
dalles. On en fait ufage dans le midi de la France
pour paver les appartenons. Le calcaire qui appartient
à ces bancs inférieurs, a moins de ténacité
que celui des bancs fupériëursi comme il ne
réfifte pas à l’a&ion des agens extérieurs, il eft
peu employé dans les conftrü ôtions des édifices ,
II ce n’eft dans leur intérieur.
Ces différens bancs pafTent les uns aux autres
d’une manière rom*à~fait infenfible : les fupé-
rieurs, les plus fablonneux, ne font parfois que
des fables endurcis. Les inférieurs repréfenrent
parfois les marnes argileufts bleues dans les baf-
fins où l’ on n’en voit pas de traces ; ils fe chargent
alors d’ une quantité plus ou moins confidérable
d’argile, & deviennent plus ou moins fnârneux.
Dans d’autres de nos localités (le baflïn des
environs de Péaenas), Mes bancs pierreux fu-
périeurs ou le calcaire moellon fe trouvent quelquefois
au-deffus des dépôts arénacés ou alternent
avec e u x , ainfi qu’avec les marnes bleues qui à
Montpellier leur font conftlmment inférieures > il
y a plus encore, ce calcai.e moellon le montre,
dans le badin de Pézenàs, eh couches alternatives
& en ftratification concordante avec des
dépôts flirvïafiies qui, pour palier le langage reçu ,
appaftiêndroient au deuxième tërtain d’ea!u douce.
On le voit donc tantôt fupéritur 8c tantôt inférieur
aux dépôts fluviatiles, alternance que 1-on obferve
également dans le baifin de C e tte , prefqu'aux
bords de la Méditerranée.
Les mêmes circcnftances fe reproduisent à l’ égard
des dépôts fluviatiles. Ces dépôts, quelquefois n t-
tement îeparés les uns des autres par des couches
marines, font dans certains baffins liés les uns
aux autres fans intermédiaire, & de manière à
former un feu! tout, dont les différens lits ont dû
fe dépofer à peu d’intervalle les uns des autres.
Ainfi ies lignites dé Cézënon (Hérault) & de la
Caunette (A u d e ) , exploités en grande maffe, fe
montrent en ftratification concordante avec les calcaires
compactes à planorbes & à lymnées qui les
recouvrent immédiatement & dont on ne fauroit
les féparer. Dès-lors, comment lés différencier 8c
commentconfidérer les couches inférieures comme
dépendant du premer terrain d'eau douce, & les
fupérieures’comme appartenant an deuxieme terrain
d’eau douce, à moins que l’on n’entende par
là indiquer des étages differérfs d’un fëul 8c même
d ép ôt? •
Il rfeëxifteroit donc dans les terrains^ ‘tertiaires
des bâffins méditerranéens qu’un fetil dépôt marin
& un feul dépôt fluviatilè, foif ' fféftemerît
féparé l’un de -ï’autre, fuit ' s'iatercaîîarit mutuellement
, ou diibofe en lits alternatifs, par
fuite de l’action combinée des eaux courâritës
& marines qui les ont produits. En effet, lés ihtêr-
calladons, les enchevêtremens réciproques &ies
alternances de ces dépôts ont été une fuite néc'ef-
faire de l’avion cfès'flèÜYés qui entraînant des
limons dans le baflïn de l'ancienne mer, limons
qui dans de certaines circorrflances étai nt recouverts
pat des dépôts marins ou s’ interpofoient
entr’eux, tandis que dans d’autres , ils étoient
tellement abondais qu’ils fe font précipités lar-s
mélange & fans être recouverts par des couches
marines. Ainfi ces dépôts, produits par des caufes
variables, 8 c qui n’agiffoient pas de la même manière
dans tous les baffins, n'ont pu préfentrr
cette confiance ni cette régularité que l’on obferve
dans les terrains d'an âge plus ancien. Aiiffi
a r r iv e - t - il louvent que dans tel ou tel paffm,
il n’exifte que des dépôts fluviatiles, tandis
q u e , dans tel autre qui en eft fort rapproché,
I on n’obferve au contraire que des dépôts marins.
Quant à l’ancienneté relative des divers dépôts
tertiaires , elle ne paroît pouvoir être déterminée
que lorfque ces dépôts le trouvent réunis dans le
même baflin- Il eft bien certain que dans le baflin
de Paris le calcaire greffier eft d'une date plus
récente que les argiles plaftiques & les lignites
qu'il recouvre; mars il ne l ’eft pas également
que le depot des .ignites de la Suiffe ait précédé
celui du calcaire grofîier parïfien; car dans tel
baflin , les dépôts fluviatiles peuvent fort bien
n'avoir été formés que lorfque déjà le dépôt
marin é ta it en grande partie précipité dans un
autre, puifqoe les caufes qui produifer.t ces divers
dépôts n'agiffoient pas d'une manière générale,
mais bien d’une manière partielle & tou t-à-fait
locale.
Aufli, les dépôts tertiaires produits fous les
eaux fàlées font d’autant plus ançfens, qu’ ils ap-
paitiennent à des localités que la mer a plus tôt
abandonnées, en forte q u e , pour comparer des
baflirrs tertiaires entr’ eux, il faut non-feulement
avoir égard à la nature & à l’ efpèce de leurs dépôts
, mais fur tout à leur éloignement des mers
aCb. elles, 8c reconneître fi fes baflins dépendent
de l’Océan ou de la Méditerranée \ les mers ptfé*
rieurs étant rentrées plus tard dans leur limites
que l’Océan. De même , les dépôts purement ta-
euftres n’a y a fit pu s'-opérer qu’après la retraita
de là mer, iL's'enfuit naturellement, que leur
ancienneté eft en raifon inverfe de leur 'rapprochement
dés baflirts occupés aujourd'hui par les
mers.
Si l’ on n’ admét pas que la partie des terrains
tertiaires , depofee dans, le baflin de l’ancienne
m e r , n’eft composée que de deux fortes de
dépôts, opérés en même temps ou prefque fimul-
tanémetft, on ‘doit eh conclure que les caractères
ïoologiques des formations n'ont p as , relativ*-
menta-ux terrains tertiaires, la même importar.ee
qu'ils ont pour des dépôts plus anciens. En effet,
les mammifères terreftres qui caraétéri fer oient! en
Suiffe les dépôts fluviatiles tertiaires cowfid'éris
| comme les plus anciens (premier terrain d'eau
douce)', figiRiWrôient dans les baflins de Londres
& de Paris les terrains d'eau douce moyens
( deuxième terrain d’eau d ou ce ), 8c. dans le midi
de la France le dépôt aréoaeé marin (deuxième
terrain marin), confidéré comme la plus récente
des formations marines produites dans le b a (fin
de l’ ancienne mer. Ainfi, des efpèces fofliles auffi
remarquables, que le font les animaux que nous
venons de fignaler, fe trouver oient dans des dépôts
d’âgq & de nature différente*. Mais fi ces.
dépôts ont tous été formés dans le baifin de l’an*
cienne mer, & dans la même période géologique,,
ce qu’ annonce l'identité de certaines efpèces qui
s’ y trouvent enfeveii s , les molaffes & les lignites
de la Suiffe doivent être de la même date
que les fables marins du midi de la France ( i ) .
Les caractères zoologiques conferveroient alors
toute leur importance, pour fixer l’âge & les
relations des d vers dépôts, mais non celle de
leur nature, puifqne les efpèces enfevelies dans,
les terrains tertiaires, à l’ exception de celles des
formations lacuftres, ont été charriées dans le'
baifin de l’ancienne mer, ou du moins que leu: s
débris ont été tranfportés hors de leirr pofition
première par des eaux courantes. Ainfi les paUo-
theriums qui, jufqu’à préfent ri’o.nt été aperçus que
dans les terrains tertiaires , ne lignaient pas plus
que les maftodontes, 8c fes rhinocéros qui les
accompagnent parfois, tel genre de depot tertiaire
plutôt que tel autre, puilqu’ on les découvre
aufli-bien dans le s fluviatiles que dans les marins.
Les caractères zoologiques, qui ne peuvent nous
indiquer le mode de formation d’un d ép ôt, ne
nous indiquent pas l'époque de la retraite des
mers , des lieux où des dépôts de fofliles ont été
produits. Cette époque eft cependant la plus effèn-
tielle à fixer , pour établir l'antériorité ou Ta pof-
férîorité des baffins tertiaires les uns relativement
aux autres, & par fuite celle des divers fyf-
tèmes de couches qui les eompofent. Ici, il faut
embraffer la généralité des pnénomènes, pour
faifir les rapports qui exiftent entre des dépôts
qui peuvent être de la même date, quoique très-
differens /par la naturé des couches qui les compofent
8e les fofliles qui y font enfeveiis. Ainfi,
les divifiotts établies pour certains baffins tertiaires,
par exemple, ceux de Londres 8e de Paris,
ne fauroient convenir à l'univerfalité de ces baffins,
ni aux terrains de fédiment fupérieur, parce
que les terrains tertiaires, uniquement compofés
de dépôts fluviatiles 8e marins, qui alternent les
uns avec les autres un plus ou moins grand nombre
de fois, n’ont rien de fixe ni de général dans le
' ( i ) M. Brongniart a déjà avancé que les parties fupé-
riëures des molafTes de la Suiffe étaient probablement de
foTmatron à peu près contemporaine à ceHe des calcaires
marins- fuperieurs au gypTe des eovinoias.de Paris. Bulletin
de la Société philomatique > année. 1822 pag. 17.
nombre Sc la maniéré dont ces altefhances on.c
été produites, & c e la , par fuite des^caufes variables
qui opétoient ce* différens dépôts.
Sans doute, les faits q.ue nous rapportons n env
braffent pas un efpace affez confidérable pour
être complètement démonftrarifs > mais du mains
ils le font affez pour éveiller l'attention des obier»
vateurs, & les porter à étudier, avec encore plus
de foin, des terrains où font empreintes les dernières
modifications que le globe a éprouvées; car
on ne peut guère donner le nom de révolutions,
à La retraite ou à l'abandon fucceifif des mers ,
des lieux qu'elles accupoient primitivement ;
abandon qui a été trop gradué pour avoir été
accompagné de cacaftrophes &■ de bouleverfe *
mens vioLens.. C ette retraite des mers, s'eft en
effet opérée d’une manière fi paifible & fi graduée,
que les dépôts qu'elles ont LaifFés fe montrent
fouvent en couches horizonlates & paral-
' lèles. ou en lits: fucceffifs Sc réguliers, même
lorfque leur nature eft diverfe.
Si l'analogie peut feule guider en g é o lo g ie ,
commençons par étudier des terrains qui lem-
blent avoir été produits par des caufes à peu
près femblables à celles qui agiffent encore, et
procédons du connu à l’ inconnu, plutôt que de
fuivre cette marche, adoptée d’ abord généralement,
d’arriver au connu par l’inconnu. Les terrains
tertiaires nous donnerons, plus que tout
autre formation, la c le f des dernières modifications
que le globe a éprouvées, furtoutfi, comme
il le. paraît, la folidification des terrains autre que
les terrains de fédiment n'eft qu’ un effet purement
thermométrîque
Enfin, en terminant cette introduction, peut-
être déjà trop étendue, qu’ il nous foit permis
d'obferver combien il eft elfentiel de dégager la
géognofie de tout efprit fyftématique. Par fuite
de la grande tendance que nous avons à généra-
lifer, Werner avoit géognoftiquement conftitué
le monde, comme eft conftitué le d'iftridl: de
Freiberg; 8c plus tard, l’on a cru que les baffins
tertiaires dévoient fe foumettre à la formation
qui conftitué ceux de Londres 8c de Paris, fans
s’apercevoir combien des dépôts produits par
des caufes partielles & locales dévoient préfenter
; de différences & d’anomalies d’un baffin à un
autre.
De la clajfiftcation. des terrains tertiaires.
Les terrains tertiaires q ui, dans les baffins de
Londres & de Paris, repofent affez généralement
fur la craie, roche fi rare dans le midi de la
France, du moins la craie blanche ( 1 ) , ont été
f i ) N qus ne conno'ifPbns encore cette .variété d e craie
qu'au plan d’Aren, près les Martigues ( département des
Bouçhes-du-Rhône).