
moyenne, blonds-dorés ou jaunes, & blanchi f-
fant fotc tard; ils font bien proportionnés & replets.
Les femmes dont la raille eft la plus élevée
entre toutes les autres, y font principalement
remarquables par l’ cclat de leur carnation & l’ampleur
des formes qui lemblent être le modèle que
s’étoit propofé uniquement le peintre Rubens
quand il repréfentoit des Juives & des Romaines
avec des traits flamands ; la plupart répandent
une odeur qu'il ell difficile de qualifier, mais qui
rappelle celle des animaux fraîchement dépecés;
elles lont rarement nubiles avant l’âge de dix-fept
ans, accouchent avec plus de facilité que les
femmes de race celtique , & n’ ont en général que
peu de ce qui, chez ces dernières, garnit en abondance
certaines parties du corps que doivent cacher
les ajuftemens. Deux variétés principales fe
reconnoiflent dans la race germanique.
et. Variété uuione. Sortie des forêts d’Her-
cynie, des Alpes tyroliennes & des fources de
la Sale , elle p r it, vers la chute de l ’Empire romain
, le nom d'Allemande, parce que là contrée
qu'on appelle aujourd’hui Souabe, & qui paroît
être fon premier point de. départ, fe. trouvant le
paffage de tant d hommes d’efpèces, de races &
de variétés diverfes qui accouroient à la curée de
la ville des Céfars, fut appelée Attentante,
qui fignifie tous, & de mann homme : comme
pour indiquer que chaque peuple connu y avoit
laiffé des traces de fon paffage. L'Autriche, la
Bavière, la vallée du Rhin, la Hollande , le littoral
de la mer du Nord & du fud de la Baltique, furent
les contrées continentales peuplées par les
hommes de cette variété , dont quelques hordes
paflant dans les parties méridionales de la Scandinavie,
y. devinrent ces Goths qu’on a vus enfuite
refluer vers leur point de départ pour s ’écouler
enfuite fur le Midi ; d’autres norvégiennes & da-
noifes s’expatrièrent jufqu’en Irlande. L'Angleterre
, dont les Celtes paroiffent avoir été les aborigènes,
fe remplir auflî d’hommes de variété reu-
tone qui, fou> le nom de Saxons , y portèrent les
horreurs de la guerre. Ce qu’on nomma les Normands
vers le temps de la dynaftie des Cariovin-
giens en France, fortoient encore de la même Touch
e , & l'on retrouve de leurs formes chez beaucoup
d’habitans de la province pour laquelle le
nom de Normandie fut une conféquence de la lâcheté
de Charlcs-Ie-Simple> l'un de nos rois. Un
bâtard normand conquit plus tard la Grande-Bretagne,
dont il devint roi légitime, après avoir tué
celui qui l’étoit avant lui.
Variétéfc/cvone. Elle fe compofe d’hommes
venus probablement des monts Krapaks & qui s’écoulèrent
au fud jufqu’ aux rives du Danube, dans
les plaines de Hongrie, à l’oueft dans le haut baflin
de l’O d e r , qui eft la Bohême; dans le nord, fur
la Pologne. Dans cette direction, ils devinrent de
proche en proche Lithuaniens, Courlandais &
KuffieiiS. Defcendant auffi vers la Mer-Noire avec
le Dnlefter, à mefure que les eaux fe retiroient,
ils fe rencontrèrent avec les bandes tartares qui
defeendoient fur la rive oppofée des régions
feythiques. Ils s’ y mêlèrent au point de s’ identifier
avec elles , & une race mixte en rélulta ; c e lle -c i,
ufurpant le nom de Scythes, s’eft il Influée dans
l’hifloire par des incurfîons fur la Perfe d’ un cô té ,
& fur l'Empire romain de l ’autre. Les Cofaques
font les defeendans de ces hybrides.
Puifque l ’on s’occupe ici des efpèces humaine«
fous le point de Vue de leur difiribution géographique
à la furface du Globe, il eft eflentiel de
remarquer au fujet de la race germanique, que ce
font précifément les hordes qui lui appartinrent Se
ni en fortirent, pour fe pencher, comme on vient
e le voir, vers le feptentrion, e,n fuivantle cours
des fleuves, qui nées fous les mêmes parallèles Se
fouvent plus au lud que les hommes de races occidentales
, font depuis mille ans & plus, appelés habituellement
par les hiftoriens les peuples du Nord.
De ce que les Teutons, les Sclavons, & quelques
Scythiques qui s’ y étoient mêlés, réellement orientaux
pour nos ancêtres, furent feptentrionaux feulement
pour cette Italie qu’ils venoient défoler,
font dérivés d’innombrables contre-fens ën hif-
toire ainfi qu’en géographie , contre-fens propagés
par les plus célèbres écrivains modernes, fur
l’autorité de l’exagérateur Jornandes, qui nomma
Offis ina gentium, une - région médiocrement peuplée
au temps où l'on fuppofe qu’elle le fut davantage,
&dans laquelle les hommes étoient au contraire
venus du Midi. C e Jornandes, Goth d’origine
, voulut, félon l'habitude des érudits, illuf-
trer fes compatriotes , même.aux dépens de U
vérité, & Montefquieu fut le principal propagateur
des fauffetés qu’ il nous a. biffées dans un
vieux ramas de traditions que n’appuie aucune
preuve, & donc l’ examen des lieux dément la pref-
que totalité. En effet, que 1 on jette Les yeux fur
les meilleures cartes où la topographie de la région
moyenne de l'Europe eft bien rendue , &
l’ on verra que cette prétendue fabrique des nations
tant célébrée par Jornandes , par Je baron
de la Bède & par le refpedtable Bailly, étoit encore
couverte par les eaux de la mer, loifqu’on fuppofe
que les hommes y faifoienr leur unique occupation
de peupler un fol inépuifable. D’après
i infpe&ion des cartes où nous renvoyons , &
l’ examen des lieux, on reconnoît que la partie riveraine
de l'Europe, depuis le Pas-de-Calais juf-
qu’au golfe de Finlande , au fond de la Baltique,
doit êcre confldérée comme un même & vafte marais
qui s’étend dans la diredion du fud-ou eft au
nord-eft , dans l’efpace de près de 30 degrés de
longitude : les hauteurs calcaires de- la Belgique,
du cap Grives à Maèdricht, celles qui de la rive
oppolee s'étendent iufqu’au Rhin, & qui enfuite
fe ramifient en Weftphalie, le Hartz & les chaînes
de b Saxe, indiquent encore où furent les anciennes
côtes de la mtr du Nord, qui, plus récemment
ment qu’on ne c roit, couvraient ce qu’on nomme
encore à jufte titre les Pays-Bas , la totalité du
pays d’Oldembourg, du Hanovre & du Dane-
•marck, le Mekiembourg, 1a totalité des Marches
brandebourgeoifes, les Poméranies, enfin l’intégrité
des baffins de la Viftule & du Niémen. Il
fuffit d’avoir parcouru le nord de l’ Allemagne
pour reconnoitre la vérité de cette affertion , &
l ’on retrouve aifément jufqu’à la férié non interrompue
des dunes qui bordoient le rivage d’alors.
La furface de ces contrées eft baffe & maréca-
geufe ; ce n’ eft qu’ à force de canaux & de fai-
gnées que les hommes font parvenus à les rendre
cultivables. Ils n’y ont pas réuffi partout, & à de
grandes diftances de côtes, artificiellement conf-
truites à grands frais, ils ne font pas toujours à
l ’abri des retours d’ un élément qui femble vouloir
reprendre l’étendue dont il s’eft biffé dépofféder.
Des lacs fans nombre y demeurent, des monu-
Ynens de l’ancien règne de Neptune; & comme
,Us fe touchent prefque les uns les autres & s’ a-
naftotfiofent la plupart par des cours d’eau depuis
la Baltique jufqu’à la Mer-Blanche, on re-
connoît que ces deux mers furent naguère unies. :
La Scandinavie étoit alors une î l e , & les change- ;
mens récens qui ont eu lieu dans toutes ces ré- j!
gions, expliquent des points de géographie hifto- j
rique qui font demeurés obfcurs jufqu’à ce jou r ,
où des favans totalement étrangers à b géographie
phyfîque ont cherché à retrouver le berceau
de peuplades germaines connues par les Romains
dans un temps où l ’Allemagne étoit de moitié
plus étroite qu’elle ne l'eft maintenant, fur
l'Allemagne actuelle qui ne reflemble pas du tout
à l’antique Germanie. Peu avant cette époque,
cette même mer du Nord qui environnoit la Suède
& la No rvège, communiquoit à l’ Euxin , ainfi
qu'à b Cafpienne. En e ffe t, de Pétersbourg jufqu’à
la mer d’A zo f & à Aftracan, on voyage
toujours par un pays tellement plat, qu’excepté
dans les lieux défriches & en divers cantons à
peine anfradtueux, on ne fort pas d’un marais
qu'on eft obligé b plupart du temps, afin de ne
pas s’y perdre, de couvrir de gros troncs d’ arbres
qui forment une forte de route pentée. Il en eft
de même des fources de la Narew & du B oug,
affluens de la Viltule & de celles du Borifthène ,
qui tombe dans la Mer-Noire ; ces fources fe confondent
dans dès marais fans fin, pour couler cependant
dans des mers oppofées. Les troupes de
deux grands conquerans firent la trifte expérience
des difficultés que préfente encore un tel pays
demeuré prefqu’en litige^entre 1a terre & les
eaux. Des marais femblabiès fe prolongent jufqu’en
Sibérie, où Patrin nous apprend qu’ils font
iofedts & impénétrables. On trouve bien dans l’étendue
de ces marais quelques monts dont les racines
font plus marëcageulesencore, parce que
les cours d’eau defeendus des rochers., les viennent
délayer; mais ces monts furent des îles quand
Géographie-Phyfîque. Tome V,
les fanges qu’ ils dominent appartenoient au fond
des mers. La Germanie de Tacite n’ étoit donc
point encore la vafte contrée allemande où nous
la cherchons aujourd’hui; elle fe compofoit des
terres hautes que le Rhin fépare des régions celtiques,
& le Danube des pentes des hautes Alpes.
C ’eft ce qu’établit fort bien l’hiftorien romain
quand il diftingue le pays germain de ceux des
Gaules, des Daces & des Sarmates. 11 le dit s’é tendre
du Rhin à b Viftule jufqu’aux monts qui
féparent aujourd’hui la Hongrie de 1a Pologne,
en y comprenant les îles de la Baltique, dont le
Jutland, peuplé de Cimbres, horde ae Teutons ,
étoit du nombre, ainfi que la Scandinavie, & il
.ajoute qu’on y adoroit Ifis fous la figure d’ un
vaiffeau. Strabon ne doute pas davantage que la
Scandinavie ne fût une grande île ; & fi nul de ces
anciens auteurs qui favoient bien qu'elle avoit
été peuplée par des familles germaines navigatri-
c e s , ne parle des Goths , c’eft que le nom de
Goths n’exiftoit pas alors. Il ne fut introduit que
bien plus tard , & ce n’eft que vers l’an 250 après
Jéfus-Chrift qu'il commence à en être queftion.
Gibbon remarque qu’à dater de cette époque, les
Grecs ne ceflsnt d’ appeler Scythes ceux que les
Romains commencèrent à nommer Goths. Pour
ces Grecs, depuis le temps de leur gloire, jufqu’à
la corruption du Bas-Empire , toute peuplade
guerrière venue des rives du Danube ou du nord
de l’Euxin étoit Scythe.
On peut concevoir les caufes d’ une opinion fl
erronée chez des hommes qui n’avoient aucune
idée exadte de la topographie des régions cimmé-
riennes ; mais que des modernes qui peuvent parcourir
aifément ces régions maintenant plus peuplées
qu’elles ne l’ont jamais é t é , ou qui ont la
facilité de confulter les belles cartes de Lecoc ou
de G ily , foient à cet égard tombés dans les erreurs
des Grecs , c ’eft ce que nous avons peine à
comprendre. Les Scythes & les Goths ne purent
avoir aucun rapport d’origine; les uns étoient Européens
, les autres Afiatiques, & ces hommes des
deux parties de l’ancien continent boréal ne purent
guère fe connoître que lorfque la Ruflie & b
Pologne étant forties des eaux, l’union de la Mer-
Noire & de l’Océan ardtique ne mit plus d’ obfta-
cle au mélange ; & cette modification géographique
des lieux eft bien moins ancienne qu’on ne
l’imagine communément.
I L E s p e c e ARABIQUE, homo arable us.
Defcripùon. Le tempérament eft bilieux & fan-
guin dans les hommes de cette efpèce , qui font
communément d’une haute ftature, tandis que les
femmes au contraire y font des plus petites. Cette
difpofition eft un caradtère auflî fingulier que conf-
tant. Les traits primitifs qu’on retrouve encore
chez la plupart des Arabes adtiiels, confifteut dans
un vifage o v a le , mais fort alongé par les deux