première chaîne, ils peuvent s’étendre jufqu’au
fommet du Thibet. Le vent d’eft , chargé de
brouillards, couvre dans le même inftant toute
la partie baffe de la Chine ; mais à rnefure que
l’on s’ enfonce dans la zone tempérée, toute régularité
dans les mouvemens fi intimement combinés
de l’Océan & de l’atmofphère ceffe peu à
peu : on éprouve alors les mêmes changemens
d’orient en occident qu’en avançant, en Europe,
d’occident en orient.
La divifion de l’Afie en cinq régions facilite
celle des climats qui y régnent : au centre, l'hiver
établit fon empire i & dans un efpace qui, depuis
le 30e. jufqu’ au 50e. parallèle, comprend depuis le,
Caire, l’Afrique feptèntriônale, le midi & le
centre de l’Europe; il règne près des trois quarts
de l’année, & laiffe à de courts étés la tâche facile
de brûler des déferts couverts de fable & prefque
dépourvus de végétation. Il y a cependant quelquefois
de la neige en été. La région du nord,
que nous avons déjà caraCtérifée, n’ offre que dans
quelques parties auftra’.e s , favorifées par une ex-
pofition particulière, des exceptions au trifte
fipeCtacle de ces immenfes & froides folitudes.
On peut la divifer en deux zones : depuis les
bords de l’Océan glacial jufqu’au 62e. parallèle,
le froid y eft exceflif & le mercure y gèle fouvent.
Les frimats couvrent la terre depuis le mois de
feptembre jufqu’ à celui de juillet. Depuis le
6 1 e. jufqu’ au 50e. degré de latitude, le climat
devient moins âpre; les rivières gèlent depuis la
fin d’oCtobre jufqu’ à la fin de mai. La région
orientale , en fe confondant avec les hauts plateaux
du centre, eft peut-être, de toutes les
contrées de la zone tempérée, celle dont le
climat eft le plus rude; mais, près des bords
de la mer, fa température devient douce ; &
dans fa partie méridionale, qui comprend la
moitié de la Chine proprement d ite , la chaleur
paroît d’autant plus infupportable, que les
pluies y font peu fréquentes. Dans la région
méridiona’e , bornée au nord par des plaines
élevé es, baignée à l’orient & au fud par le
grand Océan , on ne' connoît que deux faifons:
depuis le mois d’avril jufqu’ à celui de novembre,
les rayons folaires font perpendiculaires à l’ horizon.
Cette région, qui forme une large zone,
depuis le 30*. parallèle jufqu’au 10e. , comprend
la Cochinchine, l’ Indouftan, la Perfe méridionale
& l’Arabie. Dans l’Indouftan, & particulièrement
fur les cotes, la fin de la faifon plu-,
vieufe eft marquée par d~ brufques changemens de.
vents & par la violence des orages : nulle part les
ouragans ne fé déchaînent avec plus.de fureur ;
nulle p art, lés éclairs & les coups de tonnerre ne
préfentent des fpèCtacles plus épouvantables;
nulle part la grêle pelante , H féchereffe pro-
longée & les déluges de pluies ne menacent le
cultivateur de.plus de ravages. La région pcci-
dentale, qui renferipe {a Boukharie, 1’À fg a - .
niftan, la Perfe feptentrionale & la Turquie
d’Afie , éprouve des chaleurs exceffives pendant
les .mois de juin, de juillet & d’août.
Enfin, l ’Afie maritime ou les îles afîatiques,
en s’étendant du nord au fu d , éprouvent au
nord des froids moins intenfes que fur le continent
, & au midi, des chaleurs plus fupportables :
conféquence néceffaire de l’influence de l ’Océan.
ASSAWAMPSITPOND. Petit lac des Etats-
Unis , à 12 lieues au fud de Bofton, célèbre
par les mines de fer que l ’on a trouvées au
fond. Depuis 17 4 7 , ou en a retiré pendant
long - temps jufqu’à 600 tonneaux de ce métal
chaque année. En 1804,011 n’en a retiré que la
moitié.
A T A T CH I . Montagne compofée de fer oxy-
dulé ou d’aimant & de couches de jafpe brun &
rouge; elle .e f t fituée en Afie, fur les bords de
l’Oural, du côté de la fteppe des Kirghiz.
A T CH A F A L A Y A , ou T cha falio , bras du
Mississipi. Voÿeç ce mot.
A TLAS. Cette chaîne de montagnes de l’ Afrique
feptentrionale s’étend entre le 12e. degré-de longitude
occidentale & le 14e. degré de longitude
orientale du méridien de Paris, & entre le 28e. degré
& le 37e. degré de latitude feptentrionale.
C ’eft entre le 6e. & le 10e. degré de longitude occidentale
qu’elle atteint fa plus grande hauteur,
qui ne paroît pas cependant dépaffer 2,200 toifes.
Dans cette partie, dont les plus hauts fommets
font toujours couverts de neiges, s’offre le
Djebel Hiddir, région qui abonde en mine de fer,
& qui offre des cimes arrondies & verdoyantes.
Dans d’ autres parties, on pourroit exploiter
avec fuccgs non-feulement du fe r , mais du.
cuivre, du plomb, de l ’antimoine & même de
l’argent.
La partie la plus élevée que nous venons de dé-
figner, porte chez les géographes le nom de Haut-
Atlas,• on donne celui de Grand-Atlas à une fuite
de montagnes qui s’étend depuis le golfe de
Gabès jufqu’ au cap Ger : vers l’eft, ces monts fe
confondent dans ceux moins élevés de Gadamés &
de Haroudjê-el-Acouad 3 qui entourent la grande
Syrte. Enfin, on nomme Petit-Atlas la chaîne la
plus rapprochée du rivage , chaîne qui fe joint
au Grand-Atlas par plufîeurs chaînons tranfverfaux,
& qui, dans certains endroits, eft; parallèle à
c e lle -c i, & , dans d’autres, s’en détache obliquement.
ATB.IK ANSKOI. Ile de l’Océan glacial arCtique,
fituée. fur la côte feptentrionale de l’Afie, entre
71 degrés 30 minutes & 72 degrés de latitude
feptentrionale, & entre 142 degrés & 146 degrés
de longitude orientale. Sa longueur eft d’uri peu
plus de 36 lieues , & fa largeur de y à 20.
Elle doit fon nom au navigateur Atrikan, qui
la découvrit vers le milieu du 17e. fiècle. Elle
eft montueufe, couverte de mouffe, habitée
par des morfes , des ours blancs, des rennes
& des renards ; elle eft arrofée par plufîeurs ruif-
feaux, & renferme un petit lac. On y remarque des
couches confidérables d’offemens de mammouths,
de cornes de buffles & de rhinocéros, de défenfes
& d’offemens d’éléphans.
A T T E R ou K a m m e r . Lac de l’archiduché
d'Autriche qui communique avec le lac Mond. Il
eft long de 4 a y lieues, & remarquable par fa profondeur,
qui, même en été, n'a pas moins de
1,700 pieds.
ATTERRISSEMENT. On a beaucoup trop
exagéré la marche des atterriffemens formés à
l’embouchure des fleuves. On a calculé fort lé gèrement
qu’ ils s’étendoient de 2 à 3, ; lieues
par 1,000 ans, tandis que leur accroiffement
eft extrêmement lent. Si le port d’Alexandrie
s’encombre depuis long-temps, c’ eft que depuis
long-temps cette ville a perdu fon importance
commerciale; c e ft que depuis longtemps
l’Égypte eft foumife à l’influence du
gouvernement turc, dont 4$’imprévoyance eft
bien connue , & qu’ aujourd’hui, malgré les vues
d’amélioration introduites dans ce pays, à la
faveur du crédit dont y jouiffent les Européens,
le mal eft devenu, pour ainfi dire , fans remède.
D'un autre c ô té , fi Damiette n eft plus fituée au
bord de la mer, ce n’elt point aux atterriffemens
du Nil qu’ il faut l’attribuer, mais à un fait hifto-
rique refié inconnu jufqu’au moment où un favant
orientalifte a prouvé, par l’autorité des hiftoriens
arabes, que l’ancienne ville de Damiette, ayant
été trop long-temps, pour le repos des Mu-
fulmans, le rendez-vous des armées des Croifés,
elle a été détruite par les Arabes eux-mêmes, &
reportée à deux lieues plus loin dans l ’intérieur des
terres. Voici-ce qu’on lit à ce fujet dans l’ouvrage
de M. Reynaud , intitulé: Extraits des hiftoriens
arabes relatifs aux Guerres des Croifades : que,
vers, l’an i 250, au rapport de Makrizi, les
émirs de l ’Égypte, dans la crainte de quelque
nouvelle invanon de la part des chrétiens de
l'Occident, fe déterminèrent à rafer Damiette,
ville où fe dirigeoient depuis long - temps les
flottes ennemies ; que cette cité tut renverfée
de fond en comble, & que les habitans s’établirent
loin dés bords de la mer : ce qui donna
naiffance à la ville d’aujourd’hui. En 1260,
le fultan Bibars fit fermer la fran ch e du Nil qui
pafloit à Damiette, afin noter aux vaiffeaux
chrétiens tout moyen d’entrer dans le coeur du
pays. On enfonça des troncs d’arbres dans le lit
du fleuve, à l ’endroit où il fe jette dans la mer, &
il devint impoffjble aux gros navires de le remonter.
« Encore aujourd’hui, pourfuit Makrizi,
les gros bâtimens qui viennent par mer ne' peuvent
franchir ce paffage : on eft obligé de décharger les
marchandifes fur des barques particulières, nommées
germes y qui les tranfportent à la nouvelle
Damiette: un gros bâtiment ne pourroit tenter le
paffage fans de grands dangers. La Damiette actuelle
n’eft pas à la même place que l’ancienne;
elle eft plus éloignée de la mer; elle commença
par des cabanes de rofeaux, & aujourd’hui elle
eft devenue une ville importante, commerçante,
ornée de bains, de mofquées, de collèges ; en un
mot, une des plus belles villes de Dieu qui fe
puiffe voir. »
Quant au lac Menzaleh, il paroît avoir été
formé plutôt par des dunes de fable, que par
l’envahiffement de la mer. Ses eaux" font fau-
mâtres jufqu’à l’époque de la crue du Nil. Ses
environs font couverts de marais falans.
On a long-temps cité , comme un exemple de
la marche ou plutôt de l’accroiffement des atterriffemens,
l’exemple d’Aigues-Mortes, où s’embarqua
faint Louis, & dont le port, fitué à deux lieues
de la mer, n’eft plus fréquenté par les navires. Il
eft d’autant plus utile que nous entreprenions de
rectifier les idées fauffes qui fe font perpétuées
jufqu’à ce jo u r , à cet égard, qu’elles ont été
adoptées par Defmareft dans l’article A t t e r r
i s s e m e n t de ce Dictionnaire. Il nous fuffira
de citer ce que nous avons d it , appuyé par
des obfervations récentes, dans notre deferip-
tion de la France, du Précis de la Géographie
univerfelle ( nouvelle édition, 1832, tome n i . )
« L’abondance & l’étendue de ces falines, le
préjugé trop répandu , que le mer, avec lenteur,
mais avec confiance, abandonne nos rivages;
ont accrédité l’opinion q u e , du temps
de saint Louis , la Méditerranée baignoit les
remparts d’Aigues-Mortes. Cette erreur a été
adoptée par des auteurs du plus grand mérite,
qui en ont néceffairement conclu que cette
ville eft une nouvelle preuve de1" l’ abaiffement
des mers. Quelques efprits judicieux on t, il eft
vrai, démontré la fauffeté du fa it; mais il a
été tellement répété dans les traités & dans les
dictionnaires de géographie, que nous croyons
devoir rapporter les faits fur lefquels fe fonde
l’opinion contraire.
93 L’origine d’Aigues-Mortes date du 8e.fiécle;
fur fon emplacement s’élevoit la tour Matafere:
les eaux ftagnantes qui environnoient celle - ci
'4ui valurent fon nom. Elle n’étoit donc point
au bord de la mer. Le fol aCtuel de la viile
n’eft qu’ à yo ou 70centimères ( 18 ou 16 pouces)
au-deifus de la Méditerranée. Si la mer étoit plus
haute, elle couvriroit la ville. D’ailleurs, entre
cette ville & le rivage, il exifte des ruines qui
attellent que ce dernier n’a point reculé. Enfin,
ne voitrOn pas fur la plage où campoient & s’em-
barquoient les Croifés, les tombes qui indiquent