
m lève de nouveau , rend à la terre fa verdure. »
Les autres régions refient toujours à peu près
de même ; les arbres y font conftamment verts >
& l’herbe y conferve auffi fa verdure.
H H .)
PANAMA.Tfthme fitué dans l ’Amérique centrale.
Ses côtes font baignées au nord par la mer
des Antilles , & au fud par l’Océan pacifique. Sa
longueur j depuis le fond du golfe de Pàrita juf-
qu’au fond du golfe San Miguel, eft d’ environ
foixante-cinq lieues} fa largeur la moins confidé-
rable, c ’eft-à-dire, au fond du golfe de Panama
e f t , fuivant M. de Humboldt., de treize lieues
de vingt-cinq au degré. Mais d’après .les calculs
de M. de Zach , fuivant une ligne droite qui paf-
feroit par Panama & Porto-Bell o , cette largeur
feroit de 51,447 toifes , ou de quatorze lieues de
vingt-cinq au degré. Sur d’autres points de
1 ifthme, cette largeur eft du double & même au-
delà : ainfi , vers le fond du golfe de Parita, elle
atteint quarante lieues.
L’ ifthme de Panama eft traverfé, dans fa longueur,
par une chaîne de montagnes que féparent
des vallées tranfverfales. Ces montagnes font peu
élevées ; celle de l’Ancon, par exemple, n’eft que
de lo i toifes. M. de Humboldt n’évalue qu’à
500 pieds au plus la hauteur de l’ arête du chemin
qui conduit de Crucès à la ville de Panama. C ’eft
dans la partie la plus étroite que l’élévation du
terrain eft la plus grande.
Des deux verfans de la chaîne qui parcourt
l’ ifthme dans fa longueur, defcendent plufieurs
rivières. Les plus importantes font, fur le côté
feptentrional, à partir de l ’oueft , le Rio Code, le
’Rio Pinas , le Chagre , 1 e Diablo & le Play on.
Le Rio Code a environ feize lieues de cours j il
fe dirige du fud-eft au nord-oueft.
Le Rio Pinas n’ a que douze lieues de cours} il
fe dirige du fud au nord.
Le Chagre prend fa lource au milieu de l’ ifthme ;
fa direction générale eft de l’eft à l'oüeft. Son
cours eft fort rapide : M.de Humboldt l’évalue à
un & même à deux mètres par fécondé} auffi
offre-t-il de grandes difficultés à là navigation.
Heureufement que fes nombreufes finuofîtés pro-
duifent le long de fes bords un contre-courant,
à la faveur duquel de petits bâtimens peuvent le
remonter à la rame. Cette rivière parcourt une
étendue de trente lieues ; ce n’eft qu’à partir du
village de Crucès, qu’ elle arrofe après un cours de
quinze lieuès , qu'elle commence a être navigable.
Près de ce village, fa largeur eft de vingt toifes }
au-delà il augmente fucceffivement, & acquiert
celle de cent vingt toifes à fon embouchure dans
la mer des Antilles: Ses rives balles & fàngeufes
font bordées par d’épaiffes forêts , fouvent inondées
par des torrens de pluies qui y féjournent
pendant une grande partie de l’ année.
Le Diablo eft une petipe rivière qui coule du
fud-oueft au nord-eft, & dont le cours n’a qu’en-
viron huit lieues.
Le Playon3 moins confidérable encore que le
Diablo, n’a qu’une étendue de fix lieues} il fe
dirige du fud-oueft au nord-eft.
Toutes ces rivières fe jettent dans la mer des
Antilles? Le nombre des cours d’eau qui defcendent
du verfant méridional de l’ifthme de Panama
eft plus confidérable que celui du verfant oppofé.
On en compte quatre qui méritent d'être cités.
C e font, à partir du golfe de Parita, le Salado,
le Cio qpe3 le Caymato , le Chepo, le Bocatuera, le
S. Buenar, le Sala , le Chucunaque & le Tuyra.
Le Salado, qui coule du nôrd oueft au fud-eft
& qui fe décharge dans le golfe de Parita, a environ
douze lieues de cours} il eft très-rapide &
très-fînueux.
Le Cloque, qui defcend d’abord du nord oueft
au fud-eft pendant quatre lieues, & qui pendant
douze autres lieues fe dirige de róueft à l’e f t ,
pour rédefcendre l'efpace de deux lieues vers le
fud, fe jette dans le golfe de Panama.
Le Caymato, q u i, fuivant la pente du verfant,
coule pendant cinq lieues au fud , fe dirige enfuite
pendant douze lieues de l’ oueft à l ’eft.
Le Chepo, qui s’étendant l’efpace de huit lieues
de l ’eft à l’oueft, redefcend enfuite pendant fix
lieues du nord-eft au fud-oueft jufqu’à la mer.
Le Bocatuera, petite rivière de fept lieues de
cours, fuit une pente générale du nord au fud.
Le S. Buenar, qui n’a qu’une lieue de plus de
cours, fuit la même direélion.
La Sala, petite rivière qui parcourt le même
efpace , du nord au fud, fe jette dans le golfe San
Miguel.
Le Chucunaque, rivière de huit lieues de cours ,
qui, dans une direction prelque méridionale, va fe
joindre au Rio Tuyra, après une pente de feize
lieues, fe jette auffi dans le golfe San Miguel.
Tels font les cours d’eau qui fi tonnent l’ifthme
de Panama. Je n’ai pas befoin de dire qu’outre
ces petites rivières on voit plufieurs ruifleaux
defcendre à la mer fur les deux verfans de 1 ifthme.
Dans la mer des Antilles, les côtes de Panama
font hëriffées’ de pointes ou de caps, dont les
plus confîdéràbles font à l’oueft, la pointe de
Manzanilla, fituée fous le 81e. degré de longitude}
le cap San Blas, la pointe Barba, & celje
de Mofquitos.
Parmi les petites îles fituées de ce côté , on
doit citer l ’archipel de las Muletas 3 placé à l’entrée
du golfe S. Blas/
Les côtes de Panama qui font baignées par les
eaux du golfe, préfentent auffi plufieurs pointes.,
parmi lefquellès celle de Chame, fituée vis-à-vis
le golfe San Miguel, eft la plus importante.
Au milieu du golfe de Panama s’élèvent pîu-
fieurs îles. Près dp: la côte, & non loin de Panama,
on remarqué celles de Perico & de Tabago} au
fud de cellès-ci, un grand nombre d’autres conftituent
l ’archipel de las Perlas 3 ainfi appelées de
ce qu’autrefois on y pêchoit beaucoup de perles.
On en recueille encore, mais cette pêcherie a
perdu beaucoup de fon activité. ( Voye{ Iles de
lzs P erlas.) Les plus importantes de ces îles
font : Otoque , San Pedro , San Jofe , Galera , &
principalement Vîle del Rey, la plus confidérable
de toutes} elle a fix lieues du nord au fu d , &
cinq de l’eft à l’oueft.
La chaîne de montagnes qui traverfent l’ ifthme
de Panama dans toute fa longueur renferme généralement
les mêmes roches que celles qui
cônftituent toutes les Andes} elles appartiennent
aux anciens terrains appelés primitifs. Sur les
rives du Chagre on connoît depuis long-temps
des mines d’or} nul doute que plufieurs filons
métallifères exiftent fur d’autres points de cette
chaîne.
Plufieurs auteurs, & entr’autres M. de Humboldt,
ont agité la queftion relative à la poffibi-
lité de couper l ’ifthme de Panama, & d’ouvrir
ainfi un paffage aux navires qui fe rendent des
ports de l’Europe & des Etats-unis d’Amérique I
dans les mers ae l’ Inde. L’ utilité de ce projet:
n’avoit point paru douteufe à l’ancien gouverne- j
ment efpagnol, puifque' depuis 1513 , époque à j
laquelle Vafco Nunez traverfa pour la première j
fois l’ifthme, il fut queftion d’y creufer un canal.
Des plans ont été drelfés par des ingénieurs ef- :
pagnols, dans le but de faire communiquer.la mer
des Antilles & le golfe de Panama par le Rio
Chagre. D’autres, qui datent de ip zS javbien t
pour but d’établir une communication par le Rio
Trinïtady qui fe jette dans le Chagre avec le
Caymato & le Rio Grande, qui fe déverfent dans
le golfe de Panama. Mais l'élévation du terrain
paroît être un obftacle très-difficile à furmonter.
Enfin oh a prétendu que le niveau de la mer des
Antilles eft plus élevé que celui de l’Océan pacifique
: ce qui étoit encore une difficulté de plus
à furmonter pour établir la communication des
deux mers. M. de Humboldt prétend que cette
opinion n’ eft fondée que fur une apparence. Nous
partageons tout-à-fait ce ientiment. 11 feroit, il
faut l’avouer, contraire à la fcience phyfique de
fuppofer, fans preuves irrécufâbles, que le niveau
des mers n’eft pas uniforme partout. A quoi fer-
viroit alors de melurer, à l’ aidé du baromètre,
les points culminans du Globe? Don George Juan
a reconnu que la hauteur du mercure éft'la même
à Panama qu’ à l’embouchure du Chagre, c ’eft-à-
dire fur les deux verfans de l’ ifthme. Il eft tout
fimple de penfèr que les deux mers font au même
niveau, ou du moins qu’elles ne peuvent différer
que par une foible quantité, qui ne feroit point un
obftacle à la communication projétée. En effet,
on conçoit que la configuratiop^des cô te s ,la dif-
pofition de certams golfes, l’influence des cou-
rans & des vents puifl’ent élever les eaux-dans
certains parages, & troubler ainfi, comme le dit
M. de Humboldt, l’équilibre general. Mais auffi
ces caufes locales ou accidentelles ne peuvent-
elles pas varier ? Les ingénieurs français attachés
à l ’expédition d’Egypte ont reconnu, par les me-
fures & les calculs géométriques, que la Mer-
Rouge eft plus élevée de fix toifes que la Méditerranée
Mais cette différence exifte-t-elle toujours
? Des courans périodiques ne peuvent-ils
. pas refouler à certaines époques les eaux de la
M*:r-Rouge, fi étroitement refferrée entre fes
côtes ? M. de Humboldt dit que les marées s’é lèvent
à Porto-Bello, fur la côte feptentrionale de
l’ifthme de Panama, à un tiers de mètre ; tandis
que fur le côté oppofé, c’ eft-à-dire à Panama
même, elles atteignent la hauteur de quatre à
cinq mètres. Suivant l’opinion commune , la
mer du Sud eft plus élevée que la mer des Antilles
, & cependant l’aétion des c o u ra n s d e r o ta t
io n ( v o 'yej Courant ),. qui porte les eaux de l’eft
à l’oueft, ainfi qu’on Tobferve entre les tropiques,
& qui fe fait fi bien fentir fur les côtes
boréales de l ’ifthme de Panama, fembleroit prouver
au contraire que la mer des Antilles doit être
plus élevée que l’Océan pacifique. Avouons donc
qu’ il y a encore beaucoup d'iricertiu’ de fur la différence
de niveau des deux mers qui baignent
l’ifthme. mais que tout poite à croire que ce niveau
doit fréquemment changer.
Quant à la queftion de l’établiffement d'un canal
qui traverferoit l’ifthme, M. de Humboldt ne le
regarde pas comme devant être auffi avantageux
qu’on le penfe. Il y trouve mille obftacles, tels
que l’obligation de conftruire des éclufes ou des
galeries fouterraines, afin de remédier à l’inégalité
..'Univeau} la néceffité alors de fe fervir de
bateaux plats pour la navigation de ce canal, ce
qui arrêteroit les navires dans leur voyage & de-
viendroit plus incommode que la longueur de la
route ordinaire des grandes Indes. Mais nous
penfons que ces inconvéniens cefferoient fi le fyf-
tème de navigation au moyen de bateaux à vapeur
fe perfectionnoit, & furtout fe génévalifoit.
Le favant auteur de l’E J fa i f u r la N o u v e l l e - E f -
p a g n e croit qu’il feroit plus avantageux de tracer
de bellesroures de P o r t o - B e l lo i P a n a m a 3 d’ abattre
les forêts pour former des prairies propres à
nourrir les bêtes defomme, & enfin d'y natura-
lifer le chameau, animal fi précieux pour les tranf-
ports.
Certes ce feroient de grands avantages pour la
population de l’ifthme de Panama que d’atteindre
ces améliorations & ces fources de richeffes in-
duftriellês} mais il n’y faut longer que fi la conf-
truéticn d'un canal eft reconnue impoffible.
O r , cette queftion eft loin d’être rendue. On
fait au contraire que la chaîne qui travérfe l’ifthme
dans fa longueur , fe termine au fud-oueft du golfe
de Datien, à la hauteur de la pointe de' Pinas. A
cinq ou fix lieues de cette chaîne, coule la rivière
de N a ip i ou N a ip i p i , qui communique avec l’A