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/-àAGORA ( Mont). C ’eft le nom moderne de
l ’antique Pélion. Cette montagne eft élevée 8c
donne n ai (Tance à un grand nombre de fources
limpides ; elle occupe une prefqu'île de la Thef-
faiie, comprife entre l’Archipel & le golfe du
V o lo . Les Grecs qui habitent les différentes régions
de cette montagne font belliqueux , intrépides 8c
même féroces. (J. H .)
ZAÏRE (Fleuve). Depuis long-temps les relations
des voyageurs mentionnoient , en Afrique,
un grand fleuve appelé Congo ou Zaïre, lorf-
uue Mungo-Parck entreprit fon fécond voyage
dans l’intérieur du continent africain. A cette
époque, M. Maxwell fuggéra à l’infortuné voyageur
l'idée que ce, fleüve pourroit bien être la continuation
du Niger. Mungo-Parck, en remontant
ce grand cours d’eau, ne douta point de cette
identité ; mais fa fin tragique a privé la fcience
géographique de la folution d’un problème inté-
reffant. En 1816, le gouvernement anglais, de-
firant provoquer un réfultat certain fur cette
queftion, confia au capitaine Tuckey le commandement
d'une expédition deftinée à remonter
aufli loin que poflible le Congo ou le Zaïre ; mais
la fin malheureufe de cette expédition a privé le i
monde favant des détails intérefifàns qu’on efpéroit,
obtenir de ce voyagé. Tout ce qu’ il nous a appris,
c ’eft que ce fleuve eft réellement aufli profond que
les voyageurs portugais nous le repréfentent.
Jetée près de fon embouchure, ainfî qu’ à une
allez grande diftance dans l’intérieur, la fonde
n’apportoit aucune trace du fond, quoiqu’elle fût
defcendue à plus de ijpo mètres. Quant à la vitefle
du courant , on l’avoit exagérée t elle n’a pas paru
furpafler cinq noeuds à l'heure. :
La marée produit, à l’embouchure du Zaïre, le
même effet que dans prefque tous les grands
fleuves, & que l’ on' défigne fous le nom de barre
( Wref ce mot )V mais avec cîétte ciréonftance
remarquablé qtié,. tandis qu’i f s’établir de chaque
côté de fpsArvès d’eux conraoS qui remontent vers
fa foiirce, àes eaux dû milieu ne fcëffent de couler
vers la mer.
A 20 lieues de fon embouchure, ce fleuve a environ
une lieue 8c demie de largeur ; mais, à
47 lieues du cap Padron, fon lit fe reflerré',“
8c les deux rives ».dans une étendue de 1 2 lieues,
ne font éloignées que de 300 à 400 mètres-
Cette partie n’eft pas navigable, même pour les
petites chaloupes. Des blocs de rochers fchifleux
répandus ça 8c là, au milieu de fon lit, y produifenc
de nombreufes cafcades & des tourbillons dangereux.
A 90 lieues de fon embouchure, le fleuve
reprend fon afpeft impofant & coule fans obftacle
avec une vitefle de 3 milles à l’heure, entre deux
rives éloignées d’une lieue un tiers , & couvertes
d’une végétation vigoureufe. Parmi les montagnes
qui forment fon baflin, il en eft qui ont 2,00c
à 3,000 pieds de hauteur, compofées de mica-
fch ifte ,'d e quartzite 8c de fyénite.
Ce qui, d’après les obfervations du capitaine
Tuckey, ferviroit à confirmer l’opinion que leZaïre
eft le même fleuve que le Niger, ce font les notes
qui ont été trouvées fur fon Journal. « On fa it,
eft-il dit, dans Y Abrégé de la nouvelle Géographie
de Guthrie, que les époques des pluies régulières,
dans la zone torride, font liées au cours
du foleil; qu’ au nord de l’équateur, elles tombent
en très-grande abondance lorfque cet aftre
parvient au tropique du Cancer, 8c que fo i
paflage par le tropique du Capricorne détermine
un phénomène analogue dans l’hémifphère
auftral. Les crues du Niger devront donc atteindre
leur maximum en juillet, & fi le fleüve
fe jette dans le Wangara, n’y occafionner un
accroiffement confiiérable que vers lé mois d ’aout ;
car, bien qu’on ignore quelle eft exa&ement la
pofition de ce la c , on fait cependant qu’il elt
fort éloigné des montagnes où le Niger prend
fa fource. La diftance du Wangara au Congo
ne doit pas être moindre de yoo lieues > en
adoptant une côurfe de 2 milles 3c demi à l’heure,
qui eft la vitefle moyenne du Z a ïre , au-defliis des
rapides, cette diftance féroit parcourue en un mois
environ. La crue du Wangara, en fuppofant que
le Zaïre en forte, ne fe fera donc fentir, à l’embouchure
du fleuve, que dans les premiers jours
de feptembre; 8c c’eft en effet là ce que le capitaine
Tuckey a obfervé. La crue du Zaïre , fi elle
avoir été occafionnée, comme on pourroit l'imaginer,
par des pluies tombées au fud de la ligne ,
auroit été brufque 8c confidérable, tandis que
celle dont parle notre voyageur, n’élevoit le niveau
du fleuve que de trois à fix pouces en vingt-
quatre heures.
«« Il paroîtroit, d’après les obfervations qui font
cônfîgnées dans le journal du commandant, que
nulle part les crues totales du C on g o , dont on a
trouvé des marques évidentes fur les rochers, ne
furpaflent trois mètres un tiers. Cette quantité,
quand on la compare aux immenfes accroiflemens
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que le N i l, i'Orénoque, l’ Amazone, 8cc. , reçoivent
dans la faifon des pluies, tend à fortifier
î’hypothèfe en queftion, 8c à faire confidéier,
pour ainfi dire, les crues du Zaïre comme l’effet
du trop plein d’un lac étendu, où ce fleuve
prendroit fon origine. Quelle que foit au refte
la confiance qu’on veuille accorder à des con-
fidérations de ce genre, il demeurera toujours
évident que le C o n g o , ou du moins une de
fes branches, doit avoir fa fource au nord de
l’équateur} car > dans toute autre pofition, on
ne fauroit comment expliquer l’origine de la
crue obfervée le Ier feptembre, ou dans la faifon
lèche de l’hémifphère auftral. »
Le Zaïre forme fur quelques points, au nord 8c
au nord-oueft, la limite du royaume de Congo.
S’il faut en croire M. Ritter, tout ce qu’ on a dit
3c répété, d’après d’anciennes relations, furies
marais qui bordent le fleuve, fur les ferpens &
les bêtes féroces qui habitent fes rives, fur la
chaleur extraordinaire 8c fur l’infalùbrité du climat
qu’on y éprouve, eft faux, ou ne peut s’appliquer
qu’au territoire qui s’ étend à fon embouchure, ou
ae droite 8c de gauche fur toute la côte du Congo ;
territoire qui eft plat 8c boifé. Le fleuve nourrit
des tortues, des crocodiles & des hippopotames,
particulièrement àu-dcfliis des cataractes, où Ton
rencontre ces derniers animaux par troupes de dix
à douze. En s’ éloignant de fes rives, les élëphans,
les lions 8c les léopards deviennent tellement nombreux
, que leur préfence eft un des principaux
obflacles aux excurfions que pourroient tenter
les voyageurs qui fe hafarderoient à fuivre les
traces du capitaine Tuckey} car les habitans de
fes rives font pacifiques 8c hofpitaliers. Au-delà
des cataraCtes, qui obftruent le fleuve fur un
efpace de 12 lieues, les animaux que nous avons
nommés femblent être en plus grand nombre encore
qu’au-deflous des cataraCtes : les bois fervent
d’afilesà des fangliers, des chacals, dés.zèbres 8c
diverfés efpèces d’antilopes 8c de fingês. Parmi les
oifeaux, nous citerons les paons & les perroquets :
les déferts font peuplés d’autruches. Au nombre
des reptiles, fe trouvent le caméléon, le lézard
volant, qui eft en vénération chez le peuple, 8c
le monftrueux ferpent boa, qui en eft la terreur.
A ces animaux, il faut ajouter un grand nombre
d infeCtes nuifibles, tels que l’incommode mouf-
tique, le banzo, gros comme un taon 8c dont la
piqûre paffe pour mortelle} l’infondi, qui fe gliffe
dans la trompe de l’éléphant & le fait mourir dans
des accès de fureur} des fourmis, que leur taille
énorme rend redoutables, & les-fatales qui ré-
duifent en pouflière les vêtemeos, les meubles 8c
jufqu’aux charpentes des maifons.
La végétation du baflin du Zaïre n’eft p3s moins
variée que fa zoologie. Les plantes recueillies par
des naturaliftes de l’expédition du capitaine T u c key
forment 620 efpèces, dont 250 font nou-
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velles. Tous les fruits particuliers aux tropiques
y croiffent en abondance ; le tabac & la canne
à fucre y viennent prefque fans culture.; une efpèce
de grain inconnue en Europe, & appelée luno ou
luco par les naturels, fournit un pain qui ne le cède
pas à celui de froment. Les forêts font peuplées
d'arbres précieux : on y remarque le gigantefque
baobab, que vingt hommes, dit on, ne pourroient
embrafler, dont les fruits fervent.de nourriture aux
nègres, dont la cendre fert à faire du favon 8c
l’écorce à faire des cordes 8c de la grofle toile.
On diftingue, fur les bords du Z a ïre , piufieurs
efpèces de palmiers, dont une paroît être celle
que Linné nomme elate (ylveftris, dont la fève
fournit un vin très-agréable,& le fruit de l’huile
à brûler. (J . H .)
, ZAMBEZE (Fleuve). Le Zambezé,appelé auflï
Cuama, eft un des grands fleuves de l’Afrique} il
eft bordé par les monts Lupata 8c Murimba ; il fe
groflic des eaux du C h ir , du Suabo 8c de la
Manzora, 8c fe jette dans le canal de Mofam-
bique par quatre embouchures. Les naturels difent
que ce fleuve fort d’un vafte lac, 8c reçoit fon
nom d’un village peu éloigné dé fa fource. Son
cours eft très-rapide, bien que fa largeur foit
de près d’une lieue dans quelques endroits. Une
cataraéte d’une hauteur confidérable 8c des chutes
fe fuccèdent pendant plus de vingt lieues ,
entre le royaume de Sicambé 8c celui de Chicova.
Ce fleuve inonde, comme le Nil, les pays qu’il
parcourt; mais c’eft dans le mois d’avril. Les
crocodiles y font fi nombreux 8c fi audacieux, que
fi l'on plonge dans l’eau le pied ou le bras, on
rifque d’être attaqué par ces animaux.
(J . H .)
Z ANTE (Ile). Cette île, dit le Grec M. Demano,
fe préfente fous l’a.fpeèt d’unriant jardin, ombragé
de bofquets enchantés. Située dans lamerlonienne,
fous les 19e. degré de longitude 8c 38e. de latitude,
en face du cap Tornè fe, elle eft féparée des côtes
occidentales de la Morée par un canal d’environ
cinq lieues de large. Elle a huit lieues de longueur
fur fix de largeur ; fa circonférence eft de vingt-
deux environ. La configuration de fes côtes préfente
du nord-oueft au fud-eft une efpèce de triangle
8c piufieurs points proéminens. Zante eft généralement
monrueufe. Outre la principale chaîne qui
j’environne, du nord-oueft au fud , il y en a deux
autres, féparées par des vallées profondes, qui la
bordent au nord. I.e mont Scopo, l’ancien Eleatus,
fe termine, à l’ eft, par le cap Vaflilico. Une plaine,
entourée par ces montagnes, forme le centre
de l’ ïle. On y remarque des fources de bitume.,
dans une petite vallée appelée Chien; dans l’ une de
j ces fourcés l’eau charrie le bitume en petits glo-
j bules qui s’attachent au fond 8c au bord de la
, fontaine. Ce bitume eft d’une qualité inferieure,