
b a j fe . En fondant d’autres parties du chenal, on
trouva que là où antérieurement la profondeur de
la mer à marée haute n’écoit que de i à 2 pieds*
elle étoit devenue de 4 à 10 pieds , & cette augmentation
de profondeur s’étendoit de Korch aux
îivages du Sind, diftance d’environ 334 milles.
Le chenal de la Rums qui, de Lokpot fe prolonge;
au nord autour de la province de Kotch, fut tellement
approfondi, qu’au lieu d’être à fec, comme
auparavant, à cette époque de l’année, il n’étoit
plus même guéable, excepté dans un feul endroit.
Par ces changemens remarquables de niveau, la
navigation intérieure du pays, qui avoir été fermée
pendant des fîècles, devint de nouveau praticable.
» I l e s I o n i e n n e s . Dans l’année 1-82.0, du iy février
au 6 mars, Sainte-Maure, une des îles
Ioniennes, éprouva une férié de tremblemens de-
rerre deftruétifs. Immédiatement après, on aperçut
auprès de la côte une île rocheufe qui y étoit
inconnne avant. Aucune indication d’éruption
fous-marine ne fut obfervée en cet endroit; il eft
donc probable que ce roc doit fon élévation au
tremblement de terre, mais il eft fort à defirer
que l’on examine fa ftruéture.
» A l e p . En 182.2, Alep fut détruite par un tremblement
de terre, & l'on dit que des altérations
dans le niveau des, terrains ont eu lieu ; mais nous
n’en avons pas de détails exaéts. Le capitaine d’un
bâtiment français a rapporté que le 2 août deux
rochers s’étoient élevés delà mer dans le voifinage
de Chypre, île bien connue pour être Tu jette aux
mouvemens fouterrains, & prefque fous la même
latitude qu'Alep. Dans cette circonftance & d'autres
fembiabl’es, où il n’y a point de témoignage
d’éruption fous-marine, ce n’eft point la grandeur
des malles élevées qui eft de quelqu’impor-
tance, mais l'indication qu’elles fourniffent qu’un
efpace fous-marin dont elles forment fimplement
les points les plus élevés à fubi quelque changement
de niveau.
» 'C h i l i , Le 19- novembre 182.2, la côte du Chili
éprouva un tremblement de terre très-deftruétif.
Le choc fut reffenti fimultanément fur un-efpace
de 1,200 milles du nord au fud. Sant-Iago , Val-
paraifo & quelques autres villes forent fort endommagées.
Lorfqu’on examina le terrain des
alentours, dans la matinée qui fuivit le choc, on
trouva que toute la ligne de côtes, pendant une
longueur déplus de 100 milles, avoir été élevée
au-deffus de fon premier niveau. A Valparaifo,
l’élévation étoit de 3 pieds, & à Quintero de
4 pieds. Une partie du lit de la mer refta nu & à
fec à marée haute, avec de» bancs d’huîtres-, de
moules & d’autres coquillages adhérens aux rochers
fur lefquels ils croiffoient, tous lespoiffons
étant morts & exhalant les effluves les plus défa-
gréables. Une vieille carcafle de navire naufragé ,
que l’on ne pouvoit approcher avant, devint açceflible
par terre , fans que fa-diftance de l’ancien
rivage fût aucunement diminuée. On obferva que
le cours,d’eau d’un moulin, à environ un mille de
la mer, acquit une pente de 14 pouces dans moins
de 160 verges (mètres) de longueur, & l’on
doit déduire de ce fait que l’élévation, dans
quelques parties de l'intérieur du pays, fut plus
confidérable que vers la côte. Une partie de
celle-ci, ainfi élevée, eonfiftoit en granit, dans
lequel il fe fit des filfores parallèles dont on pouvoit
fuivre quelques-unes jufqu’à un demi-mftle
dans les terres.. De petits cônes d’environ 4
pieds de haut furent formés dans plufieurs cantons
par la fortie d’eau mêlée de fable à travers
des creux formés en entonnoirs,phénomène
très-commun en Calabre. Les maifons du Chili,
qui étoient conftruites fur le roc -, fouffcirent
moins que celles qui étoient bâties fur des terrains
d’alluvion. L’aire fur laquelle s’étendit cette
altération permanente de niveau fut eftiméè être
de 100,000 milles carrés (1):. On fuppofè que tout
le pays , depuis le pied des Amies jufqu’à une
grande diftance fous 1 armer, acquit une plus grande
élévation, jufqu’à environ 2 milles du rivage.
« L’élévation fur la côte étoit de 2 à 4 pieds; à la
diftance de 1 mille dans les terres, elle doit avoir
été de y , 6 on 7 pieds. «
« Les fondes, dans le havre de Valparaifo,
changèrent , & le fond de la mer s’éleva. Les
chocs continuèrent jufqu’à la fin de feptembre
1823; même alors, 48 heures fe paffoient rarement
fans en éprouver vune, 8c quelquefois
deux ou trois arrivoient dans 24 heures. MM. Gra-
ham obfervèrent, après Te-tremblement de 1822,
que, outre la grève élevée nouvellement au-
deffus de la marque de la haute marée, il y avoir
plufieurs lignes de rivages- élevées les unesi au-
defïus des autres, confiftant en cailloux mêlés
de coquilles, & s’étendant dans une direction
parallèle au rivage, à la hauteur de 50 pieds au-
deffus du niveau de la mer;
« B o g o ta . Le 16 de novembre 1827, la plaine de
Bogota fut bouleverfée par un tremblement de
terre qui renverfa un grand nombre de villes. Des
torrens de pluie gonflèrent la rivière de la Made-
laine, charriant de grandes quantités de vase &
d’autres fubftances qui répandoient une odeur ful-
fureufe & détruifoient le poiflon. Papayan, qui
eft fituéà 200 milles géographiques, au S . S m O .
de Bogota, fouffrit beaucoup. De larges crevanes
s’ouvrirent fur la route de Guanacos, & ne la.if-
fèrentaucun doute que l’enfemble des Cordillères
avoir fupporté un choc confidérable. Il s’ouvrit
dans les plaines de Bogota, près dè Costa, d'autres
fiffures dans lefquelles la rivière de Tunza 1
( 1 ) L ’estimation qu’adopte ici M. Lyelt nous paroît
exagérée : en effte 100,000 milles carrées d onnent 10,000
milles ,. ç’esr-à-dirè près de ^,000 lieues de côté.
commença immédiatement à couler. Nous remarquerons
que dans de femblables occafions, l'ancien
lit de gravier de la rivière eft abandonné , 8c qu’il
s’en forme un nouveau à un niveau plus bas ; de
forte qu’un manque de relation .dansja pofition
des lits d’alluvions des cours d'eau existans, ne
peut être un témoignage de la haute antiquité de
tels dépôts, pour un géologue, dans des contrées
habituellement bouleverfées pair les tremblemens
de terre. Des pluies extraordinaires accompagnèrent
les chocs dont nous venons de parler, &
l'on dit, que deux volcans ont été en éruption
dans la chaîne de montagnes la plus rapprochée de
Bogota.
A n t i l l e s . — 1827. Nous devons rappeler ici un
tremblement de terre quiffe fit fentir, Pg| juin
de cette année, à la Martinique. M. Lyell n’en
parle pas, & cependant cet événement offre
quelqu’intérêt, en ce fens que depuis 6 6 jours
une féchereffe défaftreufe défoloit cette île : les
Antilles n’avoient jamais préfenté line fi longue
période fans pluie ; la fecouffe que l’on reffentit
changea tout-à-coup l’état de l’atmofphère , 8c
des pluies abondantes commencèrent à tomber.
M. Lyell ne pa'rle pas non plus des tremblemens
de terre qui ont été fîgnalés en 1828 : nous remplirons
cette lacune en citant ceux qui paroiffent
être les plus remarquables.
A f i e m in eu r e . Les fecouffes que l’on reffentit
dans le courant du mois d'août, à l’eft de la
mer Cafpienne, dans la province ruffedeChirvan,
y caufèrent des ravages incalculables. La ville de
P i e iU e - C k a m a k i e , à 20 lieues de Bakou, en fut
la principale viétime : 247 habitations & 30 ateliers
forent détruits de fond en comble ; plus
de 179 maifons forent confidérablement endommagées.
Dans difféfens villages ce tremblëment
de terre abattit 303 .maifons , un clocher.& un
couvent. « Le village de Mongalou, dit la relation
de cet événement, fitué dans un défilé,
à la diftance d’environ un mille d’une haute
montagne, fut englouti par une avahnche qui
defeendit fur une étendue de 200 fagènes (428
mètres ou 1,498 pieds ) ; il n’y refta aucune trace
d'habitations. La plupart des habitans eurent heu-
reufemént le temps de fe fauver : trois femmes
& Un homme feulement difparurent. Dans cette
partie de la montagne, trois grandes fources s’ouvrirent
un paffage, à peu de diftance l’une de
l'autre : plus loin, la moitié d’un village appelé
T s c h a g a n a , s’abîma dans les entrailles de la terre;
des crevaffes & de nouvelles fources s’ouvrirent
en plufieurs endroits ; on voyoit encore, plus d’un
mois après l’événement, dans le village de
S a h ia n y une crevaffe d’une arschine et demie
( 3 pieds 3 pouces 7 lignes) de largeur, fur près
d’un mille & demi de longueur. Pendant la nuit,
cette crevaflè eft furmontée de lueurs femblables
à celles de l’éclair.
In d e s o r ie n ta le s . Le 29 octobre, à 2 heures
du matin, la vallée de Neypal fut agitée par
un tremblement de terre. La première fecouffe
étoit une forte de reffaut brufque & vertical
qui arrêta le mouvement des montres ; mais
comme ce n’étoit point une ondulation, on ne
plit en déterminer la direction pofitive. Les huit
fecouffes qui fuivirent étoient moins intenfes &c
dirigées du fud au nord. A Catmandou, fix m.:i-
fons forent détruites de fond en comble, ainfi
qu’un temple & la rëfidence, fituée à peu de
diftance de la ville. Sept individus y perdirent la
vie. A Patna, quatorze habitations s’écroulèrent,
mais perfonne ne périr.
A m é r iq u e m é r id io n a le . Le 30 mars 1828, on
reffentit à Lima un des plus violens tremblemens
de terre que l’on ait éprouvés de mémoire
d’hommes. Le mouvement commença le matin,
à 7 heures 32 minutes, avec une telle violence,
qu’en moins de quelques fécondés les murs
de la plupart des édifices forent crevaffes & que
plufieurs toits s’écroulèrent. A peine y eut-il une
maifon ou une églife qui n’ait été endommagée.
Tous les clochers, & particulièrement les coupoles
des temples, forent crevaffes de haut en
bas. Un grand nombre d'individus forent bleffés,
mais le nombre des morts ne pafla pas 40.
Le même tremblement de terre paroît avoir
été reffenti dans tout le Pérou. A T r u j i l l o , il
ne caufa point de dommages ; mais une pluie
abondante, qui fuivit la fecouffe qu’on y éprouva,
excita de vives alarmes parmi les habitans. A L a m -
b a y eq u e & àÇ h i c la y o , la pluie dura quatre jours fans
interruption. Ces deux villes furent tellement
endommagées qu’elles ne préfentèrent plus qu’un
monceau de ruines, furtout la première, où la
rivière du même nom déborda & détruifit de fond
en comble toutes les maifons, excepté celles de
trois rues. Dans le défert de Sechua, où jamais on
ne vit tomber une goutte d’eau, les' pluies formèrent
une grande rivière. A San-Mateo, le
même jour, 30 mars, dix-huit maifons forent
renverfées par la fecouffe. Des maffes de rochers,
détachées des montagnes voifines, détruifirent les
grandes routes & interceptèrent les communications
intérieures. Enfin, à S u r r a t , commune
fituée à 6 lieues de San-Mateo, l’eau furgit du
fein de la terre & endommagea confidérablement
les grandes routes.
C o lom b ie . Le 16 novembre, à 6 heures du foir,
une violente fecouffe fe fit fentir à Popayan & fut
fuivie d’un mouvement ondulatoire dirigé du
S.-E. au N.-O., qui dura 334 minutes. Pendant
toute la nuit, la terre fut agitée, & des fecouffes
plus ou moins vives continèrent à avoir lieu toutes
les 40 ou yo minutes , jufqu’à y heures du matin.
A 11 heures 45 minutes du matin les fecouffes
devinrent fi vives qu’une grande partie de la ville
fut détruite. Les malheureux habitans s’étoient