
A en juger par les obfervations de M. Ami-
Boué, géôlogifte fort inftruit, qui a examiné avec
foin toute la côte de la Rochelle , on peut regarder
comme certain que l’île d’Oléron qui n eft
que la continuation de ces co te s , eft formée
comme celles-ci, dans fa partie inférieure, d’ un
calcaire compare blanc ou blanc-jaunatre , qui
renferme des reftes pétrifiés d un grand nombre
de mollufques, tels que des ammonites, des nautiles
, des térébratules, des cardium, & c . Les
lits fupérieurs ne contiennent plus l'ammonite,
ce t habitant d’ un océan jadis plus chaud que celui
qui baigne nos côtes , mais des don ace s , des fa-
bots» des bucardes , des vis» des fufeaux & des
cérites ; ce qui eft en effet le caractère d une
moins grande ancienneté.
Au-deffus de ce calcaire compacte * un autre
fe préfente , pétri de petites huîtres qui lui donnent
Tafpeft d’ une lumachelle : comme dans la
plupart des formations fupérieures , ces bancs
alternent avec d’autres bancs de même nature
que le calcaire compacte inférieur. Cette efpèce
de lumachelle eft furmontée d’ un calcaire préf-
qu’entièrement rempli de fragmens de ^polypiers.
Au-deffus de cette aflîfe, comme à la pointe
de Chateillallion, près de l’île d’Aix , on voit
plusieurs lits de calcaires compactes ou marneux
à débris de madrépores & de coquilles. Des lits
tantôt de marne dure, tantôt, de marne tendre ,
s’élèvent au nombre de quatorze alternant en-
femble ; ils font furmontés de couches de cal- j
caire oolithique, de calcaire fablonneux blanc-
jaunâtre à nummulites & autres coquilles, de lu-
machelles contenant des huîtres cretées , de petites
gryphées & des trigonies j enfin de calcaire
marneux qui paroît renfermer des points chloriteux.
Au fond de la baie de Jyves, formée^d’ un côté
par la pointe de Chateillallion , de l’autre par
cetle de l’Aiguille & l'île d’ Aix , & qui cor-
refpond à un renfoncement femblable dans 1 île
d’Oléron, M. Ami-Boué a- obfervé des maffés
de calcaire lumachelle , puis les fables , les
grès & les marnes de grès vert qui appartiennent
a la même formation.
C ’eft fur ce calcaire juraffique que repofe dans
certaines parties de la France, à l eft de file
d’Oléron , en remontant la Charente , la formation
de craie que l’on voit commencer à la pointe
de Fouras, près de Rochefort,
L’ île d’Oléron eft entourée de rochers ou de
bancs de fable qui en rendent l'approche dange-
reufe. Tout le côté de l’ oueft eft bordé de fom-
mets calcaires qui forment de nombreux écueils;
l ’extrémité fud-eft , appelée Platin de Grauïaaf t
offre feul un efpace conhdérable pour 1e mouillage
des navires. .
Le rocher d’Antioche qui occupe le point nord-
eft de l’île & qui s’avance julqu’ à une lieue en
mer, eft placé vis-à-vis la pointe continenrale de
Chateillallion, de manière que fi les eaux de
l’Océan fe retiroient à quelques lieues au-delà
de l'île d’Oléron, les différentes finuofités qu’elle
préfente dans la partie qui regarde le continent
formeroient avec celui-ci une vallée dont les
angles faillans correfpondroient avec les angles
rentrans oppofés.
Les deux côtés de l’île^ font très-différens par
leur afpeét : la longue chaîne de rochers qui bor*
dent la partie occidentale, cefle au côté oriental
à un peu plus d’une lieue du rocher d’Antioche;
tout le refte de ce côté n’eft plus bordé que de
bancs de fable qui s’avancent jufqu’ à une lieue
en mer. Ces bancs formés du limon & du gravier
apportés par la Seudre & la Charente à leur embouchure,
font chariés enfuite par le mouvement
continuel des eaux de la m e r , refferrés entre
l’ île & le continent, & amoncelés près du rivage
de l’île. C ’eft ce qui explique pourquoi la partie
occidentale d’Oléron n’eft point garnie de bancs
femblables ; les derniers fe trouvent à la pointe
fud-oueft de l’île , vis-à-vis l’embouchure de la
Seudre.
Parmi les particularités phyfiques que préfente
O lé ron , nous ne parlerons point des
produits de fon agriculture , qui confiftent principalement
en vins médiocres ; nous dirons feulement
que deux falines affez importantes y font
établies, l’ une près de Saint-Pierre , l’autre près
de la ville d’Oléron, où de nombreux folîés font
deftinés à recevoir les eaux de l’Océan. (J. H .)
OLIOULLES. L’ intérêt que préfentent, fous
le rapport géologique, les gorges connues fous le
nom de vaux d‘Olioulles , parce qu’elles font auprès
de cette petite ville, à deux lieues à l’oueft
de Toulon & à une lieue fud-oueft de la Médi-
terranée, mérite que nous en faflions mention
dans un ouvrage fpecialement confacré à la géo-
j graphie phyfique.
Les environs d’Olioulles offrent en petit le
fauvage afpeét des contrées coupées par de
nombreufes montagnes : à chaque pas on eft arrêté
par des rochers nus & efcarpés, dont l’aridité
eft prefqu’ infupportable pendanr les brûlantes
chaleurs de l’é t é , & dont les intervalles,
fillonnés par de rapides torrens pendant l’hiver,
font autant d’ obftacles prefqu’infurmontables pour
le voyageur. La hauteur confidérable de ces montagnes,
le peu d’efpace qui les fépare, l’abfence
de toute efpèce de végétaux à leur fommet, la
folitude St le filence qui régnent au milieu de
leurs rochers, dont les débris menacent d’écrâfer
celui qui les parcourt, leur donnent un cara&ère
tout particulier. Tantôt ces maffes taillées à pic
ne préfëntent depuis leur bafe jufqu’à leur cime ,
aucune végétation pour repofer l’oeil fatigué parleur
nudité ; tantôt leurs angles aigus , groupés
d’une manière pirtorefque, imitent-de vieux reftes
de fortifications, ou fe difpofent en pyra-»
mides tronquées , ou en élëgans obélifques-
Mais de toutes ces gorges, celle qui porte le
nom de vallon d*Olioulles, mérite principalement
d’attirer les regards & même l’admiration^ du
voyageur. Beaucoup plus large que ceux qui 1 entourent,
ce vallon fe fait encore remarquer par
la richefle de fa végétation. Des orangers, des
câpriers, des oliviers , des vignes , des arbres
fruitiers magnifiques, occupent les parties baffes
de fes coteaux ; -des pins s’élèvent , au-deffus de
ces maffifs de verdure-, comme pour en varier
le riche afpeél, Sc pour contrafter avec la nudité
des fommets qui les couronnent.
Après avoir admiré la variété des fîtes qu’ offrent
les vallées d’Olioullès , le géologifte ne
peut s’empêcher de les examiner avec le plus
grand intérêt. Leur voifinage des terrains vol*
eaniques, 'dont les débris roulés pendant quelques
lieues font entraînés par les eaux jufqu’au fond
de ces gorges; les maffes de grès rouge qui y annoncent
la formation fecondaire, font dignes a ’être
étudiés; mais ce qui ne-le mérite pas moins, c ’eft
cette fuite de rochers degrés blancs obfervés par
le célèbre Sauffure.
En fortant de ces vallons, il fut frappé de la
blancheur & de la régularité de ces maffes de
grès : compofés de grains de quartz affez gros &
réunis par un ciment calcaire oc marneux, ils forment
des couches horizontales , coupées par des
fentes perpendiculaires. Tantôt ils fe divifent en
prifmes hexagones remarquables par leur régularité,
tantôt défagrégés par l’aétion de I’àtmof-
phère, ils fe groupent en maffes globuleufes de
différentes dimenfions ou en ovoïdes ifolés.
(J. H.)
OLLE. Petite rivière qui prend fa fource à
une lieue du verfant oriental des montagnes des
Grandes-Rouffes, qui dépendent dçs Alpes, &
qui forment les limites de la France & de la Savoie.
Elle tourne enfuite autour de l’extrémité
feptentrionale des Grandes-Rouffes, qu’elle fe-
pare de la chaîne des Roches , des grands glaciers
& de Saint-Hugon ; elle paffe dans la vallée que
forment les Grandes-Rouffes avec la montagne appelée
Abîme, entre par ce paffage dans l'ancien
pays d’Oifans (département de l’ I fô re ), fuit la
direêtion du fud-oueft jufqu’ à une demi-lieue de
la montagne des Sept-Lacs, & coulant enfuite
vers le fu d , va fe jeter dans la Romanche. Voye\
ce mot.
Cette rivière, qui n’ a pas plus de fix lieues de
cours & qui n’a qu’un feul affluent un peu confidérable,
la Dereyry, ne mériteroit pas d'être décrite
fi fon baffïn, formé par les montagnes des
Rouffes & par celles des Sept-Lacs, n’étoit pas
digne, par les richeffesminérales qu’il renferme,
de fixer notre attention.
Nature du terrain 'du bajfin de l[ O lie. — Lés ver-
fans des grandes & des petites Roulfes & de la montagne
des Sept-Lacs, fourniffent un grand nombre
de cours d’eaux . qui forment à droite & à gauche
plufieurs lacs & étangs q u i, par des irrigations
naturelles, vont groffir le cours de l'Olle.
Les Grandes-Rouffes , qui ont été étudiées
avec foin par M. Héricart de Thury, font, fuivant
les obfervations de ce favant ingénieur des mines,
les montagnes les plus hautes du baffin de l’Olle-
Le point culminant de cette chaîne fupporte des
glaciers ; il eft élevé de 2857 mètres au-deffus du
confluent de cette rivière & de la Romanche, &
de 3629 mètres au-deffus du niveau de la mer.
Ces montagnes font formées de granité /de gneils
quartzeux & ftéatiteux ; elles s'étendent du fud
au nord , depuis l’Olle jufqu’à la petite rivière de
Sarennes, fur une longueur de quatre lieues. De
nombreux filons de quartz, de baryte fulfatée,
de fer carbonaté, de cuivre, de zinc & de plomb,
fillonnent cette chaîne. C ’eft dans ces filons de
quartz que fut découvert pour la première fois le
titane anatafe ; c’eft dans ces mêmes filons qu'on
a trouvé des émeraudes blanches & verdâtres,
femblables à celles de Limoges.
L’une des montagnes les plus intéreffantes de la
chaîne des Grandes-Rouffes eft celle de Brandes.
: A l’extrémité méridionale de cette chaîné > dont
elle eft ifolée à l’eft & à l’oueft par des torrens
ui tombent en cafcades, elle s’élève d'environ
86 mètres au-deffus de la plaine de Bourg-d’Oi-
fans, & de 1784 au-deffus du niveau de la mer.
La roche qui la compofe eft un gneifs quartzeux
& quelquefois ftéatiteux ; fon fommet ftérile
& nu eft formé de petits plateaux féparés par des
déchiremens plus ou moins confidérables.
Sur la pente occidentale de la chaîne des Grandes
Rouffes , on remarque quatre principaux lacs,
celui de la Fare, celui de Balme-Roufle, le lac
Rond & le lac Blanc : ce dernier eft le plus important.
Il a près de 300 mètres de long; il reçoit
l'écoulement des eaux que produifent les glaciers
des Grandes-Rouffes ; l’ élévation de ce la c , fa
fituation à l’extremité d’une vallée ouverte au
fouffledi) vent du nord, contribuent à le tenir gelé
ordinairement pendant plus de huit mois de l'année.
« C ’eft à l'extrémité méridionale de ce lac ,
» dit M. Héricart de Thury dans fon Mémoire
» fur les montagnes de l’O iu n s , que fe trouve la
m prife d’ eau du beau canal de l’Arrôfage, que
» Jes hâbitans de la commune de Villard-Recuias
>3 firent ouvrir à frais communs, à travers les ro-
» chers, il y a plus de deux cents ans ; ce canal,
» qui a plus de 8000 mètres de longueur, après
» avoir arrofé les prairies & les herbages de Vil-
» lard, fe précipite en cafcades de 180 mètres de
>» hauteur a pic dans la plaine du bourg d’Oi-
» fans. »
Au-deffous & à l’oueft du' lac Blanc s'étendent,
du nord au fud, les montagnes des Petites-Rouffes
fur une longueur de près de trois lieues ; leurs
1 roches font de la même nature que celles des