
eft au-deffous de la médiocre. On ne fauroit trop
recommander aux voyageurs l’étude de ces Américains,
nous le répétons, très-légèrement obfer-
vés jufqu’ici.
XI. Espèce patagone, homo pata-
gonicus.
Defcripiion. On fait fort peu de chofes des
Patagons, ou à peu près rien. Leur taille feule
attira l’attention des Européens qui touchèrent
fur les bords qu’ ils habitent $ on en fit long temps
de véritables géans : on fait aujourd’hui que leur
hauteur moyenne eft de fix pieds & plus , ce qui
ne laifie pas que d’être fort confidérable. Tl paroît
que chez eux les extrémités inférieures ne font
pas grêles. On n’ a point décrit les traits de leur
vifage, ni parlé de leur couleur.
Habitat. Cette efpèce femble être reléguée au-
deffous du 40e. degré fud , fous un climat déjà
affez froid, dans la pointe de l’Amérique méridionale.
IIe. Sous-genre. U l o t r i q u e s à cheveux crépus,
vulgairement les Negres.
On ne connoît point d’efpèces blanches dans ce
fous-genre, mais la couleur n’y dépend pas plus
des climats, que dans le précédent, puifqu’ on
trouve des Ulotriques dans des climats déjà froids,
tandis qu’on n’en a jamais trouvé dans les parties
les plus chaudes du Nouveau-Monde , ni de
l’Afie continentale, même fous l’équateur. 11
n’en exifte pas davantage au-deffus du tropique
du Cancer, dans l’hémifphère boréal} on ne commence
à les trouver naturellement qu’en fe rapprochant
de la ligne.
XII. Espèce éthiopienne , homo
eihiopicus.
Description. Indépendamment de la nature de
fes cheveux laineux, de fa couleur noire 6c des
fons de fa voix grêle, argentine, piaiilarde, fin-
gulièrement accentuée, des dil-Hnétions anatomiues
frappantes féparent totalement l’Ethiopien
e tous les hommes dont il vient d’être queliion.
Les ditiinétions organiques confiftent, pour le
fquelette, dans la plus grande blancheur des os ,
dans la boîte de la tête q u i, très-étroite en avant,
aplatie fur le vertex , s’arrondit dans la région
poftérieure, vers laquelle eft reculé le trou occipital,
& dont la capacité diffère d'un neuvième à
peu près au moins de celle du crâne japétique,
les futures y étant aufli en tout temps plus ferrées}
dans l’intermaxi:Iaire & dans le menton incliné
l'un fur l’autre,avec les incifives obliquement
implantées } dans les os du nez confidérablement
aplatis} dans la largeur des os du baffrn, Curtout
chez les femmes, d’ où provient la faillie fouyent
monftrueufe des hanches} dans la cambrure dès
reins} enfin dans la courbure fenfible des coiffes 6c
des jambes,conformation qui faitparoître toujours
un peu arqués les nègres les mieux faits. Le cerveau
eft comparativement plus étroit que dans les
efpèces léiotriques, & les nerfs à leur origine font
au contraire bien plus grossia face s’ y développe
d’autant plus en avant que le crâne fe rapetiflè, &
de là un certain air de finge dans le vîfage. Le fang
eft évidemment plus fon cé , ainfi que la couleur
des mufcles, de la bile & généralement de toutes
les humeurs j la fueur fétide eft auffi plus ammoniacale
& tache le linge. Les mamelles très-baffes
chez les femelles, pendent dès la-première nubilité
en forme de poire, avec un bout alongé, ce
qui permet de donner à téter aux enfans par-def-
lus l’épaule. Nous pourrions étendre cette def-
cription 6c mentionner encore bon nombre de
différences } mais cet article n’ a pas pour but
l’hiftoire zoalogique de l’homme , il n’ y doit être
queftion que de la diftribution géographique des
races ou des efpèces que l’on y reconnoît. Tout
le monde d’ailleurs a vu des nègres} ils Içnt chez
nous les plus connus des hommes après nous-
mêmes.
Habitat. L’efpèce éthiopienne n’ a jamais été
rencontrée hors de certaines parties de l’Afriqu«
& n’ a même jamais paffé dans aucune des îles voi-
fines, à l’exception de Madagafcar où l’on en
trouve des traces. Elle s’avance du fleuve du Sénégal
qui la limite au nord & la fépare de la
race atlantique , jufque vers le tropique du Sud ,
le long de la côte du golfe de Guinée } elle y paroît
être defcendue des hauteurs parallèles aux rivages
qui féparent de la mer lebaffin du Soudan au
nord, 6c de celles qui s’élèvent à l ’eft des régions
confondues chez les anciens géographes fous le
nom de Conpo. Quelques familles decette efpèce
fe font éparpillées vers le grand lac de Tchad 6c
| même jufqu’au Nil, ên s’y mêlant aux Arabes afa-
miques ; d’autres font arrivées jufque fur les bords
du canal de Mofambique , vis-à-vis Madagafcar,
que nous avons dit être la feule île où. on ait
rencontré des Ethiopiens proprement dits.
« De ce que les Ethiopiens, avons-nous dit
ailleurs, n’ appartiennent pas à la même efpèce que
ces Européens, par lefquels nous les voyons opprimés,
6c qui prétendent à une fi grande fupério-
rité morale lur eu x , il ne s’enfuit pas que la nature
ait condamné néceffairement ces hommes à l’état
de bêtes de fomme, comme incapables de civili-
fàtion.Si, au lieu de leur porter des chaînes & des
dogmes incompréhenfibles, les premiers blancs qui
entrèrent en rapport avec des nègres, les euffent
traités en frères & leur euffent parlé le langage
de la fimple raifon} f i , au lieu de corrompre leur
ingénuité par l introduétion d’ un trafic fcanda-
leux, en contradiction avec les principes qu'on
leur prêchoit, on leur eût donné de bons exemples
, il eft probable qu’on, eût pu les conduire
afflz promptement à l’état de civilifation qui
leur doit être propre. Iln’ eft pas permis de douter
que le commerce des Ethiopiens avec les Européens
n’ait empêché chez les premiers la confo-
lidation d’ un état focial naiffant. Nous ne parlerons
point ici de l ’infâme commerce dont iis font
l ’objet, encore que certains armateurs de nos ports
puffent s’ attendre à trouver dans un ouvrage de
géographie les détails néceffaires pour diriger
leurs expéditions vers les bords où l’on vend de
la chair humaine} mais la traite nous caufe^ une
telle horreur, qu’à ce mot feul nous nous hâtons
de paffer à d'autres hommes fur qui ces horreurs
s’exercent un peu moins.
XIII. E s fÈ CE C A F R E , homo cafer.
Defcription. Confondue avec les précédentes,
parce qu’ elle eft également africaine , elle s’ en
diüingue néanmoins fortjbien par la forme du
crâne qui eft prefque la meme que dans l’efpèce
japétique; le nez, bien qu’ il foit déprime, s approche
de la forme arquée } les lèvres font épail-
fes à la vérité comme chez les Ethiopiens , 6c les
pommettes faillantes comme chez les Hottentots,
mais leur peau eft d’une couleur toute particulière
, qui reffemble à celle du fer nouvellement
Cafres à I’efclavage ; ils venoient vendre des boeufs
6c du riz de leur pays à I’île de France , où ils
étoient accueillis avec plus d’égards que les autres
nègres.
XIV. Espèce mélanienne , homo
melanicus.
Defcription. Leshommes de cette efpèce, quelle
que foit leur reffemblance au premier coup d’oeil
avec’les Ethiopiens, ne pourroient être confondus
avec eux que par de mauvais obfervateurs très-
inattentifs. Leurs extrémités grêles 6c difpropor-
tionnées comme chez les Auftralafiens, forment
un caractère de première valeur qui profciit toute
idée d’identité, & fi la nature de la toilon ne
rapportoit méthodiquement les Mélaniens dans
un fous-genre différent, ils ne feroient que des
Auftralafiens à peau noire Leurs caiadères fpé-
cifiques confiftent dans la couleur qui eft encore
plus foncée que chez les autres negres les plus
foncés} dans la tête qui eft ronde, mais où le
I crâne eft antérieurement 6c latéralement déprimé,
fans que l’ angle facial foit néanmoins aufli aigu que
chez les autres nègres 3 dans des cheveux laineux,
plus courts 6c plus preffes contre la t ê t e , que
chez tous les autres hommes, implantés en rond
par Te tour fans pointes prononcées en faillie,
foit fur le front, foit fur les régions temporales 3
dans l’ arcade fourcilière, peut-être munie de crêtes
forgé, 6c dont le fond eft plutôt d’un gris que
d’ un brun noir. Les femmes font dans cette ef- :
pèce beaucoup plus petites que les hommes, mais
également bien faites ; leurs membres offrent des
contours arrondis 6c gracieux, comparables aux
plus jolies formes antiques. L’ intelligence eft
beaucoup plus développée chez les Çafres que
chez les autres Ulotriques fans exception.
Habitat. On appelle proprement Cafrerie la partie
de l’Afrique que peuple i’elpèce dont il eft
queftion. E lle occupe 2.2.f lieues de l’eft à l’oueft,
fur 500 au moins du nord au fud , à partir du tropique
méridional 6c le long .de !a côte de Natal,
jufque vers l’extrémité du Continent.
Plufieurs familles appartenant à cette efpèce
ont pénétré de temps immémorial à Ma-.iaga'car,
& ont établi une forte de domination dans les
parties méridionales de cette grande île où vivent
quatre efpèces humaines fort rapprochées , fa-
voir, des Arabiques au nord, des Neptuniens malais
à l’eft, des Ethiopiens au couchant, 6c des
Cafres au midi. Nous avons eu occafion d’ob-
fervér plufieurs de ces -derniers ; ils étoient d’une
haute ftature, robuftes , admirablement proportionnés
, ayant h poitrine large, l’ air ouvert 6c
délibéré} ils ne répandoient aucune mauvaife
odeur ; la peau fraîche, de leurs femmes fui tout,
lefquelles étoient de la plus grande beauté comme
négreffes , avoit quelque chofe d'agréable & de
fatiné} le poil étoit difféminé fur certaines parties
de leurs corps en petits pinceaux fort courts,
rares & exceftivement appliqués contre la peau, j
Un u’eut pas impunément u n té de réduire les |
» comme chez leChampanzée, & dans les pommettes
extrêmement proéminentes ; dans l’oeil
plus petit que celui des Auftralafiens, fendu en
longueur, avec la prunelle verdâtre tirant fur le
brun} dans un nez exceffivement épaté , 8c dont
les ailes minces & .déprimées de haut en bas fort
ex ce fiîve ment ouvertes, répondant par l’étendue
qui exifte d’une extrémité à l’autre, à toute l’ouverture
de la bouche, laquelle eft grande, non
faillante en- manière de mufeau, mais formée d»
lèvres épaiffes en arc prononcé, 6c colorée d’incarnat
allez vif au lieu d’être brunâtre. Ils ont le
menton prefque carré avec peu de barbe implantée
principalement au-deffous. Leurs cuilfes 6c leurs
jambes font extrêmement maigres & grêles 5 fi
des poils fauves couvroient ces parties, on diroit
celles des Gibbons. Les femmes aftervies , hideu-
fe s , fales , fétides, ont le fein bas, gros, mou ,
6c pourtant plus hémifphérique que piriforme ,
encore qu’ il devienne pendant de fort bonne
heure. La plupart des Mélaniens pa. oilfent n’avoir
pas même le degré d'intelligence néceffaire pour
le conftruire des habitations} cependant à la Nouvelle
Guinée ils le font des huttes fituées en l’air,
au-deffus de piquets enfoncés dans le loi. Ils ne
font guère, fous ce rapport, qu’au niveau des
Auftralafiens, c’eft-à-dire pas plus avancés que
les Orangs noirs & roux qui fe conftruifenr au in ,
comme nous l avons d it , des cabanes 6c des hamacs
dans le branchage.