
tude ; elle eft'alongée dans le fens du sud-oueft
au nord-eft. Ses côtes ont huit lieues de circonférence
; fon fol eft fertile et le froment qu'on
y recueille paffe pour le meilleur de l’archipel.
La fertilité de fes vignes et la bonté de fes vins
lui avoient fait donner par les Anciens le nom
d (Eno'è ( l’île au v in ). (J. H.)
SILA (Montagne). La conftitution gë'ognoftiue
de cette montagne peut donner une idée
e celle des Apennins, dont elle n’eft féparée
que par la vallée du milieu de laquelle coule le
Crati. Suivant le naturalifte Brocchi, le mont Sila
eft en grande partie formé de granité contenant
de l’amphibole & coupé par des filons de ftldf-
path jaune et blanc parsemé de grains de quartz.
On y voit aufti des diotites dont la décompofition
produit un fol graveleux. La chaîne de Sila renferme
quelques amas de calcaire appartenant
à la formation de fédiment inférieur. La rive
gauche du Crati eft entièrement compofée dé
roche femblable, ainfi que les montagnes des en -
virons de Cafiano. (J. H .)
SIMMENTH AL ou Siebenthal. Grande vallée
du canton de Berne en Suifie ; elle eft formée
par la chaîne du Niesen à droite, et celle du
Stockhorn à gauche : elle vient déboucher à
peu de diftance du lac de Thun. Les montagnes
qui forment cette vallée fe rattachent par leurs
prolongemens à celle des Diablerets : depuis
celle-ci jufqu’ au lac elle a 13 lieues d’étendue;
une rivière torrentueufe la traverfe, et lui donne
fon nom ; elle fe groflit des eaux d’ un torrent qui
porte aufti le nom de Simmen & qui defcend d’une
petite vallée qui fe termine à l’extrémité du
Niefen. La hauteur abfolue de cette montagne
& du Stockhorn eft de 6 à 8,000 pieds. Plus on
remonte la vallée & plus les autres montagnes
atteignent de hauteur : les plus confidérables
11’ont pas moins de 9 à 10,000 pieds au-deffus de
la mer. La vallée du Simmenthal eft étroite &
pittorefque ; elle n’a pas généralement plus d’un
quart de lieues de largeur. Elle eft fertile en
gras pâturages ; on y élève une grande quantité
de bêtes à cornes, de moutons & de chevaux.
Ses vaches rivalifent de beauté avec celles des
environs de Gruyères : elles pèsent au-delà de
ç à 6 quintaux ; leur couleur ordinaire est le
roux ou le brun noirâtre. Elles donnent une
énorme quantité dé fait.
En remontant cette v a llé e , on aperçoit plufieurs
montagnes couvertes de bois : ce font
l 'Albrefchhorn , VOberlaub 3 le Palm , le Metfck 3
& le Breck 3 d’où defcendent plusieurs ruif-
feaux. Leurs cimes font dominées par l’Arnttren-
grat, & VAmmcrthorn., au-deffus duquel s’élève
le Wilds-Strubel, d’où defcend le glacier de
Rcetzli. La Simmen forme vers le haut dé la
vallée trois fuperbes chutes au-delà defquelles
elle doit fa naiffance à un grand nombre de
sources que l'on appelle improprement les s ep t
F o n ta in e s . Ces fources font alimentées par les
glaces du Rcetzli dont l’enfemble forme trois
étages ou gradins. Depuis la plus haute cafcade
de la Simmen jufqu'à la bafe du glacier, on
compte treize heures de marche ; vers le sommet
de celui-ci, on voit un large trou d'ou fort, au
au printemps et en été , un torrent que les habir
tans (appellent le R u i jfe a u P e r d u . Dès que 'des
villageois d’Oberried l’entendent couler, ils fe
livrent à la joie : c’eft le lignai de la fonte des
neiges et du retour du printemps ; mais ces habi-
tans , déjà trop voifins des cimes élevées / ont
fouvent à craindre les effets du renouvellement
de la belle faifon. Au printemps le glacier de
Rcetzli, ébranlé par la fonte qui s’opère fur les
flancs, fe meut, et d’immenfes quartiers de glace
fe précipitent au loin dans les vallées ; le plus
fouvent amoncelées au des premières pentes,
ces miaffes forment un glacier ifolé qui n’eft qu’à
une demi-lieue des premiers châlets. (J. H.)
SINA1 (Mont). Cette montagne ' célèbre,
formée de. granité rougeâtre à gros grains & de
grès, eft nommée par les Arabes D g e b b e l -M u f a
(montagne de Moifè) ; elle eft fituéë fous le 29e.
deg. de latitude feptentrionale , dans une pref-
qu’île de l’Arabie Pétrée, formée par deux bras
de la mer R.ouge, à l’extrémité du défert de Sinaï.
Elle conftitue avec le mont Oreb, dont elle n’ejft
réparée que par une vallée delicieufe, une petite
chaîne, & fembîe ne former avec lui qu’une feule
montagne. Sa hauteur n’eft pas bien connue, mais
on a lieu de croire qu’elle doit approcher de 1,000
toifes. Suivant le voyageur Seezen, fa cime eft
au moins à 500 toifes du couvent de Sainte-
Catherine, & Brown trouva de la neige fur fes
pentes feptentrionaks au mois de mai. Elle s’élève
à pic, & l’on ne parvient à la gravir qu’à l’aide
de degrés taillés dans le roc, au nombre de 4,000.
Le fcq-nmst du Sinaï offre une furface d’environ 70'
pieds de longueur fur une largeur de 30; il eft
couvert de monticules, & l’on voit jaillir une
fource du pied de l’ irn d’eux. On voit encore des
fources dans d’autres parties du Dgebbel-Mufa,
mais elles tatfflentpendant une partie de l’année:
les ruiffeaux qui y prennent naiffance fe répandent
dans des vallées plantées de vignes, de poiriers,
de dattiers & d’autres arbres fruitiers ; les moines
du couvent de Sainte-Catherine & les Arabes
font un grand commerce de fruits avec le Caire.
Le couvent de. Sainte-Catherine, dont fainte
Hélène paffe poirr la fondatrice, eft fitué fur la
pënte du mont Sinaï : les moines grecs qui l'habitent
obfervent une abftirrencerigoureufe ; la crainte
des invafîons des Arabes les a engagés à élever
un mur formant une cour en avant du couvent,
& n’ayant dr’iffue qu’une feule fenêtre placée à 40
pieds a.u-deflus du fol. Un panier fufpeiîda à une
poulie fert à introduire les voyageurs munis
d'une lettre de l'archevêque de la montagne de
Sinaï, dont la réfïdence eit Kahira. 11 exille des
mines de cuivre au mont Sinaï. (J. H.)
SIND ou Indus. Grand fleuve d'Afie dont les
lources fout dans les^ hautes montagnes du Tibet,
vers le 5 5e. deg. de latitude & le 70e. de longitude,
à l'eft du méridien de l’ohfervatoire de
Paris. Son embouchure, dans la mer des Indes,
divifée en plufieurs branches, eft par 14 deg. de
latitude & 61 de longitude. Son cours développé
elt d'environ 90Q lieues. Aucun fleuve n'offre
plus de Angularités dans l’étendue du pays qu'il
traverfe.
Aucun Européen n'a vu les fources de ce
fleuve, quoiqu'elles ne foient pgs dans uns région
inacceflibie, ni même inhabitée : on ne les fixe
que d'après le rapport d'un habitant de cette
contrée, dans un lieu d’où l'on découvre l'élévation
& la ftruéhire de la malle montagneufe,
couverte de neiges éternelles, nommée C a n g r i ,
dans la province de Manfarower, la plus élevée du
Tibet. C'eft dans cet affemblage de pics, dont la
hauteur ne paroît point inférieure à celle de la
fameufe montagne d’Hawal■ gëri, que quatre rivières
ont leurs fources. Lavoir : 1°. le S in g - J in g
(Je Sind)i 1 ° . le T a m j o k , qui fe dirige vers le
nord-oueft; $°. le L a n d - J in g , qui un peu plus bas,
à fon entrée dans le N é p a u t ; prend le nom de
S e t l e j ; 4°. le M a r n jo k , dont le cours t-ft direéte-
ment oppofé à celui du Sind.
Le Sind & le Setlej ont chacun deux fources
principales, & font d.vifés en deux branches :
celles du fleuve ne fe réunifient qu'après un cours
de plus de zoo lieues, renfermant entr'elles une
chaîne de montagnes toujours couvertes de neigé
à leurs Commets les plus élevés. Les deux branches
du Setlej fe réunifient dans la chaîne de l'Hima-
laïa, aorès un cours d'environ 40 lieues. Cette
rivière eft le principal affluent du Sind, mais fon
embouchure dans le fleuve eft à plus de joo lieues
de la fource, Sc elle reçoit, dans l'intervalle,
des rivières comparables au Rhône ou à la Loiré.
Au confluent, le courant du fleuve n'eft diftingué
que parce qu'il eft plus direct; mais le volume
des eaux de la rivière paroît être le plus confidé-
rable. Celle-ci eft l’Hydafpe d-s Anciens, fi toutefois
les géographes modernes n'ont point fait un
échange de nom entre les deux branches à peu près
éga es de 13I n d u s . L'Hydalpé jouit, chez les auteurs
grecs & romains, d'une réputation qui femble
appaitenir plus fpécialement au courant le plus
fréquemment vifité & par confequent le mieux
connu : or, le Sind s'ofïroit le premier aux voyageurs
venus d'Europe; il limitoit outraverfoit les
états de Porus, Src.
Les fources du Sind & du Setlej font à la limite
inférieure des neiges qui, dans cette partie des
montagnes du Tibet, ne fubfiftent pas conflamment
à 4,foO mètres au-deffus du niveau de la
mer. A 200 mètres, chacune des branches du
Sind-Jing traverfe un lac où fe réunifient les ruif-
feaux delcendus des montagnes voifines 5 les deux
branches du Setlej trayerfent aufti des lacs, mais
à une moindre hauteur, environ 4,020 mètres au-
deftus du niveau des mers. Tout concourt à établir,
quant à la ftruéture & l'hydrographie, une
reftemblance remarquable entre les Alpes les
montagnes du Tibet, vers le fud. Les rivières
qui ont leurs fources dans l’une & l’autre chaîne,
tombent de très-haut & travèrfent des lacs. Le
règne végétal y offre d’autres analogies non
moins dignes d'attention : le rofter fans épine,
le rai fin d'ours ( a rb u tu s u v a u r j î ) 3 l’airelle myrtiie
( v a c c in ium m y r t i l iu s ) 3 le grofeiller, le framboi-
fier & le fraifter, les fleurs qui décorent les pâturages
des hautes Alpes couvrent les flancs de
l’Himalaïa, jufqu’aux limites des neiges; le bouleau,
plufieurs efpèees de pins, de faules, &rc.,
forment aufti les forêts de ces montagnes. Mais
les animaux particuliers à chaque chaîne font
reconnoître fur-le-champ l’Europe & l’Afie. Dans
l’Himalaïa, le tigre pourfuit jufque fur les neiges
les troupeaux des montagnards, & brave le froid
de ces hautes régions : des yaks y p ai fient en
bandes nombreufes fous la furveillance d’un feul
berger; une variété de mouton, convertie en
■ bête de fomme, fuffit pour les relations commerciales
à travers les rochers, les bois & les neiges ;
ces motitons-poiteurs fourniftent auftï une laine
très-eflîmée, que les Tibétains nomment poL ou
p a l . Dans la langue de ces peuples, le bélier de
cette excellente variété de la race o v i n e , porte
le nom de ' l u k t & la brebis celui de m a im a . La
chèvre à duvet y eft dans toute fa perfection ; ce
duvet, que l’on nomme l é n a , eft enlevé tota-*
l'ement par les fabricans de fchals de Cachemire.
Le bouc fe nomme r a i b a , & la chèvre r a im a . Les
troupeaux qui fourniftent le duvet le plus eftimé
ne defcendent pas des hauts pâturages de leurs
montagnes ; on prétend que leur toifon eft moins
fine lorfqu’ils font nourris dans des vallées plus
baffes, & à plus forte raifon dans les plaines.
Dans les vallées parcourues par les deux branches
du Sind, dirigées d’abord vers le nord-oueft^
la température ne s’élève pas autant que l’abaii-
fement du fol l'indiqueroit dans un pays moins
couvert de montagnes & de forêts ; ce n’eft qu’à
une grande diftance des fources que l’on rencontre
fuceeftivement le pin pignon, le noyer,
l’abricotier, la vigne. Comme les deux branches
du Setlej fe dirigent au fud-oueft & s’abaifient
beaucoup plus rapidement, les ftations des mêmes
arbres y font plus rapprochées & plus élevées ;
on y trouve la vigne jufqu’à 3,000 mètres au-
deflus du niveau de la mer, mais c’eft à 900
mètres plus bas qu’elle eft dans toute fa perfection,
manifefte fa prodigieufe fécondité, & réa-
life les merveilles du Bacchus indien. La région