
tuniens de l'Océan pacifique, à Otaïti furtout, ne
peuvent articuler que fept à huit de nos confon
n é s , jointes à certaines voyelles qu'il nous feroic
impoffible de répéter, &r dénaturent les mots européens
d mefure qu'ils leur font importés. C e pendant
ces variations de contexture qui exiftent
dans l'appareil vocal chez les efpèces du genre
humain, ne font pas fuffifantes pour déterminer
des combinaifons de langage empreintes de différences
telles qu'on s’y doive capitalement arrêter,
comme attribut caraétériftique de première valeur.
En n’admettant comme tels que ceux qu'on peut
emprunter de la nature de la diftribution, & de la
couleur des cheveux, de la conformation anatomique
du corps & des membres , des traits & de
la phyfionomie de la face, de la taille, de la couleur
de la peau, & même de l'od eur, nous divi—
ferons le genre Homme en quinze efpèces dans
1 ordre fuivant.
Ict-. Sous-genre. Léiotriqpes à cheveux liftes.
* Propres a C ancien continent.
I. Espèce japétique, homo japetïcus.
Defcription. La plus belle, félon les idées qu'elle-
même fe forme du beau , à laquelle on peut appliquer
le nofce te ipfum de l'antiquité. La hauteur de
la tê te , élégamment arrondie, y équivaut environ
au huitième de la hauteur totale ; chez e lle , l'angle
facial eft le plus approchant de quatre-vingt-
dix degrés, quand il n’a pas exactement cette ouverture
que les fculpceurs grecs exagérèrent dans
plufieurs de leurs chefs-d’oeuvre. La face eft noblement
ovale i le.fr ont ou 1 infertion des cheveux
deffine cinq pointes ou angles , dont trois faillans
& deux rencrans & ouverts j le nez droit ou à peu
près ; les pommettes font mollement adoucies ;
les fourcils plus ou moins arqués , régnant fur de
grands yeux, dont les paupières minces & moyennement
longues font garnies de cils allez ferrés,
plus alongés que dans la plupart des autres efpèces.,
& tempérant la fierté du regard j la bouche
eft moyennement fendue ; les lè vres, dont la fu-
périeure eit un peu raccourcie & relevée vers un
fïllon perpendiculaire & mitoyen , font agréablement
colorées & jamais très-groffes. L'oreille eft
petite & très appliquée j la barbe fournie, même
au menton. Les cheveu-x lifles , généralement fins,
même foyeux & louvent bouclés, varient du noir
& du chatain-foncé au blond prefque blanc ; un
incarnat plus ou moins v if relève la blancheur de
la peau, qui, fujette à changer fubit>ment de couleur
, félon les imprefiions morales, rougit ou pâl
i t , trahit les paffions, mais s'altère, & prend
plus ou moins la teinte rembrunie de l'efpèce fui—
vante, félon l’influence du climat. C e nâ!e, qui
n’eft qu'un accident, peut quelquefois diiparoître
dans les individus qu'il a le plus altérés, lorfque
ceux-ci, s’étiolant en quelque forte, fe dérobent
à la trop grande ardeur du foleil qui les brûla.
Partout l'efpèce japétique cônferve ou recouvre
fa blancheur primitive quand elle demeure à
l’ombre. Une cuiffe amincie vers le genou qui eft
petit, un mollet fortement prononcé, la jambe
parfaitement droite, la démarche allurée, les mamelles
arrondies chez la femme, & dont les mamelons
, rarement brunâtres & fouvent rofes , doivent
répondre à la hauteur des aiffelles, avec des
poils p.ilfablement fournis en certaines parties,
où i’s font moins foncés que les cheveux, complètent
les caradfères extérieurs de l’efpèce qui
nous occupe. La nubilité y apparoît, félon l’influence
des temps, de douze à feize ans chez les
individus femelles , qui ceffent de produire de
trente-cinq à quarante cinq ans. La puberté pour
les mâles le développe de quinze à dix-fept ans ,
& la capacité fécondante fe prolonge chez eux
jufqu'à foixante ans & plus, quand ils ne fe font
pas énervés au temps dé leur jeunelfe.
Habitat. Par fuite de l’efprit entreprenant qui
l'anime, ainfiqu'aux moyens que lui en facilite le
haut degré de civilifation où elle eft parvenue ,
l'efpèce japétique eft aujourd’hui répandue à la
furface du globe, à l'exception de la C h in e , où
l'efpèce indigène ne fouffre pas fon introduéîion ,
& des trilles contrées de l'Afie centrale qui ne
-tentent pas fa cupidité ; elle établit des colonies
en beaucoup de parties du Nouveau - Monde.
L'Àuftralafie à peine découverte, eft déjà dominée
par elle ; partout on la voit modifier les indigènes
en mêlant fon lang au le u r , mais elle eft
plus particulièrement propre à l’ Europe, où fa
puiifance eft elfentiellenvent fondée ; elle naquit
probablement dans l’étendue des chaînes mon-
tueufes qui le réunifient à peu près parallèlement
au 45e. degré de 1 »titude nord, depuis les rives
I de la Cafpienne au levant, jufqu'au cap Fîniftère
projeté dans l'Océan atlantique à l’oueft.
L ’efpèce japétique paroit fë compofer de quatre
races allez tranchées pour qu'on puiffe leur attribuer
des berceaux reipettils divers, où leur d é veloppement
fubiffant, par quelques influences
climatériques, les différences qui les fingularifent,
s'eft néanmoins opéré dans les formes fpécifiques
que commandort fans doute , de l’extrémite du
Cauca fe àctlle des Pyrénées, la nature des lieux.
t Gens togata Races où de tout temps on porta
des vêtemens fort larges ; où les moeurs ont généralement
fu bordonné les femmes aux hommes juf-
qu’à les rendre eiclaves ; où la tête devient, par
l’effet de l'â g e , le plus fouvent chauve fur le
front.
i°. Race caucasique ( orientale ). Les femmes
y font remarquables par la fraîcheur & l’éclatante
blancheur de leur teint ; leur peau eft merveilleu-
fement unie ; leur bouche très-petite i leurs four-
cils fins , font fi minces, que le voyageur Struys
les compare à un filet de foie recourbé. Elle« ont
ordinairement les cheveux du plus beau noir, fins.
luifans & gracieufement bouclés, avec les yeux
bruns, rarement bleus. Le nez eft prefque d ro it,
la figute parfaitement ovale, la gorge furtout admirable
& le port majeftueux, mais bientôt altéré
par l'excefiif embonpoint auquel elles font fujet-
tes. Ce font ces Mingréliennes, ces Circafliennes,
ces Géorgiennes dont la beauté eft fi célèbre dans
tout l’Orient, & qui ornent les harems des Maho-
métans, depuis le centre dé l’Afie jufque dans le
royaume de Maroc. Les hommes n'y font pas moins
beaux ; leur taille moyenne eft de cinq pieds quatre
pouces 5 leur tempérament eft fanguin & flegmatique.
La race caucafique peupla de toute-antiquité
les chaînes du Caueafe, entre l'Euxin & la Cafpienne,
d’où elle fe propagea d'un côté par l’Afie
mineure vers la G rèce, qui n’ en fut pas toujours
féparée par le Bofphore& les Dardanelles , & de
l’autre jufqu'en Perfe, & même aux Indes, où
l’on en diftingue des traces.
1°. Race pelage ( méridionale). La tête du
Jupiter olympien , l'Apollon du Belvédère & la
Vénus de Médicis donnent une idée exa&e des
traits qui la devroient caraétérifer. Le teint cependant,
quoique toujours blanc , y brille de moins
d'incarnat que dans la race caucafique, & des
nuances légères la rembruniffent parfois ; la taille
moyenne y étant de cinq pieds trois pouces environ,
la tête y patoït être encore plus petite par
rapport au corps j elle eft garnie de cheveux fins,
bruns, châtains, rarement blonds, plus remarquables
encore par leur extrême longueur qui va
quelquefois jufqu’aux talons, que par leur excef-
five quantité j le pied eft encore un peu plus grand,
& la jambe un peu moins fine du bas que ne le
comportent les proportions qui font la beauté des
Européens modernes. L'ovale de la figure eft un
peu plus alongé & aminci vers le bas que dans les
Caucafiaues ; le nez eft parfaitement droit & dérivant
du front, fans qu'on y remarque la moindre
déprefiion entre les yeux. Ceux-ci fe trouvent
par-là légèrement rapprochés & enfoncés au coin
lous l'arcade fourcilière, laquelle ne décrit pas
une courbe.apparente,mais fe couronne d'un four-
cil tranfverfalement droit, non arqué comme celui
des Circafliennes; ces yeûx font les plus grands,
& même tellement grands & gros, que les poètes
les ont parfois comparés y chez leurs divinités
fabuleufes, à ceux du boeuf. Beaucoup de femmes
grecques & quelques dames romaines de nos
jours conièrvent encore le genre dè'beàuté antique
que mille alliances de peuplades & croifemens
partiels ont fait généralement di'paroître de l'Archipel,
de la Turquie d'Europe , de l'Italie & de
la Sicile, que peuplèrent primitivement ces Péla-
ges dont le tempérament eft toujours fanguin &
bilieux. Ils paroiffent être aborigènes des monts
de la Grèce & des Apennins, un peu différens
dans ces deux régions j ils ne s’étendirent pas au-
delà du Pô & du Danube , tant qu’ils ne furent
pas devenus conquérans en s’incorporant à la république
romaine.
f f G e n s bracata. Races dont certains vêtemens
étroits font aujourd’hui adoptés par toutes les variétés;
où les moeurs ont fubordonné fouvent jufqu'à
la foibleffe, les hommes aux femmes; où la
tête devient, avec l ’âge , plus communément
chauve fur le vertex.
30. R ace c e l t iq u e (occidentale). Une taille un
peu plus élevée que dans les deux races précédentes,
& dont la moyenne eft de cinq pieds
cinq pouces ; des cheveux moins longs, mais con-
liderablement fournis, châtain-foncés ou bruns ,
a fiez fins, & que chez nos ancêtres on laifioit
croître en véritable crinière; le front plus ou moins
bombé fur les côtés,mais fuyant avec une certaine
grâce vers les tempes ; le nez non reôliligne, dif-
tingué du front par une déprefiion plus ou moins
marquée entre les y eu x , lefquels, à fleur de tê te ,
font moins grands & moins gros que chez les
Caucafiques & les Pélages, & généralement noirs
ou bruns, quelquefois gris ; la barbe fournie, un
peu rigide ; la peau tant foit peu moins belle &
fouvent frappée d’ une pâleur jaunâtre ; la bouche
moyenne ; le tempérament bilieux & lymphatique ;
le corps & les membres bien proportionnés, ro-
buftes, plus velus que les autres hommes fans exception
, certains hommes ayant du poil partout
le corps, & des femmes en ayant même jufq 11'entre
la gorge & l ’ombilic; les mollets très-forts, le
bas de la jambe fin , le pied proportionnellement
petit & le crâne d’une épailfeur allez confidéra-
ble , tels font les caractères de cette race, dont
le berceau féparé par les vallées du Rhône & du
Rhin, de ceux des Pélages & des Germains, s’é tendit
en defeendent la Garonne, la Loire & la
Seine, le long des rives occidentales de l’Europe.
Toutes les peuplades de la rive gauche du Rhin
furent originairement celtiques, & loin qu'elles y
foient venues par l’ Orient, on vit au contraire des
peuplades gauloifes déborder à diverfes reprifes
vers l’Orient même , & pouffant leurs excurfions
jufque dans l'Afie mineure, le nom de Galatie
impofé à l une des provinces les plus reculées de
cette région, perpétua long-temps le fouvenir de
leurs conquêtes.
40. Racé germ an iqu e (boréale) , la plus grande
entre les races de l'efpèce japetique : la taille
moyenne y eft de cinq pieds iix pouces ; c'eft chez
elle qu’on voit a fiez louvent des hommes d’une
toife de hauteur. Leur tempérament eft flegmatique
& lymphatique ; mous dans leurs tiflfus, les
Germains font replets & deviennent la plupart
fort gros: encore qu’ ils ne foient guère fangums,
ils ont fouvent le teint animé , & le fond de ce
teint eft d’une blancheur éblouiffante quand il n’eft
pas blafard. Leur face eft arrondie; leurs yeux
font communément bleus , leurs dents très-fou-
vent ma uv aile s , leurs cheveux très fins, prefque
plats, difpolés par greffes mèches, de longueur