
Lorfqu’il eft dépofé fur le terrain houîller, la
ftratihcation n'eu pas concordante, & il n'y a
pas de paffage d’ un de ces grès à l’autre ; mais
lorfqu’il eft dépofé fur le grès rou ge , la ftrati-
fication eft concordante, & il y a paffage d’une
roche à l’autre.
En Al face, le grès vofgien n’eft point recouvert
par d’autres terrains 5 il s’élève jufqu’à la
cime des montagnes» 11 en eft de même prefque
dans toute la chaîne des Vofges ; mais on obferve
fur la limite occidentale de la chaîne que ce grès
paflè infenlïblement au véritable grès bigarré,
fous lequel il paroît plonger alors. C e fait n’ a
pas encore été obfervé fur le flanc oriental des
Vofges. Ordinairement le calcaire, dit mufchelkalk,
eft adoffé contre le grès vofgien, là où celui-ci
forme les flancs à pente rapide, à la chaîne 5
on le voit ainfi à Wiffembourg, à Niederbrônn, à
Saverne, &c.
» Le grès vofgien eft rapporté par beaucoup de
géognoftes à la formation du grès bigarré, dont
il conftitueroit les affifes inférieures. D’autres;
géognoftes le rapportent au rothliegcnd.es, dont'
il conftitueroit les affifes fupérieures. Le fait eft
que ce grès diffère beaucoup de l’une & de
l'autre de ces formations, & l’abfence du \ech-
■ fiein, lequel fe trouve dans la férié géognoftique
des terrains, entre les deux formations, rend la
folution de la queftion a (fez difficile. Quelques
géognoftes confidèrent les dolomies des parties
inférieures du grès vofgien comme reprélentant
le zechftein ,.q ui eft auffi prefque toujours une
dolomie. »
• Grès bigarré, g;es de Nébra. « C ’eft, dit M. V o ltz ,
le grès de Soiilz-aux-Bains & d'Ofembach ; il eft
plus argileux que le grès vofgien; les grains font
plus fins que dans celui-ci, les cailloux y manquant
prefque totalement; il eft riche en veftiges
organiques du règne végétal & en coquillages
marins. 11 ne renferme point de filons.
Le grès bigarré fe trouve, foit en dehors de
la chaîne des Vo fge s, foit à l’entrée des vallées y
jamais il ne conftitue la maffe ou les fommités
des montagnes.
» On n’a pas encore obfervé fur quelles roches
le grès bigarré repofe, fur le revers oriental des
Vofges. Sur le revers occidental de cette chaîne,
il fe préfente en longeant la limite occidentale du
grès vofgien: c’eft ainfi qu’ on le troùve à Ottv/ei-
ler, Berg, Maekweiler, Diemeringtn, &c. En
Alface le grès bigarré eft louvent adoffé contre les
montagnes de formation plus ancienne que lui :
a;nfi, à Niedeibronn il eft adoffé con trô le grès
vofgien; à Nieder-Halhc & Waffelonne, il paroît
1 être également. Du côté de la plaine, il eft
ordinairement limité par le mufchelkalk, qui lui
eft quelquefois fuperpofé , comme on l'ometve
a Soulz-aux-Bains,,oü les couches fupérieures des
carrières de grès renferment déjà de petits bancs
fubordonnés d’un calcaire dolomiiîre. Plus haut,
o n , trouve enfuite le mufchelkalk en place. «•
Écoutons encore M. Élie de Beaumont :
« Depuis le pied des montagnes des Vofges
jufqu’ à l’efearpement des plateaux de calcaires
à gryphites (lias)-, qui s’étendent de Luxembourg
à Bourbonne-les-Bains, & de Bourbonne- les-Bains
à Saulnot & à Beffort, règne un terrain ondulé qui
piéfente des bandes fucceffives de grès bigarré,
dè mufchelkalk & de marnes irrifées.
m Les mêmes formations bordent le pied des
Vo fge s, de Gebweiller à Landau & au-delà , & fe
perdent auffi fous les calcaires juraffiques, qui eux-
mêmes difparoiffent fous les dépôts tertiaires &
les alluvions de la vallée du Rhin.
» Afin de séparer le moins poffible ce que la
nature a intimement lié , nous joindrons toujours
à la defcripcion de chacune'des portions de la
bande de mufchelkalk, qui entoure les Vofges,
celle de la portion du grès bigarré fur lequel elle
repofe & de la portion des marnes irifées qui la
recouvre. Nous diviferons ainfi, par la penfée,
Tefpace' occupé par ces trois formations en un
certain nombre de cantons, à chacun defquels
nous confacrerons un ou plufîêurs des paragraphes
fubféquens. Nous commencerons par le canton
q ui, vers l’ angle fud-oueft des V o fg e s , Comprend
les environs de Plombières, de Bourbonne-
les-Bains & de la Marche t canton dans lequel
l’ordre de fuperpofition du grès bigarré, du
mufchelkalk. & des marnes irifées s’ obferve avec
autant de facilité que d’évidence, & dans lequel,
en même temps, les différences qui diftinguent le
grès bigarré du grès des Vofges m’ont paru affez
marquées. »
Le grès vofgien & le grès bigarré que nous
avons examinés depuis les bords de la Meurthe
jufqu’au pied des Vofges n’ont point été difiin-
gués l’un de l’autre par MM. Oeynhaufen,
Laroche & Decken ; dans leur carte géognof-
tiques des bords du Rhin, qui comprend une
partie du département de la Meurthe & de la
Mofelle, ces deux grès font repréfentés par la
même couleur. Cependant le premier de ces
grès paroît avoir joué un grand rôle dans la
conftitution géognoftique du département même
de la Meurthe. Il nous femble que c’eft à la
défagrégation des cailloux roulés qu’il renferme
que font dus la plus grande partie des terrains de
tranfport qui régnent dans ce département, que
nous avons fuivis depuis Saint-Nicolas jufqu’au
village de Fontenay, à quelques lieues d’Épinal.
Ainfi toutes les plaines qui bordent la rive droite
de la Meurthe, depuis Saint-Nicolas jufqu’à
Vitrimont, & les deux rives de cette rivière,
depuis ce village jufqu’auprès de Baccarat, celles
qui bordent les deux rives de la MoEtagne & le s
deux rives de la Vezouze font couver ces de
cailloux roulés, dont la plupart offrent la plus
grande analogie avec ceux du grès vofgien. Ce
même terrain règne jufque fur des hauteurs
allez considérables,, telles que celles que recouvre
la forêt de Mondon. En fortant de Lunéville pour
fuivre la route de Ramberviller, le même terrain de
tranfport, que l’ on exploite pour différens ufages,
paroît avoir environ 10 à 12 mètres d’épaiffeur :
on ne levoiteeffer qu’ à l’avant-dernière montée,
un demi-quart de lieue avant d ’arriver à Moyen.
Prefque partout ces cailloux repofent fur le
mufchelkalk.
Pour donner une idée de la puiffance du
terrain de transport dont il s’a g it, nous prendrons
pour exemple la fablonnière de Viller,
entre Lunéville & Moncel, près des bords de la
Meurthe ; elle eft formée de couches diftinéfces
fur une épaiffeur de 12 mètres, dont voici le
829
Cailloux roulés . . . Q mètres m
Sable..................... . . O
Carlloux roulés . . . 0 S f
Sable............................ O 20
Cailloux roulés . . O 20
Sable................. . , . 0 20
Cailloux rou lés . . . O
Sable..............' . . O 20
Cailloux roulés . . . O 40
Sable............................ G 1 5
Cailloux rou lé s . . . O 20
Sable.................. ... . 1 OO
Ici fe termine l’ exploit :tion ; mais il eft facile de
voir aux environs, par la nature du terrain, que
ces fables & ces cailloux s’étendent encore plus
bas fur une épaiffeur de,j à 6 mètres.
Les cailloux de ce terrain font' généralement
petits dans cette localité ; les plus gros n’ont pas
plus de deux pouces de diamètre.
Quant au grès bigarré, que nous avons vu
exploiter à Baccarat, Merviller, Badenyiller &
Domptail, nous pouvons donner une idée de
fa puiflance & de fes couches par la coupe
d’une des carrières de Baccarat.
Sous une couche d’ argile alluviale d’un mètre
d’épaiffeur, paroiffent les couches fuivantes :
Grès en petits lits d'environ
un décimètre d’épaiffeur.........................
O met.-, go “ ”*■
Idem, tendre. . . . . . . 0
Couches de grès marneux
micacé..................
Grès renfermant des ro-
O 5°
féaux & d'autres vegé-
" taux, env iron............... 2 OO
Lit de grès fraéluré. . . . 0 H 3 o -
Grès en maffe.................. i 00
Lit marneux . . . . . . . 0 40
Grès en maffe................... 0 90
Lit marneux...................... 0 40
Grès dur............................. 4 00
l'eft dans cette maffe que l’on trouve des
fougères & d’autres végétaux, dont quelques-uns
font remarquables par leur grandeur : quelques-
unes des tiges de ces plantes ont jufqu'à 4 ou
j pouces de diamètre.
Les couches de ce grès, exploité fur la rive
gauche de la Meurthe, font inclinées de 10 à
20 degrés vêts cette rivière ; mais ce qu’elles
offrent de plus remarquable, c’ eft que les pentes
de la colline font couvertes, jusqu’à mi c ô te ,
d’un lit de fable & de cailloux roulés d’ un à deux
mètres d’épaiffeur, qui paroiffent être de la même
origine que les terrains de tranfport dont nous
avons parlé ci-deffus. Ces cailloux font recouverts
d’une couche d’argile d’alluvions dont l’épaiffeur
eft quelquefois de plus d’un mètre.
A Baccarat, les feuls débris organiques que j’aie
remarqués dans le grès appartiennent à des végétaux
; mais à Domptail , on trouve un grand
nombre de coquilles, & notamment des narices
& de grandes turritelles. Ces mollufques occupent
les couches fupérieures.
D ’après les recherches de M. Lefroy, les coquilles
du grès bigarré de Domptail paroiffent
fe rapporter aux efpèces fuivantes :
U ni valves : Melania ? scalata. ( Lefroy. )
Siromlites fcalatus. ( Schlotheim. )
Natice . . . . efpècé inédite. ( Lefroy. )
Bivalves : Mytilus eduliformis. (Schlotheim.)
Çypricordia socialis. ( Lefroy. )
Mytilus socialis. ( Schlotheim. )
Triogonia vulgaris. ( Lefroy. )
Trigonellitas vulgaria. ( Schlotheim. )
Nous devons faire obferver, relativement à la
pofition géognoftique du grès bigarré, que, d’après
les recherches de M. Elie de Beaumont, il paroît
repofer fur un fond inégal, formé en partie par un
terrain de gneifs, de granité porp’nyroïde & de
fyénite, qui fe montre, dit-il, dans les vallées
de Châtillon-fur-Saône , de la Hutte , de Fonte-
nois, de Plombières, & c ., & en partie par le
grès des V o fg e s, qu’on voit paroître en «riffé-
rens points au-deffous du grès bigarré , particulièrement
fur les pentes rapides que pré-
fentent les bords de plufieurs plateaux. On le
remarque toujours en avant des montagnes que
conftitue le grès vofgien. Dans quelques localités
les couches du grès bigarré repofent en
ftratification difeordante fur le grès des Vofges.
Mufchelkalk. « Le mufchelkalk, dit M. V o ltz ,
forme une bande plufieurs fois interrompue le
long du bord oriental de la chaîne des Vofges,
depuis Wiffembourg jusque vers Gebviller. Sur
ce revers des Vofges, il eft ordinairement adoffé
contre la limite extérieure du grès vofgien ; mais
quelquefois il entre dans les vallées Je ce grès :
c ’eft ce que l’on obferve à Lembach. D’autres fois
il fe'place entre ce grès & le granité ; c’eft ce que
l’ on voit à Wintzfelden. Sur l’ autre revers des
V o fg e s , il longe la limite occidentale du grès