affez rapprochés de nos
efpèces actuelles.
180. Des boeufs foffiles de plufieurs efpèces ;
les uns de grande taille & les autres de petite
taille.
19®. Des cerfs foffiles de grandes et de petites
.efpèces des fous-genres Catoglochis ( cervus) 3 &
Anaglochis ( capreolus ).
20°. Des antilopes > dont une tout-a-fait nouvelle
& découverte par M. J* de Chriftol* étoit
d’une très-grande taille.
TER
n ° . Des lamantins foffiles, en grand nombre’
: probablement plufieurs efpèces.
■ * i z ° . Des dugùns, peut-être plufieurs efpèces.
25°. Des cachalots.
24°. Des baleines, probablement plufieurs efpèces
i les unes de grande taille, et les autres de
la dimenfion du rorqual.
2t°. Des oifeaux de grande taille de la famille
: des palmipèdes, et d'une stature plus élevée que
le cygne. .
26°. Des tortues de terre (.tefiudo').
' 27” . Dès tortues d’eau douce des genres Emyi
& Triomyx. Les efpèces qui ont appartenu à ce
dernièr genre dévoient avoir une grande taille.
28°. Crocodiles reconnus principalement p.tr
des dents & des vertèbres.
29°. Des fquales reconnus feulement par des
dents ces dents signalent un grand nombre d'el-
pèces, dont les plus communes se rapprochent
beaucoup du squalus cornubicus.
' 30°. Des raies ( raja). Plufieurs efpèces reconnues
par des fragmens de palais & des piquans.
Certains de ces piquans fignalent des efpèces de
la plus grande taille. M. de Juffieu avoir depuis
long-temps indiqué la préfence des raies dans nos
terrains de fable; il en fie figurer un palais tout
eniiêr dans-les Mémoires de l'Academie des sciences
pour 1708.
31°. Des anariques (anarienas).
3 2 ° .'Des fpares (/parus). Ces deux genres de
poiffons ont été reconnus par des portions de
; palais & des dents. ,
- Outre ces débris de mammifères, .d oifeaux,
de reptiles & de poiffons, les fables marins recèlent
une grande quantité de coquilles de mer, que
nous fignalerons plus tard, puifque leurs efpèces
reparoiffent foit dans les couches du calcaire
moellon, foit dans celles des marnes argileufes
qui lui fuccèdent. L’on y obferve également quelques
exogénites ou quelques bois dicotyledons avec
des feuilles qui paroiffent appartenir à des végétaux
dicotyléaons. ,
Le fyftème moyen des couches qui compofënt
l’étage fupérieur du dépôt marin eft effentielle-
ment formé par deux lits principaux calcaires, fé-
parés quelquefois par des fables & des marnes
& quelquefois confondus et réunis en un feui.
C ’eft à ces bancs pierreux, qui font partie du fyftème
le plus fupérieur du dépôt marin, que nous
avons donné , le nom de calcaire moellon ou de
calcaire de lAontpelher. C e calcaire a texture lâche
, i pâte peu homogène, à grain groflier, eft
quelquefois marneux et quelquefois fableux, suivant
qu’il repofe fur des marnes ou fur des fables.
Il eft entièrement calcaire, lorfqu’il repofe immédiatement
fur le calcaire £ eau douce compaSe ;
c’eft alors qu’il eft le plus coquillier & le moins