
THERMOPYLES. Le célèbre défilé connu
fous ce nom, & que l’ on peut appeler les portes
de la Gcece, eft formé par la double cime du
mont Oeta, qui., avec le Koumaïta à l’oueft,
conftitue une chaîne qui va fe joindre à celle du
Pinde. Ce défilé dut la dénomination de Thermo
py les aux eaux thermales de fes environs. La
chaîne à laquelle il appartient eft parallèle à celle
du mont Détacha, dont elle eft éloignée d’environ
fept lieues. C ’eft entre ces deux chaînes
que coule VHellada r l’ancien Sperchius, qui prend
(a fource au point de jonction du Délacha & de
la chaîne du Pinde, & qui, après un cours de
22 lieues de l’oueft à l’eft, fe jette dans le golle
de Zeitouni. (J . H .)
TBESSALIE. Voye[ V olo (G o lfe 'd e ). ,
THOMAS (Saint-). Voyei Iles V ierges.
THOMÉ (Saint-) ou T homas ( I le ) . Située
dans ie golfe de Guinée, à environ 16 lieues
de l’embouchure du R io -G ab on , cette île a
12 lieues de long fur 6 ou 7 de large. Dans fa
partie feptentrionale elle eft hériflee de montagnes
dont les fommets, termines en pics, -font
toujours couverts de nuages. L’une d’elles eft.
fi étroite & fi é levé e, qu’ on la prend de loin
pour un clocher. Dans lès terrains primitifs q-tri
forment généralement le fol de l'île , il exifte de
riches filons aurifères. La chaleur brûlante qu’ on
éprouve fans celle à Saint - Thomé fait élever
de f.-s vallées humides & de fes marais des brouillards
éüais & fétides qui, dans les mois de décembre,
janvier & février, caufent des maladies
dangereufes, furtout aux naturels. En juillet
& août, les vents de fud-eft & de fud-oueft,
pernicieux pour les habitans, raniment au contraire
au-deffus du niveau de la mer; fa longueur du
fud-eft au norci*oueft eft d’environ quatre lieues
& demie, & de tout au plus une lieue de
largeur. Dans fa partie orientale , fa profondeur
eft de 720 pieds; il eft extrêmement poiflonneux :
le falmo murena ou l’ ualbock que 1 on y pêche ,
eft aufli eftimé que celui du lac de Genève. L Aar
traverfe d’abord le lac de Brienz, .puis celui
de Thun, avant de devenir cette importante
rivière qui,, à travers mille détours, va fe jeter
dans le Rhin., Toute la rive feptentrionale du
lac eft couverte de montagnes; on ne voit quelques
les forces des Européens. Marchais allure
cependant que les premiers, c ’eft-à-dire les noirs
& les hommes de couleurs, y atteignent fré quemment
l’âgé de 100 ans, tandis.que les féconds
paflent rarement jo à 60 années.
Le fol de l’île eft fertile: le maïs, le manioc,
les ignames, les bananes, les oranges, les dattes,
le fruit du cocotier, les melons, le raifin &
d’autres fruits fuct ulens y abondent ; on y cultive
auftï avec avantage la canne à fucre & le can-
nelier. Les animaux domeftiques de l’Europe ÿ-font
très-multipliés -, de nombreux pcilloris peuplentles
rivières. Le climat y énerve l’habitant; l’homme y
eft entraîné au plaifir & à la mollefîe; il y redoute
les occupations pénibles : i’efclave même
y travaille à peine deux ou. trois jours par fe-
mainé; enfin, toute la population, généralement
ignorante & fuperftitieufe, s’y adonne à
la dépravation la plushonteufe. ' (J. H.)
TH U N (L a c de). C e beau lac du canton
de Berne eft fitué, fuivant M. Ebel, à 1 j7 %°
petites plaines que (ur le côté qppofé. Ces
plaines fe terminent par le mont Niejen 1«
Stockhorn; mais ces montagnes, font elles-memes
dominées par les cimes argentées de la Jungfrau ,
de l’Eiger & d ’autres moptagnes qui femblent
fe perdre dans les nuages* Celles qui s élèvent
fur la rive oppofée font loin d’être aufli importantes
: l’ une d’elles, le Beatenberg, renferme
une belle caverne connue fous le nom de Beu-
tenhohle. (J . H )
TH UR1NGER-W ALD. (Montagnes.) C e nom
allemand, qui fignifie forêt de Thuringe, eft celui
que porte une -chaîne boifée qui n eft que la
continuation d’une autre chaîne appelée Frànken-
Watdy qui fépar-e la Saxe & la Thuringe de la
Franconie, & qui forme un des contours de >à
Bavière. Son étendue eft de 16 à 18 lieues géographiques;
& fa hauteur ne dépafle point 2,700
pieds- v i - ..
Cetj:e chaîne eft connue des géologues allemands,
dont plufieurs ont étudié avec foin fa
conftitution géognoftique, intéreflante fous plufieurs
rapports. Le Thuringer-Wald eft en grande
partie formé de porphyre. « Cette rocb e , dit
js M. d’Aubuiffon de V oifin, d’après le géologue
» allemand M. Heim, dégénère fouvent en un
»»porphyre aphanitique, lequel eft^ en general
» d’ un vert foncé, quelquefois nôiratre; itxon-
»> tient des criftanx de fèldfpath, d amphibole
s. & de mica. Sa bafe, qui eft mêlée d’une quan-
» tité affez confidérable de terre calcaire^ eft
^ a fiez compacte, plus fouvent terré 11 fe , & quel-
jj quefots cellulaire ou bulletife; d’un point à un
» autre, elle préfente lesplus grandes variations
>* à cet égard. Les variétés compares font celles
» qui contiennent le plus decriftaux, de feldf-
» path, & même quelques grains de quartz;
» elles préfentent des porphyres qui ont l ’al-
55 peCt du porfid& - nero, lequel, au milieu d un
>s aphanite noir & compacte , préfente des crif-
» taux ou points feldfpathiques blancs. Ail-
» leurs elles reffemblent au porphyre aphiti-
» q u e .. . . . . Dans les variétés terreufes, le quartz
» djfparoît, le fèldfpath diminue, & le mica
n & l’ amphibole augmentent. Ce font ces va-
j» riétés qui préfentent fouvent la ftruCture amyg-
» daloide : les cavités font quelquefois trèsper.
tes,
»> petites, d’autres fois elles font comme de grofles
jj noix; elles font tantôt vides, tantôt pleines,
jj en tout ou en partie, de fpath calcaire, de
» terre verte, & allez rarement de calcédoine.
>» M. Heim remarque que de pareilles roches,
» en fe décompofant, prennent un afpeCfc fale ,
>j ferrugineux, ce qui, joint aux vacuoles vides
j» qu’elles préfentent, leur donne l’apparence de
jj laves, & qu’elles ont même été prifes pour
jj des produits volcaniques ; mais il remarque
j» aufli que, malgré cette apparence, malgré l’af-
» peCt terreux & altéré qui les feroit prendre
jj fouvent pour des trafs} il eft impoflïble de
»» ne pas les placer à côté du granité bien crif-
j» tallin & à gros grains, auquel elles tiennent
jj inconteftablement. Ces roches, ou plutôt.ces
montagnes dont elles font partie, font-elles
» primitives? Malgré quelques apparences, re-
» gardons-!es comme telles, jufqu’à ce que des
jj faits pofitifs les F.fient pafler dans une autre
j. clafle. «
Les réflexions fort judicieufes de M. Heim,
appuyées encore par l’ opinion de M. d’Aubuiffon,
ne nous paroiffent pas fuffifamment concluantes;
nj)us croyons, au contraire, que les
porphyres, & particulièrement ceux du Thuringer
Wald , ne font autres que des roches ignées,
e 'e ft-à -d ire qu’ils n’ ont peut - être point été
vomis par des volcans,- mais qu’ ils font très-
probablement fortis des entrailles de la terre à
la manière des trackytes, avec lefquels ils ont
en effet la plus grande analogie, & que probablement
aufli iis fe font fait jour par foulèvement
à travers, les grès rouges qu’ ils fupportenr, &
que fur quelques points ils ont pu recouvrir. Leur
origine ignée ne feroit pas, félon nous, en op-
politiori „avec l’obfervation qu’a faite M. Heim,
que le granité montre dans c.es montagnes une
.tendance manifefte à fe changer en porphyre,
parce qu’ il nous femblé très-probable que le;s
granit.es font aufli fies roches/ignées qui datent
peut-être de l’incandefcence primitive du globe.
Poye^ R oches.
Le porphyre euritique ou Yeurite porpkyroide eft
une variété que l’ on remarque dans les roches
du Thuringer-Wald ; elle rentre également dans
la clafle de celles dont l'origine ignée nous pa-
roit vraifemblable. Ces montagnes renferment
aufli le pe'chfiein, fubftance ou roche que l ’on
trouve en abondance dans les terrains volcaniques.
Ce que^M. d’Aubuifiou dit des porphyres
euritiques de cette contrée nous femble
tout-a-fait comfirmer notre -opinion, quoiqu il
^riPIJf? ^ans quelques palïages de fou Traité de,
(reognofie, attribuer, fuivant les idées de Wer -
ner, une origine aqii'êufe aux différens porphyres.
Voici comment il décrit ces porphyres
euritiques :
« Les porphyres euritiques renferment fouvent
« des boules deJeur propre fubftance , mais plus
Geio^raphie-Ÿhyfique. Tome.. K,
jj dures & plus comp are s; on diroit que les
>j particules filiceufes y font en plus grande quan-
ï t ité , furtout vers la partie centrale, qui eft
jj fouvent du quartz ou de la calcédoine : ce
>j font des formations giobuleufes dues à un pelo-
jj tonnement des molécules de lamafle. Au refte,
jj il feroit poflible que quelques-uns des noyaux
jj quartzeux euftent une origine pareille à celle
jj des noyaux des roches amygdaloïdes : c ’eft
jj ainfi que. dans divers endroits du Tkuringer-
» Wald, le porphyre euritique eft rempli de pe-
» tires cavités ayant tantôt quelques lignes &
>j tantôt quelques pouces de diamètre, lefquelles
jj font entièrement remplies de calcé ioines, ou
>j préfentent feulement un revêtement de cette
j» fubftance, avec de petits criftaux de quartz, &c.
» C e porphyre forme une excellente pierre meu-
jj liera. La partie qui entoure le noeud quartzeux
>j eft ellet-même imprégnée de filice , & elle
>j réfifte par conféquent plus à la décompofition
>j que la ma fie envrionnante, de forte que, dans
jj lés ruifieauX' de la contrée, on trouve une
>j grande quantité de boules de porphyre, dont
jj l’intérieur eft un noyau de calcédoine ou une
jj petite géode. Cette roche porte dans le pays le
jj nom de kugelporphyr (porphyre en boules).
Cette difpofîtion en boules, les cavités que l’on
remarque dans ces roches, les noyaux calcédonieux
qui les remplilTent, ne font-ils pas des caractères
qui conviennent tous à des produits ignés? Mais
fi nous ajoutons que M. Heim a trouvé, au milieu
des porphyres du Thuringer-Wald, des groupes de
prifmes quadrangu'aires , verticaux , de 20 pieds
de longueur fur 2 de largeur, dont les faces,
dit-il, font parfaitement, planes, comment ne pas
s’étonner qu’on n’ait pas voulu reconnoître la
véritable origine des porphyres de cette contrée,
. & même de tous les porphyres analogues?
On à obfervé de plus que la formation houillère
de la Thuringe repofe fur les porphyres ;
que les grès rouges, qui appartiennent à la partie
inférieure de cette formation, paroiftent fe mêler
aux porphyres dans leurs points de contaCi;
qu’une variété de ces roches alterne avec des
bancs de pofldingues. M. Weltheim, directeur-■
général des mines, a même remarqué que le porphyre
eft , dans la Thuringe , fubordonné, c’eft-
a-dire, intercalé dans le grès rouge, & qu’il eft
fuperpolé au terrain houiller. Comment expliquer
ces faits, fi l’on ne çonvient pas, nous le répétons,
qu.^. les porphyres ont été liquéfiés par le
feu, qu’ ils ont coulé comme toutes les roches
qui ont été fondues, & qu ils fe font ainfi répandus,.
tantôt au-delTus, tantôt au-defious de certaines
formations, & même entre les membres
d’une même formation ? & qu’enfin, dans le Thuringer
Wald 3 ils ont probablement provoqué, par
la. chaleur qu'ils ont développée fur les malles
de terrain houiller, la converîïon des couches de
végétaux en couches de houille ? ( J. H. )
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