
rivières n’y eft pas proportionné à la longueur de
leur cours & à la fuperficie de leur baftin > les ré-
fervoirs des fources n’y font alimentés que par les
neiges fondues au printemps, & par les pluies
d’été : ce qui tient lieu d’automne dans ces contrées
elt ordinairement très-fec, & en général ,
en réunifiant toutes les eaux météoriques, leur
quantité moyenne n’égale point celle ae la pluie
qui tombe dans la plupart des régions tempérées.
C ’elt à la fin de l’hiver que les eaux courantes ont
le moins de volume : cette.faifon produit iur les
fources l’effet d’ une fécherefle de plus de fix mois.
La terre & les eaux font couvertes de glaces qui
interceptent toute communication avec les réfer-
voirs des fources, & le peu de relief du terrain
fait aflez voir que les eaux accumulées dans c e s ,
rélervoirs ne peuvent fufiire a un écoulement prolongé
pendant la moitié de, l’année.
On n’ a pas obfervé la température fur les fom-
mets les plus élevés de l’Oural : quant aux vallées,
elles ont à très-peu près le même climat que les
plaines qui fervent de bafe à toute la chaîne. Depuis
la Kama jufqu’ à l’Irtiche ou l’O b , il n y a
prefque point de différence entre les températures
des lieux habités „ placés fur le même parallèle.
Mais l’intenfité du froid y eft beaucoup plus grande
qu’en Europe, à la même latitude & à la même
hauteur au-defiùs du niveau de la mer : le mercure j
y gèle affez fouvent julqu’au 56e. degré d= latitude,
& à plus forte raifon, à me fuie que. l’on
s’avance vers le nord. On y éprouve aufti quelquefois
de plus fortes chaleurs que dans aucun lieu
d e là France: le thermomètre de Réaumur, ob-
fervé après le coucher du foleil, à 39° de latitude
& à :300 mètres au-defius du niveau de la mer,
s’eft éleve jufqu’ à 32 degrés.
Les plantes des monts Ourals n’ont rien qui les
diftingue de celles des plaines , à l’exception du
pin cembro, qui ne fe trouve que dans le bafiin de
l'Ob ) cous les autres arbres font communs à l’Europe
& à l’ Afie, aux lieux les plus diflemblables
par la nature & l’élévation du fol. On y voit même
quelques plantes ( Yepilobium antonianum, par
exemple) qui fembler.t fe plaire ^ également dans
les terrains fecs & dans les marais. Le feigle &
quelques autres .céréales y font cultivés ayec
iuccès julqu’au 63e. degré, & p»ourroient l’être
encore plus au nord. Le poirier a feuilles de faule
abonde fur les bords de l’Oural, de la Samara &
de l'Oufa,,(jufqu'à peu de dillance de la fource
de cts rivières dans les monts Ourals. Partout
où la culture s'y. eft établie, elle prolpère. Les
prairies encore infeftées de plantes inutiles ou
nuifibles peuvent devenir excellentes, & le font
déjà dans quelques lieux, par les foins de cultivateurs
intclligens. L’inclinaifon du terrain , toute
foible qu’elle e ft, rend praticable le dcftech^herip
des marais ôc l’ afiainifiément des y allées, dans les
montagnes. En confervant aux forêts une étendue,
luffifante pour les beloins de la population & des
ufines, la chaîne de l ’Oural pourroit devenir une
des parties de la Ruflie les plus habitables & les
plus peuplées. Les animaux domeftiques y confer-
vent leur vigueur & leur fécondité j les rivières
& les lacs fournirent despoiflbns parmi lefquels
le brochet eft le moins eftîmé j les forêts ne font
pas dépourvues de gibier, & la chatte y fera
très-long-temps encore une occupation productive.
L’ours, le feul animal qui ofe attaquer
l’homme dans ces vaftes foîitudes, s’éloignera
des lieux habités, .de difparoîtra tout a-fait, à
mefure que le pays fe peuplera. Aujourd’hui même,
les animaux domeftiques ont contracte, dans
les forêts de l’Ôural, des habitudes qui annoncent
la fécurité dont ils jouiflent. Si les Helvétiens, qui
ont trouvé les moyens de vivre & d’être heureux
ifur les flancs efearpés & ftériles des Alpes, étorent
mis en pofiefiion des pentes douces des belles
forêts & des vallées fertiles de l’Oural, ils croi-
roient habiter une terre comblée de tous les dons
de la natùre.
Mais les richeffes minérales de ces montagnes
furpaflent encore , dans l’opinion du vulgaire, les
dons que l’agriculture y feroit au cultivateur. Ce
font les mines de ces contrées qui ont attiré l’attention
des Rufies, & déterminé les établiftemens
| qu’ ils ont faits. Le fer, l’or, le cuivre, y iont ex-
[ ploités avec d’immenfes bénéfices, & depuis peu
de temps on y a trouvé le platine & les métaux
auxquels il eft ordinairement aftbciëv Excepté l'étain
qui y manque totalement, & le plomb qui y
\ eft trop peu abondant pour être exploité, aucun
autre lieu né contient une aufii grande quantité
des métaux les plus utiles.
Les mines de fer furent long-temps celles dont
l’exploitation procura le plus de bénéfices. Aujourd’hui,
les mines d’or font en'afiez grand
nombre & affez productives pour qu’elles naefi-
tent d'être mifes en première ligne. Les baflins de
!lJI fe t, de la Toura, de la Chouflovàïi, 01 jt révélé
cette forte de richefie, & Fon s’ attend éncore à
de nouvelles découvertes. Les fables aurifères
d’où l’ on tire la plus grande partie de ce métal,
furent long temps caches fous les marais ; des
recherches actives (ont entreprifes partout : la
Sibérie paroît deftinée à fuccéder à l’ Amérique,
dont les mines s’épuiient de plus en plus , tandis
que celles de l’Oural font à peine entamées, m
Pour donner une idée des mines de fer de TOu-
ral., il iuffira d’en décrire une ; nous choifirqns
'celle de Blagodat, fur la rive droite de la Koufchva,
l’ un des affiuens de la Toura , fur laquelle
on a établi des forges où cette'mine eft convertie
en fer.
La montagne de Blagodat eft une butte conique
d’environ 240 mètres de hauteur au-déftiis de la
Koufchva. S.1 forme arrondie, ion fomraet très-
;a]gu & Ton ifolement la rendoient remirquablè ,
:avaut que T on eut commencé l’ exploitation des
^inès .qu’elle recéloit, & les travaux que- l’on y
a faits lui donnent une forme encore plus pitto- -
refque. Près de la moitié du cône a conferve fes
arbres & fa verdure > une partie de l’autre moitié
eft dépouillée de la forêt oui la couvroit ; & iil-
lonnée de chemins pour les diverfes exploitations,
le refte de la montagne, depuis le pied jufqu au
fommet, eft taillé en gradins d’une hauteur pro-
digieufe, & difparoîtra peu à peu fous les marteaux
des mineurs : mais des fîècies s’écouleront avant
que l’on foit dans le cas d’attaquer les parties de
la montagne qui font ençore intactes. Cependant,
comme les forges de la Koufchva , de la Toura &
pkifîeurs autres tirent de Blagodat le minerai
qu’elles travaillent , la quantité de fer que cette
mont gne fournit chaque jo.ur s’élève à plus de
mille quintaux , & à peu près le double de minerai.
La iTuft'e métallique dont la montagne eft pref-
qu’entièrement formée , s’enfonce au defious du
niveau de la rivière, à une profondeur que la
fonde n’a pas pu mefurer : lorfqu’en fuivant le
mode aCtuel d’exploitation, la montagne fera totalement
rafée , loin que la minefoît épuifée , elle
ù’aura pas même donné la moitié du métal qu’elle
Contient.
Cette mine de. .Blagodat eft magnétique; la,
montagne porte- le nom' aftez j lifte- de montagne
d'aimant ; fon aCtion fur l'aiguille de la bouflole
eft très.-fenlible,
Les mines de cuivre de l’Oural ont fourni les
plus magnifiques échantillons de cuivre natif qui
l'oient connus > il y en a qui pèlent plus de cent
quintaux. Les plus belles malachites ont été trouvées
dans le bafiïn de IT e t , afièz près dés minés
d’or de Berezow j mais:elles y font plus rares aujourd’hui
: on en a découvert depuis peu dans le
baflfn de la Chouflovaïa. où les mines de cuivre
font très-multipliées, mais en général moins productives
que lur le revers oriental de la chaîne.
On pente bien que les métaux ne font pas la
feule richefie minérale de ces montagnes. Les granits
, les marbres, les albâtres, les àméthiftès, les
aigue-marines, & c . , y font exploités pour le
luxe j les argiles plaftiques y abondent, & plufieurs
font très-bonnes pour les manufactures de porcelaine.
Le gypfe elt afiez rare fur le revers oriental,
& au contraire , très-abondant à 1-oueft & au fud.
Les ardoifes n’ ont pas été recherchées, mais il eft
vrajfembiable qu’on en trouveroit au fud & à
l ’oueft, dans la région fchilteufe des montagnes.
Jufqu’ à prêtent, aucun indice de charbon de
terre n’a été découvert dans les monts Ourals. On
ify connoît point non plus de bitumes ni de li-
gnjtes. Les marais ne font remplis que de tourbe
fibreufe. Le bois y eft donc le feul combuftibie,
tant pour les ufages économiques que pour les
ufmes,
Koyei les articles A sie , Samaï\a , !1 SosVa ,
T awda, T obol, T oura. Enparlarit des mines de
platine nçuvellement découvertes, nous reviendrons,
fur les articles Iset & Gboussoyaia , traités
.un peu trop {iiccinâement dans les volumes pré-
dens. ( F . )
OURCQ. Cette rivière prend fa fource à l’extrémité
feptentrionale de la forêt de Ris , dans le
département de l’Aifne, coule vers le nord-oueit
jufqu’ à Fère-en-Tardenois, dont elle baigne les
murs, fe dirige enfuite vers l oueft, entre dans
la Ferté-Milon, puis tournant vers le fu d , va fe
jeter dans la Marne auprès de la petite ville de
Lify. Son cours eft d’environ vingt-deux lieues.
Elle reçoit dans fon trajet plufieurs ruifleaux oc
la Sivière, petite rivière qui prend fa foutee a
l’extrémité nord-eft des bois de Villers-Cotte-
rets , auprès du village de Chaudun, reçoit les
eaux des étangs de Fleury, traverfe ceux de
Longpont & de Favl^olles, & vient fe jeter dans
l’Ourcq à une lieue au-defliis de la Ferte-Milon.
L’Ourcq ne devient navigable qu’à fept lieues de
fon embouchure. . v n ,
Un canal dont le projet eft du a MM. Solages
& Bofîu, conduit les eaux de l’Ourcq & de quelques
autres petites rivières jufqu’ à Paris. C e canal
commence à Mareuil , fur la rive & a lix
lieues au-defius de l’embouchure de 1 Ourcq. 11
paffe à L ify , Meaux, Claye & Bondi ; fa d -e c -
tion eü du nord-eft au fu ’.-oueft > fa longueur,
depuis f n origine julqu’ à la barrière de la Vil-
lette , où il aboutit à un vafte balfin, eft de 06,000
mètres ou vingt-quatre lieues. Ce canal achevé
amènera à Paris & dans la Seine, foit auprès de
Saint-Denis, foit vis-à-vis le Jardin du Roi, 8510
oonces d’ eau pendant - fix femaines ; & -12,037
pouces pendant dix mois & d’èmi de 1 année.
Dans cette quantité d’eau, la rivière de 1 Ourcq
n’ en fournit que ^,480 pouces* la Collinance
en donné 592 , la Gergogne 8 58 ,^ la Jhe-
rouenne 598 , & la Beuvronne 977. L eau fournie
par ces cinq rivières a été foigneufemenç
analyfèe, & il ré fuite des expériences faites ,
qu’elle eft moins pure que l’eau de la Seine, mais
qu’elle Peft beaucoup plus que les eaux d Ar-
cueil, de Belleville & des Prés-Saint-Genrais. Le
canal de P Ourcq a été commencé en 1802 * les
événemens politiques en ont retardé la conftruc-
tio n , mais aujourd'hui il eft lur le point d etre
termine. Entièrement achevé, ce canal aura le
double avantage d’amener à Paris une mafie d eau
confidérablé, qui fervira à alimenter un grand
nombre de fontaines 3 & d’abréger beaucoup la
navigation de la Seine , en évitant aux bateaux la
lenteur & les dangers de la traverfée de Pans,
puisqu'ils pourront, en fuivant les deux bras-di;
canal, arriver de Saint-Denis directement à la
gare de l’Arfenal, & faire ainfi,-en un^jotir, un
trajet qui en exige1 trois lorfqu ôn fuit ies4ïnuo-
fit& de la Seine. ( D. )
O U R T E , rivière. Elle prend fa fôurce auprès
du village de De iffe l, dans la province de