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déterminer la nature de Ton giffement. Elle appartient
, comme l’aigue-marine, aux terrains primitifs.
La filice & l’alumine entrent dans fa compo-
fition.
Topaze. Quoique cette pierre foit généralement
jaune j on en connoît de plufieurs nuances différentes
; telles font : la topaze jaune-pâle de Saxe,
celle jaune-foncé du Bréfil, célle fafranée, celle
jaune-rougeâtre, qui porté le nom de rukis balais
chez les lapidaires, & celle bleu-verdâtre, à laquelle
on donne le nom d ‘aigue-marine orientale ,
enfin la topaze jaune-verdâtre.
La topaze fe trouve dans un grand nombre de
terrains qui appartiennent aux formations primitives.
Les montagnes de la Bohême & de la Saxe,
plufieurs chaînes du Bréfil, les monts Ourals en
Sibérie, font riches en criftaux de cette fubf-
tance.
La topaze du Bréfil eft la plus eftimée ; décrire
fon giffement, c ’eft dpnner une idée du giffement
de toutes les autres. Les montagnes qui appartiennent
à la chaîne appelée Serra do Mary font
fort riches en topazes > fur le verfant occidental
de ces montagnes, on tes r e t i r e p a r le lavage,
de la roche très-tendre qui les renferme. Ç ’eft
une efpèce de talc terreux, dans lequel elles font
mêlées avec du quartz blanc friable & quelquefois
criftallifé. On a remarqué avec étonnement que
la plupart des topazes qui fe trouvent dans cette
roche, y font diffeminéés en fragmens plus ou
moins confiderables > rien n’eft plus rare que ■
d'en trouver des criftaux entiers. En Sibérie,
elles font ordinairement réunies au criftal de
roche enfumé & à l’éméraude. En Saxe, elles,
font quelquefois fi abondantes dans la maffe
quartzeufe qui leur fert de gangue , que les mi-
néralogiftes allemands en ont fait une roche particulière
( topa\-fcls ) qui n’eft compofée que d’un
mélange de quartz blanchâtre & de fragmens jaunâtres
de topazes.
Zircon. Cette pierre, connue auflr fous le nom
d*hyacinthe, varie de couleur comme les précédentes
: orangée, c’eft l’hyacinthe proprement
dite ; jaunâtre & blanchâtre, c'eft le diamant brut
des lapidaires ; rougeâtre, c ’eft l'hyacinthe de
Ceylan ; brunâtre, c'eft le jargon ou l’hyacinthe
brune des lapidaires j verdâtre & jauqe-verdâtre,
c ’eft encore ce que les lapidaires appellent jargon.
Cette pierre eft la moins eftimée de toutes celles
que l’on emploie comme ornement.
On prétend qu’ on peut décolorer les zircons
par le moyen du feu , & que, devenus alors blanchâtres,
on les a quelquefois fait paffer pour
des diaraans d’une valeur médiocre.
Le zircon femble appartenir fpécialerrtent aux
terrains intermédiaires 5 c'eft ordinairement dans
une fiénite granitique qu’on le rencontre le plus
fréquemment: tels font ceux de Chriftiania en
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N o r v è g e , de Galloway en Ecoffe, de Mariland
dans les Etats-Unis 5 on en a cependant trouvé
en Suède, au Puy-en-Vélay, & , affure-t-on,âufli
au montSaint-Gothard, dans le granité graphique,
dont la formation appartient à celle des terrains
primitifs î peut-être aufli eft-ce à ces terrains qu'il
faut rapporter les zircons de Ceylan & ceux du
Bréfil qui fe trouvent épars dans les fables des rivières.
Il en exifte aufli dans beaucoup de roches
volcaniques, au milieu des plus tendres, comme
le tufa, &r dans des plus dures, comme les ba-
faltes ; c ’eft à ces roches qu’ il faut rapporter les
zircons du Puy-en-Vélay, ceux d’ Expailly & ceux
de la Brindola près Vicence : quelques minéra-
logiftes prétendent en. avoir trouvé jufque dans
les laves mêmes du Véfuve.
Opale. Parmi les fubftances quartzeufes recherchées
des lapidaires, l’opale eft fans contredit
celle qui mérite le plus l’eftime dont elle jouit.
Ses reflets brillans, fon beau p oli, la rendent
propre à differens genres de montures ; fes nuances
affez variées lui ont fait donner plufieurs
dénominations par les lapidaires ; ainfi ils dif-
tinguent l’ opale jaunâtre, noirâtre, veineufe,
l’ opale à flammes & l’opale à paillettes. Cette
pierre ne doit point la variété cfè fes couleurs
à quelqu’ oxide métallique, ou à un principe co lorant
quelconque, mais feulement à la dilpofi-
tion de fes lames, au travers defquelles la lumière
fe décompofe j le même phénomène a Heu dans
plufieurs pierres dont nous aurons occafion de
parler.
L’ opale fe trouve généralement dans des roches
d'une origine ignée j on en trouve en Mande,
à Freyberg en Saxe, & dans plufieurs localités de
la Hongrie. Celles que l’on a tirées depuis peu du
Bréfil-, & q u i, à caufe de leurs belles couleurs ,
ont été très-recherchées des lapidaires, ont perdu
bientôt de la valeur qu’on y attachoit, depuis qu’on
a reconnu qu’elles pouvoient perdre très -fac ilement
l ’éclat dont elles brillent au moment où on
vient de les extraire de la roche qui les contient.
Si on les met dans l’eau, elles paroiffent reprendre
leur vivacité i mais lorfque retirées de l ’eau, elles
ont acquis un degré de féchereffe fuffifant, elles
perdent bientôt leurs belles nuances, pour ne
conferver qu’une teinte jaunâtre fans éclat. On
n'a point encore recherché les caufes qui produi-
fent cette différence dans une pierre q u i, au premier
ab o rd , ne femble point différer des plus
belles opales de la Hongrie.
Grenat. Plus cette pierre eft d’ un beau rouge ,
& plus elle eft eftimée. Les lapidaires diftinguent
dans les nuances le grenat orangé , qui eft leur
grenat hyacinthe y le rouge coquelicot, qui eft ce
qu’ils nomment Yefcarboucle; le cramoifi, appelé
grenat noble, & enfin le plus eftimé de tous , le
grenat pourpré ou fyrien, Les autres variétés ,
telles que les grenats noirs , verts ou bruns, ne
font point employées par les lapidaires. Cette
fubftance
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fubftance fe trouve en abondance dans les terrains
primitifs, intermédiaires & volcaniques.^
Dans les terrains primitifs , le grenat conftitue
à lui feul des couches & même des roches parti-,
culières. Ainfi dans les Pyrénées, celle à laquelle
on a donné le nom de pyrénéide eft une efpèce de
gneifs entièrement remplie de criftaux de grenat
diffëminés dans une pâte quij>aroît être entièrement
formée de la matière même du grenat. Les
lits qui contiennent cette pierre précieufe' font
fouvent intercalés dans le micafchifte , ainfi qu’ on
le voit en Piémont^& en Saxe. En général,
on le trouve dans les gneifs, dans les micafchiftes
& dans les fehiftes argileux qui recouvrent les
granités. Dans les Pyrénées, le grenat eft fou-
vent diflëminé au milieu de certaines roches intermédiaires,
telles que des calcaires noirs j en Hongrie
dans des fiénites} enfin les roches ignées de
la Hongrie & des monts Euganéens, les bafakes
des environs de Lisbonne, les roches volcaniques
anciennes du Valais & les tufas modernes du V é fuve
>ven contiennent fréquemment.
11 feroit trop long d’énumérer ici les différentes
contrées dans lefquelles on trouve le grenat j nous
ferons feulement remarquer que celui qui porte le
nom de fyrien} & qui eft à jufte titre le plus eftimé',
ne vient point de Syrie, comme fon nom le fe-
roit croire, mais de Syrian dans le royaume de
Pégu.
La plupart des grenats font colorés par un oxide
de fer ou de manganèfe ; le fer même y ell quelquefois
fi abondant, que plufieurs agiffent très-
fortement fur l’aiguille aimantée.
Euclafe. Quoique cette pierre n’ait peut-être
pas été encore employée en bijouterie, elle doit
être rangée parmi les pierres fines, en raifon de
fon degré de dureté. Elle raie fortement le criftal
de roche. 11 elt vrai que fa fragilité qui ne lui permet
point de réfifter au moindre cnoc , ni à une
preflion un peu fo r te , eft un obftacle à L'emploi
qu’on pourroit en faire. Du rafte , fa tranfparence
üe la teinte d’un vert-d’eau uqiforme lui donnent
un alpeét très-agréable i il eft probable , à en juger
par fa dureté, qu’elle eft fufceptible d'un beau
poli. Cette pierre, qui n’eft connue que depuis
line vingtaine d’années, fe trouve au Bréfil, dans
les environs de Villa Rica , au milieu des fehiftes
chlorités décompofés, qui dépendent de la formation
du grès quartzeux flexible, poftérieur au
fehifte argileux dont nous avons parlé à l’article
P l a t a . Voyei ce mot.
Les pierres dont nous allons nous occuper
doivent être confidérées comme pierres tendres,
puisqu’elles ne font point affez dures pour rayer le
criftal de roche.
Tourmaline. Cette pierre eft affez. vanee dans
fes couleurs. On connoît la tourmaline noire, à
laquelle les lapidaires donnent le nom de fchorl
électrique i la tourmaline verte, connue fous celui
& émeraude du Bréfil ; la tourmaline vert-jaunâtre, l
Géographie-Phyfique. Tome V .
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appelée péri dot de Ceylan y la tourmaline bleu-
verdâtre, que l’on nomme encor e faphir du B refit.;
enfin la tourmaline cramoifîe, connue fous le
nom de fibérite.
Quoiqu’elle foit généralement peu eftimée,
cette pierre obtient affez fréquemment les honneurs
de la monture > au Bréfil, celles qui font
vertés ou verdâtres fe montent en bagues ou en
épingles : quelques-unes reffemblent affez au pe-
ridot. f.a variété verte que l’on recueille au mont
Saipt-Gothard, imite quelquefois affez bien les
aigues-marines ; mais de toutes celles que nous
venons dénommer, la variété cramoifie ou la fibe-
rite, qui imite quelquefois le rubis a s y méprendre,
& à laquelle les lapidaires donnent aufli ce
nom , eft fouvent très-recherchée.
D’après ce que nous venons de dire, on a vu
que la tourmalinede trouve au Bréfil, dans les Alpes
& en Sibérie. On en recueille encore à Ma-
dagafear, en Efpagne, en France & dans les
montagnes duTyrol. Dansces différentes contrées,
elle .a pour giffement differentes roches granitiques.
En effet, les,plus anciens granités en font
généralement pétris. Les gneifs qui viennent en-
fuite en contiennent une grande quantité. La Saxe,
la Bohême & la Bretagne en fourniffent un grand
nombre d’exemples. Elle eft très-commune aufli
dans le granité graphique, ainfi qu on le voit dans
ces roches que l’on recueille aux environs de
Limoges & d'Autun , & dans plufieurs chaînes de
montagnes de la Moravie, de la Suède & de 1 Amérique
feptentrionale. Le granité des Alpes & de.s
'Pyrénées en eft abondamment pourvu. On la retrouve
encore dans les micalchiftes, en Saxe, eu
Tyrol & dans la Penfylvanie ; elle eft affez rare
dans le fehifte argileux que l’on remarque dans la
partie firpérieure de la vallee du Rhône , ainfi que
dans les granités intermédiaires delà Hongrie 6c
d esVofges.
Cordiérite. Cette pierre peu eftimée, mais cependant
affez rare dans le commerce , eft connue
‘ des lapidaires fous le nom de faphir d’eau. Sa couleur
eft d'un bleu-violâtre ; on l ’a quelquefois
employée pour ornement de bagues & d'épingles.
La roche dans laquelle on la trouve eft le micafchifte,
ainfi que le prouvent la localité deBoden-
mais en Bavière &c celle du cap de Gâte en Efpagne.
péridot. Cette pierre , connue fous le nom de
chryfoltthe chez les lapidaires français 6c d 'olivinc
chez les Allemands, eft d’ un jaune-verdatre ou
d’un jaune-pâle mêlé d’ une teinte verte. Son peu de
dureté qui l’empêche de conferver un beau p oli,
eft caufe "qu'elle n’ eft pas fort eftimée comme pierre
précieule. Onramafte le péridot dans certaines rivières
de la Bohême & de l'île de Ceylan. On en
trouve aufli dans les terrains volcaniques de l’Auvergne
6c du Vivarais. C ’eft Partout au mi ieu des
balai ces qu’ on l’aperçoit difféminé en ^grains ou