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le calcaire dont elles font formées , appartient à la
craie.
Cependant les roches font affez variées 'fur le
territoire de ces îles ; elles paroiffent appartenir
aux époques antérieures & poftérieures aux êtres
organifés & aux terrains de fediment inférieur. On
y trouve du cuivre, du plomb & du fer hydraté en
abondance j quelques ferpentines, des criftaux de
roches, des grenats, & dans quelques-unes des
plus petites îles, de l’asbefte.
Dans l’ intérieur des plus grandes îles , le fol eft
généralement marécageux : on y voit de hautes
montagnes; mais fi les habitans étoient moins
adonnés à la pêche, une grande partie des terres
refiée sans culture pourroit être défrichée 8c
rendue productive. Cette opinion eft fondée fur
quelques exemples, car la végétation naturelle eft
chétive dans tout le pays ; à peine y trouve-t-on
des veftiges d’arbres &*nême d’arbriffeaux, à l’exception
du genevrier. Le gazon fec & la tourbe,
qui eft abondante dans ces île s , fervent de com-
buftible. Les bêtes à cornes y font plus grandes
que celles des îles Orcades. Leurs chevaux font
très-petits, mais vigoureux 8c bien faits; ils font
recherchés en Écofie où on les connoît fous le nom
deShelties. Les moutons font auffi d’une petite ef-
pè ce , mais ils fourniffent une excellente laine. Les
lacs & les baies abondent en oifeaux aquatiques;
furie s terres, les aigles, les éperviers, les corbeaux
8c les corneilles font nombreux.
Toutes cès îles font arrofées par de jolis ruif-
feaux. Leurs habitans font vigoureux, bien faits ;
mais leur peau eft basanée : ils font hospitaliers pour
les étrangers; ils fe marient très-jeunes, & le célibat
eft regardé chez eux comme hors de nature. Leurs
lo is , leurs moeurs, leur langage & leur coftume
font les mêmes que chez les Écoffais. On a beaucoup
dilputé fur leur origine > mais l’opinion générale
elt que les îles Shetland ont d’abord été habitées
par les Norvégiens. ( J. H. )
SIBÉRIE (Nouvelle-). Archipel de la mer Glacia
le, au nord-eft de l’embouchure du Léna,
entre 73 deg. iy min. 8c 74 deg. 27 min. de latitude
, & qui occupe environ 160 lieues, prefque
fous le même parallèle. Le marchand Laikof, qui
en fit la découverte, ne vit que les côtes méridionales,
& prit les détroits qui féparent les îles
pour autant d’embouchures de grands fleuves :
c ’ eft à cette erreur qu’ il faut attribuer la dénomi-
tion pompeufe de Nouvelle-Sibérie, dont une terre
aufli petite & aufli difgraciée eft fi peu digne.
En effet, la côte oppofée du continent eft un pays
de délices en comparaifon des îles abfolument
inhabitables du nouvel archipel, où la végétation
a prefque totalement ceffé, dont les feuls habitans
font les ours blancs & les renards ar&iques.
Mais dans ces parages défolés, la mer abonde en
poiffons, & des pêcheries y feroient établies avec
l'uccès, fi les vaifleaux pouvoienty féjourner quels
i c
que temps, 8c fi l’on trouvoit des débouchés pour
les produits de la pêche. Mais les ftations y fe -
roient encore plus longues & plus pénibles qu’ à la
Nouvelle-Zemle ( Novaia-Zemlia), où elles durent
quelquefois plus d’ un an. Il eft donc probable
que l’ on ne penfera point à tirer parti de la découverte
de ces terres polaires, 8c que la Nouvelle-
Sibérie fera l’ un des derniers refuges des morfes
8c autres phoques de la mer Glaciale.
Un voyageur a foupçonné que la Nouvelle-
Zemle 8c l’ archipel dont on vient de parler, pou-
voient être les deux extrémités d’une grande terre
qui occupoit une centaine de degrés en longitude
dans l’Océan ar&ique. Les découvertes les plus
récentes 'Ont fait évanouir cette hypothèfe, & le
Spitzberg eft jufqu’ à préfent la terre la plus fep-
tentrionale que l’on connoiffe. ( F. )
SIBERIE. Voyeç Stanavoi , S y s t è m e d e mon*
tagn e & A s ie , au Supplément.
SICILE. Cette île eft fituée entre les 37e. 8c
38e. deg. de latitude, 8c entre le 10e. 8c le 13e. de
longitude. Elle eft bornée au nord par la mer de
Sicile, au midi par la mer Méditerranée, 8c ri’eft
féparée de la côte de Calabre que par le détroit
de Mefline à l’ eft.
C ’eft la plus considérable des îles de la Méditerranée,
entre l ’Afrique 8c l’ Italie. Elle a environ
190 lieues de circonférence, 64 de longueur,
du Phare à Trapani, 8c 3 7 de largeur, de Mela\[o
au cap Passaro.
La Sicile eft arrofée par un affez grand nombre
de rivières, dont les principales font celles de
San-Leonardo 8c de Pollina, qui fe jettent dans la
mer de Sicile ; celles d3 Ale an tara 8c de Savoca3 qui
aboutiffent près du détroit de Mefline; enfin, celles
de Giaretta, de Guarna-Longa, de Ragufa3 de Terra-
Nova 8c de Naro., qui portent leurs eaux à la Méditerranée
: les deux premières à l ’eft 8c les
autres au midi. La Giaretta 3 autrefois le S.iméte,
a cela de particulier, quelle jette fur fes bords
une grande quantité , de trè s -be l ambre, mais
feulement à fon embouchure 8c jamais en remontant
vers fa fource. Enfin, la fontaine Aréthufe
peut être mife au rang des rivières, puifqù’elfe en
a la largeur au moment • même où elle fort de
terre.
Il exifte plufieurs lacs en Sicile, mais en géné*
ral ils font peu considérables. Deux des principaux
, le lac Bevière 8c le Pantana, font fitués
près de l’ embouchure de la Giaretta, entre Ca-
tane 8c Syracufe, 8c font très-poifîonneux. Au
nord de l‘Etna eft un autre lac de trois milles de
circonférence, qui reçoit plufieurs rivières affez
importantes 8c qui ne déborde jamais, quoiqu’il
ne prélente aucun débouché apparent. M» Bry-
done, voyageur anglais, n’héfite pas à penfer
qu’il communique fous terre avec le fleuve froid
ou rivière d‘Acis, qui fort des flancs de Y Etna
s 1 c
& fe jette dans la met à un mille de fa fource,
près de l'ombouchure de l'Alcantara. Ses eaux,
très-limpides, ne gèlent jamais, & confervent
cependant affez fouyenc un degré de froid fupé-
rieur à celui néceflaire pour la congélation ; elles
font fortement imprégnées de fulfate de fer & tellement
malfaifantes, qu'elles font Couvent périr le
bétail. Les eaux dulac n'ont pasles mêmes qualités,
mais M. Brydone penfe quelle peuvent les acquérir
dans un cours de plufieurs milles à travers
les cavernes de Y Etna, remplies de fels & de
minéraux. '
Il exifte également, au fommet de la montagne
fituée à l'eft de Y Etna, un lac dont on n'a, dit-on,
jamais pu trouver le fond, & qui eft indubitablement
l'ancien cratère d'un volcan.
La Sicile contient un grand nombre de fources &
d'eaux minérales, dont quelques-unes font bouillantes.
Près de Nicoiia eft une fontaine toujours cou*
verte d’ une écume épaiffe, d'une efpèctf de poix
dont les habitans fe fervent comme de remède dans
plufieurs maladies. L'eau d'un étang appelé Nafo,
a la propriété de teindre en noir tout ce qu on y
plonge, fans le mélange d’aucun ingrédient,
quoiqu'elle paroiffe limpide & tranfparente. Près
de Sciaccia & du mont Coloeero , font des bains
fulfureux très-renommés, & à un mille & demi à
l’oueft de Paletme, on trouve plufieurs fontaines
d'eau chaude qui jailliffent, du fond de la mer, à
cinq ou fix pieds dé fa furface.
Les fources d'eau potable font beaucoup moins
nombreufes, furtout en été ou elles tariffent à tel
point, que les habitans de Y Etna font obligés de
faire un trajet de 10 milles pour étancher leur
fo i f , ï» que la capitale même de l'île ne s'abreuve
que de l'eau des citernes. .
Un grand nombre de montagnes s'elevent au
fein de la Sicile. Près d e -Mefline eft le mont
San-Felippo, qui eft affez élevé'pour que de fon
fommet on aperçoive la mer Adriatique ; fa
cime eft couronnée par un gouffre ou cratère
d'où il fort quelquefois un vent fi froid & fi
violent, qu'il èft difficile d'en approcher.
La montagne fur laquelle eft bâtie la ville
d'Agrigente ou de Girgenti s'élève de 14 à iyoo
pieds, & fe trouve formée d'une roche dè calcaire
marin qui exifte jufqu au fommet, & rtm-
plie de coquilles cimentées par une efpcce
de fable ou gravier qui leur donne la dureté
du marbre même. Cette pierre elt blanche
avant d'être expofée à l'air; elle devient enfuite
d'un brun foncé.
Le Monte-Ptlcgrino, près Palerme, eft tres-
-élevé 6c tellement efearpé, qu'on a donné le nom
3S/a S cala ou l ’Echelle, au chemin qui y conduit.
Du fommet l ’on jouit d'une vue très-étendue , &
l'on apperçoit la plupart des îles Lipari & meme
une partie de YEma, quoique 1 on en foir éloigné
de toute la longueur de l’île.
Cette dernière montagne s’élève comme un
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géant entre toutes les autres; je ne la confuiérerai
ici que fous le rapport de la végétation 8cde la fu-
perficie, voulant confacrer dans ce Dictionnaire
un article fpécial aux volcans en général^ aux phénomènes
que chacun d’eux préfente en particulier.
Placé à l’orient de la Sicile, 1 Etna pré fente la
forme d’une immenfe pyramide dont la bafe a
plus de 40 lieues de circonférence, & dont la
nauceur eft de 1,672 toifes au-deffus du niveau de
la mer, fuivant Spallanzani, & de 4,000, fuivant
Kircher 8c Amici. Brydone -penfe qu’elle doit
être feulement de 12,000 pieds environ. 11 bafe
fon opinion fur des calcu s barométriques, 8c
j il a remarqué avec étonnement que le mercure
étoit tombé près de deux pouces plus bas qu il
ne l ’avoit obfervé fur la partie la plus haute des
montagnes des Alpes ou il avoit pu parvenir. Le
capitaine Schmydt, d’ après fes calculs, ne lui
donne que 10,200 pieds ou 1,700 tores.
L'Etna préfente à la fois toutes les faifons, tous
les climats 8c toutes leurs productions dans les
trois régions qui le divifent, 8c que 1 on a nommées
depuis long-temps la région fertile, celle des
bois 8c la région fierile. La première eft le pays le
plus fertile du monde; elle eft formée prefqu’en-
tièrement de laves q u i, par la fucceflîon des
fiècles, font devenues le fol le plus riche & le
plus fécond. Elle règne pendant environ 14 milles
8c fe termine un peu à près Nicole f i , où commence
la région des bois : celle-ci occupe une
étendue de 10 milles environ fur la croupe de la
montagne, 8c l’enveloppe dune zone de verdure
qui produit l’effet le plus pittorefque; la
température fe trouve ici totalement changée, on
refpire un air frais & rafraîchiffant, 8c lors du
voyage de Spallanzani, le thermomètre de Réau-
mur, qui marquoit à Catane 33 degrés, étoit
defeendu à 8. La végétation eft d’une vigueur
extraordinaire, 8c produit des arbres d une grof-
feur prodigieufe. On ditlingue furtout le marronnier
des cent chevaux. Prefque tous les voyageurs
s ’accordent à penfer que ce n’ eft pas un feul
arbre, mais un affemblage de cinq gros arbres
qui ont une végétation commune : le fait eft difficile
à vérifier, parce que l’écorce n’exifte plus
qu’ extérieurement, & que l’intérieur eft tellement
creux, qu’ on y a conftruit une efpèce de petite
maifon. Spallanzani donne à cet énorme tronc
une circonférence de 160 p ied s , Brydone lui en
donne 204, 8c Simond, qui a publié Je voyage le
plus récent qui exifte fur la Sicile, n’ eftime cette
circonférence qu’ à 112 pieds, 8c 180 en dehors
des protubérances des racines qui grofliffent fa
bafe. C e même auteur dit que les plus grofles
branches ayant perdu maintenant leurs extrémités,
le feuillage de ce coloffe végétal n’eft
plus en rapport avec fon tronc.
C ’ eft dans cette région des bois que fe trouve
aufli la célèbre grotte des Chèvres, ou les y.oya-
geurs ont coutume de paffer la nuit. Elle eft
D d d a