
il ne paroîc pas fufceptible des mêmes ufages
que la véritable houille ; il brûle difficilement,
donne p^u de flamme , & loin de fe coller* il fe
délite en morceaux * & produit peu de chaleur. »
Une foule d'obfervations s’accordent pour
prouver que les maffes de fel gemme de Vie
font renfermées dans les couches les plus anciennes
des marnes irifées. Sous ce rapport * la
réfence de ces marnes eft d’un grand intérêt pour
économie domeftique.
M. Élie de Beaumont fait, fur la formation
des marnes irifées, une obfervation qui nous
paroît digne d’être rapportée ici. « Sa stratification,
d i t - i l , généralement très - régulière ,
ne fe dérange, dans les parties vifibles à la fur-
face, qu’à l’approche des amas de gypfe qu'elle 1
renferme. On voit conftamment fes couches s’arquer
& fe contourner d’une manière fouvent très- ;
brufque autour de ces amas. Cette difpofition,
dont la confiance eft remarquable, me paroît
être une des circonftances qui méritent le plus
d'être prifes en confidération par les géologues
qui s’occuperont de remonter à l’origine des
gypfes que préfentent les marnes irifées. Peut-
être n’y avoit-on pas fait affez d’attention lorsqu'on
a d it , en termes généraux, que ces gypfes
étoient dus à l’évaporation graduelle d’une grande
maffe d’eau chargée de fulfate de chaux, hypo-
thèfe qui n’auroit quelque chofe de plaufible
qu’autant que le gypfe formeroit des couchés
continues, ou fe trouveroit difféminé uniformément
dans certaines couches des marnes irifées.
Je ferai remarquer en même temps, que les
obfervations faites, non seulement en Lorraine,
mais dans plufieurs autres- contrées, s’ accordant
à préftnter le gypfe & le fel gemme comme
deux fubflances, en quelque forte, fatellites
l’une de l’ autre, il faudra qu’on donne., de leur
exiftence dans un terrain, une explication commune
, & q u e , d’après ce qui précède , il paroît
très-hàrardé d’attribuer l’ origine du fel gemme à
l’évaporation d’ une grande maffe d’eau falée. *>
Au pied méridional des V o fg e s , depuis les
environs de Beffort jufqu’à ceux de Bourbonne-
les-Bains, fe trouve une zone de grès bigarré,
de mufchelkalk & de marnes irifées.
« Sur prefque tout le pourtour des Vo fg e s ,
dit M. Élie de Beaumont, en terminant fes
obfervations géologiques fur ces -montagnes, oh
voit le grès bigarré ( humer fandftein des Allemands,
new-redfandfione des Anglais) former des
proéminences arrondies au pied de colfines plus
élevé es , ou de véritables montagnes formées
de grès des Vofges. Il y a cependant quelques
localités, telles que les environs de Plombières
& de Sarrebruck, ou le grès des Vofges n’atteignant
qu’une foible hauteur, le grès bigarré le
recouvre jufqüe fur les points les plus élevés.
C e n’eft qu’en un de ces points, au midi de
Sarrebruck, fur la route de Forbach à.Sarguemînes,
que j’ai pu voir le conta& immédiat
des deux formations. Le grès bigarré re-
pofoit, à ftratification discordante ; fur le grès
des V o fg e s, & préfentoit, dans fa partie inférieure,
plufieurs lits de rognons de dolomies. La
partie inférieure du gtès bigarré eft compofée
d’un grès à grain fin, le plus fouvent d'un
rouge amaranthe, renfermant de petites paillettes
de mica, difféminées irrégulièrement. Ces
couches font fort épaiffes, & fourniffent partout
de fort belles pierres de taille. En s’élevant
davantage dans la formation, on trouve
des couches plus minces , qui font exploitées
pour faire des meules à aiguifer. Plus haut encore,
on en trouve de très-minces & très-fiffiies , qu’on
exploite comme dalles pour paver les maifons
& comme ardoifes pour les couvrir. Ces couches
doivent leur fiffilité à un grand nombre de paillettes
de mica qui font conftamment difpofées dans le
fens de la divifion fehifteufe. Ces mêmes couches
deviennent fouvent très-peu confiftantes, & pafient
même à une argile bigarrée, qui eft employée
comme terre à briques ; lorfqu’elles ont cette
confiftance terreufe, elles préfentent fréquemment
des maffes de gypfe, qui me paroiffent corref-
pondre exa&ement au lecond gypfe de la Thu-
ringe. Ces couches fupérieures du grès bigarré
préfentent très-fouvent, comme les inférieures,
une couleur d ’un rouge amaranthe ; mais elles
préfenteiit plus fréquemment que ces dernières
des taches d’une couleur gris-bleuâtre, qui s’y
trouvent fouvent en affez grande abondance, U
d’ une affez grande étendue pour former la couleur
dominante. Le grès bigarré préfente, fur-
tout dans fes couches fupérieures, un grand
nombre d’empreintes végétales} celles qui font
les plus abondantes font rapportées par M. Adolphe
Brongniart au genre c a lam it e s . Dans les carrières
de Domptait, le grès bigarré préfente un banc
pétri de moules de coquilles, dont plufieurs appartiennent
à des genres & même à des efpèces qui
lui font communes avec le mufchelkalk.
ce Les affiles les plus élevées de la formation du
grès bigarré préfentent fouvent des couches peu
épaiffes de calcaire marneux, ou de dolomies, qui
font le commencement de la formation du mufchelkalk.
A me!ure qu’on s’é lè v e , ces couches
deviennent plus rapprochées, & finiffent par remplacer
entièrement le grès. Alors commence la
férié de couches calcaires qui confiituent la formation
à laquelle les géologues; allemands ont donné
le nom de m u f c h e lk a lk , & que M. Brongniart
défigne fous celui de calcaire conchylien. Même
dans les lieux où les couches inférieures de
cette formation font compofçes de dolomies, les
couches qui compofent fa maffe principale m’ont
toujours préfenté d’autres caractères; & , dans
[le petit nombre de localités où elles font for-
! tentent magnéfifères, & o ù , d’après les analyfes
faites fous les yeux, de M. Berthier, dans le laboratoire
de 1*École des mines, elles renfermert très-
fenfiblemenj la quantité de magnéfie qui corref-
pond à la compofition théorique de la dolomie ;
elles préfentent des caractère* minéralogiques qui
s’éloignent,de ceux de cette roche , :mais elles ne
contiennent pas de foffiles. Généralement le mufchelkalk
fe compofe d’ un calcaire compaéte gris
de fumée, tantôt à c.afiure c.o.nchoïie & tantôt à
cafftire unie en grand & inégale en petit*. Ces deux
variétés fe mélangent fréquemment .dans un même
bloc.,
« Les affifes fupérieures du mufchelkalk préfentent
fouvent une marne schifteufe griie qu’on
v o i t , à mefure qu’on -s’élève ,, pren ire une teinte
verdâtre de plus en plus prononcée. Bientôt: la
difpofition fehifteufe diminue ; la .teinte verd-ât,redevient
plus, prononcée, &r eft fréquemment
•interrompue, par des taches rouges.
» C ’eft alors.qu’ on paffe aux marnes irifées,
ktuptr des AllemendS', red mari des Anglais, qui fé
compofent ordinairement d’ une marne bigarrée
d’un rouge lie de vin & de gris-verdâtre ou bleuâtre,
qui fe défagrègeen fragmens, danslefquelson
ne reconnoït aucune trace de difpofition fehif•
teufe.
« Vers le milieu de I’épaiffeur des marnes
irifées, le trouve conftammentun fyftème composé
découches d’argile fehifteufe noirâtre de grès à
grain fin & terreux. de couleur gris - bleuâtre ou
d’un rouge - amaranthe & d’ un calcaire compaéte
griîatre ou jaunâtre , à caiTure efqnileufe, quelquefois
celluleux , & qui eft conftamment magné-,
fifère & contient fenfiblement la même proportion
de magnéfie que la dolomie. Dans ce lÿfteme de
couches le calçai.e magnéfifère forme fouvent
une feule couché à la partie Tupérieure, tandis
que le grès & l’a. gile fehifteufe fe trouvent au-
d.flous, alternant enfemble & avec des couches
de marnes irifées. Ces couches de grès et d’argile
fehifteufe renferment très-fouvent des empreintes
végétales, & fouventauffi des couches de combuf-
tibles .qifi font en ce mom -nt l’objet de différens
travaux de recherches, & même de quelques
detites exploitations.
« Les mafles de fel gemme reconnues à V ie ,
à Dieuze & dans plufieurs autres points de la
Lorraine, fe trouvent dans la partie inférieure
des marnes irifées, c ’eft-à-dire au-deffous du
fyftème de couches de calcaire magnéfifère,. de
grès & de combuitible. Des mafles de gypfe le
préfentent auffi très-fouvent à cette hauteur,
tandis que d’ autres, moins confiâmes, fe montrent
dans la partie fupérieure des marnes irifées.
» 11 eft à remarquer- que les couches schif-
teufes, d’ une co: fiftance terreufe, de la partie
fupérieure du grès bigarré, lorfqu’elles font affez
terreufes pour que le mica y devienne peu apparent
. relien•bà'ènt beaucoup à celles qui forment
le paffage entre le mufchelkalk & le grès bigarré,
Géographie-P h y (iq u e. Tome. Y
de forte que fi le mufchelkalk n’ existoit p a s , il y
auroit une fufion complète entre le grès bigarré
& les marnes irifées. C ’eft, je crois, ce qui a lieu
en Angleterre,. où ces deux formations fe trouvent
reunies, en une feule, connue foiis le nom
de new-rcd-fandfcone a n d r ed m a r i • mais il eft bon
d’ obferver que, même dans ce pays, les couches
de g ès ( n ew - r e d f a n d f c o n e ) fe trouvent au-deffous
des couches de marne ( r e d -m a r l ) .
” Les couchés fupérieures des marnes irifées
préfentent une teinte verte qui les diftingue de la
maffe. On y voit paroître des couches minces
d’argile fehifteufe, noire, &r des grès quartzeux
prèlque fans ciment, qui finiffent par remplacer
entièrement les marques v ertes , & qui forment
le commencement du grès inférieur du lias, grès
qui fait partie de ceux que les géologues allemands
ont nommé quaderfandjtein, mais qui se lie
complètement, tant par des paffages que par les
fo.'lîles qu’il contient, au calcaire à gryphées
arquées qui le.recouvre. La féparation que je fais
entre Es-marnes irifées & le grès inférieur du lias,
eft du nombre de ces coupures artificielles auxquelles
la néceffité d’affigner des bornes circonf-
crices à chacun des objets de nos études, nous
for.ee de recourir dans l’étude de toutes les
(ciences naturelles. Auffi, fi les marnes irifées
continuent quelquefois à former un fyftème
diftinét à une grande, diftance des Vofges, par
exemple près de Luxembourg & de Lons-le-Saul-
nier, il eft d’autres contrées où rien ne conduit à
les'féparer du grès inférieur du lias; aux environs
de Saint-Léger-sur-Dheune & d’Autun, les marnes
irilées rentrent dans le dépôt d’arkose, qui, dans
d’autres parties de la Bourgogne, où il eft beaucoup
plus mince, paroît s’identifier avec le grès inférieur
du lias^ qui fe lie intimement au calcaire à
gr/phées arquées.
» Quels que foient du refte les paffages qui
exiftent entre les couches dont je viens de réfumer
les caractères (grès bigarré, mufchelkalk &
marnes irifees) , & celles qui leur font inférieures
& f’upérieures, l’époque de leur dépôt paroît
avoir répondu à une période de la chronologie
zoologique, qui fe diftingue affez nettement de
celles qui 1’ ont précédée et suivie, en ce que les
p r o d u c tu s avoient déjà difparude la partie de notre
planète qui eft devenue l’Europe, tandis que les
b é lem n it e s , les am m o n ite s peniliées & les g r y p h i t e s ?
ne s’y étoient pas eixore montrées.
» J’ai eu occafion d’indiquer du fel gemme
dans un feul étage de cé même fyftème de
couches, favoir, dans la partie inférieure des
marnes irifées ; du gypfe dans trois étages, favoir,
dans les affi'es fupérieures du grès bigarré , dans
la partie inférieure des marnes irifées, & dans la
partie fupérieure des mêmes marnes ; & du carbonate
calcaréo-magnéfien (dolomie & ca’caire magnéfifère)
dans quatre étages différens, favoir, dans
les affifes fupérieures & dans les affifes inférieures
N n nn n
II