
tempes ; la prunelle eft d'un jaune-brun , & jamais
bleue ou cendrée ; la bouche eft grande; les dents
Verticales y font communément écartées j leurs
cheveux plats font noirs, naturellement gros &
durs > la barbe eft rare. Les hommes ont la voix
très-grêle, à peu près comme les Ethiopiens. Les
femmes font hideufes, & c'eft peut-être dans le
deflein d’en améliorer la progéniture, que leurs
maris les offrent à tous les étrangers que le ha-
fard conduit dans leur fîniftre féjour. Elles font
comparativement plus mufclées & à peu près de
la même taille que les hommes; leurs mamelles
molles & pendantes, en forme de poire dès les
premiers temps de leur développement, deviennent,
comme chez les Ethiopiennes, fi longues,
qu’elles peuvent être jetées par-deffus les épaules
pour allaiter les enfans ; le bout du fein eft grand,
long, rugueux & noir comme du charbon. La nubilité
vient tard. Abfolument glabres, excepté fur
la tê te , elles accouchent avec une extrême facilité.
Tous les Hyperboréens, beaucoup plus ba-
fanes que les peuples du relie de l'Europe, de
l'Afie centrale & même de l'Amérique du Nord,
font d’autant plus noirs qu'ils s’élèvent davantage
vers le pôle voifîn. Il n’eft pas rare d'en trouver
par le 60e. degré, qui plus foncés en couleur
que le s Hottentots, placés à l ’extrémité oppofée
du vieux continent, fontprefqu’auifi noirs que les
Ethiopiens de l ’équateur. Les hommes d’efpèce
hyperboréenne font, après les Hottentots, les
plus fales de l’Univers, & contrarient, parleur
malpropreté, une puanteur infupportable.
Habitat. Sous le nom de Lapons & de Samoïedes>
les hommes d’efpèce hyperboréenne habitent en
Europe & en A fie, vers le cercle polaire arctique,
la partie la plus feptentrionale de la pref-
qu'île fcandinave « d e la Ruflie, en fe prolongeant
parallèlement à 1a côte déiolée de l’ancien
Monde ; les Oftiaks, les Tongoufes & les Jakouts,
tribus miférables des rives de la Léna y les Juka-
gires, lesTchoutfchis, les Kouriaques & la horde
des Kamtchadales, qu’on affûte; être prête à diP
paraître, en font probablement partie. Ces dernières
peuplades, après s'être mêlées à des hordes
fcythiques , ayant pu traverfer aifément le détroit
de Behring & fe rendre dans les îles aleutiennes ,
fe font étendues dans cette petite partie de l ’A mérique
feptentrionale, fur laquelle l’empereur
de toutes les Ruflîes prétend avoir des droits, ■
parce que fon confeil la fait habitée par une ëf- ;
pèce a hommes difformes, dont la prefque totalité
dépend de fes volontés abfolues dans l'ancien
Monde. Sur ces rives malheureufes, l’efpècë
hyperboréenne produifit fans doute les Atzèques,
& defcendit jufque dans l'ile de Hootka, vers le"
Joe. degré nord. C e parallèle eft à peu près celui où
elle parvient le plus méridionalement dans leNou-
yeau-Monde, puifque fur la rive oppofée on en
retrouve quelques familles vers la pointe du nord
de l’ile de Terre-Neuve. Ce font encore des Hyperboréens
q ui, fous le nom ÜEfquimaux, habitent
les rivages de la Terre de Labrador, à
partir de la pointe orientale au nord-eft du C a nada,
& qu’on trouve toujours fous le cercle
polaire au nord oueft de la baie d’Hudfbn, fort
avant près de ce point de l’Océan ar&ique juf-
qu’auquel pénétra le voyageur Hearne, chez les
Indiens cuivrés. Ce font eux enfin, qui ayant
abandonné l’ Jflande à la race germanique de notre
e fp è c e , fe font établis au Groenland» aux approches
du 90e. degré, c’eft-à-dire fous le climat
le plus dur & fur le fol le plus ingrat qu’il Toit
poifible d'imaginer.
VIL Espece neptunienne, homo
neptunianus.
Defcription. Cette efpèce, l’ une des mieux
tranchées , a cependant été confondue avec la
finique & la fcythique, & ceux qui en préfumoient
bien les différences, aimoient mieux ne, pas fixer
les doutes qu’ ils élevoient fur ce qui la concerne,
que de trancher la difficulté en reconnoiffant une
race ou une efpèce de plus. Craignant probablement
le reproche d'incrédulité en admettant au-
delà de trois groupes humains, parce que les.
livres facrés ne donnent que trois fils au patriarche .-
N o é , on demandoit gravement fi les Malais &
les Américains fortoienc des blancs, des jaunes
ou des nègres j en vain la nature avoit-elle fait
les premiers bruns ou couleur de rhubarbe, & ,les
féconds rouges & de la couleur du cuivre de ro-
fette , il fâlloit que la nuance des uns & des autres
vînt des nuances de Sem , de Cham & de Japhet.
On auroit pu les faire enfans de Javan, des fils
duquel la ôénèfe dit (chap. X , v. 5 ) •: «* entre
ceux -là furent divifées les îles des nations par
leurs terres, chacun félon fa langue. *> Et les
érudits qui enflent imaginé ce rapprochement au-
roient trouvé un puiflant auxiliaire étymologique
dans le nom de l’île de Java ; mais il ne paraît point
qu'on y ait fongé. Pour nous, qui n'attachons
guère d’importance à favoir quel fut le nom propre
du premier père d’ un peuple, nous démontrât-
on que ce père exifta , c ’eft de la defcription de
l’efpèce neptunienne que nous nous bornerons à
entretenir le leéleur, La taille moyenne y eft de
cinq pieds trois ou quatre pouces. On dit que
dans les Marianes, les Neptuniens font encore
plus grands & très-forts. Leur corps eft aflez bien
pris , mufclé , jamais chargé d’embonpoint; leurs
membrès font bien faits, quoiqu’un peu trop déliés;
le pied, félon les races, varie du très-petit
au très-grand. La peau eft de couleur marron, tirant
fur la nuance de la brique, le jaunâtre ou le
biftré, le noir & le gris, félon le mélange de fan g,
ou le voifînage de la ligne & autres localités. A
Timor, où il en exifte peut-être plufîeurs races,
il y en a de tout rouges & d’autres fort bruns.
A T e rn a te , ils font plus fonçés, tirant fur le
biftre ; les plus beaux font les habitans des îles
Nicobar, quant au* formes & aux traits , mais ils
fortt prefque des nègres par la teinte. Ceux de
Macaflar font les plus laids, ayant les pommettes
fort faillantes, le menton carré & un afpeêl de
bêtes fauvages. Ces hommes hideux de Macaflar,
dont nous avons eu occafion d’obferver plufîeurs
individus, ne nous paroiflent point du refle être
de race pure; ils pourroient bien être un mélange
de diverfes races de leur efpèce. Aux environs
de Manille, & furtout à Formofe, où les
femmes pafîent pour être admirables, on trouve
des Neptuniens prefque blancs. La contexture de
la tête & la proportion de fon volume, aux déformations
près qu’ y peuvent imprimer les uPages
de diverfes peuplades , rappelle l’efpèce japé-
tique plus qu’ aucune, mais les yeux font tant foit
peu plus écartés & ouverts en long. La paupière
fupérieure, qui n’eft pas bourfoufflée, paroiflant
toujours à demi fermée, les yeux font un peu relevés
vers les tempes, comme chez les Siniques ;
la-.prunelle y eft effentiellement noire comme du
ja is , & l’ iris tirant fur le jaunâtre. Les pommettes
lont un peu faillantes, mais pas ordinairement
d’une façon défagréable* Le n e z , diftingué du
front par un enfoncement, eft fort peu différent
du nôtre, & même communément aflez bienfait.
La bouche, moyenne, eft garnie de dents verticales
, avec les lèvres à peu près pareilles à celles
des Européens, ou un peu plus épaifles, & foü-
vent très-vivement colorées. On doit obferver
queTufage de mâcher du bétel * mêlé avec de
l ’arec & de la chaux, venu de cette ra c e , &
qu’ ont adopté prefque tous les peuples des parues,
chaudes de l’Afie, rend bientôt les dents
noires, mais n’altère pas la couleur des gencives,
de la langue ou du palais ; aufli n’avons-nous pas
été médiocrement furpris en découvrant que des
Malais, leurs femmes furtout, avoient ordinairement
l’intérieur de la bouche d’un violet prononcé
: ce que nous ne pouvons mieux comparer
qu’à la couleur du palais & de la langue des
chiens de la variété vulgairement appelés carlins.
Notre fivant ami le capitaine Freycinet a également
obfervé eecaraétère fur beaucoup de Malais,
mais ne l’a point eonftamment renouvé aux
Philippines : ce qui feroit préfumer qu’il exifie
des variétés neptuniennes où il a difparu. Les
cheveux font lifles, unis, noirs & luifans ; quand
on ne les rafe point autour de la tê te , pour n’ en
laifler croître qu’une touffe au vertex , ces cheveux
deviennent extrêmement longs. La barbe eft
rigide, aflez fournie dans quelques-uns; d’autres
femblent en manquer entièrement.
Habitat. Eflèntiellement riveraine, l ’efpèce
neptunienne ne peupla guère que des île s , ou ,
iorfqu’elle aborda fur quelque continent, elle n’en
abandonna jamais les côtes pour pafler au-delà
des monts qui s’en trouvoient rapprochés. Aucune
ne fe diflemina davantage entre les deux
tropiques, qu’elle dépafla fur très-peu de points.
Nous la retrouvons de l'oueft à l ’e f t , à partir de
Madagafcar, dont elle habite les parties orientales
, jufqu’ au Nouveau-Monde, dont elle peupla
les bords occidentaux , de la Californie jufqu’au
Chili. Nui doute que ces Mexicains & ces Péruviens
, dont la férocité efpagnole détruifit la ci-
vilifation, n’aient fait partie de cette efpèce. A
travers le mélange d’Atzèques, de race hyperboréenne
ou fcythique, qui envahirent antiquement
le haut Mexique, d’Européens, d’Ethiopiens enclaves
tranfportés d’Afrique en Amérique par les
nouveaux poflefleurs;du fo l , & des autres efpèces
ou races américaines, on diftingué dans le peu de
naturels échappés ail fanatifme caftillan, les traits
& les teintes des hommes de l’Océanie, & même
de la Polynéfie. On reconnoît en outre, à travers
les incertitudes qui réfuitentdes obfervations incomplètes
des voyageurs, que les Américains dès
côtes occidentales étoient tout-à-fait différens du
refte des hommes de leur continent. Ils n’avoient
jamais franchi les chaînes fourciileufes q u i, parallèlement
& non loin de la mer, s’y fuccèdent en
arc immenfe du nord au fud : par fuite de leur inf-
tinêtmaritime, les revers orientaux des montagnes
leur demeurèrent étrangers j pour s’y établir, ils
euflent dû s’éloigner de leur véritable élément,
& même après qu’ils furent devenus agriculteurs,
ils demeurèrent neptuniens par le choix de leur
,féjour, d’où la vue s’étendoit encore fur les flots.
Les nations du Jucatan & de la terre de Honduras,
c’eft-à-dire du golfe du Mexique, apparte-
hoient à l’efpèce des Colombiens; suffi elles étoient
toujours en défaccord avec les peuples que les
écrivains appellent plus particulièrement Mexicains
, & 1’ufurpateur du trône de Montezume fut,
en armant la république de Tlafcala, profiter de
la haine qui d evoit, cher des barbares, réfulter
naturellement de leur différence fpécifique. '
Les peuplades d’efpèce neptunienne, ifolées
fur une multitude de points du globe qui n’ont que
très-rarement des rapports entr’eux, il a dû fé
former dans cette efpèce des races & des variétés
fort tranchées, entre lesquelles èxifient à peine
aujourd’hui des traits communs, & qui jufqu’ic i,
imparfaitement décrites ou Amplement mentionnées
, doivent, avant qu’ on fe hafarde à les caractériser
méthodiquement, être mieux examinées.
Nous nous bornerons à mentionner ici les trois
races dont l’exiftence eft la mieux conftatée.
i° . Race malaise ( orientale). C ’eft avec celle-
ci que les Européens ont eu jufqu’ ici le plus de
relations ; elle eft conféquemment aflez bien connue.
On peut, la touchant, ajouter à la defcription
que nous avons faite des Neptuniens en général,
que les femmes y doivent être réputées belles. Le
grand nombre de celles que nous avons examinées,
& que l’âge n’avoit pas flétries, avoient le fein
agréablement hémifphérique, élevé , ferme, en
un mtot parfait de tous points, avec la peau met